Formes spécifiques du Dutch Disease en Afrique de l Ouest. Le cas du Nigeria et du Cameroun - article ; n°125 ; vol.32, pg 63-91
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Formes spécifiques du Dutch Disease en Afrique de l'Ouest. Le cas du Nigeria et du Cameroun - article ; n°125 ; vol.32, pg 63-91

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Description

Tiers-Monde - Année 1991 - Volume 32 - Numéro 125 - Pages 63-91
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Coussy
Formes spécifiques du Dutch Disease en Afrique de l'Ouest. Le
cas du Nigeria et du Cameroun
In: Tiers-Monde. 1991, tome 32 n°125. pp. 63-91.
Citer ce document / Cite this document :
Coussy Jean. Formes spécifiques du Dutch Disease en Afrique de l'Ouest. Le cas du Nigeria et du Cameroun. In: Tiers-Monde.
1991, tome 32 n°125. pp. 63-91.
doi : 10.3406/tiers.1991.4579
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1991_num_32_125_4579FORMES SPÉCIFIQUES DU DUTCH DISEASE
EN AFRIQUE DE L'OUEST :
LE CAS DU NIGERIA ET DU CAMEROUN1
par Jean Coussy*
L'expansion, dans les années 1980, des recettes pétrolières de plusieurs
pays de l'Afrique de l'Ouest a suscité de multiples références à l'existence
ou à la menace de Dutch Disease (dd) (W. С Benjamin and Devarajan,
1985; J. Egg, F. Lérin et L. Tubiana, 1985).
La multiplication de ces références n'a pas été sans entraîner une
certaine ambiguïté du vocabulaire, ambiguïté qui était déjà visible dans
les diverses définitions analytiques du dd (Caves et Jones, 1981). Par
ailleurs les données statistiques utilisées pour tester la réalité des dd sont
différentes selon les méthodes d'observation. Il en résulte que les affi
rmations sur l'existence ou l'absence de dd en Afrique de l'Ouest sont
souvent non comparables parce que ne traitant ni du même concept de dd
ni des mêmes faits « construits » par les instruments d'observation.
Pour sortir de cette situation de noncommunication nous préciserons
successivement les différentes formes concevables de Dutch Disease, les
formes observables de dd au Nigeria et au Cameroun et les raisons pour
lesquelles le dd y est resté limité (et est apparu comme encore plus limité
du fait des méthodes d'observation).
I - LES DIFFÉRENTES FORMES POSSIBLES DE DUTCH DISEASE
Le dd a suscité de nombreux modèles analytiques extrêmement précis.
Mais si l'on compare ces différents et, encore plus, les différentes
1 . Cet article est une version très remaniée de la première partie d'un texte sur « Les poli
tiques de spécialisation des pays pétroliers d'Afrique sub-saharienne pendant la période d'expan
sion » paru dans Les stratégies du passage de crise des pays africains du Golfe de Guinée, Docu
ment de Travail larea/cered, 1988.
* EHESS.
Revue Tiers Monde, t. XXXII, n° 125, Janvier-Mars 1991 64 Jean Coussy
acceptions du terme de dd dans les débats concrets sur les pays pétroliers,
on découvre que les processus décrits sont, en fait, très différents et parfois
même contradictoires. Certes toutes les définitions du dd ont un point
commun : elles soulignent le fait que l'expansion des recettes pétrolières
entraîne des disparités de croissance des prix, des revenus et des activités
et que ces peuvent provoquer la régression non seulement relative
mais absolue de certains secteurs. Mais l'analyse et l'observation montrent
que ces disparités peuvent se produire dans des sens très différents et même
opposés. Ce qui ouvre aux économies pétrolières de multiples possibilités
d'évolution.
Nous tenterons donc, dans cette section, non un survey des théories
du dd {survey qui a été déjà fait plusieurs fois)2 mais une classification des
définitions. Le but en est double : d'une part nous avons voulu classer les
représentations analytiques du dd par référence aux normes néo-classiques
(équilibre, avantages comparatifs et vérité des prix). Ce classement a pour
but d'éviter que la polysémie de l'expression de dd ne masque de profondes
divergences d'interprétation du processus en cause et n'interdise de saisir
les différences de causes et les différences de fonctions des phénomènes
qualifiés de dd. D'autre part cette classification nous semble utile pour
mieux expliciter que les dd observables en Afrique de l'Ouest sont des
combinaisons complexes (et variables dans le temps) de différents pro
cessus d'ajustement, de surajustement, de désajustement et de distorsions.
l I Le DD d'ajustement aux nouveaux avantages comparatifs
Ce DD peut résulter de trois processus d'adaptation au desserrement
de la contrainte extérieure par l'accroissement des recettes pétrolières.
a - Le DD d'ajustement par la hausse du taux de change nominal
Dans une première forme de dd, la hausse des exportations pétrolières
entraîne une hausse du taux de change nominal (tcn) qui réduit la compéti
tivité des exportations non pétrolières et abaisse les prix intérieurs des
importations.
En d'autres termes, la hausse des disponibilités et des prix du pétrole
signifie une modification des avantages comparatifs. Et la première forme
de dd n'est que le processus par lequel se produit, conformément à la théorie
élémentaire, une contraction de la production des biens « échangeables »
2. En langue française on lira en particulier les textes de Sid Ahmed (1983) et (1987) et
l'article de V. Geromini (1988). spécifiques du Dutch Disease en Afrique de VOuest 65 Formes
non pétroliers. La production pétrolière étant moins labor intensive que les
productions des autres biens échangeables, on risquerait même d'avoir une
contraction de l'emploi sans l'existence de biens non soumis à la concur
rence internationale. Mais si les prix de ceux-ci ne changent pas (hypothèse
provisoire de non-propagation des variations de coûts et de prix), il en
résulte une hausse de leurs prix relatifs et une réorientation de la production
en leur faveur. Les opportunités d'emploi se déplacent essentiellement vers
les productions « abritées » notamment vers celles dont la productivité
s'accroît lentement (cas des services). Cette première forme de dd a été,
par exemple, évoquée à propos de l'accélération de la désindustrialisation
anglaise (et dans le cas hollandais lui-même) : il y a baisse des expor
tations non pétrolières, hausse des importations, risque de chômage et
réorientation des emplois vers la satisfaction du marché interne8.
Le point important, répétons-le, est que cette première forme de dd
peut n'être qu'un processus d'ajustement aux nouveaux avantages compar
atifs et au nouveau solde extérieur. On peut, comme à propos de tous les
ajustements, en déplorer les coûts de transition (notamment si existent des
« facteurs spécifiques »). On peut aussi en regretter l'issue au nom de préfé
rences sur la spécialisation internationale du pays (craintes de désindustrial
isation fréquemment exprimées dans les pays développées ou craintes d'une
réduction de l'auto-approvisionnement alimentaire dans les pays pauvres).
Mais on doit accepter que le dd d'ajustement par le change peut être
parfaitement conforme à la logique néo-classique et à la norme de respect
des avantages comparatifs. Il est, comme tel, parfaitement justifiable aux
yeux des modèles d'équilibre général même si ses résultats sont parfois
décrits péjorativement dans les conclusion de ces modèles4.
b - Le DD d'ajustement par la hausse du niveau général des prix
En cas de fixité du tcn l'ajustement à la modification des avantages
comparatifs (et à la tendance à l'excédent extérieur) peut s'effectuer par une
hausse générale des coûts et des prix. Il suffit, pour ce faire, que la hausse des
recettes pétrolières entraîne une hausse du prix du travail, des inputs,
du capital et/ou de la terre par de leurs coûts d'opportunité (et
par contagion des rémunérations des secteurs entraînés par l'expansion
pétrolière).
Cette hausse des prix et des coûts, si, et seulement si, elle est générale et
uniforme dans les secteurs abrités, peut entraîner un dd exactement
3. Quand le pays connaît une protection en escalier (les produits finals étant « abrités »
et les inputs étant « exposés ») on aura une amplification de la protection effective.
4. Cf. W. C. Benjamin and S. Devarajan (1987). 66 Jean Coussy
semblable à l'ajustement par le taux de change : en effet les secteurs soumis
à la concurrence internationale ne peuvent suivre la hausse des prix et sont
menacés de régression comme en cas de ha

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