Juifs et juifs convertis au Moyen Âge : « es-tu encore mon frère ? » - article ; n°4 ; vol.54, pg 851-874
25 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Juifs et juifs convertis au Moyen Âge : « es-tu encore mon frère ? » - article ; n°4 ; vol.54, pg 851-874

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
25 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales. Histoire, Sciences Sociales - Année 1999 - Volume 54 - Numéro 4 - Pages 851-874
Jews and Jewish converts in the Middle Ages. Are they still brothers ?
The present study examines the question of how the Jews saw those who left their group and went over to Christian society, how they defined the status of the New Christian, how they actually related to him, and on what terms they were willing to accept him back into the fold of Judaism. From the perspective of the legal definition that had already been determined and defined in a list of prescriptions and commandments in the first centuries of the Common Era, the differences between Jews and non-Jews were distinct. The sages who dealt with this problem prior to the First Crusade thought otherwise. According to eleventh-century sources, when it came to defining the status of this errant Jews, they frequently used the term brother as it is employed in the Torah. They believed that, even when a Jew converts to another religion the brotherhood remains intact and that all the commandments associated with the relationship between brothers remain unaltered. Starting from the twelfth century, in the aftermath of the First Crusade and in light of Jewish conversion to Christianity, the Jewish group chooses to turn its efforts inward. It no longer supports individuals who did not withstand the trial and left the group; instead, it prefers to invest its energies in enhancing the image of those who remained Jews despite the pressure.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 71
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Simha Goldin
Marie-Pierre Gaviano
Juifs et juifs convertis au Moyen Âge : « es-tu encore mon frère
? »
In: Annales. Histoire, Sciences Sociales. 54e année, N. 4, 1999. pp. 851-874.
Abstract
Jews and Jewish converts in the Middle Ages. Are they still brothers ?
The present study examines the question of how the Jews saw those who left their group and went over to Christian society, how
they defined the status of the New Christian, how they actually related to him, and on what terms they were willing to accept him
back into the fold of Judaism. From the perspective of the legal definition that had already been determined and defined in a list
of prescriptions and commandments in the first centuries of the Common Era, the differences between Jews and non-Jews were
distinct. The sages who dealt with this problem prior to the First Crusade thought otherwise. According to eleventh-century
sources, when it came to defining the status of this errant Jews, they frequently used the term "brother" as it is employed in the
Torah. They believed that, even when a Jew converts to another religion the brotherhood remains intact and that all the
commandments associated with the relationship between brothers remain unaltered. Starting from the twelfth century, in the
aftermath of the First Crusade and in light of Jewish conversion to Christianity, the Jewish group chooses to turn its efforts
inward. It no longer supports individuals who did not withstand the trial and left the group; instead, it prefers to invest its energies
in enhancing the image of those who remained Jews despite the pressure.
Citer ce document / Cite this document :
Goldin Simha, Gaviano Marie-Pierre. Juifs et juifs convertis au Moyen Âge : « es-tu encore mon frère ? ». In: Annales. Histoire,
Sciences Sociales. 54e année, N. 4, 1999. pp. 851-874.
doi : 10.3406/ahess.1999.279785
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1999_num_54_4_279785ET JUIFS CONVERTIS AU MOYEN AGE JUIFS
Es-tu encore mon frère
imha GOLDIN
Aux nombreuses recherches qui ont récemment renouvelé en profondeur
historiographie des relations entre juifs et chrétiens dans Europe du
Moyen Age1 la présente étude voudrait apporter sa contribution en exa
minant la manière dont les juifs appréhendaient ceux de leurs coreligion
naires qui abjurant leur foi origine entraient dans la société chrétienne
Statut du nouveau chrétien nature des relations entretenues avec lui condi
tions de son éventuel retour dans le giron du judaïsme telles sont les
questions auxquelles cette étude ambitionne de répondre
La conversion de certains juifs la religion dominante sur leur territoire
implantation fut on le sait un phénomène constant dans espace et dans
le temps est la réaction des communautés juives installées dans le Nord
de la France et en Allemagne qui fait objet de cette étude du début du
12e siècle qui voit les juifs confrontés aux effets de la première croisade
au milieu du 14e après leur expulsion de France et Angleterre
et leur refoulement vers est par Allemagne poque charnière que ce
12e siècle dès ses premières années et en particulier dans Allemagne
marquée par la première croisade le prosélytisme désormais manifeste des
chrétiens qui ne reculent plus devant la violence place les communautés
juives au pied du mur Bien autres signes la même époque et est là
le propos de cette étude devaient venir confirmer aux juifs que loin de
demeurer ponctuelle cette attitude de la société chrétienne était vouée
perdurer
Rivalité avec une religion conquérante et non dénuée attraits période
de crise féconde en conversions individuelles proximité persistante des
convertis de fraîche date avec leurs anciens coreligionnaires et donc do
cumentation abondante du début du 12e siècle aux expulsions du
13e les principales sources sont juives telle est la combinaison de facteurs
Medieval ticular recent Histop ABULAFIA research 23 1997 From on Jewish-Christian pp Northern 179-190 Europe coexistence to Southern in Europe Medieval and Europe from general Journal to par of
851
Annales HSS juillet-août 1999 no pp 851-874 CONVERSIONS RELIGIEUSES
sans analogue ailleurs qui rend possible examen des relations avec les
convertis2
En terre Islam en effet la situation est radicalement différente Rien
ne peut être comparé cette tension par laquelle le christianisme tente de
légitimer sa foi par opposition au judaïsme voire par la négation de son
existence si islam se considère comme un monothéisme de bon aloi il
éprouve nul besoin éliminer les autres religions du Livre puisque
Mahomet succédant aux prophètes juifs et Jésus en est ultime héritier
Inversement les juifs ont pas redouter une eradication par conversion
sous la contrainte et rares étaient les passages volontaires islam3 En
outre face aux quelques périodes islamisation forcée les juifs conclurent
des tentatives éphémères convaincus que le régime ne tarderait pas
laisser les convertis revenir leur foi était la le on des trois épisodes
de ce genre intervenus au début du 11e siècle en Egypte et deux reprises
sous le règne des Almohades 1140-1160 et 1184-1199)4 Le Rambam*
qui ne trompait pas indique dans une de ses lettres traitant des
renégats les musulmans se satisfont une déclaration officielle de conver
sion et si les juifs persistent pratiquer leur culte en secret peu leur chaut5
La halakha dont les prescriptions et commandements remontaient aux
premiers siècles après J.-C. établissait une frontière nette entre juifs et non-
En Angleterre et en Italie nous ne disposons pas de la réaction de la communauté juive
Quant Espagne dès la fin du 14e siècle le nombre de conversions est trop important pour
ne pas excéder la portée du présent article Sur la situation dans ces différents pays voir
STANCEY Thé Conversions of Jews to Christianity in Thirteenth-Century England Spe
culum 67 1992 pp 263-283 STAAR The Mass Conversion of Jews in Southern Italy
1290-1293 Speculum 21 1946 pp 203-211 ER History of the Jews Christian
Spain vol Il tr angi de Schoffman Philadelphie 1966 pp 95-169
GIL Au royaume Ismaël en hébreu) vol Tel-Aviv 1997 pp 466-473 évoque
trois figures importantes du judaïsme qui se convertirent islam au 12e siècle et suggère
très prudemment trois facteurs susceptibles expliquer leur conversion reconnaissance de la
supériorité de islam et des prophéties de Mahomet motivations matérielles déception relative
une crise messianique Il souligne que ces figures de proue ne parvinrent pas entraîner
dans leur sillage le reste des communautés juives Selon STROUMSA rares furent les juifs
qui se convertirent islam pour des raisons spirituelles propos des intellectuels
convertis islam au Haut Moyen Age en hébreu amim 42 1990 pp 61-75)
Tel était aussi le sentiment des musulmans qui persistaient voir dans le nouveau venu
non point un musulman mais un juif converti islam Voir LEVTZION éd.) Conversion
to Islam New York-Londres 1979 en particulier Toward Comparative Study of Islami-
zation pp 1-23 GOITEIN Mediterranean Society vol II The Community Berkeley
1971 pp 298-304 BEN-SASSON identité juive des convertis de force Etude sur la
conversion forcée pendant la période Almohade en hébreu) amim 42 1990 pp 16-37
SCHLOSSBERG attitude de Maïmonide devant islam en hébreu) amim 42 1990
pp 38-60 COHEN Under Crescent and Cross Princeton 1994 pp 174-177
Surnom de Moïse ben Maim Cordoue 1138-Le Caire 1204) plus connu sous le nom
de Maïmonide NdT)
SOLOVEITCHIK Maimonides Iggert HaShemad Law and Rhetoric dans Rabbi
Joseph Lookstein Memorial Volume New York 1980 pp 281-318 ainsi que les articles
de SCHLOSSBERG et COHEN dans le même ouvrage
852 GOLDIN LES JUIFS CONVERTIS AU MOYEN AGE
juifs6 Il devint donc au Moyen Age impératif de définir le statut du converti
et ses relations avec sa communauté origine Le juif demeuré fidèle sa
foi devait-il voir en lui un chrétien part entière et le traiter comme tel7
Les sages chargés de statuer avant la première croisade étaient pas de cet
avis preuve le terme de frère employé dans les sources du 11e siècle
selon acception de la Torah en particulier dans le Deutéronome 22 et
23 Le lien avec le converti continuant leurs yeux de relever de la
fraternité tous les commandements touchant les relations entre frères de
meuraient valides puisque la nature un juif est pas sujette au chan
gement et même sa conversion une autre religion ne met pas fin ses
liens avec le judaïsme
Cette fraternité partiellement maintenue ne va pas sans difficultés Ainsi
des activités économiques puisque le prêt ou emprunt

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents