Histoire de Rome
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Description

Histoire de RomeAmmien Marcellintraduction sous la direction de M. Nisard, Paris Firmin Didot,1860Les treize premiers livres manquent.Livre XIV Livre XV Livre XVI Livre XVII Livre XVIIILivre XIXLivre XXLivre XXILivre XXIILivre XXIIILivre XXIVLivre XXVLivre XXVILivre XXVIILivre XXVIIILivre XXIXLivre XXXLivre XXXI Histoire de Rome Livre XIVChapitre II. On avait traversé les hasards d'une lutte interminable, et l'abattement s'emparait des deux partis après cette succession terribled'efforts et de périls. Mais les sons de la trompette n'avaient pas cessé, les troupes n'étaient pas rentrées dans leurs cantonnements,que déjà le courroux non désarmé de la fortune ouvrait à l'État une série nouvelle de calamités, par les forfaits du César Gallus. D'unexcès d'abaissement monté bien jeune encore, et par un retour inespéré du sort, au plus haut rang après le rang suprême, ce princefranchit bientôt les limites du pouvoir qui lui était confié, et souilla toute son administration par des actes d'une cruauté sauvage.L'éclat d'une parenté avec la famille impériale, rehaussé du nom de Constance, dont il venait d'être décoré, exaltait au plus hautdegré son arrogance, et il était visible pour tous que la force seule lui manquait pour porter ses fureurs jusqu'à l'auteur même de sonélévation. Sa femme, par ses conseils, irritait encore ses féroces instincts. Fille de Constantin, qui l'avait, en premières noces,mariée au roi Annibalien, son neveu, elle était ...

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Langue Français
Poids de l'ouvrage 19 Mo

Extrait

Histoire de Rome
Ammien Marcellin
traduction sous la direction de M. Nisard, Paris Firmin Didot,
1860
Les treize premiers livres manquent.
Livre XIV
Livre XV
Livre XVI
Livre XVII
Livre XVIII
Livre XIX
Livre XX
Livre XXI
Livre XXII
Livre XXIII
Livre XXIV
Livre XXV
Livre XXVI
Livre XXVII
Livre XXVIII
Livre XXIX
Livre XXX
Livre XXXI
Histoire de Rome Livre XIV
Chapitre I
I. On avait traversé les hasards d'une lutte interminable, et l'abattement s'emparait des deux partis après cette succession terrible
d'efforts et de périls. Mais les sons de la trompette n'avaient pas cessé, les troupes n'étaient pas rentrées dans leurs cantonnements,
que déjà le courroux non désarmé de la fortune ouvrait à l'État une série nouvelle de calamités, par les forfaits du César Gallus. D'un
excès d'abaissement monté bien jeune encore, et par un retour inespéré du sort, au plus haut rang après le rang suprême, ce prince
franchit bientôt les limites du pouvoir qui lui était confié, et souilla toute son administration par des actes d'une cruauté sauvage.
L'éclat d'une parenté avec la famille impériale, rehaussé du nom de Constance, dont il venait d'être décoré, exaltait au plus haut
degré son arrogance, et il était visible pour tous que la force seule lui manquait pour porter ses fureurs jusqu'à l'auteur même de son
élévation. Sa femme, par ses conseils, irritait encore ses féroces instincts. Fille de Constantin, qui l'avait, en premières noces,
mariée au roi Annibalien, son neveu, elle était démesurément enorgueillie d'appeler l'empereur régnant son frère. C'était Mégère
incarnée : non moins altérée que son mari du sang humain, sans cesse elle excitait son penchant à le répandre. L'àge chez un tel
couple ne fit que développer de plus en plus la science du mal. Il s'était organisé une police ténébreuse, composée des agents les
plus perfidement habiles à tout envenimer dans des rapports de complaisance ; et c'était par ces sourdes manœuvres que les
accusations de se livrer à la magie ou de prétendre au trône allaient frapper les têtes les plus innocentes. La soudaine catastrophe
de Clémace, personnage éminent d'Alexandrie, marque surtout l'essor d'une tyrannie qui ne s'arrête plus aux crimes vulgaires. La
belle-mère de ce dernier, éprise, dit-on, pour lui d'une vive passion, et n'ayant pu l'amener à y répondre, était parvenue à se glisser
dans le palais par une entrée secrète ; et là, faisant briller aux yeux de la reine un collier du plus grand prix , avait obtenu qu'un ordre
d'exécution fût dépêché à Honorat, comte d'Orient. L'ordre reçu, Clémace, à qui l'on n'avait rien à imputer, est mis à mort avant
d'avoir pu même ouvrir la bouche.
Après cet acte inouï, symptôme d'un arbitraire sans frein, chacun dut trembler pour d'autres victimes. En effet, sur l'ombre même d'un
soupçon, les arrêts de mort, les confiscations se multiplièrent. Les infortunés qu'on arrachait à leurs pénates, sans leur laisser que la
plainte et les larmes, en étaient réduits pour vivre à errer, tendant la main ; et jusqu'aux simples prescriptions de l'ordre public
devenaient les auxiliaires d'un pouvoir impitoyable, en fermant à ces malheureux les portes des riches et des grands. On dédaignait
de s'entourer des plus ordinaires précautions de la tyrannie. Pas un accusateur, même d'office, ne fit entendre sa voix subornée, ne
fût-ce que pour jeter sur cet amas d'énormités une ombre de formes juridiques. Ce qu'une volonté de fer avait dicté était tenu pour
légal et pour juste, et l'exécution suivait de près la sentence. On imagina encore de ramasser des gens sans aveu, de condition trop
vile pour attirer l'attention de personne ; et on les envoyait à la découverte dans chaque rue d'Antioche. Ces misérables allaient,
venaient d'un air d'indifférence, se mêlant surtout aux groupes des gens de distinction, pénétrant dans les maisons riches sous
prétexte d'obtenir une aumône. La tournée finie, chacun d'eux rentrant au palais par quelque porte dérobée, y faisait rapport de ce
qu'il avait entendu ou recueilli de la seconde main. Un concert remarquable existait entre ces relations, d'abord pour mentir ouamplifier du double, ensuite pour supprimer toute expression laudative que la terreur aurait pu arracher de quelques bouches. Plus
d'une fois il arriva qu'un mot dit à l'oreille, dans le secret de l'intimité, par un mari à sa femme, même sans témoin domestique, fut le
lendemain su par César, qui semblait posséder les facultés divinatoires des Amphiaraüs et des Marcius d'autrefois. On en vint à
craindre d'avoir les murs même pour confidents.
Cette fureur d'inquisition était encore aiguillonnée par la reine, qui semblait pousser impatiemment la fortune de son mari vers le
précipice. Mieux inspirée, elle eût exercé pour le faire rentrer dans les voies de la clémence et de la vérité ce don de persuasion que
la nature a donné à son sexe. Elle avait un beau modèle à suivre dans la femme de l'empereur Maximin, cette princesse que l'histoire
des deux Gordiens a montrée constamment occupée du soin d'adoucir son féroce époux.
On vit Gallus, en dernier lieu, ne pas reculer devant un moyen périlleux autant qu'infâme, et dont Gallien, dit-on, avait fait jadis l'essai à
Rome, au grand déshonneur de son administration. C'était de parcourir sur le soir les carrefours et les tavernes avec un petit nombre
de satellites qui cachaient des épées sous leurs robes, s'enquérant à chacun en grec, langue dont l'usage lui était familier, de ce
qu'on pensait de César. Voilà ce qu'il osa faire au milieu d'une ville ou l'éclairage de nuit rivalise avec la clarté du jour. A la longue
cependant l'incognito s'éventa. Gallus, voyant alors qu'il ne pouvait mettre le pied dehors sans être reconnu, ne se permit plus
d'excursions qu'en plein jour, et seulement quand il se croyait appelé par un intérêt sérieux. Mais l'impression de dégoût causée par
une telle pratique n'en fut pas moins longtemps à s'effacer.
Thalasse, alors préfet du prétoire en assistance, esprit non moins intraitable que le prince, spéculait en quelque sorte sur l'irritation de
cette nature farouche, pour la pousser à plus d'excès. Au lieu de chercher à ramener son maître par la douceur et la raison, comme
l'ont parfois tenté avec succès ceux qui approchent les dépositaires du pouvoir, il prenait, au moindre dissentiment, une attitude
d'opposition et de contrôle qui ne manquait pas de provoquer des accès de rage. Thalasse écrivait souvent à l'empereur, exagérant
encore le mal, et affectant, on ne sait dans quelle vue, de faire que Gallus sût qu'il agissait ainsi. Grand surcroît d'exaspération pour
ce dernier, qui se précipitait alors, à tout hasard, contre l'obstacle, et ne s'arrétait, non plus qu'un torrent ; dans la voie de révolte où il
s'était lancé.
Chapitre II
II. D'autres calamités affligeaient encore l'Orient à cette époque. On commît l'habitude inquiète des Isauriens : tantôt dans un état de
calme apparent, et tantôt répandant partout la désolation par leurs courses inopinées, quelques actes de déprédation tentés
furtivement de loin en loin leur ayant réussi, ils s'enhardirent par l'impunité jusqu'à se lancer dans une agression sérieuse. Ces
hostilités jusque-là n'avaient eu que leur turbulence pour cause. Cette fois, et avec une sorte de jactance, ils mettaient en avant le
sentiment national, révolté par un outrage insigne. Des prisonniers isauriens (chose inouïe !), avaient été livrés aux bêtes dans
l'amphithéâtre d'Iconium en Pisidie : « La faim, a dit Cicéron, ramène les animaux féroces où ils ont une fois trouvé pâture. » Des
masses de ces barbares désertent donc leurs rocs inaccessibles , et viennent, comme l'ouragan, s'abattre sur les côtes. Cachés
dans le fond des ravins ou de creux vallons, ils épiaient l'arrivée des bâtiments de commerce, attendant pour agir que la nuit fût venue.
La lune, alors dans le croissant, ne leur prêtait qu'assez de lumière pour observer, sans que leur présence fut trahie. Dés qu'ils
supposaient les marins endormis, ils se hissaient des pieds et des mains le long des câbles d'ancrage, escaladaient sans bruit les
embarcations, et prenaient ainsi les équipages à l'improviste. Excitée par l'appât du gain, leur férocité n'accordait de quartier à
personne, et, le massacre termin

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