Fonctions psychiques et troubles mentaux - article ; n°1 ; vol.17, pg 202-232
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Description

L'année psychologique - Année 1910 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 202-232
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1910
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

M. Mignard
Fonctions psychiques et troubles mentaux
In: L'année psychologique. 1910 vol. 17. pp. 202-232.
Citer ce document / Cite this document :
Mignard M. Fonctions psychiques et troubles mentaux. In: L'année psychologique. 1910 vol. 17. pp. 202-232.
doi : 10.3406/psy.1910.7276
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1910_num_17_1_7276VII
PONCTIONS PSYCHIQUES ET TROUBLES MENTAUX
BREF APERÇU PSYCHOLOGIQUE SUR LES DONNEES
DE L'ALIÉNATION MENTALE
Nous allons tenter de démontrer dans la présente étude, par
l'exposition de certains résultats, que la psychologie patholo
gique peut dès maintenant donner réponse à quelques-unes
des plus importantes questions qu'aient posées d'une part
l'ancienne psychologie dialectique, et de l'autre la moderne
médecine mentale.
Au point de vue psychiatrique, la méthode psychologique
n'exclut nullement les méthodes cliniques etanatomiques. Elle
complète les premières et prépare les secondes.
Au point de vue philosophique, elle n'exclut pas la discus
sion des idées. Elle l'éclairé seulement.
Le point de départ du présent essai sera pris dans l'intére
ssante et suggestive étude que MM. Binet et Simon ont publiée
dans l'Année Psychologique 1910.
Première partie
LA PSYCHOLOGIE DES TROUBLES MENTAUX
I. L'hystérie et la séparation des personnalités. — Nous
ne prétendons nullement refaire l'excellent travail de
discussion et d'historique qu'ont apporté sur cette question
MM. Binet et Simon. Aussi, sans plus nous occuper des
diverses théories de l'hystérie qu'ils ont décrites, nous conten
terons-nous d'envisager les deux seules qui paraissent rester
en présence. Ces deux théories sont celle de Pierre Janet et la
leur propre.
MM. Binet et Simon donnent à juste titre le cas de Lucie, — FONCTIONS PSYCHIQUES ET TROUBLES MENTAUX 203 MIGNARD.
une des premières malades que nous ait présentées M. Pierre
Janet comme une des plus intéressantes observations fournies
par l'étude des hystériques. On sait que cette malade, distraite
par une conversation, semble ne pas entendre la voix de
l'expérimentateur. Et cependant il suffit de lui mettre un
crayon en main pour qu'aussitôt elle réponde par l'écriture
automatique aux questions qui lui sont adressées. Tout se passe
comme si deux personnes étaient en Lucie: l'une qui écoute la
conversation avec A. et lui répond par le langage vocal, la
seconde qui perçoit les questioas de Janet et leur répond par
la parole écrite, et comme si ces deux personnes ignoraient
chacune ce que l'autre entend et répond. La théorie du dédou
blement de la personnalité ne fait que traduire cette constatation.
Or il se trouve qu'elle se vérifie singulièrement à l'expérience,
puisque le baptême de la seconde personnalité, devenue
Adrienne, est acceptée de celle-ci seulement, et que désormais
chacune répond à son nom, puisant ses opinions dans le
groupe de sensations et de sentiments qui lui sont particuliers,
et témoignant d'un caractère qui lui est propre. Suggestion?
Soit; mais cherchez, à l'hôpital ou dans le monde, sujets
capables de la réaliser et vous ne trouverez que des hystériques,
c'est-à-dire des personnes aptes à séparer ainsi leurs états de
conscience. N'a pas deux personnalités qui veut, malgré la
théorie de M. Babinski1.
Or ce qu'il y a d'intéressant dans la théorie de M. P. Janet,
c'est que tous les symptômes hystériques s'expliquent par elle
avec la facilité la plus grande et viennent, pour ainsi dire,
ratifier l'hypothèse qu'ont naturellement amenée ces premières
expériences. Le somnambulisme révèle en effet d'autres groupe
ments de sensations conscientes que l'état de veille ; on trouve
des sujets qui à leur état habituel sont atteints de cécité psy
chique, tandis qu'en sommeil hypnotique ils voient parfaite
ment, et qu'en revanche ils ont une anesthésie complète du
1. Un seul exemple de ce genre montrerait l'impuissance de la théorie
de M. Babinski. Gomment pourrait-il obtenir par suggestion un si étrange
phénomène, sinon sur un sujet capable de dédoubler sa conscience? Mais
M. Babinski dira que ce dédoublement est une simulation. Simulation
terriblement difficile, il faut en convenir et il en est de même pour les
analgésies, les crampes, etc. Le délire des persécutions, lui aussi, ne
présente que des symptômes qui peuvent à la rigueur être simulés, et bien
mieux que l'hystérie. En somme ce que M. Babinski a démontré, c'est
que l'hystérie est une maladie mentale. C'est aussi l'avis de Bernheim,
Janet, Raymond, Toulouse, Binet et Simon et de la plupart des auteurs
modernes. 204 MÉMOIRES ORIGINAUX
toucher. Verrons-nous là des personnalités différentes ? Certa
inement; et les lois du souvenir vont nous porter à cette conclu
sion, car tandis que la personnalité de l'état de veille ne se
souviendra que des phénomènes perçus pendant la veille, celle
que révèle l'hypnose ne se rappellera que ceux qui auront été
enregistrés pendant l'état d'hypnose. D'autre part, certains
procédés, tels que l'écriture automatique, dévoileront que même
en temps normal la sensation visuelle, par exemple, qui paraît
détruite, existe bien, mais n'est pas accusée par la personnalité
principale du sujet qui se sert de la voix pour s'exprimer,
tandis qu'elle est bien relatée par la personnalité seconde qui
se sert de récriture. Or cette personnalité seconde a le souvenir
des phénomènes somnambuliques. Il y a donc coexistence des
deux personnalités, qui ont chacune un champ de conscience
restreint.
Cela permet, comme l'ont vu MM. Binet et Simon, d'expli
quer parfaitement bien les crises hystériques, les fugues, avec
leurs lois spéciales, les fausses paralysies, et enfin la suggestion
(et même, je crois, le pythiatisme), car ces faibles personnalités
sont naturellement à la merci de n'importe quelle influence.
L'automatisme psychologique explique la suggestion. La sugges
tion ri explique pas l'automatisme psychologique.
Ainsi la théorie de P. Janet présente les avantages d'une
bonne hypothèse, qui sont la clarté dans l'explication des faits
qui lui ont servi de point de départ, et son adaptation facile à
tous les phénomènes qui n'avaient pas été primitivement
prévus. MM. Binet et Simon1 disent cependant que « défaut de
synthèse et désagrégation » ne sont « que des étiquettes de
description ». Nous avons tenté de démontrer dans les lignes
qui précèdent que ces conceptions présentaient au contraire le
caractère d'hypothèses scientifiques et d'hypothèses en grande
partie vérifiées. Sans doute a-t-on bien abusé par la suite de la
synthèse et de la désagrégation, confondant sous le premier
terme la personnalité, l'attention, le jugement; c'est pourquoi
nous proposons avec M. Toulouse de distinguer la synthèse
élective de la synthèse personnelle et des synthèses logiques.
De même demandons-nous qu'on distingue la désagrégation de
la personnalité du désordre des opérations intellectuelles et
celui-ci de leur faiblesse. Toujours est-il que cette notion d'un
fort groupement des phénomènes psychiques chez le normal et
i. Binet et Simon. L'hystérie. Année psychologique, i910, p. 112. MIGNARD. — FONCTIONS PSYCHIQUES KT TROUBLES MENTAUX 20b
des diverses lésions de cet effort synthétique chez l'aliéné reste
la clef de tout l'édifice de la psychologie pathologique, et peut
être aussi l'idée la plus nette qui domine la médecine mentale.
L'intéressante interprétation que donnent MM. Binet et Simon
de la folie maniaque dépressive en est un des meilleurs
exemples. M. Toulouse et moi avions déjà tenté une explication
du même genre des états confusionnels.
Nos auteurs ont tout à fait raison lorsqu'ils disent qu'il ne
faut pas avoir une explication univoque de toutes les formes de
l'aliénation, et que l'on doit distinguer les diverses activités
lésées dans les diverses maladies mentales. Et, en partant de

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