Études sur le langage mimique des sourds-muets. I. Les procédés d expression - article ; n°1 ; vol.52, pg 47-81
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Études sur le langage mimique des sourds-muets. I. Les procédés d'expression - article ; n°1 ; vol.52, pg 47-81

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Description

L'année psychologique - Année 1952 - Volume 52 - Numéro 1 - Pages 47-81
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Oléron
III. Études sur le langage mimique des sourds-muets. I. Les
procédés d'expression
In: L'année psychologique. 1952 vol. 52, n°1. pp. 47-81.
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Oléron Pierre. III. Études sur le langage mimique des sourds-muets. I. Les procédés d'expression. In: L'année psychologique.
1952 vol. 52, n°1. pp. 47-81.
doi : 10.3406/psy.1952.8604
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1952_num_52_1_8604Ill
Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée de la Sorbonrte-
(École des Hautes Études) et Laboratoire de Psychologie
de V Institution nationale des Sourds-Muets de Paris.
ÉTUDES SUR LE LANGAGE MIMIQUE
DES SOURDS-MUETS.
I. — LES PROCÉDÉS D'EXPRESSION.
par Pierre Oléron
I
Le langage mimique des sourds-muets constitue un mode de
communication très particulier. Tandis que toutes les langues
humaines, quelle que soit leur diversité pour le linguiste, sont
orales, le langage mimique est uniquement visuel. Cela signifie
non seulement qu'il est perçu sans aucun appel à l'ouïe, mais
qu'il utilise une matière tout à fait originale (gestes, attitudes,
mouvements...).
L'emploi des gestes est évidemment chose courante dans les
relations interindividuelles. Mais dans le langage mimique des
sourds-muets il s'agit de gestes élaborés qui permettent des
échanges complexes, ceux que requiert la communication entre
individus adultes et civilisés. Il est donc loin, bien que son but
soit essentiellement pratique, d'une gesticulation élémentaire,
pragmatique ou affective.
Ce langage pose par conséquent des problèmes, et d'ordre
« linguistique », et d'ordre psychologique. Les premiers se
réfèrent à la connaissance du langage mimique en tant que lan
gage, avec sa matière, ses mécanismes, ses règles, etc., c'est-à-dire
l'équivalent des problèmes que se posent les linguistes à l'égard 48 MÉMOIRES ORIGINAUX
des langues orales. Les seconds se rapportent à ce langage en tant
qu'instrument d'expression, utilisé dans des conditions définies,
par des sujets déterminés, dans des relations données avec les
opérations et capacités psychologiques.
L'étude de ces problèmes peut à la fois mettre en évidence
des procédés et des lois spécifiques, dépendant surtout de la
matière utilisée, et élargir le champ d'application d'énoncés qu'a
suggérés l'observation des langues orales. Elle peut avoir ainsi
une portée générale, en aidant à mieux comprendre les méca
nismes en jeu dans les faits d'expression. Du point de vue des
capacités et activités intellectuelles des sourds-muets, elle doit
apporter aussi une information utile; il est hautement probable
en effet que celles-ci ne sont pas indépendantes de ce type d'in
strument.
Les études consacrées par les psychologues au langage mimique
sont loin d'avoir complètement éclairci ces problèmes. Ce lan
gage est d'un abord assez difficile et il apparaît que parfois les
études qui le concernent, souvent d'un grand intérêt par ailleurs,
généralisent sur la base de données relativement fragmentaires.
Fréquemment, comme on l'a relevé ailleurs (8), les auteurs se
sont plus souciés de marquer les limitations de ce langage, par
rapport aux langues orales, que de chercher à le comprendre
objectivement.
L'ensemble des recherches dont fait partie le présent travail
est au contraire inspiré par le souci de parvenir à une connais
sance précise et détaillée. C'est ainsi qu'on a été amené à établir
comme première étape un répertoire photographique des signes
mimiques utilisés par des sourds-muets contemporains. Ce réper
toire composé d'environ 1.700 clichés sert de base à la présente
étude et les illustrations des pages suivantes lui sont emprunt
ées *. Il n'est peut-être pas inutile de rappeler à cet égard qu3
les signes mimiques ainsi présentés n'ont pas un caractère uni
versel, car, contrairement à ce que pensait par exemple l'abbé
de l'Épée et malgré nombre de convergences et d'échanges, les
gestes varient selon les milieux qui les emploient (nations,
1. Pour la réalisation de ce répertoire — qui pourra être consulté au
Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée de la Sorbonne —
l'auteur tient à exprimer sa reconnaissance à M. H. Piéron qui lui a en par
ticulier permis d'utiliser les ressources de l'atelier de photographie du Labor
atoire de Physiologie des Sensations du Collège de France et à M. P. Fraisse
qui a bien voulu lui porter un intérêt actif et soutenu. Il remercie également
Mlle S. Lavaud et M. G. Stivac (qui a présenté les signes mimiques que l'on
a photographiés) ainsi que M. Vadel pour son précieux concours technique. P. OLERON. ÉTUDES SUR LE LANGAGE MIMIQUE 49
écoles, groupes d'âge...). Il s'agit ici de gestes employés par un
groupe défini de sourds-muets particulièrement les anciens élèves
de l'Institution Nationale de Paris. Il est certain cependant que
le caractère contingent de tel ou tel signe ne change rien aux
procédés de base qui interviennent dans leur genèse et leur
emploi.
II. — Problèmes et difficultés.
L'étude des procédés d'expression a pour but de déterminer
la matière du langage mimique.
Au sens strict, la matière de ce langage ce sont des gestes, des
expressions, des attitudes, des mouvements. Il est possible d'en
concevoir un inventaire qui pourrait se référer, soit aux parties
du corps impliquées, soit à une analyse en fonction et dépla
cements dans les diverses dimensions de l'espace, en tenant
compte des divers degrés de rapidité. Cet inventaire peut faire
apparaître certains principes. Telle une « loi » d'économie : le
langage mimique fait intervenir des masses musculaires dont le
déplacement n'entraîne qu'un effort limité, c'est-à-dire les organes
les plus mobiles et les plus légers : mains, doigts, bras. Telle une
« loi » de spécialisation : ces organes mobiles jouent surtout un
rôle dans la description et l'exposé, tandis que le corps et sur
tout le visage se chargent de l'atmosphère affective.
Ces lois apparaissent également dans le type d'analyse auquel
on procédera plus loin. Prises en elles-mêmes elles se révèlent
incomplètes, du fait que l'activité motrice impliquée dans le
langage mimique est orientée dans le sens de la communication.
De ce point de vue, la loi d'économie se présente comme un
•cas particulier d'une caractéristique beaucoup plus générale,
commune à tout langage, celui du maximum d'information. Les
■organes mobiles permettent en effet une succession de gestes
significatifs dans un minimum de temps.
On entendra ici matière dans un sens plus large, celui de
matière significative. En face d'un geste donné on peut se demand
er en effet pourquoi ce geste est employé pour désigner tel
objet !. Si dans les langues orales une question analogue ne peut
recevoir que des réponses partielles, soit de dérivation étymolog
ique, soit de spéculation sur l'imitation phonétique ou arti-
1. Dans toute cette étude on entendra par objet le corrélatif du signe,
•c'est-à-dire la chose à quoi se réfère le. signe, qu'il s'agisse d'objet au sens
physique, logique ou d'actions, de sentiments, etc.
l'année psychologique, lu, fasc. 1 4 MÉMOIRES ORIGINAUX 50
culatoire, dans le langage mimique il est généralement possible
de répondre, à cause de la proximité relative de l'objet et du signe.
En comparant les divers gestes il est possible de les classer et de
dégager un certain nombre de procédés généraux. C'est ce qu'on
se propose de faire ici.
Une telle étude implique que l'on considère le sens du geste,
non le sens « linguistique » qui est une donnée de fait, mais le
sens constitutif ou génétique. On vient de dire que ce sens était
généralement accessible. Il n'en est pas toujours ainsi et l'on
doit observer quelques règles de prudence. Un certain nombre
de gestes conserv

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