Hiérarchie de la crédibilité et autonomie de la recherche - article ; n°1 ; vol.148, pg 74-82
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Actes de la recherche en sciences sociales - Année 2003 - Volume 148 - Numéro 1 - Pages 74-82
Hiérarchie de la crédibilité et autonomie de la recherche. L'impensé des analyses des relations université-entreprise L'examen des principales caractéristiques des travaux portant sur les relations entre les institutions de recherche et les entreprises soulève des interrogations méthodologiques - le choix des cas étudiés et la capacité de généraliser à partir de ceux-ci - qui fournissent l'occasion de jeter un regard critique sur le processus de production des connaissances en sciences sociales. On observe dans les travaux récents une nette tendance à choisir des objets de recherche similaires, les chercheurs retenant très majoritairement des cas de réussite impliquant un nombre restreint d'acteurs peu représentatifs de l'ensemble des pratiques. Nonobstant cette limitation, les résultats sont souvent généralisés à l'ensemble du phénomène étudié. Ainsi, la multiplication des études portant sur le MIT ou l'université Stanford laisse dans l'ombre l'examen des échecs en matière de collaboration entre l'enseignement supérieur et l'industrie. La focalisation des travaux sur les États-Unis indique que la répartition des travaux correspond à la hiérarchie des puissances mondiales dans le champ scientifique et que les chercheurs reprennent à leur compte le classement qui prévaut dans le champ qu'ils prennent pour objet. Sur ce plan, il est clair que le statut élevé d'un cas au sein du groupe étudié exerce une rétroaction positive sur le statut de celui qui l'étudié. Un idéal type de la relation entre une entreprise et une institution de recherche se dégage de cette analyse : une équipe de chercheurs de haut niveau travaillant dans le secteur biomédical et appartenant à une université américaine « prestigieuse», qui poursuit des activités de recherche pour ou en collaboration avec une grande entreprise ou une PME de haute technologie du même domaine, et qui possède le personnel et les expertises nécessaires à une relation fructueuse ainsi qu'à l'utilisation optimale des résultats obtenus. Cet idéal type ne permet pas plus de cerner les relations entre les différents acteurs de l'innovation que de saisir la diversité des liens entre entreprises et institutions d'enseignement supérieur. On peut se demander comment les travaux étudiés parviennent alors malgré tout à s'imposer sur le plan scientifique. Une part de l'explication est d'ordre méthodologique : les cas retenus peuvent être considérés comme exemplaires dans la mesure où, pris un à un, ils analysent quelques-unes des caractéristiques principales du phénomène étudié. C'est pris collectivement comme corpus qu'ils posent problème car ils ne permettent pas de produire une connaissance générale du phénomène. Un second aspect de l'explication tient au faible degré d'autonomie des sciences sociales et à la propension des chercheurs à accepter des objets empiriques qui s'inscrivent « naturellement » dans les préoccupations gouvernementales : les histoires de succès, le secteur biomédical et la biotechnologie, les universités de pointe, etc.
Hierarchy of credibility and autonomy of research. The hidden aspects of research-industry relations and its effects Examination of the main characteristics of the studies on relations between research institutions and firms raises some methodological questions - selection of cases to be studied and capacity to generalize on these grounds - that provide an opportunity to cast a critical look at the process of knowledge production in the social sciences. Recent studies show a clear tendency to choose similar research objects, as in the great majority of cases researchers retain cases of success involving a small number of actors who do not really represent general practice. Notwithstanding this limitation, the findings are very often generalized to the overall phenomenon under study. Thus the multiplication of studies on MIT or Stanford University neglect to examine failed collaborations between higher education and industry. The tendency to focus on the US indicates that the distribution of the studies corresponds to the hierarchy of world powers in the scientific field and that researchers adopt the prevailing classification in the field they take as their object. Here the elevated status of a case within the group studied clearly exerts a retroactive positive influence on the status of the person doing the study. An ideal-typical relationship between an enterprise and a research institution emerges from this analysis: namely a high-level research team working in the biomédical sector in a prestigious American university that is doing research for or in collaboration with a large firm or a small or medium-sized high-tech company in the same area, and which has the personnel and expertise needed for a productive relationship as well as the optimal utilization of the results obtained. This ideal-type does not allow one to identify the relations between the different actors of innovation or grasp the diversity of the ties between firms and institutions of higher learning. One may wonder how these studies nevertheless manage to gain scientific recognition. Part of the explanation has to do with methodology: the cases selected can be regarded as exemplary insofar as each one on its own analyses a few of the principal characteristics of the phenomenon studied. It is when they are taken together as a corpus that they pose a problem, for they do not lead to the production of a general knowledge of the phenomenon. A second part of the explanation has to do with the lack of autonomy enjoyed by the social sciences and with the researchers' propensity to accept empirical objects that naturally feature among governmental preoccupations: success stories, the biomédical and biotechnology sectors, leading-edge universities, etc.
Die Rekonfiguration der Universitàten im Sinne der OECD. Ôkonomie des Wissens und Politik der Innovation Der Bericht der OECD aus dem Jahr 1996 mit dem Titel Wirtschaft auj der Grundlage des Wissens hat zu einer Stan- dardisierung des Diskurses der internationalen Organisatio- nen und der einzelnen Regierungen im Bereich der Okonomie des Wissens gefuhrt. Eng verbunden mit dem Konzept der New Economy wurde diese Théorie zunehmend zum Paradigma der Regierungen der Mitgliedsstaaten der OECD und besonders ihrer Innovationspolitik. Der performative Charakter dieses konzeptuellen Rahmens versteht sich in einer internationalen Strategie der grundlegenden Neusi- tuierung der Universitàten im Kontext der Globalisierung von Herstellung, Verbreitung und Nutzbarmachung von Wissen. Die neue Herstellung von Wissen behauptet (trotz zahlreicher Widerspruche gegen diese Théorie), dass die Standardisierung der nationalen Innovationssysteme (in
Jerarquia de la credibilidad y autonomia de la investigation. Lo impensado en los análisis de las relaciones universidad-empresa Al examinar las principales caracteristicas de los estudios sobre las relaciones entre los organismos de investigación y las empresas, se plantean problemas metodológicos -como la elección de los casos estudiados y la posibilidad de gene- ralizar a partir de ellos- que constituyen una buena ocasión para observar criticamente el proceso de producción de conocimientos en ciencias sociales. En los trabajos recientes se registra una clara tendencia a elegir objetos de investigación similares. En su gran mayoría, los investigadores selec- cionan casos exitosos, lo que implica un numero reducido de actores poco representatives del conjunto de las prácticas. Pesé a esta limitación, con suma freeuencia los resulta- dos se generalizan a todo el fenómeno estudiado. Asi pues, en muchas investigaciones sobre el MIT y la Universidad de Stanford se déjà sin examinar los fracasos en materia de colaboración entre la ense?anza superior y la industria. Existe una concentración de trabajos referidos a los Estados Unidos, lo que indica que las investigaciones se reparten según la jerarquia de las potencias mundiales en el campo cientifico y que los investigadores hacen suya la clasificación prevaleciente en el campo que esta torna por objeto. Queda claro, al respecto, que la posición relevante de un caso den- tro del grupo estudiado ejerce una retroacción positiva en la posición de quien lo estudia. Un tipo-ideal de la relation entre una empresa y un orga- nismo de investigación se desprende de la siguiente description: un equipo de investigadores de alto nivel que trabaja en el sector biomédico y forma parte de una universidad estadounidense prestigiosa, que desarrolla actividades de investigación para -o en colaboración con- una gran empresa ? una PYME de alta tecnologia del mismo sector, y que cuenta con la competencia y el personal necesarios para entablar una relación fructuosa y optimizar los resultados obtenidos. Este tipo-ideal no permite circunscribirse a las relaciones que mantienen los diferentes actores de la innovation; tampoco hace posible captar la diversidad de vinculos que unen a empresas e instituciones de ense?anza superior. Cabe preguntarse cómo es posible que, a pesar de todo, los trabajos estudiados logren imponerse en el ámbito cientifico. Parte de la explication es de orden metodológico: los casos seleccionados pueden considerarse ejemplares en la medida que, tornados de a uno, analizan algunas de las principales caracteristicas del fenómeno estudiado. El pro- blema se plantea cuando se los torna en forma colectiva como un corpus, porque de ellos no puede surgir un cono- cimiento general del fenómeno. Otro aspecto de la explication obedece al bajo grado de autonomia de las ciencias sociales y a la tendencia de los investigadores a aceptar objetos empiricos que se inscriban naturalmente en las preo- cupaciones gubernamentales: las historias de éxitos, el sector biomédico y la biotecnología, las universidades de vanguardia, etc.
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 72
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Michel Trépanier
Madame Marie-Pierre Ippersiel
Hiérarchie de la crédibilité et autonomie de la recherche
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 148, juin 2003. pp. 74-82.
Citer ce document / Cite this document :
Trépanier Michel, Ippersiel Marie-Pierre. Hiérarchie de la crédibilité et autonomie de la recherche. In: Actes de la recherche en
sciences sociales. Vol. 148, juin 2003. pp. 74-82.
doi : 10.3406/arss.2003.3324
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_2003_num_148_1_3324Resumen
Jerarquía de la credibilidad y autonomía de la investigación. Lo impensado en los análisis de las
relaciones universidad-empresa.
Al examinar las principales características de los estudios sobre las relaciones entre los organismos de
investigación y las empresas, se plantean problemas metodológicos -como la elección de los casos
estudiados y la posibilidad de generalizar a partir de ellos- que constituyen una buena ocasión para
observar críticamente el proceso de producción de conocimientos en ciencias sociales. En los trabajos
recientes se registra una clara tendencia a elegir objetos de investigación similares. En su gran
mayoría, los investigadores seleccionan casos exitosos, lo que implica un numero reducido de actores
poco representativos del conjunto de las prácticas. Pesé a esta limitación, con suma frecuencia los
resultados se generalizan a todo el fenómeno estudiado. Así pues, en muchas investigaciones sobre el
MIT y la Universidad de Stanford se deja sin examinar los fracasos en materia de colaboración entre la
enseñanza superior y la industria. Existe una concentración de trabajos referidos a los Estados Unidos,
lo que indica que las investigaciones se reparten según la jerarquía de las potencias mundiales en el
campo científico y que los investigadores hacen suya la clasificación prevaleciente en el campo que
esta torna por objeto. Queda claro, al respecto, que la posición relevante de un caso dentro del grupo
estudiado ejerce una retroacción positiva en la posición de quien lo estudia.
Un tipo-ideal de la relación entre una empresa y un organismo de investigación se desprende de la
siguiente descripción: un equipo de investigadores de alto nivel que trabaja en el sector biomédico y
forma parte de una universidad estadounidense "prestigiosa", que desarrolla actividades de
investigación para -o en colaboración con- una gran empresa o una PYME de alta tecnología del
mismo sector, y que cuenta con la competencia y el personal necesarios para entablar una relación
fructuosa y optimizar los resultados obtenidos. Este tipo-ideal no permite circunscribirse a las
relaciones que mantienen los diferentes actores de la innovación; tampoco hace posible captar la
diversidad de vínculos que unen a empresas e instituciones de enseñanza superior. Cabe preguntarse
cómo es posible que, a pesar de todo, los trabajos estudiados logren imponerse en el ámbito científico.
Parte de la explicación es de orden metodológico: los casos seleccionados pueden considerarse
ejemplares en la medida que, tornados de a uno, analizan algunas de las principales características del
fenómeno estudiado. El problema se plantea cuando se los torna en forma colectiva como un corpus,
porque de ellos no puede surgir un conocimiento general del fenómeno. Otro aspecto de la explicación
obedece al bajo grado de autonomía de las ciencias sociales y a la tendencia de los investigadores a
aceptar objetos empíricos que se inscriban "naturalmente" en las preocupaciones gubernamentales: las
historias de éxitos, el sector biomédico y la biotecnología, las universidades de vanguardia, etc.
Zusammenfassung
Die Hierarchie der Glaubwürdigkeit und die Autonomie der Forschung. Das Unausgesprochene hinter
den Studien zu den Beziehungen zwischen Universität und Unternehmen.
Eine Untersuchung der Hauptmerkmale jener Studien, die sich mit den Beziehungen zwischen
Forschungseinrichtungen und Unternehmen befassen, wirft methodologische Fragen auf - wie die
Frage der untersuchten Fälle und ihrer Reprasentativität - die Anlass geben, den Prozess der
Wissensherstellung in den Sozialwissenschaften kritisch zu hinterfragen. In den jungeren Studien ist ein
klarer Trend hin zu einer Vereinheitlichung des Forschungsgegenstandes zu beobachten. So befassen
sich die Forscher zumeist mit erfolgreichen Fallen, was eine Beschränkung auf wenige Akteure und
kaum repräsentative Praktiken bedeutet. Trotz dieser Beschränkungen werden die
Forschungsergebnisse als für das Phänomen allgemein gültig aufgefasst. So vernachlässigen die
zahlreichen Studien über das MIT oder die Universität Stanford die fehlgeschlagenen Beispiele für die
Zusammenarbeit zwischen höheren Bildungseinrichtungen und der Industrie. Die Fokussierung auf die
USA weist darauf hin, dass die Verteilung der Studien die Hierarchie der Weltmächte im Forschungsfeld
nachzeichnet und dass die Forscher ihrerseits die Wertungen des Gegenstandes, den sie untersuchen,
übernehmen. In dieser Hinsicht ist es einleuchtend, dass der hochangesetzte Status des aus vielen
Fallen ausgewählten Gegenstands eine positive Rückkoppelung auf den Status desjenigen ausübt, der
die Untersuchung durchführt. Aus diesen Analysen wird ein Idealtypus der Beziehungen zwischenForschungseinrichtungen und Unternehmen abgeleitet: eine hochqualifizierte Forschergruppe im
Bereich der Biomedizin, die einer hochangesehenen amerikanischen Universität angehört, führt
Untersuchungen für oder in Zusammenarbeit mit einem großen oder mittelständischen Hightech-
Unternehmen derselben Branche durch, das sowohl über das entsprechende Personal als auch über
die entsprechende Expertise verfügt, die für eine fruchtbare Zusammenarbeit wie für eine optimale
Umsetzung der Forschungsergebnisse notwendig ist. Dieser Idealtypus erlaubt weder eine
Einschätzung der verschiedenen Träger von Innovation noch einen Begriff von der Unterschiedlichkeit
der Beziehungen zwischen Unternehmen und höheren Bildungseinrichtungen .
Es stellt sich die Frage, wie es diesen Studien gelingt, trotz allem wissenschaftliche Wertschätzung zu
erlangen. Eine Teilerklärung ist methodologischer Natur: die untersuchten Fälle können als
repräsentativ gelten, da sie jeweils Hauptmerkmale des Untersuchungsgegenstandes einfangen. Diese
konstituieren den problematisierten Gesamtkorpus, da eine Gesamtkenntnis des Phänomens nicht
möglich ist. Ein zweiter Erklärungsansatz liegt im schwachen Gräd an Autonomie der
Sozialwissenschaften und in der Zunahme der Zahl von Forschern, die bereit sind,
Untersuchungsgegenstände anzunehmen, die sich "natürlich" in Regierungsinteressen einordnen, d.h.
Erfolgsgeschichten, Biomedizin, Biotechnologie, Spitzenuniversitäten etc.
Abstract
Hierarchy of credibility and autonomy of research.
The hidden aspects of research-industry relations and its effects.
Examination of the main characteristics of the studies on relations between research institutions and
firms raises some methodological questions - selection of cases to be studied and capacity to
generalize on these grounds - that provide an opportunity to cast a critical look at the process of
knowledge production in the social sciences. Recent studies show a clear tendency to choose similar
research objects, as in the great majority of cases researchers retain cases of success involving a small
number of actors who do not really represent general practice. Notwithstanding this limitation, the
findings are very often generalized to the overall phenomenon under study. Thus the multiplication of
studies on MIT or Stanford University neglect to examine failed collaborations between higher education
and industry. The tendency to focus on the US indicates that the distribution of the studies corresponds
to the hierarchy of world powers in the scientific field and that researchers adopt the prevailing
classification in the field they take as their object. Here the elevated status of a case within the group
studied clearly exerts a retroactive positive influence on the status of the person doing the study. An
ideal-typical relationship between an enterprise and a research institution emerges from this analysis:
namely a high-level research team working in the biomédical sector in a "prestigious" American
university that is doing for or in collaboration with a large firm or a small or medium-sized high-
tech company in the same area, and which has the personnel and expertise needed for a productive
relationship as well as the optimal utilization of the results obtained. This ideal-type does not allow one
to identify the relations between the different actors of innovation or grasp the diversity of the ties
between firms and institutions of higher learning. One may wonder how these studies nevertheless
manage to gain scientific recognition. Part of the explanation has to do with methodology: the cases
selected can be regarded as exemplary insofar as each o

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