Grandeur et décadence des rayons N - article ; n°1 ; vol.13, pg 143-169
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Description

L'année psychologique - Année 1906 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 143-169
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 7
Langue Français
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Extrait

Henri Piéron
Grandeur et décadence des rayons N
In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 143-169.
Citer ce document / Cite this document :
Piéron Henri. Grandeur et décadence des rayons N. In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 143-169.
doi : 10.3406/psy.1906.1295
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1906_num_13_1_1295XI
GRANDEUR ET DECADENCE DES RAYONS N
HISTOntE DUNE CROYANCE1.
Lorsque, le 2 février 1903, M. Blondtot, professeur de phy
sique à la Faculté des Sciences de l'Université de Nancy,
membre correspondant de l'Académie des Sciences, adressait
à cette académie une note sur la polarisation des rayons X,
considérés jusque-là comme impolarisables, qui donc eût pu
prévoir que cette petite question de physique pure allait sou
lever des problèmes passionnants et des controverses où les
psychologues pourraient faire entendre leur voix, timide
d'abord, mais de plus en plus assurée? C'est pourtant ce qui
arriva, comme nous allons le voir.
Les 23 mars et 11 mai de cette même année 1903, M. Blon
dlot, rectifiant sa première note, signalait que ce qu'il avait
pris pour des rayons X était en réalité une radiation nouvelle,
émanant d'un bec Auerpar exemple, traversant aussi les corps
opaques, et qui reçut le 25 mai 1903 sa dénomination défini
tive. En l'honneur de la ville de Nancy, les rayons de Blondlot
s'appelèrent rayons N. Les propriétés de ces rayons, décrites
successivement par l'éminent physicien de Nancy, valurent à
sa découverte un légitime retentissement.
La mesure des longueurs d'onde, du 18 janvier 1904, suscita
dans le monde de la physique, émerveillé déjà par les pro
priétés du radium, un nouvel enthousiasme : le tableau des
longueurs d'onde où l'on localisait le son, la lumière, les
rayons Rœntgen, etc., avait deux grandes cases vides que l'on
supposait a priori correspondre à des radiations inconnues, or
les rayons N bouchaient l'un de ces vides 2. Puis de nouvelles
1. Les rayons N n'appartiennent plus à la physique, mais à la psychol
ogie; ils constituent un phénomène subjectif et, comme tel, relèvent bien
de l'année psychologique. C'est pourquoi j'ai accepté l'aimable proposition
de M. Binet de retracer ici l'histoire sommaire des rayons N.
2. Ils avaient d'abord été placés au delà de l'infra rouge (longueurs
d'onde plus grandes que la lumière); ils furent ensuite situés en deçà de
l'ultra violet. MÉMOIRES ORIGINAUX 144
propriétés suscitèrent des rapprochements philosophiques
féconds. De même qu'il y avait différentes sortes de radiations
du radium, a, ß et y> les rayons N se dédoublaient en deux
catégories de rayons, de propriétés d'ailleurs inverses, les
rayons N et les rayons N '. De même enfin que Curie mettait en
évidence une émission pesante provenant du radium, les
rayons N émettaient, selon Blondlot, une matière pesante. Il
y avait là des phénomènes de la plus haute importance. Mais
le monde scientifique fut peut-être plus ému encore par une
découverte nouvelle, faite par un autre nancéen, M. Augustin
Charpentier, professeur de physique médicale à la Faculté de
médecine de cette Université, dès décembre 1903 : en effet les
rayons N, qui étaient émis par des sources variées, représen
taient en réalité une émanation du corps humain. Une éma
nation du corps humain scientifiquement démontrée : c'était la
vérification de tous les faits d'extériorisation, de télépathie
que tant d'esprits étaient désireux d'admettre ' ! C'était la réali
sation d'un rêve silencieusement caressé par tant de gens!
S'il en était bien ainsi, on devrait voir, pensa-t-on, ces rayons
émis surtout par le système nerveux, par le cerveau fonction
nant, et irradiant ainsi sa pensée sous forme d'énergie. Les
faits se conformèrent docilement à ces aspirations, et M. Char
pentier localisa le trajet des nerfs et la situation des centres
cérébraux en recherchant les rayons N. Toutes sortes de
propriétés physiologiques merveilleuses vinrent accroître et
généraliser l'enthousiasme. Partout, chez les physiciens et les
chimistes aussi bien que chez les physiologistes, neurologistes
et psychologues, on ne s'occupa plus, pendant des mois, que
de ces radiations merveilleuses, de ce fécond instrument de
recherche. Mais, sur le grand nombre des chercheurs, très peu
réussissaient à faire des découvertes; en revanche ceux qui y
parvenaient ne cessaient de faire part de nouvelles trouvailles.
A. ce moment, vers le mois de février 1904, après avoir accepté
les yeux fermés des faits appuyés par des autorités scientif
iques incontestables, et conformes à toutes les prévisions
logiques, en l'état actuel de la science, lorsqu'on voulut
rechercher par soi-même les phénomènes décrits par les
1. Le 4 janvier 1904, un spirite, M. Carl Huter, présenta une revendi
cation de priorité sur la découverte de M. Charpentier à l'Acadé
mie des Sciences qui, sur rapport de M. d'Arsonval, déclara solen
nellement le 11 avril que la priorité des « faits » appartenait bien à
M. Charpentier. PIÉRON. — GRANDEUR ET DÉCADENCE DES RAYONS N 145 H.
auteurs, on fut appelé à observer de plus près, et à commencer
de réfléchir.
Tout d'abord on essaya la méthode, et cela prit un temps
respectable : c'est qu'elle était en effet singulièrement délicate,
la méthode ! On prenait du sulfure de calcium dont on collait
sur un écran noir quelques légères taches avec du collodion,
on insolait faiblement le sulfure qui donnait alors à l'obscurité
une phosphorescence extrêmement faible; on se plaçait dans
la chambre noire, on s'accoutumait à l'obscurité, et on obser
vait le sulfure : lorsqu'on approchait de l'écran une source de
rayons N, une lime par exemple, ou simplement la main, on
devait voir la luminosité augmenter d'éclat, puis revenir à
l'intensité primitive une fois ôtée la source de rayons N. Les
rayons avaient la propriété, en frappant le sel, d'intensifier sa
luminosité.
J'ai fait moi-même pendant plusieurs séances de telles expé
riences, mais jamais je ne vis une lime accroître l'éclat du
sulfure. Jugeant d'ailleurs que la méthode d'observation isolée
était par trop dangereuse, je repris ces expériences avec M. Guil
laume, professeur agrégé de l'Université, qui avait obtenu des
résultats : l'un de nous plaçait derrière l'écran, sans prévenir,
la source de rayons N, l'autre notait ses impressions sur les
variations d'éclat, qui dans ces conditions sont toujours très
fréquentes, et nous établissions les coïncidences. Par cette
méthode, nous pûmes constater que les sources physiques de
rayons N restaient absolument sans action appréciable; en
revanche l'approche d'une partie du corps non couverte de
vêtements produisait un faible accroissement de luminosité,
mais accroissement toujours inférieur au seuil de certitude,
ne pouvant jamais être indiqué que comme probable. Nous
croyions avoir constaté nettement l'existence des rayons N
d'origine physiologique, il n'en était rien; car un écran de
bois, qui n'arrête pas les rayons N, arrêtait complètement
l'influence constatée sur la luminosité du sulfure ; ce que l'on
observait, c'était uniquement l'influence de la chaleur. Et en
effet les phosphorescences sont nettement accrues par une élé
vation de température, comme M. Dufour, de Lausanne, le mit
en évidence en enduisant de sulfure le réservoir d'un thermo
mètre; d'autres facteurs agissent encore, tels que les champs
l'année psychologique, xiii. in 146 MÉMOIRES ORIGINAUX
magnétiques, les courants d'air, les vibrations, etc. Certaines
de ces influences furent d'ailleurs prises au début pour des
manifestations de rayons N : M. Macé de Lépinay, le feu pro
fesseur de physique de Marseille, crut ainsi quelque temps
avoir mis en évidence une émission de rayons N par les corps
vibrants.
Je m'enquis al

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