EXPOSÉ Histoire orale et travail de mémoire dans l'Afrique du Sud ...

P.Denis

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EXPOSÉ Histoire orale et travail de mémoire dans l'Afrique du Sud ...

Sujets

• Sociologie, société et politique

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• Publié par: awigocax
• Nombre de lectures: 467
• Langue: Français

Extrait

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par Philippe Denis

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L’histoire orale existe depuis que l’histoire existe. Xénophon, Tacite et Bède le Vénérable

faisaient amplement usage des sources orales. En tant que discipline académique, cependant,

1

l’histoire orale n’est reconnue que depuis la fin des années 1940. Elle apparut d’abord aux États-

Unis et en Angleterre mais connaît désormais un important développement dans le monde entier

y compris dans des pays de tradition orale comme l’Afrique du Sud. J’enseigne dans ce pays

depuis une vingtaine d’années et y ai fondé un centre de recherche appelé Sinomlando Centre for

Oral History and Memory Work in Africa. Le présent exposé est fondé sur la

recherche et

d’enseignement développés dans ce contexte. Il emprunte l’essentiel de son argumentation à un

livre récemment publié par le Sinomlando Centre sous le titre

Oral History in a Wounded

Country

.

2

Commençons par situer l’histoire orale comme discipline. On ne parle pas d’« histoire

écrite

». Sans doute est-ce parce l’utilisation par les historiens de documents écrits, manuscrits

ou imprimés, est trop évidente pour être dite. Pourquoi alors parler d’ « histoire orale

»?

Au sens

étroit du terme cette expression désigne une technique de recherche en histoire, ce que les

manuels appellent une science auxiliaire de l’histoire. Elle

consiste à recueillir des témoignages

oraux sur des faits du passé, en supposant, bien évidemment, que ces faits soient assez récents

pour que des témoins soient en mesure d’apporter leur témoignage. Ainsi comprise, l’histoire

orale s’attache principalement à compléter les documents écrits, à fournir une information sur

des événements du passé mal documentés.

Les domaines où l’histoire orale joue un rôle central sont nombreux: histoire des femmes,

histoire des enfants, histoire du monde du travail, histoire des peuples colonisés, histoire des

résistances civiles, histoire des réfugiés, histoire des victimes de handicap, histoire des minorités

sexuelles. Dans tous ces domaines, les acteurs de l’histoire laissent peu de traces écrites. Les

interroger permet de combler les lacunes de la documentation. Dans d’autres domaines comme

l’histoire politique, l’histoire militaire ou l’histoire religieuse, l’histoire orale sert d’appoint. Elle

complète utilement la documentation écrite.

Un deuxième apport essentiel de l’histoire orale est sa faculté de rendre compte de la