Histoire et narration dans l historiographie arabe - article ; n°2 ; vol.41, pg 411-431
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1986 - Volume 41 - Numéro 2 - Pages 411-431
History and Narrative Arabic Historical Writing. A. Al-Azmeh.
This article proceeds from the assumption that the world as expressed in historical writing obeys rules distinct from those that animale the world in its immediate empirical unfolding. It is argued that historical narrative has stronger affinities with mythological and other narratives than it has with the world as such. Medieval Arabic historical writing is then analyzed with the aim of showing how it is that narrative rules generate and structure specific profiles of events and of the concatenation of events. In this light, a study is mode of the annalistic mode of historical narrative, which is considered here as the prototype of all chronological narrative. From this, conclusions are drawn pertaining to the relation between real causality and the causal modes prescribed by the narrative structure of chronological historical writing.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 119
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Aziz Al-Azmeh
Histoire et narration dans l'historiographie arabe
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 41e année, N. 2, 1986. pp. 411-431.
Abstract
History and Narrative Arabic Historical Writing. A. Al-Azmeh.
This article proceeds from the assumption that the world as expressed in historical writing obeys rules distinct from those that
animale the world in its immediate empirical unfolding. It is argued that historical narrative has stronger affinities with mythological
and other narratives than it has with the world as such. Medieval Arabic writing is then analyzed with the aim of showing
how it is that narrative rules generate and structure specific profiles of events and of the concatenation of events. In this light, a
study is mode of the annalistic mode of historical narrative, which is considered here as the prototype of all chronological
narrative. From this, conclusions are drawn pertaining to the relation between "real" causality and the causal modes prescribed
by the narrative structure of chronological historical writing.
Citer ce document / Cite this document :
Al-Azmeh Aziz. Histoire et narration dans l'historiographie arabe. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 41e année, N.
2, 1986. pp. 411-431.
doi : 10.3406/ahess.1986.283284
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1986_num_41_2_283284AZIZ AL-AZMEH
HISTOIRE ET NARRATION
DANS HISTORIOGRAPHIE ARABE
histoire peut bien être le domaine dans lequel la raison cesse employer
sa célèbre ruse il en reste pas moins que notre perception des ruses de la
raison exprime sous la forme du récit et inscrit dans le langage qui est la
substance du récit idée selon laquelle la raison comme toute autre chose
emploie sa ruse dans le récit et le discours inscrit dans la tradition des rhétori-
ciens Depuis Antiquité en effet la renaissance actuelle et après une
interruption positiviste heureusement brève ceux-ci persistent décrire
comment le langage arrange le monde son profit En réalité les ruses de la
raison expriment sous forme de mots de même que le sens de histoire ou
encore événement qui est censé constituer élément originel qui se regroupe
avec autres éléments pour former histoire Or comme bien montré Nor-
throp Frye tant que on fera un usage fonctionnel des mots on ne pourra
échapper aux problèmes techniques ils posent La production de sens
partir de mots est le passage de la grammaire la logique passage qui accom
plit dans le domaine de la rhétorique1 Ceci ne signifie nullement que la rhéto
rique soit une sorte de transition au cours de laquelle un code se transforme en
un autre La rhétorique est au contraire une opération qui crée du sens en trans
formant la grammaire en sens et le langage en récit en histoire et en définitive
en monde
Annales ESC mars-avril 1986 no pp 411-431
411 LE SENS DU PASS
Le récit et le fait
Nous posons comme axiome que histoire comme toute autre discipline
est soumise aux lois du récit dès instant elle devient histoire est-à-dire
dès elle quitte la matérialité de événement pour devenir un passé articulé en
structures verbales epistemologie quelque peu primitive qui se trouve au
ur de historiographie de Ranke et qui prévalait encore récemment de
même que ontologie réaliste qui rapporte ont depuis peu fait objet de cri
tiques sévères et ont été réfutées catégoriquement2 La théorie de Ranke selon
laquelle histoire relate les faits tels ils se sont passés est indéfendable
puisque ses deux éléments constitutifs sont contestables Ces éléments sont
une part la notion sensualiste objectivité et autre part la conception un
temps linéaire dont les événements abstraits sont les divisions ces deux élé
ments convergeant pour produire la notion une correspondance qui garanti
rait une vraisemblance entre expression et événement3 En outre la confu
sion entre histoire et historicité est fondée sur une évidence simpliste En effet
loin être basée sur une quelconque objectivité scientifique parfaite elle
appuie sur ce que Michel Foucault appelle une objectivité apocalyptique
dans laquelle historien arroge au nom de ses sources une propriété transcen-
dantale qui transforme son jugement en sujet objectif selon la termino
logie de Roland Barthes5
histoire positiviste sépare ainsi histoire de environnement naturel dans
lequel elle se développe et qui est le récit Elle adopte comme schéma de écri
ture historique un transcendantalisme du présent dotant le passé et le sujet du
récit de propriétés vitalistes qui les font apparaître comme indépendants de
acte du récit et de ses lois et leur attribue ce que on appelé effet du
réel est cette simulation trompeuse de la réalité cette perspective
anthropomorphique dans laquelle la narration est considérée comme une suc
cession événements dont les acteurs sont des êtres vivants qui constitue
une ruse créée par une reconstruction de la référence la réalité de histoire
toutes les sortes de sources historiques sous apparence une projection refe
rentielle dans une prétendue direction du réel Or ces sources sont en réa
lité des traductions libres dans les langages naturels du déroulement une
diversité empirique alors que ni la succession ni la simultanéité qui apparais
sent notre intuition sensible ne peuvent être reproduites9 Par conséquent le
seul effet que peut produire la réalité est la construction un récit selon les cri
tères contemporains de vraisemblance10 La séquence peut effectivement exister
dans la réalité et la causalité peut certes fonctionner mais notre appréhen
sion de une et de autre comme événements passés est une appréhension nar
rative et les relations de causalité et de séquence intérieur de ce récit sont des
relations narratives qui ne doivent rien au scientisme du xixe siècle
Nous sommes par conséquent confrontés la fois irréductibilité du récit
dans histoire comme ailleurs et intransiti vite de la relation entre histoire
412 AL-AZMEH HISTORIOGRAPHIE ARABE
et historicité est-à-dire entre histoire en tant que récit et histoire en tant
que propriété ontologique est pourquoi il faut mettre en évidence les consé
quences qui en résultent sur epistemologie de la connaissance historique et sur
les méthodes de ce il est usage appeler histoire intellectuelle
agissant des historiens arabes du Moyen Age il convient de juger de leurs
conceptions avec une certaine largeur de vue Ceux-ci en effet ont jamais
prétendu atteindre une quelconque véracité absolue dans leurs récits histori
ques leur problème étant plutôt celui de la fiabilité de la transmission ce qui
implique aucun jugement ontologique sur historicité11 Il faut renoncer au
préjugé selon lequel histoire coïncide avec ses sources et avec le contenu de ces
sources De même il faut cesser de rechercher la réalité pour prendre plutôt
intelligibilité comme critère de vraisemblance Finalement il faut abandonner
le mythe une communion directe avec la nature et la réalité et considérer que
la connaissance historique comme toute connaissance est pas empreinte de
la nature mais plutôt une méditation de la culture sur la nature et élaboration
et organisation de la nature par la culture Ce sont les lois de la culture qui
donnent naissance ce que on considère habituellement comme une nature
indomptée qui imprime inexorablement sur le discours objet de la critique
historique et de la philologie en trouve alors transformé de étude
est plus la vérité mais une représentation
En ce sens le récit historique devrait en principe être soumis aux lois du
même type que celles qui régissent les récits littéraires et mythiques avec la dif
férence que le récit inspiration historique fera un plus grand usage des effets
de réalité et occasion une matière première qui tout en étant différente
est pas nécessairement distincte En effet le fait que tel ou tel texte soit un
mythe une épopée ou un récit historique ne provient pas tant un matériau qui
définit le mythe en tant que tel que du statut du texte dans une culture donnée
Le mariage parfait de la fabulation et du compte rendu fidèle dans la presse
contemporaine est peut-être la meilleure illustration de la nature mouvante du
réalisme attribué aux textes est ainsi que les récits arabes du Moyen Age qui
prétendent relater des événements du passé

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