Goffman et Garfinkel : cadres et organisation de l expérience - article ; n°1 ; vol.59, pg 13-46
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Goffman et Garfinkel : cadres et organisation de l'expérience - article ; n°1 ; vol.59, pg 13-46

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Description

Langage et société - Année 1992 - Volume 59 - Numéro 1 - Pages 13-46
Widmer, Jean - Goffman and Garfinkel : frames and organization of experience.
H. Garfinkel's and E. Goffman's changing conceptualisations of the rationality of social action, and particularly of strategic actions, are compared. A second part applies frame analysis to the social production of gender and to the structures of conversations. Finally, the underlying game concepts used by both authors are discussed, drawing some conclusions about social theory and social structures.
Les travaux de E. Goffman et de H. Garfinkel sont, dans une première partie, discutés en examinant la manière dont évolue leur traitement de la rationalité des actions, en particulier des actions stratégiques. Les cadres de l'expérience sont ensuite confrontés à la production sociale du sexe et aux structures des conversations. Une dernière partie examine à partir des notions de jeu utilisées par Garfinkel et Goffman, quelques aspects de la conceptualisation des structures sociales et de leur histoire ainsi que le statut des théories sociologiques.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Widmer
Goffman et Garfinkel : cadres et organisation de l'expérience
In: Langage et société, n°59, 1992. Sociologie, langage et interprétation. Les enjeux de l'ethnométhodologie. pp. 13-
46.
Abstract
Widmer, Jean - "Goffman and Garfinkel : frames and organization of experience".
H. Garfinkel's and E. Goffman's changing conceptualisations of the rationality of social action, and particularly of strategic actions,
are compared. A second part applies frame analysis to the social production of gender and to the structures of conversations.
Finally, the underlying game concepts used by both authors are discussed, drawing some conclusions about social theory and
social structures.
Résumé
Les travaux de E. Goffman et de H. Garfinkel sont, dans une première partie, discutés en examinant la manière dont évolue leur
traitement de la rationalité des actions, en particulier des actions stratégiques. Les cadres de l'expérience sont ensuite confrontés
à la production sociale du sexe et aux structures des conversations. Une dernière partie examine à partir des notions de jeu
utilisées par Garfinkel et Goffman, quelques aspects de la conceptualisation des structures sociales et de leur histoire ainsi que
le statut des théories sociologiques.
Citer ce document / Cite this document :
Widmer Jean. Goffman et Garfinkel : cadres et organisation de l'expérience. In: Langage et société, n°59, 1992. Sociologie,
langage et interprétation. Les enjeux de l'ethnométhodologie. pp. 13-46.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1992_num_59_1_2558GOFFMAN ET GARFINKEL :
L'EXPÉRIENCE*
CADRES ET ORGANISATION DE
JeanWlDMER
Université de Fribourg (Suisse)
Quelles que soient leurs différences, Erving Goffman et Harold
Garfinkel partagent une niche voisine dans l'histoire de la sociologie.
D'abord tolérés comme "produits californiens", le long chemin de
la consécration en a fait des monuments érigés au carrefour des
micro-sociologies, de la psychologie sociale et des sociologies du
quotidien. Comme tout monument, ils décorent le trafic sans trop le
déranger et de toute manière sans en modifier la direction. La
sacralisation de leur oeuvre au dessus du quotidien des travaux
sociologiques a ceci de piquant, qu'elle touche deux sociologues qui
ont précisément refusé l'opposition entre objets dignes d'attention
et objets quotidiens, bien que ce fut de manière différente.
Leur destin commun révèle d'ailleurs un aspect intéressant de
la tradition sociologique. Tout texte s'insère dans une tradition :
par les auteurs convoqués pour le fonder, par les concepts qu'il
suppose connus, par le choix des objets d'analyse etc. Ces élé
ments permettent au texte de présenter leur auteur et de choisir
leur public. En l'occurrence ils permettent de caractériser la place
particulière occupée par Garfinkel et Goffman, car tous deux ont
une relation originale à la tradition.
Cet article est une adaptation de mon article "Goffrnan und die Ethnomethodologie",
publié dans Erving Goffman - ein soziologischer Klassiker der zweiten Generation
édité par R. Hettlage et KL Lenz, Berne et Stuttgart, édition Haupt, UTB, 1991: 211-242.
langage et société n* 59 - mars 1992 JEANWIDMER 14
Goffman renvoie sur le même ton à Durkheim et au San Francisco
Chronicle, au travail inédit d'un étudiant ou à un traité de théâtre
japonais. Moins éclectique, Garfinkel se contente de renvoyer à
des philosophes des traditions les plus diverses qui ont en
commun avec les sociologues cités d'avoir publié depuis de
nombreuses années. Aucun des deux ne présente une interpréta
tion des oeuvres citées. Elles ne servent souvent que d'incitations
à la réflexion, laissant au lecteur l'énigme de leur exégèse.
De même, aucun des deux ne cherche à se réapproprier les
concepts classiques de la sociologie. S'il y a quelque modification
à apporter aux concepts de structure sociale, d'organisation ou
de classes, ce travail est laissé aux descendants. Goffman a bien
sûr retravaillé le concept de rôle social, sans toutefois s'en servir
par la suite. Cela également les caractérise : les concepts qui sont
introduits ne font pas partie de l'édification d'un système. Ils
sont utilisés puis comme oubliés. Le plus gros effort de systémat
isation se trouve sans doute dans Les cadres de l' expérience de
Goffman - et nous verrons que l'entreprise lui a pour ainsi dire
glissé des mains.
Et leurs données ? Des épisodes choisis au hasard de la vie
quotidienne et que Goffman veut rendre analytiquement intéres
sants (Boltanski, 1973 : 128). Et quel traitement analytique ?
Garfinkel (1967) présente quelques tableaux statistiques. Ne
l' aurait-il pas fait, auraient-ils vraiment manqué ? Si les ouvrages
de Goffman manifestent une certaine cohérence, Garfinkel n'a
publié qu'un livre et les relations thématiques et conceptuelles
entre ses chapitres sont loin d'être évidentes. Considérant cela,
il peut paraître étonnant qu'ils aient bénéficié tous deux d'une
telle notoriété.
Les rapports entre les deux auteurs ne sont pas plus simples
que ceux qu'ils ont entretenus avec la tradition sociologique.
L'interprétation proposée ici suivra d'abord leur développement
respectif pour passer ensuite à une mise en relation plus systé
matique. Ces relations révéleront des complémentarités et des
recoupements et ce même parmi les présupposés qui restent im
plicites dans leurs travaux. Les relations biographiques ne nous
intéressent pas ici et les relations bibliographiques sont rares. Ce
n'est pas le moindre des paradoxes que deux auteurs dont l'apport GOFFMAN ET G ARFINKEL 1 5
à la théorisation de la communication fut si important aient si
peu communiqué à propos de leurs travaux.
A. ASPECTS DE LEUR DÉVELOPPEMENT INTELLECTUEL
Par sa formation à Toronto et à Chicago, Goffman a été introduit
aux méthodes ethnographiques et aux perspectives propres à la
tradition pragmatique de l'interactionnisme. Il étudia Durkheim,
en particulier ses études sur les rituels et la religion. Est-ce ce
Durkheim-là qui le retint de suivre Blumer et sa version de
l'interactionnisme symbolique ? Son intérêt porte sur la construct
ion du sens dans le cadre et en fonction des structures de l'ordre
social. Cette construction est analysée de façon quasi éthologique,
une tendance qui est congruente avec la perspective pragmatique
et darwinienne de G. H. Mead, mais qui s'écarte de celle, human
iste et moralisante retenue par l'interactionnisme symbolique.
Garflnkel connaissait bien les Règles de la méthode sociologique
de même que la manière dont T. Parsons formulait les problèmes
de l'ordre social et des propriétés formelles des faits sociaux. Le
sens n'est pas ici un produit subjectif. Il est une caractéristique
constitutive du social.
Le renvoi commun à Durkheim révèle donc deux manières
différentes de poser les problèmes. Ces différences seront exa
minées d'abord à propos de la rationalité et de l'interaction,
ensuite en vue des propriétés formelles du sens. Goffman sera
donc d'abord interprété à partir de Garfinkel. Dans la seconde
partie, nous adopterons la perspective inverse.
1. Rationalité et interaction
Talcott Parsons résolut l'énigme hobbesienne de l'ordre social
en soulignant l'intériorisation des valeurs institutionnelles par les
acteurs. De la sorte, ces derniers sont en mesure de discerner les
éléments pertinents d'une situation, de leur attribuer une signifi
cation et de projeter des actions possibles. L'intériorisation est
précisément le produit récursif de ces actions et de leur
socialisation.
Le prototype des situations analysées par T. Parsons, qu'elles
soient micro-sociales comme une salutation ou plus vastes,
comme la participation à une large organisation, est une situation jeanWidmer 16
dans laquelle les acteurs ont des attentes réciproques, attentes qui
forment le contenu de leurs rôles, rattaché lui-même aux valeurs
que les acteurs ont intériorisées.
La solution qui vient d'être esquissée ici à gros traits eut deux
conséquences pour Garfinkel : l'une par opposition, l'autre par
une simi

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