Folkloristes et médiévistes face au texte littéraire : problèmes de méthode - article ; n°5 ; vol.34, pg 943-955
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1979 - Volume 34 - Numéro 5 - Pages 943-955
Folklore methodology and mediaeval literature Bruce ROSENBERG Of all eras the literature of the Middle Ages is the most heavily laden with folklore This essay sets out the methods and theories of folklorists that seem to be of greatest use to the literary medievalist Of most importance is the relation between written and oral narratives particularly the folktale Principles by which the researcher establishes the connection between narratives of different worlds are outlined and guidelines for determining priority and hypothesizing the existence of oral tales are discussed
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bruce A. Rosenberg
Folkloristes et médiévistes face au texte littéraire : problèmes de
méthode
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 34e année, N. 5, 1979. pp. 943-955.
Abstract
Folklore methodology and mediaeval literature Bruce ROSENBERG Of all eras the literature of the Middle Ages is the most
heavily laden with folklore This essay sets out the methods and theories of folklorists that seem to be of greatest use to the
literary medievalist Of most importance is the relation between written and oral narratives particularly the folktale Principles by
which the researcher establishes the connection narratives of different worlds are outlined and guidelines for
determining priority and hypothesizing the existence of oral tales are discussed
Citer ce document / Cite this document :
Rosenberg Bruce A. Folkloristes et médiévistes face au texte littéraire : problèmes de méthode. In: Annales. Économies,
Sociétés, Civilisations. 34e année, N. 5, 1979. pp. 943-955.
doi : 10.3406/ahess.1979.294101
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1979_num_34_5_294101FOLKLORISTES ET DI VISTES
FACE AU TEXTE LITT RAIRE PROBL MES DE THODE
La littérature médiévale en langue vulgaire est plus largement imprégnée
éléments folkloriques que celle de importe quelle autre période Les uvres
savantes écrits philosophiques théologiques ou autres étaient toujours en
latin les sermons toutefois étaient émaillés de proverbes de récits facétieux ou
de légendes populaires Les récits en langue vulgaire eux ont souvent pour
cadre le monde merveilleux du conte Même les romans courtois tels ceux de
Chrétien de Troyes ou les lais de Marie de France les Nouvelles de Boccace et les
Contes de Canterbury de Chaucer sont étonnamment proches des contes
populaires dont ils dérivent ou qui inverse en dérivent Magie croyances et
savoir populaires sont partout Théoriquement donc le médiéviste devrait
connaître le folklore au moins aussi bien que le latin mais bien souvent tel est
pas le cas Joseph Bédier tournait en dérision cause sans doute de leurs excès
ses collègues les folkloristes qui étudiaient les origines du conte populaire
Mais ce faisant il retardé de plusieurs décennies le développement des études
de folklore en France En Amérique les relations tendues entre folkloristes et
médiévistes sont illustrées par le refus de Loomis admettre que les romans
arthuriens puissent avoir pour origine des lubies de laboureurs gardeuses
oies forgerons matrones ou rustres de toute espèce
Le fossé qui sépare médiévistes et folkloristes est dû pour une part comme
dans le cas de Loomis des prémisses erronées mais pour une autre part aussi
la nature propre du folklore Contes populaires contes de fées légendes mythes
fables voire contes de bonnes femmes sont les genres que les folkloristes étudient
avec le plus grand sérieux Pourtant ils sont tous dans acception commune
synonymes de contre-vérités de méprises erreurs vulgaires ou même de
mensonges Récemment la tradition orale elle aussi été victime de cette
suspicion sur la lancée des travaux de Parry-Lord on accuse souvent erreur
ou inexactitude il étudie les chimères des gardeuses oies le folkloriste
intéresse donc une matière méprisée Un grand écrivain qui mérite attention
des spécialistes de littérature Nabokov lui-même évoqué un équilibre subtil
éléments qui témoigne une entreprise artistique délibérée dans Thé song of
campaign) et qui exclut hypothèse une addition progressive de
943 LA CULTURE DI VALE
fragments si caractéristique de la composition folklorique La chanson Igor
est uvre consciente un seul homme et non la psalmodie fortuite et monotone
un peuple2
Certains auteurs ont pourtant fait uvre utile en établissant un pont entre les
deux cultures un eux Utley montré évidente et incontestable
familiarité de Chaucer avec la tradition orale en particulier dans un livre inédit
sur Les contes de Chaucer où il propose une révision complète des Sources and
analogues de Bry an et de Dempster Le point de vue Utley tenté de proposer
est illustré par les remarques de Oison qui termine son commentaire du
tale en affirmant que la grande scène du poirier. est sans aucun
doute une des grandes scènes comiques de la littérature De même
Robinson observe propos du Pardoners tale qu on parfois considéré
comme la meilleure nouvelle jamais écrite Personne ajoute-t-il jamais conté
cette histoire mieux que Chaucer Avec tout le respect dû au critique pénétrant
et éditeur zélé auteur une des meilleures éditions actuelles de Chaucer un tel
enthousiasme résiste mal un examen attentif Des Trois découvreurs de trésor
qui entre-tuent Aarae-Thompson type 763 et du Poirier enchanté
type 1423 ont existé des milliers de versions orales des centaines de milliers
peut-être dont seul un pourcentage infime été recensé mais aucune elles ni
par Oison ni par Robinson On ne saurait partir un échantillon si limité
affirmer que Les trois découvreurs soit la meilleure nouvelle jamais
écrite ou que Le poirier jamais été mieux conté
Un des postulats de Loomis il dénie une origine populaire cette
matière arthurienne il prise si fort est que le folklore est que le fait de
rustres de toute espèce Aucun folkloriste admettrait cette hypothèse Tout
récemment un de mes étudiants recueilli plusieurs anecdotes devenues
classiques sur un illustre professeur de Harvard transmises
exclusivement par des universitaires que personne ne qualifierait de rustres Et
pourtant le préjugé persiste on ne considérerait peut-être pas ces anecdotes
comme du folklore parce que nous avons tendance associer ce terme aux
paysans de Europe centrale ou aux populations perdues des Appalaches Quelle
serait attitude de médiévistes envers employé une station service qui
prétendrait que John Kennedy est toujours vivant Skorpios on sait que de
telles histoires foisonnent ou même envers importe quel récit transmis par un
portier un chauffeur autobus une serveuse ou un de nos étudiants Or les
histoires qui racontent que Kennedy vit encore sur une île au-delà des mers ne
sont pas moins fantastiques que les légendes sur le roi Arthur toujours en vie dans
île Avalon Il agit bien sûr de deux hommes qui furent trahis puis blessés
mais pas tués dans des circonstances mystérieuses tous deux attendant le
moment où leur retour sera le plus nécessaire leur pays6 Nous ne pouvons
prétendre que la version médiévale mérite seule notre attention parce elle
existe en manuscrit tandis que ses homologues plus récents ne sont que des
inventions de rustres même urbanisés)
Nous pouvons hui trouver de telles histoires intéressantes ou
curieuses mais nous accordons guère importance Les auteurs médiévaux
eux prenaient au sérieux la tradition orale comme le démontrent les sources de
nombreux romans en moyen-anglais ou en ancien fran ais un grand nombre
de pièces du Décameron du Beowulf du Niebelungenlied ou des Contes de
Canterbury Pour les tisserands fran ais qui ont composé les Tapisseries des
944 LITT RATURE ET FOLKLORE ROSENBERG
neuf héros le roi Arthur était un personnage tout fait authentique aussi vrai
que Charlemagne On accordait de même toute confiance aux vies des saints
qui pendant longtemps ont existé que dans la tradition orale et empruntaient
bien des traits au conte populaire avant que glise intervienne pour en rejeter
certains éléments légendaires)
Une autre raison explique le faible crédit du folkloriste auprès du médiéviste
il examine habituellement de près les textes littéraires est seulement pour
chercher des données folkloriques ou ethnographiques est ce fait par
exemple Dorson dans un texte qui reste la tentative méthodologique la plus
poussée Thé identification of folkore in American literature Dorson retient
trois critères un critère biographique lorsque on peut prouver
un auteur eu directement accès la tradition orale un critère interne
lorsque la composition de uvre fait apparaître une familiarité explicite avec le
folklore un dernier critère enfin lorsque le dicton le conte la chanson le trait
coutumier que auteur rapporte sont attestés indépendamment de uvre dans
une culture traditionnelle Il est vrai que ces critères illustrent mieux les
préoccupations de ethnologue que celles du spécialiste des littératures est
pourquoi sans doute Do

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