Histoire économique de la France : regards nouveaux sur le long terme  ; n°6 ; vol.39, pg 1223-1248
27 pages
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Revue économique - Année 1988 - Volume 39 - Numéro 6 - Pages 1223-1248
26 pages

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Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 73
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Charles Asselain
Histoire économique de la France : regards nouveaux sur le
long terme
In: Revue économique. Volume 39, n°6, 1988. pp. 1223-1248.
Citer ce document / Cite this document :
Asselain Jean-Charles. Histoire économique de la France : regards nouveaux sur le long terme. In: Revue économique. Volume
39, n°6, 1988. pp. 1223-1248.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1988_num_39_6_409124Note de lecture
Jean-Charles Asselain
HISTOIRE ECONOMIQUE DE LA FRANCE
REGARDS NOUVEAUX SUR LE LONG TERME
François Crouzet, De la supériorité de V Angleterre sur la France. L'éco
nomique et l'imaginaire. XVUe-XXe siècle, Paris, Perrin, coll. « Pour
l'histoire », 1985, 596 p.
Maurice Lévy-Leboyer, François Bourguignon, L'économie française au
XIXe siècle. Analyse macro-économique, Paris, Economica, 1985, 362 p.
Patrick Fridenson et André Straus (sous la direction de), Le capitalisme
français. XIXe-XXe siècle. Blocages et dynamismes d'une croissance,
Paris, Fayard, 1987, 427 p.
La publication à intervalles rapprochés de ces trois ouvrages denses et
longuement mûris constitue une riche moisson. Le recueil de François Crouzet,
rassemblant sans artifice des articles anciens, mais « indemnes », et des mises
à jour inédites d'une grande acuité, domine trois siècles d'histoire franco-
britannique ; il illustre de façon exemplaire la force de l'approche comparat
ive, qui lui donne son fil conducteur. Maurice Lévy-Leboyer et François
Bourguignon mettent à leur actif une percée en économétrie historique,
déjouant les pièges que comporte ce type de « premières », grâce à une
coopération de plusieurs années entre l'historien et l'économètre. Œuvre
collective de jeunes historiens groupés autour de Jean Bouvier, le troisième
ouvrage réunit des contributions fort diverses, mais que cimente une préoccu
pation commune : « réviser les vues longtemps dominantes » qui tendaient à
présenter unilatéralement le développement économique de la France comme
« retardé, entravé, raté parce que bloqué ». L'approche « révisionniste », au
sens donné à ce terme par Jean Bouvier, consiste donc non pas à nier les
blocages (ou à leur substituer l'image de quelque miracle économique franç
ais), mais à expliquer leurs raisons objectives et à montrer comment ils ont
été en fin de compte surmontés. Cette perspective n'apparaît nullement
contradictoire ni avec les travaux de F. Crouzet, ni avec ceux de M. Lévy-
Leboyer et F. Bourguignon. En 1964, déjà, François Crouzet, sur la base des
premiers résultats d'histoire quantitative, attirait l'attention sur le « parallé
lisme frappant » des croissances française et britannique à travers le
xviiie siècle jusque vers 1780 ; l'avance anglaise demeurait certes hors de
doute à bien des égards, mais la question ne pouvait plus être esquivée :
pourquoi la Révolution industrielle n'a-t-elle pas eu lieu dans celui des deux
pays qui avait encore, fin xvine, la plus forte population et le plus fort pro-
1223
Revue économique — N° 6, novembre 1988, p. 1223-1248. Revue économique
duit global, la France ? Si du reste le choix de la Grande-Bretagne — écono
mie dominante du xixe siècle — semble aller de soi comme terme de compar
aison privilégié sur près de trois siècles, c'est bien que l'économie française
n'est point de celles qui se sont trouvées durablement « déclassées » lors de
la Révolution industrielle. Quant à M. Lévy-Leboyer, il rejette depuis toujours
l'hypothèse d'une déficience générale et permanente des « capacités d'entre
prise », censée expliquer la « médiocrité » des performances françaises, de
même que F. Crouzet n'accorde aucun crédit à l'explication trop commode
de l'inégalité des performances en termes de « tempéraments nationaux »
plus ou moins favorables au développement. Leurs analyses confirment plein
ement qu'« aucune malédiction particulière », selon la formule de Jean Bouvier,
ne pèse sur la croissance française.
L'orientation générale des trois ouvrages diverge néanmoins, comme leur
« tonalité » * et leurs méthodes d'analyse. D'abord très simplement en fonc
tion de la période étudiée par chacun d'eux. Axé en grande partie sur le
xxe siècle, où la France rejoint sans ambiguïté le groupe de tête des économies
européennes, Le capitalisme français dénonce résolument « le lamento des
impuissances et du déclin » — si fréquent encore vers 1950, au
moment même où la France amorçait un décollage exceptionnel — et affirme
qu'il est temps de mettre l'accent sur « les moteurs » plutôt que sur « les
freins », puisque la croissance l'a toujours emporté sur les blocages. Dans
L'Economie française au XIXe siècle, au contraire, le fléchissement très
sensible survenu vers le dernier tiers du siècle — dont les séquelles seront
longues à effacer — tient une place essentielle. M. Lévy-Leboyer et
F. Bourguignon insistent moins sur le redressement amorcé vers le tournant
du xxe siècle, qui en somme renoue avec le cours « normal » de la croissance,
que sur l'anomalie de la phase précédente, la brusque rupture affectant la
compétitivité de l'économie française. L'Etat, notamment, est placé en
position d'accusé : captateur de l'épargne nationale, n'a-t-il pas nui à l'i
nvestissement productif par une soudaine augmentation de ses prélèvements ?
Les auteurs du Capitalisme français, confrontés au rôle de plus en plus
complexe que joue l'Etat au xxe siècle, à ses interventions multiformes,
récusent toute mise en cause unilatérale (« L'Etat n'est pas un monstre ») et,
sans prendre à leur compte la thèse de l'Etat maître d'oeuvre de la modern
isation après 1945, se contentent de verser des pièces au dossier d'un bilan
futur. Leur opposition de méthode est plus fondamentale encore avec
F. Crouzet. Ce dernier parvient à une conclusion d'autant plus forte qu'elle
s'appuie sur des analyses tout en nuances, à un verdict clair comme le
cristal : la supériorité de l'Angleterre sur la France. Affirmation que
J. Bouvier considère non pas comme fausse ou trop absolue (il faudrait alors
opposer le xxe siècle au xixe, confronter une pluralité d'indicateurs), mais
1. Le capitalisme français affirme son pluralisme : ni polémique, ni effort pour
« gommer » d'implicites contradictions entre les co-auteurs eux-mêmes (des bilans
fort pondérés voisinent avec quelques retentissants « paradoxes révisionnistes » —
telle l'audacieuse vision d'un Poincaré keynésien), fervent appel de Jean Bouvier
en faveur de 1'« éclectisme » des approches et contre toute mutilation du champ
de l'histoire économique et sociale. De la supériorité de l'Angleterre sur la
France contient — dans l'introduction et les notes — des attaques fort passion
nées contre « les pleurnicheries sur le sort des dominés » et contre « les serviles
propagandistes du terrorisme intellectuel de gauche ». Le lecteur qui passe outre
constate vite que ces prises de position demeurent, comme il se doit, extérieures à la
problématique historique et n'affectent jamais — en six cents pages — la sûreté
des analyses.
1224 Jean-Charles Asselain
comme dénuée de sens, dans la mesure où toute notion de retard sur une
« économie-modèle » doit être écartée : la France ne fut jamais ni infé
rieure à l'Angleterre, ni supérieure à l'Italie, elle fut autre — ce qui revient
à exclure radicalement toute comparaison d'ordre global.
Et pourtant, c'est bien « la même histoire » qu'écrivent ces trois ouvrages.
Tous trois ont l'ambition de dégager, au-delà d'un simple bilan de la crois
sance française, les mécanismes qui l'expliquent, et de cerner les traits orig
inaux d'un « modèle français ». Tous trois font clairement ressortir qu'il
existe non pas une « voie royale » u

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