Fragments d une cosmologie Banzèbi - article ; n°1 ; vol.53, pg 107-118
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Journal des africanistes - Année 1983 - Volume 53 - Numéro 1 - Pages 107-118
Abstract Extracted from nzèbi mythical texts collected in 1975, informations here presented are fragments of ancient knowledge, nowadays melted in a syncretic cosmology with european culture. Beyond the representations of creation and of universe organisation, the nzèbi idea of God leads the author to emphasize problems arisen from analysis concepts of Christian religious thought.
Résumé Extraits d'un corpus de récits mythiques nzèbi recueilli en 1975,16s textes et les informations présentés sont des fragments d'une connaissance ancienne aujourd'hui fondue dans une cosmologie syncrétique intégrant les apports culturels européens. Au-delà des représentations de la Création et de l'organisation du monde, l'idée que les Banzèbi se faisaient de la divinité amène à souligner les risques présentés par des analyses s'appuyant, souvent de manière inconsciente, sur des concepts de la pensée religieuse.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 119
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gérard Collomb
Fragments d'une cosmologie Banzèbi
In: Journal des africanistes. 1983, tome 53 fascicule 1-2. pp. 107-118.
Résumé Extraits d'un corpus de récits mythiques nzèbi recueilli en 1975,16s textes et les informations présentés sont des
fragments d'une connaissance ancienne aujourd'hui fondue dans une cosmologie syncrétique intégrant les apports culturels
européens. Au-delà des représentations de la Création et de l'organisation du monde, l'idée que les Banzèbi se faisaient de la
divinité amène à souligner les risques présentés par des analyses s'appuyant, souvent de manière inconsciente, sur des
concepts de la pensée religieuse.
Abstract
Abstract Extracted from nzèbi mythical texts collected in 1975, informations here presented are fragments of ancient knowledge,
nowadays melted in a syncretic cosmology with european culture. Beyond the representations of creation and of universe
organisation, the nzèbi idea of God leads the author to emphasize problems arisen from analysis concepts of Christian religious
thought.
Citer ce document / Cite this document :
Collomb Gérard. Fragments d'une cosmologie Banzèbi. In: Journal des africanistes. 1983, tome 53 fascicule 1-2. pp. 107-118.
doi : 10.3406/jafr.1983.2040
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1983_num_53_1_2040GÉRARD COLLOMB
FRAGMENTS D'UNE COSMOLOGIE BANZEBI
Fragments épars d'un savoir aujourd'hui en grande partie disparu, les
informations et les récits ici rassemblés, rapportant les origines du monde,
des êtres et des choses, ne constituent pas un mythe de création unique. Au
contraire, ces connaissances se manifestent à travers une multitude d'histoires,
parfois proches du conte, mais aussi à travers l'ensemble des croyances rela
tives au monde des morts et des esprits. Elles constituent pour nous un corpus,
mais elles sont, pour les Banzèbi, intimement articulées avec le grand mythe
des sept fils de Nzèbi1 .
Il n'y a pas chez les Banzèbi — du moins à l'époque sur laquelle portent
nos informations — de lieu social privilégié de conservation d'un savoir cosmol
ogique comparable, par exemple, à ce que représente le bwete chez les Mitsogo,
les Apindji et chez d'autres peuples qui l'ont adopté, où l'accession progressive
à un savoir initiatique complexe représente un élément essentiel de la stratif
ication sociale.
Phénomène assez exceptionnel, semble-t-il, chez les peuples du Bassin de
l'Ogooué, la «société» du bwete constitue en effet chez les Mitsogo une exten
sion sociale remarquable d'un culte des ancêtres pratiqué ailleurs surtout aux
niveaux familial et lignager.
Il semble incontestable que l'importance prise par le bwete , son extension
hors des limites du groupe ethnique ts о go, ont favorisé la transmission et la
conservation d'une représentation originale du monde qui nous a été assez
précisément restituée à travers plusieurs travaux récents2. Chez les Banzèbi,
comme d'ailleurs chez la plupart des peuples culturellement proches, les diffé
rentes «sociétés» initiatiques3 concourent à la socialisation de l'individu,
1. G. Collomb, «Les sept fils de Nzèbi, un mythe cosmogonique des Banzèbi du Gabon» . Journal
de la Société des Africanistes, 1979, 49/2, pp. 89-134.
2. En particulier, les travaux d'O. GOLLNOFFER et de R. SILLANS sur le Bwiti mitsogo :
GOLLNHOFFER, O., 1977, Bokudu, ethno-histoire Ghetsogho, Diplôme de 1*EPHE, Ve Section, Paris,
Institut d'Ethnologie, Micro-éditions. SILLANS, R., 197 l,Motombi, Mythes et énigmes initiatiques des
Mitsogho, EPHE, Ve Section, Paris, Institut d'Ethnologie, 385 p.
3. Chez les Banzèbi, Mwiri et Nzègho étaient les deux sociétés masculines qui assuraient, comme
Lecimba et Njembé pour les femmes, l'entrée des jeunes garçons dans la classe des hommes, tout en
exerçant le maintien de l'ordre social ; Ngoï était plus spécialement le regroupement, après une épreuve
d'entréea des hommes guerriers.
/. des Africanistes, 53, 1-2, (1983) pp. 107-118 108 GÉRARD COLLOMB
assurent la cohésion et le respect des règles sociales à l'intérieur du groupe en
exerçant une répression des déviances non tolérées, mais ne prennent pas en
charge — sinon d'une manière indirecte — la transmission et la conservation de
ces savoirs, assurées essentiellement, chez les Banzèbi, de l'oncle maternel au
neveu et du père au fils.
Comme le récit du mythe de Nzèbi, les savoirs cosmologiques font l'objet
d'un interdit d'énonciation et singulièrement, les connaissances relatives au
monde des morts et des ancêtres ; celles-ci touchent aux fondements du systè
me religieux banzèbi, construit sur un rapport permanent aux membres dispa
rus des lignages, garants de la reproduction de l'ordre social, recours — mais
aussi menace potentielle — pour les vivants.
Ce que nous présentons ici ne sont que des fragments de ce que l'on peut
imaginer avoir été le système des connaissances «traditionnelles». Toutefois,
rares sont maintenant les informateurs susceptibles de pouvoir livrer sous une
forme plus complète, plus cohérente, ces savoirs, pour deux raisons.
La première est, bien sûr, la perte considérable du savoir religieux ancien
provoquée par le choc de la colonisation et par le développement de l'action
missionnaire, depuis plus de cinquante ans chez les Banzèbi de Mbigou4 . L'en
seignement délivré s'est efforcé de «corriger» avant tout les croyances perçues
comme proprement religieuses au regard de la doctrine chrétienne, se souciant
par contre peu d'un vaste domaine connexe, intégrant un certain nombre de
thèmes que l'on considérait comme sans rapport direct avec la conception de
la Divinité. Ainsi, le récit des aventures des sept fils de Nzèbi demeure-t-il
encore un thème important de la littérature orale, sans doute parce qu'il
représente un fondement idéologique,aussi parce qu'il n'a pas été perçu comme
entrant en contradiction avec le dogme chrétien.
Mais on peut voir une autre raison à la disparition des savoirs les plus
anciens : la nécessité dans laquelle se sont trouvées ces sociétés d'assimiler,
d'accueillir des informations, des thèmes, des croyances proposées ou imposées
par l'extérieur. Cette relative plasticité a représenté dans une certaine mesure
une force qui a permis une réaction et une adaptation à des situations économiq
ues, sociales, culturelles changeantes, voire à l'environnement menaçant,
déstructurant, sécrété par l'arrivée et l'installation des Européens. Il est trivial,
mais somme toute éclairant pour notre propos, de rappeler à cet égard l'exem
ple du Bwiti constitué par les Fang en une nouvelle religion qui a intégré en
un syncrétisme chatoyant nombre de thèmes symboliques et de rites des rel
igions chrétiennes, et cela en moins d'une cinquantaine d'années.
Il en va de même, semble-t-il, du corpus des traditions cosmologiques
banzèbi qui a depuis longtemps laissé sa place à l'histoire déjà ancienne du
contrat avec les Européens, par l'intermédiaire des peuples côtiers, et à celle,
plus récente, de l'installation coloniale. Le monde a ainsi commencé dans un
4. La première mission catholique permanente est installée en 1930 à Ndenga, près de Mbigou, et
en 1935 est fondée la grande mission de Dibouangi, à peu de distance de Lébamba sur la route de Mbigou.
La mission Evangélique de Mbongolo, près de Mbigou, est créée à la même époque. Toutefois, l'évangé-
lisation du pays banzèbi a été engagée dès le début du siècle, à partir des grandes missions de la Moyenne-
Ngounié. FRAGMENTS D'UNE COSMOLOGIE BANZEBI 109
village situé derrière koto, ce lieu où les héros du mythe s'approprieront tous
les éléments de la culture5, mais cette histoire ne connaît pas de rupture
jusqu'à l'arrivée récente des Blancs, temps mythiques et temps «historiques»
s'enchaînant sans hiatus.
La création et le monde
«m alum bi, c'est lui qui a fait notre monde6 , parce que dans notre monde
il n'y avait pas de bois, pas de rivière, il n'y avait pas de poissons, il n'y ava

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