Études expérimentales de conflit : Les jeux expérimentaux - article ; n°2 ; vol.66, pg 599-621
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Description

L'année psychologique - Année 1966 - Volume 66 - Numéro 2 - Pages 599-621
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 28
Langue Français
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Extrait

E. Apfelbaum
Études expérimentales de conflit : Les jeux expérimentaux
In: L'année psychologique. 1966 vol. 66, n°2. pp. 599-621.
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Apfelbaum E. Études expérimentales de conflit : Les jeux expérimentaux. In: L'année psychologique. 1966 vol. 66, n°2. pp. 599-
621.
doi : 10.3406/psy.1966.27535
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1966_num_66_2_27535ÉTUDES EXPÉRIMENTALES DE CONFLIT
LES JEUX EXPÉRIMENTAUX
par E. Apfelbau m
Laboratoire de Psychologie sociale de la Sorbonne
INTRODUCTION
Nous ne proposons pas, dans le présent article, de faire une revue
exhaustive des travaux expérimentaux sur les conflits. Dans Behavioral
Science, en 1962, A. Rapoport (1962) a présenté une analyse systémat
ique des recherches sur les « jeux expérimentaux » parues jusqu'à
cette date. Il les classe selon la nature de la tâche (jeu à somme nulle,
jeu à somme non nulle, jeu à n personnes, etc.), décrit et commente les
buts, méthodes et résultats de chaque étude.
Le terme de « jeu expérimental » ne se limite plus aujourd'hui au
sens que A. Rapoport lui attribuait, c'est-à-dire aux situations expé
rimentales définies explicitement par une matrice de gains. Il englobe
toutes les situations de simulation du conflit caractérisées par une
structure d'interdépendance des participants et la coexistence d'intérêts
communs et divergents. En réalité, la « situation des camionneurs »
(Deutsch, 1960) ou la « situation des opérateurs » (Meeker et Shure, 1964)
sont des « habillages » d'un même modèle expérimental, celui du dilemme
des prisonniers.
Certains recoupements avec la revue de A. Rapoport sont inévitables ;
mais notre objectif sera plutôt de dégager les principaux thèmes de
recherche et les perspectives dans lesquelles elles s'inscrivent. En outre,
nous nous bornerons ici à l'examen des études portant sur les conflits
et interactions entre deux parties ou agents, excluant ainsi, en parti
culier, tous les travaux relatifs aux coalitions dont il existe une revue
faite par W. A. Gamson (1964).
Tendances générales. — Dans la littérature psycho-sociale, les
premiers travaux expérimentaux sur la coopération et la compétition
sont liés aux études sur les petits groupes. Les auteurs se sont inté
ressés principalement aux conséquences de la coopération (comparées
à celle de la compétition) sur les performances, les satisfactions des
membres du groupe, l'établissement de normes, etc. Les notions de UIÎVIJIJS CKITtQUKS GOO
coopération et de compétition sont définies opérationnellement, par
Deutsch (1949) notamment, en fonction du mode de répartition des
récompenses si bien que ces concepts sont considérés moins comme des
composantes personnelles des individus que comme des conduites
résultant de la structure de la situation. Philips et de 'Vault (1957),
dans une courte revue de synthèse de ce domaine, soulignent l'absence
de travaux sur les antécédents et sur le développement des conduites
de coopération et de compétition. Il est vrai que ces problèmes semblent
n'avoir été abordés spécifiquement que dans les études de Shérif (1961).
L'année 1957 constitue un tournant dans la problématique et son
mode de conceptualisation. Les intérêts sont maintenant davantage
orientés vers les aspects stratégiques de la coopération abordée dans
le cadre du conflit.
La renaissance de la théorie du conflit résulte partiellement de
l'impulsion donnée par la des jeux (von Neuman et Morgenstern,
1944) et exposée à l'intention des lecteurs non mathématiciens par Luce
et Raifl'a (1957). Il faut souligner également que ce nouveau courant
de recherches s'est développé à l'origine aux États-Unis dans un contexte
à la fois culturel et historique particulier. Comme le note J. Bernard
(1965), l'intérêt témoigné par le Département de la Défense a contribué
à orienter les travaux vers les problèmes de résolution des conflits.
Abordées dans une perspective principalement psychologique, les
études expérimentales récentes ne sont cependant pas issues d'une
théorie proprement psychologique des conflits mais davantage de
points de vue interdisciplinaires1, parmi lesquels la théorie des jeux
tient une place prépondérante. Son influence se manifeste dans deux
directions :
1) Le choix du jeu comme situation expérimentale implique un
modèle d'interaction d'une certaine nature. Le jeu représente les carac
téristiques fondamentales du conflit en termes d'intérêts partiellement
communs et divergents (ou totalement opposés). Ces situations dans
lesquelles coexistent des éléments en faveur à la fois de la collaboration
et de la concurrence permettent alors d'étudier des conduites mixtes
de coopération-compétition.
2) L'accentuation de la signification stratégique des comportements
des individus dans ce contexte conflictuel particulier.
I. — LA THÉORIE DES JEUX
Dans la théorie des jeux, le modèle d'interaction est caractérisé
par l'interdépendance formelle des décisions de deux (ou plusieurs)
participants ; un individu n'a pas seul le contrôle sur les conséquences
(ou résultats) de ses choix parce que celles-ci dépendent également des
1. Il paraît, depuis 1957, une revue intitulée Journal of conflict resolution
groupant des économistes, mathématiciens, psychologues, sociologues et
spécialistes de sciences politiques. APFELBAUM. ETUDES EXPERIMENTALES DU CONFLIT 601 E.
choix d'un autre. Pour pouvoir déterminer des « politiques » ou stratégies
d'actions dans les situations conflictuelles — ce qui est l'un des objectifs
de la théorie des jeux — il est nécessaire de définir les conditions dans
lesquelles une règle de décision est opérante ; en d'autres termes, il
convient de préciser les éléments à partir desquels une décision pourra
être élaborée.
A) Les postulats
La première exigence du modèle porte sur la capacité, pour chacune
des parties, de faire la liste complète des actions entre lesquelles doit
se prendre la décision d'une part, et de décrire les conséquences qui
résultent pour chacun de chaque couple d'actions d'autre part. Soient
Alf A2, ..., Am et Bu B2; ... Bn, les listes exhaustives des actions dispo
nibles pour A et B respectivement, Gi?- (A) et C^- (B) les conséquences
pour A et B lorsque le premier a choisi A^ et le second B?- ; la situation
d'interaction peut se résumer dans le tableau suivant :
t . Bn B2 .
Cn (A)
(B)
(A)
(B) C-}
■'mn (A)
La seconde exigence consiste en un postulat de transparence de
l'information ; les deux parties possèdent chacune toute l'information
contenue dans ce tableau. Il s'agit jusque-là d'une connaissance objec
tive de la situation.
La troisième exigence concerne les « valeurs » attribuées à chacune
des conséquences possibles. On suppose que chaque partie peut au
moins ordonner celles-ci selon ses préférences ou, mieux, les évaluer en
termes d'utilités.
H) LA CLASSIFICATION DES SITUATIONS »'INTERACTION
1) Le dilemme. — Les ordres de préférence peuvent ou non coïn
cider ; ce critère permet une classification de toutes les situations
d'interaction. A l'un des pôles, le conflit total ou duel (Guilbaud, 1954)
est défini par l'opposition complète des ordres de préférence des deux
parties. En termes de profits, ce sera le cas où l'un reçoit le montant
de ce que l'autre perd — d'où le nom de jeu à somme nulle. A l'autre REVUES CRITIQUES 602
extrémité, la collaboration parfaite est réalisée lorsque les deux ordres
de préférence coïncident. Entre ces deux cas limites, les jeux à somme
non nulle sont déterminés par des ordres de préférence distincts sans
être totalement opposés de telle sorte qu'il y a simultanément des
éléments en faveur de conduites de collaboration et de concurrence ;
de là, le terme de « jeux à motivations multiples » que Schelling (1960)
propose pour ces situations. Parmi celles-ci, une classe particulière a
retenu l'attention et s

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