Expériences sur l effort volontaire dans l évaluation des poids - article ; n°1 ; vol.8, pg 299-325
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Expériences sur l'effort volontaire dans l'évaluation des poids - article ; n°1 ; vol.8, pg 299-325

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Description

L'année psychologique - Année 1901 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 299-325
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1901
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Renault d'Allones
Expériences sur l'effort volontaire dans l'évaluation des poids
In: L'année psychologique. 1901 vol. 8. pp. 299-325.
Citer ce document / Cite this document :
d'Allones Renault. Expériences sur l'effort volontaire dans l'évaluation des poids. In: L'année psychologique. 1901 vol. 8. pp.
299-325.
doi : 10.3406/psy.1901.3316
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1901_num_8_1_3316X
EXPERIENCES SUR L'EFFORT VOLONTAIRE
DANS L'ÉVALUATION DES POIDS
1. Voulant un jour soulever un cruchon de grès, je letrouvai
plus lourd que je ne m'étais imaginé. 11 contenait du mercure.
Je parvins à l'enlever par un effort progressif et tâtonnant.
Vivement intéressé par la petite lutte qui venait de se passer
entre moi et cet objet, je tâchai aussitôt de m'en rappeler les
phases, afin de pouvoir, par la suite, comparer les indica
tions suggérées par l'observation intérieure avec les résultats
d'une recherche plus méthodique.
Il me sembla, en premier lieu, que la lutte, entre le moment
où j'avais pris l'objet avec la main droite et celui où j'avais
réussi à l'enlever avait duré de 2 à .3 secondes. Quant aux
péripéties du petit drame, elles me parurent avoir été les su
ivantes : premier efîort musculaire proportionné à mon attente ;
étonnement de voir l'objet résister; augmentation de l'effort;
léger étonnement du nouvel insuccès, nouvelle augmentation
de l'effort et triomphe. J'avais encore le souvenir net des sen
sations musculaires de mon bras : je me représentai son action
par une courbe en escalier, s'élevant par 3 ascensions séparées
par des intervalles de constance. Que s'était-il passé durant
les de constance? J'étais resté jusqu'au bout dans
le doute sur le poids de l'objet, que je devinais contenir du
mercure, mais non pas en quelle quantité. Chaque palier,
après une ascension de la courbe imaginée me parut devoir
représenter le temps employé, tout en conservant par un effort
soutenu les résultats acquis, à tirer la conclusion du précédent
essai et à décider une nouvelle entreprise comportant un supplé
ment d'effort.
Je pensai qu'il serait intéressant de ne pas s'en tenir aux
données imprécises de l'introspection, et je cherchai un dispos
itif qui permît de recueillir par la méthode graphique les 300 MÉMOIRES ORNiINAUX
péripéties de la lutte d'un sujet avec un objet dont le poids se
trouve dépasser son attente.
J'espérais obtenir par ce moyen des documents sur l'allure
de chaque individu dans cette petite lutte, sa manière d'abor
der la difficulté imprévue, sa manière d'en triompher; et ainsi
les graphiques du soulèvement d'un poids inconnu, complétés
par l'observation des sujets, fourniraient peut-être des indica
tions sur le caractère de chaque individu et sur l'allure de sa
volonté, ou tout au moins (si je puis m'exprimer ainsi) sur son
caractère musculaire, sur sa volonté musculaire.
La comparaison des courbes individuelles donnerait, d'autre
part, occasion à des remarques concernant l'idée préconçue du
poids d'un objet usuel, l'intervention de l'attention à la suite
d'une surprise, la nature des tentatives aboutissant au triomphe,
l'évaluation approximative d'un poids après expérience muscul
aire, les jugements de perception, etc.
Comment donc inscrire les tâtonnements musculaires d'un
sujet dans l'effort d'arrachement d'un poids inconnu?
2. Un problème pratique se présentait. La lutte qu'il
s'agissait d'enregistrer graphiquement se déroulait tout entière
avant que l'objet pesant eût quitté la table. Dès que le cruchon
ne repose plus sur son support, c'est que l'effort musculaire est
désormais triomphant, et la difficulté dominée.
La solution la plus simple consisterait, semble-t-il, à enre
gistrer, pendant le soulèvement du poids, les variations de la
contraction musculaire, à l'aide d'un appareil explorateur des
muscles, placé sur le bras ou l'avant-bras. Ce procédé
donnerait le graphique de la lutte; de plus, il donnerait
l'avant et l'après : le graphique de la préhension et celui du
soupèsement.
Mais ce procédé, s'étant montré insuffisant pour les raisons
indiquées plus bas [Analyse des graphiques), j'ai dû chercher
la totalisation de l'effort non plus du côté du sujet, mais du
côté de l'objet. J'ai imaginé deux dispositifs qui consistent à
introduire un léger déplacement de l'objet pendant la lutte —
déplacement proportionnel à l'effort, — sans que pourtant les
conditions essentielles, objectives et subjectives, soient modif
iées.
Procède du poids libre. — Comment enregistrer les varia
tions de la poussée exercée sur son support par un corps pesant,
soumis à des tentatives de soulèvement?
Posons sur un ressort un objet pesant 10 kilogrammes, de ttËNAULt d'aLLONNËS. — - ÉVALUATION DES POIDS 301
manière que le ressort, déformé par le poids, tendes reprendre
sa forme à mesure que la poussée diminue. Soit A, la position
d'écrasement du ressort par le poids libre, et B sa
d'extension complète quand le corps ne pèse plus sur lui. A chaque
instant de la lutte entre la main et le poids, la déformation du
ressort représentera ce qu'il reste de la poussée du poids sur
le ressort, et où en est la traction exercée sur le poids par la
main. Il suffît de choisir ressort et poids de manière que la
distance AB soit assez grande pour que les mouvements du
ressort puissent être facilement enregistrés, et assez petite
pour qu'ils n'influencent pas le sujet.
M. Bouasse, professeur de physique à l'Université de Toul
ouse, a bien voulu me construire un appareil réalisant approxi
mativement ce programme. 11 se compose d'une tablette arti
culée, par une de ses extrémités, à un axe horizontal fixe;
l'autre extrémité porte sur des lames de fleuret formant ressort;
les extrémités du ressort reposent sur deux butoirs. L'objet à
soulever est posé en un point toujours le même de la tablette.
Un tambour à levier manipulateur de Marey enregistre les dé
placements d'un point de la tablette dans le sens vertical et
les fait s'inscrire, par vin tambour à stylet, sur un cylindre
enfumé.
Les graphiques que j'ai recueillis par ce moyen sont mauvais,
et je n'en publierai aucun. Cet insuccès provient d'une circons
tance que ne m'avait pas fait soupçonner ma propre introspect
ion. Au cours de la lutte, le sujet cesse parfois brusquement
tout effort avant de renouveler l'attaque, et cet abandon subit,
laissant le poids reposer tout à coup de toute sa force, imprime
au ressort des vibrations propres qui d'une part avertissent
le sujet, et d'autre part dénaturent la courbe.
Procédé du faux poids. — J'ai, donc dû recourir à un autre
dispositif. Il a pour but de substituer à la résistance de la pe
santeur la résistance d'un ressort. Un cruchon C, dont le fond
a été ôté, est attaché à une résistance par son centre de gra
vité. La table T' sur laquelle le cruchon repose, est percée
d'un trou laissant passer le fil inextensible F. La résistance à
laquelle le cruchon est attaché est une lame flexible R formant
ressort, et arrêtée à ses extrémités par les butoirs BB'. Un
tambour à levier manipulateur TM transmet à un tambour
récepteur TR les flexions du ressort, quand une traction est
exercée sur le cruchon. Le phénomène s'inscrit sur un cylindre
rotatif C. 302 MÉMOIRES OLUGliNAÜX
Le tout a été réglé et disposé, par tâtonnements1 de telle
sorte qu'un sujet non prévenu, saisissant le cruchon truqué,
puisse être persuadé qu'il a affaire à un simple pesant.
Chaque fois que, au cours des expériences, un sujet a décou
vert ou soupçonné un artifice, note en a été prise soigneuse
ment ; et chaque fois qu'un sujet a été dupe de l'artifice, il a
été interrogé de manière que l'on put savoir jusqu'à quel point
l'illusion a été complète.

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