Henri Wallon. Les psychonévroses de guerre - article ; n°1 ; vol.21, pg 215-236
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Description

L'année psychologique - Année 1914 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 215-236
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1914
Nombre de lectures 25
Langue Français
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Extrait

Henri Wallon
II. Henri Wallon. Les psychonévroses de guerre
In: L'année psychologique. 1914 vol. 21. pp. 215-236.
Citer ce document / Cite this document :
Wallon Henri. II. Henri Wallon. Les psychonévroses de guerre. In: L'année psychologique. 1914 vol. 21. pp. 215-236.
doi : 10.3406/psy.1914.8021
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1914_num_21_1_8021II
LES PSYCHONÉVROSES DE GUERRE
Par le Dr Henri Wallon.
Les psychonévroses écloses de la guerre ont paru d'abord sur
prendre certains auteurs par leur manque de nouveauté. D'autres,
comme Lépine, font preuve d'une perspicacité plus grande, en
avouant qu'elles leur ont beaucoup appris. Fallait-il s'attendre à
constater des troubles d'une espèce inconnue? L'homme reste,
dans les pires catastrophes, avec les seules réactions ou les seuls
désordres qui appartiennent à sa constitution organique et
psychique. Mais les mêmes syndromes changent de signification,
si leurs associations, leur étiologie, leur évolution diffèrent.
Lépine dit avoir observé au complet les signes physiques de la
paralysie générale chez des commotionnés qui ne présentaient pas
de symptômes démentiels, paraissaient indemnes de syphilis et
semblaient devoir guérir. Dans des cas analogues, rapportés par
Mairet et Piéron, Pitres et Marchand, Babonneix et David, l'infec
tion syphilitique manquait seule au tableau de la paralysie géné
rale ou de syndromes habituellement qualifiés de parasyphilitiques.
Si les mêmes troubles fonctionnels supposent les mêmes lésions
organiques, il n'est pas douteux que les accidents de guerre pro
duisent parfois dans les centres nerveux les mêmes altérations que
des infections, des intoxications, des dystrophies, jadis considérées
comme les causes spécifiques d'affections caractérisées. Des com
motions sans plaie extérieure ont causé des cas de tabes *, de sclé
rose en plaques2; des syndromes cérébelleux3, méningitiques *,
pseudo-parkinsoniens 5, choréiformes 6, myopathiques 7 ; de la con-
1. Porot, Pitres et Marchand.
2. Pitres et Marchand.
3.et Marchand, Rist, Guillain.
4. Pitres et
5. Guillain.
6.
7. A. Léri. 216 NOTES ET REVUES
tracture généralisée, se déclanchant à l'occasion des mouvements 1;
des paralysies avec amyotrophie 2 ; le syndrome de Korsakoff3; les
troubles moteurs et psychiques de la démence précoce : flexibilité
cireuse, catatonie persistante, périodes de mutisme et de négati
visme, délire *.
En présence de ces faits, les neurologistes, suivant leur méthode
constante, ont cherché les preuves de l'atteinte subie par le système
nerveux, la nature des lésions, le mécanisme des causes. Leur
objectif primordial a été la délimitation des effets organiques et
fonctionnels. C'est là-dessus qu'ils ont surtout discuté, comme à
propos de ces troubles que Babinski et Froment veulent isoler dans
le groupe nouveau des accidents physiopathiques, tandis que
Roussy et d'autres tiennent pour qu'ils soient d'origine exclusiv
ement pithiatique.
Cette opposition de l'organique et du fonctionnel évoque une
autre distinction. Une lésion matérielle est rapportée à l'accident
qui l'a produite comme à sa cause réelle et suffisante. Par contre
des troubles dits fonctionnels paraissent impliquer l'intervention de
facteurs psychiques, et la psychopathologie est dominée par le
principe des prédispositions. Pour certains il semble qu'il soit
synonyme de prédestination morbide. Dans ce cas les conditions
de la guerre joueraient vis-à-vis des psychoses un rôle purement
anecdotique, ou tout au plus de révélateur à l'égard de tares
congénitales. C'est ainsi qu'Arnaud se refuse à croire qu'un
syndrome psychasthéniqué puisse avoir été produit de toutes
pièces, par la guerre, ses émotions et ses fatigues répétées.
Mais les neurologistes n'ont-ils pas dû reconnaître à ses engins le
pouvoir de créer des lésions, de susciter des syndromes habituell
ement imputables à une étiologie très différente ; et n'est-ce pas le
cas de se rappeler que, dans sa théorie de la dégénérescence,
Morel faisait une place à la dégénérescence d'acquisition indivi
duelle?
La psychose de guerre, comme toute autre, n'a pas sa raison
suffisante dans l'événement ultime, dont elle paraît être la consé
quence. Mais il ne faut pas l'attribuer par principe à des perver
sions ou défectuosités originelles? Les conditions psychiques qu'elle
finit par manifester peuvent avoir été déterminées par des. circon
stances accidentelles.
Pourtant une nouvelle distinction s'impose. Ou bien les prédis
positions qu'elle traduit restent modifiables par des influences
exogènes : il y a beaucoup de convictions délirantes nées de la
guerre dans ce cas. Ou bien elle résulte d'altérations qui ont trans
formé définitivement l'état mental du sujet, et c'est alors seulement
qu'elle est assimilable aux psychoses constitutionnelles. Dupré
1. Guillain.
2.
3. Giannuli.
4. Guillain. WALLON. — LES PSYCHOÎ*éVROSES DE GUERRE H.
admet par exemple que l'émotivité acquise peut tenir lieu de Con
stitution émotive.
Si hétérogènes que paraissent les causes d'ordre mécanique et
^psychique, les effets n'en sont pas si manifestement distincts, qu'il
n'ait fallu procéder à des différenciations parfois délicates. 11
semble même qu'au début la tendance ait été d'imputer à l'émotion
seule les troubles qu'une blessure visible n'expliquait pas1.
L'existence de lésions organiques sans plaie extérieure n'a été
bien connue qu'à la suite des faits publiés par Guillain, Ravaut,
Leriche, Claude et Lhermite, Leclercq, F. W. Mott et d'autres 2. Ce
sont des autopsies qui révélaient dans le poumon, l'estomac, l'ap
pareil urinaire, le système nerveux, des hémorragies diffuses ou en
foyer; des infractus et des zones de ramollissement, conséquence
probable de l'ischémie due à des ruptures ou des thromboses
vasculaires; de l'œdème cérébral ou médullaire; de l'hydromyé-
lie; des réactions névrogliques. C'est l'apparition, parfois tardive,
de syndromes dont l'origine organique était incontestable ; et, dans
les cas aux conséquences atténuées ou fugaces, ce sont les consta-
ations résultant de la ponction lombaire : l'hypertension, la xanto-
chromie, l'hyperalbuminose du liquide céphalorachidien.
La force responsable de ces dégâts, après avoir été désignée par
une simple métaphore, « le vent de l'obus », a été plus minutieuse
ment étudiée en elle-même et dans ses effets. Elle résulte de la
puissance qu'ont les explosifs modernes : ils se transforment insta
ntanément en une masse de gaz, qui atteint jusqu'à 27 000 fois leur
volume et peut développer une pression de 35 000 kg. par centimètre
carré. « Les gaz, dégagés de leur enveloppe, se détendent avec une
puissance formidable, et communiquent à l'air environnant de
telles pressions et vitesses que celui-ci produit les mêmes effets
destructeurs que s'il était solide 3. »
Comme tel, il est capable d'exercer sur les objets qu'il ren
contre une action percutante, dont l'effet peut être des hémorragies
en foyer souvent constatées dans le cerveau ou dans la moelle.
Elles se produisent habituellement, ainsi que des expériences en
témoignent, au point d'application du choc, mais souvent aussi à
distance. Duret a montré comment un traumatisme de la voûte
crânienne y imprimant un cône de dépression, cette déformation
se transmet à travers la masse cérébrale; mais la base soutenue
par le rachis résiste au lieu de la reproduire ; la poussée confluant
alors sur le liquide céphalo-rachidien des ventricules et sur le
liquide interstitiel, le précipite dans l'aqueduc de Sylvius; d'où,
suivant Léri, la fréquence des lésions mésencéphaliques et bul-
1. Gilbert Ballet et Rogues de Fubsac,
2. J. Baumel, Joltrain, G. Guillain et J.-A. Barré,
3. Painlevé. cité par Léri. 218 NOTES ET RE

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