Gravitation affective et caractérisation d autrui dans les petits groupes - article ; n°2 ; vol.56, pg 397-410
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Description

L'année psychologique - Année 1956 - Volume 56 - Numéro 2 - Pages 397-410
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 11
Langue Français

Extrait

J. Maisonneuve
Gravitation affective et caractérisation d'autrui dans les petits
groupes
In: L'année psychologique. 1956 vol. 56, n°2. pp. 397-410.
Citer ce document / Cite this document :
Maisonneuve J. Gravitation affective et caractérisation d'autrui dans les petits groupes. In: L'année psychologique. 1956 vol. 56,
n°2. pp. 397-410.
doi : 10.3406/psy.1956.8881
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1956_num_56_2_8881GRAVITATION AFFECTIVE
ET CARACTÉRISATION D' AUTRUI
DANS LES PETITS GROUPES
par Jean Maisonnruve
Parmi les phénomènes psycho-sociaux les plus courants
figure la caractérisation d'autrui ; elle intervient spontanément
au cours de toute relation sociale ; elle forme une part appréciable
de nos conversations sur les tiers... Toute caractérisation (au
sens strict de qualification, d'attribution de traits de caractère)
implique divers facteurs d'ordre perceptif, affectif et axiologique
qui interfèrent dans un double cadre : celui du groupe auquel
appartiennent juges et jugés ; celui de l'interaction spécifique
existant entre ces derniers.
L'étude dont nous allons exposer les méthodes et les résultats
se propose d'éclairer deux problèmes encore assez obscurs :
1) L'incidence de l'affectivité sur la perception d'autrui : dans
quelle mesure la perception mutuelle des membres d'un petit
groupe relève-t-elle de certaines normes communes ou varie-
t-elle en fonction des sélections et des relations affectives.
Il convient de distinguer ici deux niveaux :
a) Un niveau global où l'on envisagera les caractérisations en
fonction du degré de popularité des individus dans leur
groupe. Plus précisément, il s'agira de confronter les
« statuts caractériels » et les « statuts affectifs » pour voir
s'il existe entre eux une relation constante et significative ;
et aussi quels traits sont communément attribués aux
individus les plus populaires ;
b) Un niveau spécifique correspondant au clivage des attitudes
affectives envers chaque sujet (populaires ou non) où
l'on observera s'il est caractérisé par les gens qui le choi
sissent autrement que par ceux qui ne l'ont pas choisi.
Bref, il s'agit de voir si, dans un groupe fonctionnel la 398 MKïUOITÎF.S
sympathie que nous éprouvons envers telle personne
entraîne une distorsion perceptive1 relativement à l'image
que s'en font les autres.
2) Le problème des affinités éledives : compte tenu du réseau
des sympathies et du style des caractérisations, on peut chercher
si les « paires d'amis » apparaissent ou non dans des zones de
proximité caractérielle ; autrement dit, si les sélections récipro
ques paraissent dominées par l'analogie ou le contraste2.
Pour répondre à ces problèmes, nous avons recouru à la combi
naison de deux techniques déjà classiques, dotées de certaines
adjonctions : un questionnaire sociométrique et une échelle de
jugements caractériels.
Cette combinaison a déjà été utilisée par certains chercheurs,
notamment par French (1) et par Leeman et Solomon (2). Mais
ces études restent limitées par le très petit nombre de traits (six),
envisagés dans le questionnaire caractériel ; celui-ci reste un
prétexte au calcul de corrélations et de variances entre ces
résultats et les structures révélées par le test sociométrique.
L'usage d'un portant sur un nombre assez
élevé de traits pourra fournir des indications non plus seul
ement sur quelques schemes perceptifs, mais sur les contenus
les plus courants de la caractérisation d'autrui. Le choix de nos
questions a été effectué partiellement en fonction d'une étude
antérieure de G. Palmade (3) qui comportait une intercotation
sur 63 traits de caractère. Parmi eux nous en avons retenu 30,
suscitant une forte convergence perceptive.
Le recours à l'intercotation sur traits peut donc fournir un
matériel susceptible de répondre à nos objectifs dans le cadre
de groupes restreints dont les propriétés et les structures affec
tives seront dégagées par ailleurs. Mais ce procédé ne laisse pas
de soulever certaines objections auxquelles il faut d'abord
répondre.
L'une d'elles est déjà classique : la multiplication de témoi
gnages variés n'est nullement un facteur de « moyenne objec
tive ». En vérité, cette objection ne tient pas au niveau qui nous
1. Il ne saurait évidemment être question de décider si la sympathie est
en elle-même aveuglante ou éclairante ; et le terme de distorsion doit être
compris uniquement au sens d'écart entre deux perceptions, sans ériger aucune
d'elles en étalon.
2. Cette partie de l'enquête fait l'objet d'autres articles parus dans Socio-
metry (1954, vol. XV, nos 1 et 2) et Bulletin de Psychologie (numéro spécial
de 1955). MAISOXNKÏJVK. ■ — GTt AVITVTION \FFF.CTIYF. ?,99 J.
occupe : on ne cherche point si les membres d'un groupe (ou
d'une paire) sont mutuellement objectifs, mais si, et à quel degré,
ils s'accordent pour attribuer à autrui certains traits de caract
ère. La consigne sera seulement « d'être exact et spontané »,
« de dire franchement et assez impulsivement ce qu'on pense1 ».
D'autre part, le problème crucial, en caractérologie clinique,
de la neutralité d'un testeur unique, fait ici place à celui de la
convergence des jugements ; en multipliant les juges, on atténue
des distortions provenant des interactions singulières. On réduit
donc la « partialité » au niveau des individus — sans pour autant
la réduire au niveau du groupe qui en un sens pourrait avoir
une « fausse » perception collective. Mais nous ne cherchons pas
non plus la validité clinique des caractérisations ; dans notre
perspective « l'esse » caractériel est vraiment le « percipi ». Certes,
tous peuvent se tromper sur un seul, mais il nous intéresse sim
plement de savoir où (sur qui, et sur quels traits) se situent
accords et désaccords.
Une autre difficulté consiste dans le recours inévitable au
langage courant, avec ses ambiguïtés et ses clichés. L'objection
est sérieuse ; mais on peut répondre que des questions aussi
banales que : « Est-il triste ou gai ?»«... peu ou très courageux... »,
« discret ou indiscret », ont, du moins, le mérite d'avoir un sens
vécu pour tous, de refléter ces caractérisations inévitables aux
quelles chaque membre d'un groupe est soumis bon gré, mal gré.
Une dernière difficulté concerne les implications axiologiques
de la plupart des qualificatifs du questionnaire et de la simple
graduation d'échelle de « peu » à « très » ; il est hors de doute que
dans notre type de culture (hormis certains milieux marginaux)
il apparaît préférable d'être gai que triste, actif qu'inactif,
ordonné que brouillon, etc., bref que les premiers termes ont
normalement une signification laudative. Mais dans la perspect
ive de la recherche, l'argument devient très positif. D'abord
sur un plan collectif il sera intéressant d'isoler les qualificatifs
qui restent indépendants de la popularité. Ensuite, quand il
s'agira de dégager l'éventuelle distortion que le jeu des sym
pathies provoque dans la caractérisation d'autrui, l'épreuve
sera concluante : s'il appert que les gens sont notés de façon
sensiblement analogue par ceux qui les préfèrent et par les autres,
c'est que la présence de stéréotypes axiologiques ne trouble
1. Cette consigne ne va d'ailleurs pas sans difficult*'! avec certains sujets
très scrupuleux qui pèsent longtemps leur diagnostic. 400 MÉMOIRES ORIGINAUX
guère le jugement ; ou encore que dans les conditions les plus
favorables à la « partialité », la caractérisation relève de normes
perceptives communes, étrangères à la seule sympathie per
sonnelle.
PROTOCOLE DE L'ENQUETE
Afin de prévenir chez certains sujets un souci de cohérence
qui aurait pu les pousser à aligner leurs cotations caractérielles
sur leur choix préférentiel, nous avons fait remplir d'abord les
échelles de jugement tandis que le test sociométrique était pro
pos

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