L abstraction d une représentation centrale chez des bébés de 3 mois - article ; n°3 ; vol.95, pg 377-400
26 pages
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L'abstraction d'une représentation centrale chez des bébés de 3 mois - article ; n°3 ; vol.95, pg 377-400

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Description

L'année psychologique - Année 1995 - Volume 95 - Numéro 3 - Pages 377-400
Résumé
Après avoir mis en évidence une capacité à catégoriser chez des bébés de 3 mois, nous nous sommes intéressés à la façon de procéder pour former des catégories. Le but de cette étude est de montrer que les bébés abstraient une représentation centrale à partir des différents exemplaires d'une même catégorie. Trois expériences ont été réalisées avec des rectangles dont la longueur varie de 25%, la largeur étant modifiée pour obtenir une surface identique. Le rectangle se trouvant au centre de cette série est alors le rectangle médian et correspond, selon notre hypothèse, à la représentation centrale de la catégorie présentée aux bébés. Le paradigme de l'habituation contrôlée par l'enfant avec réaction à la nouveauté a été utilisé. Dans la phase test, nous présentons aux bébés, selon l'expérience, un rectangle médian vs un carré, un rectangle médian vs un rectangle nouveau, un rectangle médian vs un rectangle familier. Si les résultats globaux confirment nos hypothèses, des effets d'ordre dus au premier stimulus test ont pu être constatés : dans les deux premières expériences, les résultats sont beaucoup plus significatifs quand le rectangle médian est présenté en premier en test. Ceci tendrait à renforcer le statut privilégié du rectangle médian. On peut donc penser que l'un des processus mis en jeu pour former des catégories est l'extraction d'une représentation centrale.
Mots-clés : catégorisation, bébé, organisation perceptive.
Summary : Abstraction of central representation in three-month-old infants
This research investigates the procedures by which three-month-old infants form categories. We propose that infants extract a central representation of different stimuli belonging to the same category. They can thus compare this representation with all new stimuli. Three experiments were performed using series of rectangles that varied in their length (25 % ). Their width was also varied to keep area constant. The average rectangle would be the central representation. An infant-controlled habituation and novelty-reaction paradigm was used. For the test, infants were shown, depending on the experiment, the average rectangle vs a square, the average rectangle vs a new rectangle, or the average rectangle vs a familiar rectangle. Although global results support our hypothesis, some order effects occurred, in the first two experiments, the results were stronger when the average rectangle was presented first. This tended to reinforce the privileged status of the average prototype. These results suggest that central representation abstraction is one of the processes playing a role in three-month-old infants' formation of categories.
Key words : categorization, infant, perceptual organization.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

C. Poirier
L'abstraction d'une représentation centrale chez des bébés de 3
mois
In: L'année psychologique. 1995 vol. 95, n°3. pp. 377-400.
Citer ce document / Cite this document :
Poirier C. L'abstraction d'une représentation centrale chez des bébés de 3 mois. In: L'année psychologique. 1995 vol. 95, n°3.
pp. 377-400.
doi : 10.3406/psy.1995.28837
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1995_num_95_3_28837Résumé
Résumé
Après avoir mis en évidence une capacité à catégoriser chez des bébés de 3 mois, nous nous sommes
intéressés à la façon de procéder pour former des catégories. Le but de cette étude est de montrer que
les bébés abstraient une représentation centrale à partir des différents exemplaires d'une même
catégorie. Trois expériences ont été réalisées avec des rectangles dont la longueur varie de 25%, la
largeur étant modifiée pour obtenir une surface identique. Le rectangle se trouvant au centre de cette
série est alors le rectangle médian et correspond, selon notre hypothèse, à la représentation centrale
de la catégorie présentée aux bébés. Le paradigme de l'habituation contrôlée par l'enfant avec réaction
à la nouveauté a été utilisé. Dans la phase test, nous présentons aux bébés, selon l'expérience, un
rectangle médian vs un carré, un rectangle médian vs un rectangle nouveau, un rectangle médian vs un familier. Si les résultats globaux confirment nos hypothèses, des effets d'ordre dus au premier
stimulus test ont pu être constatés : dans les deux premières expériences, les résultats sont beaucoup
plus significatifs quand le rectangle médian est présenté en premier en test. Ceci tendrait à renforcer le
statut privilégié du rectangle médian. On peut donc penser que l'un des processus mis en jeu pour
former des catégories est l'extraction d'une représentation centrale.
Mots-clés : catégorisation, bébé, organisation perceptive.
Abstract
Summary : Abstraction of central representation in three-month-old infants
This research investigates the procedures by which three-month-old infants form categories. We
propose that infants extract a central representation of different stimuli belonging to the same category.
They can thus compare this representation with all new stimuli. Three experiments were performed
using series of rectangles that varied in their length (25 % ). Their width was also varied to keep area
constant. The average rectangle would be the central representation. An infant-controlled habituation
and novelty-reaction paradigm was used. For the test, infants were shown, depending on the
experiment, the average rectangle vs a square, the average rectangle vs a new rectangle, or the
average rectangle vs a familiar rectangle. Although global results support our hypothesis, some order
effects occurred, in the first two experiments, the results were stronger when the average rectangle was
presented first. This tended to reinforce the privileged status of the average prototype. These results
suggest that central representation abstraction is one of the processes playing a role in three-month-old
infants' formation of categories.
Key words : categorization, infant, perceptual organization.L'Année psychologique, 1995, 95, 377-400
MÉMOIRES ORIGINAUX
Laboratoire de Psychologie expérimentale
Université François- Rabelais, Tours1
L'ABSTRACTION
D'UNE REPRÉSENTATION CENTRALE
CHEZ DES BÉBÉS DE 3 MOIS
par Christine POIRIER2
SUMMARY : Abstraction of central representation in three-month- old
infants
This research investigates the procedures by which three-month-old
infants form categories. We propose that infants extract a central
representation of different stimuli belonging to the same category. They can
thus compare this representation with all new stimuli. Three experiments
were performed using series of rectangles that varied in their length (25 % ) .
Their width was also varied to keep area constant. The average rectangle
would be the central representation. An infant- controlled habituation and
novelty- reaction paradigm was used. For the test, infants were shown,
depending on the experiment, the average rectangle vs a square, the average
rectangle vs a new rectangle, or the vs a familiar rectangle.
Although global results support our hypothesis, some order effects occurred,
in the first two experiments, the results were stronger when the average
rectangle was presented first. This tended to reinforce the privileged status of
the average prototype. These results suggest that central representation
abstraction is one of the processes playing a role in three- month- old infants'
formation of categories.
Key words : categorization, infant, perceptual organization.
1 . 3, rue des Tanneurs, 37000 Tours.
2 . Ces recherches ont bénéficié des moyens du LaPsyDEE, CNRS, et de
l'Université René-Descartes, Paris V. 378 Christine Poirier
Depuis de nombreuses années, des chercheurs se sont intéres
sés aux divers processus conduisant à l'abstraction de proto
types dans la catégorisation (Posner et Keele, 1968; Homa
1978). D'abord réalisées avec des adultes, les recherches ont très
vite porté sur des enfants et, plus tard, sur des bébés. Cet intérêt
grandissant vient du fait que ces processus ont été considérés
comme indispensables pour la formation des catégories. Or, la
catégorisation est une capacité fondamentale pour appréhender
le monde qui nous entoure.
Dans différentes expériences récentes, la capacité à former
des catégories a pu être mise en évidence chez des bébés de
5 mois (Lécuyer, 1991 ; Lécuyer et Poirier, 1994), mais égal
ement dès l'âge de 3 mois (Poirier et Lécuyer, soumis à publicat
ion). Il semble donc intéressant d'étudier, de façon plus
approfondie, la manière dont procèdent les bébés pour former
ces catégories. Il semblerait que plusieurs processus existent, et
pratiquement tous font référence au prototype. Ce dernier est
appréhendé de façon différente selon les auteurs et est toujours
en relation avec les théories portant sur les adultes. Ainsi, la
prototypicalité a été étudiée à partir de la notion du niveau de
base. Pour Rosch (1978), trois niveaux de classification exis
tent : le niveau sur-ordonné qui ne fournit pas beaucoup d'i
nformations, le niveau de base qui est plus précis et le niveau
sous-ordonné qui est le plus détaillé mais qui ne nous informe
pas plus sur la catégorie. En fait, nous ferions appel le plus
souvent au niveau de base. C'est en effet ce niveau qui nous
fournit le plus d'informations utiles. Il est formalisé à l'aide de
la notion probabiliste de « validité d'indice » : il s'agit de la
somme des propriétés communes (corrélats d'attributs). Or,
c'est au niveau de base que les catégories possèdent le total de
validité d'indice le plus élevé. Par exemple, au niveau sur-
ordonné « animal », les attributs communs sont trop peu nom
breux pour que nous puissions savoir de quoi il s'agit; au
niveau de base « chien », les attributs communs sont très
nombreux, ils nous fournissent une information importante ;
au niveau sous-ordonné « teckel », les attributs communs avec
les autres membres de la catégorie sont plus restreints. C'est
donc le niveau de base qui nous fournit le plus d'informations
avec un effort cognitif moindre (Rosch, 1978). Si l'on se réfère
aux recherches menées sur les bébés, nous constatons qu'ils
construisent les catégories de la même façon que les adultes. L'abstraction d'une représentation centrale 379
Ainsi, les bébés de 10 mois se baseraient sur des corrélats d'at
tributs pour décider de l'appartenance ou de la non-apparte
nance d'un exemplaire dans une catégorie (Husaim et Cohen,
1981), alors qu'ils ne le font pas à 4 et 7 mois (Younger et
Cohen, 1983).
C'est également au niveau de base que se trouve une autre
notion de prototype. Pour Cordier (1980, 1981) et Dubois
(1983), le prototype est le meilleur exemplaire de la catégorie
(dans la catégorie « oiseau », le moineau sera un meilleur exemp
laire que le pingouin). Il suffit alors de comparer les nouveaux
éléments à ce prototype : s'ils sont proches de lui, ils feront part
ie de cette catégorie,

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