Evolution de l incertitude des conduites prédictives chez les jeunes enfants - article ; n°1 ; vol.83, pg 75-90
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Description

L'année psychologique - Année 1983 - Volume 83 - Numéro 1 - Pages 75-90
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 8
Langue Français

Extrait

Daniel Mellier
Evolution de l'incertitude des conduites prédictives chez les
jeunes enfants
In: L'année psychologique. 1983 vol. 83, n°1. pp. 75-90.
Citer ce document / Cite this document :
Mellier Daniel. Evolution de l'incertitude des conduites prédictives chez les jeunes enfants. In: L'année psychologique. 1983 vol.
83, n°1. pp. 75-90.
doi : 10.3406/psy.1983.28452
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1983_num_83_1_28452L'Année Psychologique, 1983, 83, 75-90
Laboratoire de Psychologie
UER des Sciences du Comportement et de V Education
Université de Haute-Normandie1
ÉVOLUTION DE L'INCERTITUDE
DES CONDUITES PRÉDICTIVES
CHEZ LES JEUNES ENFANTS2
par Daniel Mellier
SUMMARY : Evolution of the uncertainty of predictive behaviors in
young children.
Seventy children ranging from 1;6 to 6 years of age and grouped
in five age levels were asked to predict the occurrence of aleatory independent
events. The study of their expectancy behavior (in terms of postural and
visual components) pointed out an evolution of these behaviors as a function
of age. The study also permitted to evaluate the degree of certainty observed
in children's behavior. For each group of subjects, modifications of expec
tancies and of degrees of uncertainty were found. A task schematizing
explanation of these results in given is the discussion of this paper.
Key-words : developmental psychology, expentancy behavior.
Les recherches relatives aux capacités de prédiction se
situent dans le cadre des études sur la compréhension du hasard
et l'intuition probabiliste. Les observations sont discutées le
plus souvent par rapport aux conclusions de Piaget et Inhelder
(1951) qui considèrent qu'on ne peut pas parler d'une compréhens
ion de la probabilité avant sept ans (niveau des opérations
concrètes) et affirment que l'enfant plus jeune rie distingue pas le
possible du nécessaire.
De nombreuses données sont en faveur de cette conception,
d'autres s'y opposent. Toutefois les conclusions des auteurs ne
1. Rue Lavoisier, 76130 Mont-Saint-Aignan.
2. Cette étude a été facilitée par les crédits de recherches alloués, par
l'Université de Rouen, au groupe de recherche : « Ontogenèse des processus
psychologiques. » 76 Daniel Mellier
doivent pas être considérées de manière aussi tranchée qu'ils
s'efforcent de les présenter.
Pire (1958), Yost, Siegel et Andrews (1962), Davies (1965),
Goldberg (1966), Hoemann et Ross (1971) ont confirmé cette
thèse à l'issue d'expériences ne reprenant pas strictement les
principes piagétiens d'observation. Plusieurs remarquent toutef
ois que l'appel à des réponses verbales joue en défaveur des
enfants d'âge préscolaire (niveau préopératoire). Ainsi, les «savoir-
faire » en matière de situations probabilistes précéderaient le
« savoir déclaratif » concernant le concept de probabilité et ses
applications. Cette distinction entre la connaissance déclarative
et la connaissance procédurale (Blanchet, 1981) est déjà pré
cisée par Piaget et al. (1951) : « Dès les niveaux sensori-moteurs
de l'intelligence, puis préconceptuels de la pensée, le sujet est
capable d'anticipations fondées sur des assimilations pratiques
ou représentatives diverses » (p. 230). La présente étude cherche
à décrire, dans une perspective fonctionnelle, les modes d'anti
cipations adoptés par les jeunes enfants âgés de 2 à 6 ans, en
tentant de définir les représentations diverses (évoquées par
Piaget et al.) sur lesquelles ils fondent leurs prédictions.
Certains auteurs présentent des résultats à l'encontre de la
thèse genevoise. Ils s'appuient essentiellement sur le fait que les
enfants, dès l'âge de 3 ou 4 ans, adaptent leurs prédictions aux
fréquences objectives des événements pour admettre qu'il s'agit
de réponses probabilistes. Messick et Solley (1957), Brackbill,
Kappy et Starr (1962) retrouvent alors chez l'enfant des phéno
mènes observés chez l'adulte confronté à des tâches d'apprent
issage de probabilités : effets séquentiels, ajustement (George,
1971). Indépendamment de l'intérêt intrinsèque que peuvent
présenter ces connaissances du comportement humain en situa
tion aléatoire, ces résultats ne constituent cependant pas une
réfutation des conclusions de Piaget et al. L'argument n'est à
l'évidence pas recevable puisque, comme l'indique Offenbach
(1964), la capacité de l'enfant à discriminer les fréquences des
événements est autre chose qu'un comportement probabiliste
et ne saurait en démontrer la présence.
La présente étude n'a pas pour objet d'alimenter ce débat
et considérera comme admis les résultats de Piaget et al. Pour
tant, tout en se gardant de confondre l'approche structurale et
l'aspect fonctionnel, la question se pose de savoir quelles sont les
conditions de l'accession tardive aux idées de hasard. En parti- Conduites prédictives chez l'enfant 77
culier, l'étude des préinférences de probabilités et de leur évolu
tion avant 7 ans est jusqu'ici peu avancée. Chercher comment
le jeune enfant s'approprie les caractéristiques qui organisent
une situation incertaine devrait permettre de suivre l'évolution
de telles prénotions qui, dans la perspective constructiviste du
développement, préfigurent et rendent possible l'émergence,
vers l'âge de 7 ans, d'une compréhension vraie du hasard.
Un tel objectif suppose de concilier une psychologie du juste
ou faux avec une approche du certain/probable. La description
des modalités du fonctionnement psychologique d'enfants mis
en présence d'un environnement incertain ne peut pas être
conduite en reprenant les procédures habituellement utilisées
dans les recherches sur la prédiction. En effet, les analyses
opérées dans le cadre des études sur l'apprentissage probabiliste
(Matalon, 1959 ; Weir, 1964) portent sur des suites longues de
prédictions — la centaine d'essais est de rigueur — qui sont
comparées aux réalisations objectives des événements. En dehors
du fait que d'aussi longues passations sont quasiment irréali
sables auprès d'enfants âgés de moins de 4 ans, ces procédures
sont, sans nul doute, adaptées pour évaluer l'écart calculable
entre les conduites et les stratégies rationnelles, mais elles ne
renseignent que partiellement sur l'élaboration du choix du sujet.
Elles tombent, à ce titre, sous la critique énoncée par Grize et
Matalon (1962), à propos des comportements logiques naturels :
« S'ils peuvent être étudiés en plaçant les sujets dans des situa
tions concrètes où ils auront à prendre une décision (...), nous ne
savons pas si le sujet l'a fait avec la certitude de réussir et nous
ne connaissons pas son attitude vis-à-vis des situations ambi
guës » (ibid., p. 37).
Un deuxième obstacle à l'adoption des procédures devenues
classiques tient au statut de la réponse observée. Les conduites
retenues sont finies, univoques et exclusives : pile ou face ?
Pile. Il est dans cette condition impossible de cerner les compos
antes propres à la constitution du choix, et, en particulier,
d'évaluer le degré de certitude attaché à la décision. S'agissant
donc de trouver des traces et des validants de l'organisation
des conduites prédictives, l'étude ici rapportée propose de prendre
en considération le spectre le plus large possible des composantes
de la réponse. Considérant les âges auxquels s'adresse cette
observation et, en particulier, que la verbalisation risque de
masquer des compétences pourtant disponibles à ces âges, Daniel Mellier 78
l'option retenue est d'analyser les conduites d'attente motrice
observables dans une tâche de prédiction. La situation consiste
pour l'enfant à anticiper, par un ensemble complexe de conduites
motrices et posturales, la réalisation d'événements survenant
aléatoirement. La confrontation des différentes modalités de
cette attente devrait alors plus directement apporter une évalua
tion du degré de certitude attaché à la prédiction. Dans ce cas,
la méthode

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