Évolution psycho-physiologique de l enfant, du jour de sa naissance à l âge de deux ans - article ; n°1 ; vol.17, pg 48-63
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Évolution psycho-physiologique de l'enfant, du jour de sa naissance à l'âge de deux ans - article ; n°1 ; vol.17, pg 48-63

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Description

L'année psychologique - Année 1910 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 48-63
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1910
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R. Cruchet
Évolution psycho-physiologique de l'enfant, du jour de sa
naissance à l'âge de deux ans
In: L'année psychologique. 1910 vol. 17. pp. 48-63.
Citer ce document / Cite this document :
Cruchet R. Évolution psycho-physiologique de l'enfant, du jour de sa naissance à l'âge de deux ans. In: L'année psychologique.
1910 vol. 17. pp. 48-63.
doi : 10.3406/psy.1910.7271
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1910_num_17_1_7271II
ÉVOLUTION PSYCHO-PHYSIOLOGIQUE
DE L'ENFANT, DU JOUR DE SA NAISSANCE
A L'AGE DE DEUX ANS
L'évolution physiologique de l'enfant, comme toute évolu
tion, est assez difficile à fixer, puisqu'elle est en continuel
devenir. Nous prendrons simplement les principaux points de
repère que nous indiquerons successivement depuis le jour de
la naissance jusqu'à l'âge de deux ans. Cette étude esquissée
par les philosophes et les pédagogues, traitée plus à fond par
le physiologiste Preyer, ne semble pas avoir attiré d'une façon
spéciale l'attention des médecins. Elle est pourtant d'un puis
sant intérêt et bien digne de servir en quelque sorte de préface
aux belles études psychologiques entreprises chez l'enfant à
partir de deux ans par MM. Binet et Simon.
Jour de Naissance. — L'enfant naissant a été comparé par
Virchow à un être spinal. Cette comparaison est d'autant plus
exacte que les réactions physiologiques de l'enfant naissant
normal, muni d'un cerveau bien constitué, ne sauraient se
distinguer d'avec celles de celui qui naît sans cerveau. Il est
curieux, en effet, de constater que la physiologie de l'anencé-
phale est exactement la même que celle du nouveau-né le plus
sain : c'est un être à réactions réflexes. De ces réflexes, le cri
est le premier en date; il faut également citer la succion, qu'on
peut provoquer aisément en excitant la lèvre du nouveau-né,
même sans lui donner le sein ou une tétine, ou un doigt à
sucer; l'éternuement qui se produit dès qu'on chatouille la
muqueuse nasale. Certains mouvements plus complexes sont
des mouvements de défense et même paraissent coordonnés
vers un but défini : si l'on chatouille ou pique l'intérieur d'une
main, elle se ferme; si cette excitation porte sur l'abdomen,
lçs jambes ou la face ou toute autre partie du corps, elle pro- — ÉVOLUTION PSYCHO-PHYSIOLOGIQUE DE L'ENFANT 49 CRUCHET.
voque immédiatement des mouvements de flexion des membres
inférieurs et la flexion brusque de la tête en arrière. Ces divers
mouvements, malgré leur apparence complexe, ne sont pas
autre chose que des réflexes et sont absolument analogues à
ceux qui se produisent par excitation de la patte dans la
célèbre expérience de la grenouille décapitée. Éveillé et exposé
à l'air, tout nu, le nouveau-né, jambes et bras demi-fléchis,
pouce recouvert par les autres doigts, présente sur toute
l'étendue de son corps des mouvements amorphes, choréiques
qui disparaissent dans le sommeil : ce sont des mouvements
en apparence spontanés, mais qui doivent vraisemblablement
être sous la dépendance de l'excitation atmosphérique exté
rieure, à laquelle le sujet n'était pas habituelles autres mou
vements spontanés, dont on parle quelquefois et qui sont
constitués par le bâillement, les vomissements et le hoquet,
sont des mouvements d'ordre purement végétatif.
Les organes des sens sont tout disposés à recevoir les diverses
sensations, mais ces sensations provoquent, elles aussi, des
réactions purement réflexes. C'est d'abord la fermeture presque
continuelle des paupières à la lumière du jour, photophobie
qui rend extrêmement difficile la recherche du réflexe pupillaire
à la lumière : cependant, ainsi que nous avons pu le constater
après Buffon, la pupille se contracte dès le premier jour. Même
constatation pour l'ouïe : on a prétendu, à la suite de Preyer,
que le nouveau- né ne réagissait aux sons qu'au bout de deux
ou trois jours; cela n'est évidemment pas exact, ainsi que nous
avons pu nous en rendre compte : dès la naissance, en effet,
une demi-heure à une heure après la fin de l'accouchement,
j'ai vu des nouveau-nés réagir brusquement, à un claquement
des mains un peu fort frappé près des oreilles; mais, Jà encore,
il s'agissait à vrai dire, d'un réflexe de défense caractérisé par
une sorte de frissonnement de tout l'être accompagné d'un vif
clignement des yeux ; de même, une substance sapide posée sur
la langue provoque un réflexe de moue, ou de succion, tandis
qu'une substance à odeur plus ou moins subtile, mise sous le
nez, est susceptible de provoquer un réflexe d'éternuement;
c'est exactement la même chose qui a lieu pour le toucher :
quand on met un objet quelconque dans la main du nou
veau-né, il la ferme automatiquement par pur réflexe, nous
l'avons déjà vu.
En somme, en ce qui concerne les organes des sens chez le
nouveau-né normal, on peut dire que la vue réagit à la lumière
l'année psychologique, xvii. 4 MEMOIRES ORIGINAUX 50
mais ne voit pas; que l'ouïe réagit au son, mais n'entend pas;
que le goût et l'odorat réagissent aux substances gustatives et
aux odeurs, mais ne goûte ni ne sent; que le toucher enfin
réagit en présence d'un objet qu'on place dans la main, mais
n'a pas la sensation subjective du tact.
Les faits précédents expliquent pourquoi la recherche des
réflexes cutanés ou tendineux, pratiqués à la naissance, est à
peu près impossible. Le nouveau-né réagit presque toujours en
bloc à la moindre excitation, ce qui complique singulièrement
l'appréciation du réflexe particulier cherché. Pour ma part,
malgré de nombreuses expériences faites à ce sujet, je renonce
à une conclusion ferme. Mon impression est toutefois que
réflexes cutanés et tendineux sont nettement plus marqués
proportionnellement à la naissance qu'à partir de l'âge de
douze à quinze mois.
De la naissance a douze ou quinze mois. — La table rase
qu'est l'enfant dès sa naissance, va s'incruster progressiv
ement des menus faits de l'expérience, chaque jour plus perfec
tionnés. L'être purement réflexe et automatique, même ins
tinctif, de la première heure, va commencer à faire fonctionner
les facultés les plus simples de son intelligence. Peu à peu il
apprendra à se servir de ses yeux, de son ouïe, de son goût et
de son odorat, de son toucher. Ces progrès sont insignifiants
d'heure en heure, de jour en jour; ils n'en sont pas moins
constants et suivent une marche progressive qui est toujours
la même. Dans cette période de la vie, l'enfant normal est une
pure machine qu'on peut élever et éduquer comme l'on veut, à
sa guise. Je veux dire qu'il n'a encore, sauf exception, aucune
personnalité qui le séparera de son voisin, élevé dans les mêmes
conditions que lui. Toutes les qualités ou tous les défauts dont
on peut le charger à cette époque de l'existence sont ceux des
éducateurs. Ces faits sont extrêmement intéressants, car on
peut établir presque à la lettre, de semaine en semaine, le
développement psychique général du nourrisson ; et ce dévelo
ppement a quelque chose en quelque sorte de schématique qu'on
ne retrouvera plus au delà du douzième au quinzième mois.
Ce sont les jalons de cette évolution que nous allons maintenant
poser en suivant l'ordre de sa progression.
De trois à quatre mois: — L'enfant distingue nettement les
objets volumineux, les personnes, même à la distance de 4 ou
5 mètres. Il commence à mesurer exactement certains mouve- CRUGHET. — ÉVOLUTION PSYCHO-PHYSIOLOGIQUE DE L'ENFANT Si
ments très simples, comme de porter le pouce à la bouche, ce
qu'il effectue sans hésitation. Mais la grande et presque exclu
sive occupation, pendant le réveil, tandis qu'il est couché sur
le dos, est de porter les mains à une dizaine de centimètres des
yeux, qui louchent souvent affreusement, et d'en suivre les
mouvements incessants, surtout marqués au niveau des doigts,

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