L acquisition des habitudes chez les animaux - article ; n°1 ; vol.13, pg 170-186
18 pages
Français

L'acquisition des habitudes chez les animaux - article ; n°1 ; vol.13, pg 170-186

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
18 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1906 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 170-186
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges Bohn
L'acquisition des habitudes chez les animaux
In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 170-186.
Citer ce document / Cite this document :
Bohn Georges. L'acquisition des habitudes chez les animaux. In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 170-186.
doi : 10.3406/psy.1906.1296
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1906_num_13_1_1296XII
L'ACQUISITION DES HABITUDES
CHEZ LES ANIMAUX
Pour Le Dantec1, l'habitude est la grande loi biologique.
« Elle nous fournit, dit-il, les formules les plus générales
pour la narration des phénomènes vitaux et ces formules ont
le grand avantage de s'appliquer immédiatement à des cas
dont on ignore le détail, dont on connaît seulement les grandes
lignes; le mot s'habituer résume d'ailleurs ce qu'il y a de plus
solide dans la connaissance acquise par l'observation courante
des hommes au sujet des manifestations de la vie; au lieu
de dire, avec le proverbe : « L'habitude est une seconde
nature », on pourrait, sans trop s'avancer, émettre l'apho
risme : « vivre c'est s'habituer », et il y aurait même là une
définition de la vie si l'idée d'habitude ne comprenait l'idée
de vie ».
Le Dantec reconnaît que le mot habitude est emprunté au
langage dans lequel nous racontons les activités humaines et
qui nous est si familier que nous avons une tendance invin
cible à l'appliquer aux animaux, et même aux machines et
aux outils que nous employons.
Dans un article publié en 1905 dans la Revue scientifique,
« Causes actuelles et causes passées », je me suis élevé viv
ement contre l'emploi de mots tels que souvenir, mémoire, habi
tude, instinct, hérédité, qui, par anthropomorphisme, oui été
appliqués à toutes sortes de cas, aussi bien à la matière miné
rale qu'à la matière organique, et qui finissent par ne plus
signifier grand'chose. Le Dantec a protesté en écrivant les
lignes que je viens de reproduire; il défend avec son talent
habituel le langage global, « si nécessaire dans une science à
ses débuts comme l'est encore la biologie », et il lui semble
que, privé d'expressions aussi commodes que habitude, héré
dité, le biologiste se retrouverait au contraire désarmé devant
1. Le Dantec, Introduction à la pathologie générale, 1906. — L'ACQUISITION DES HABITUDES CHEZ LES ANIMAUX 171 BOHN.
les faits : il ne pourrait plus les raconter ; « ces mots,
ajoute-t-il, nous permettent d'appliquer une formule unique à
un ensemble de faits extraordinairement disparates, et c'est
précisément là ce qui définit les lois générales ».
« Appliquer une formule unique à un ensemble de faits
extraordinairement disparates », voilà précisément ce que je
persiste à trouver dangereux.
Un psychologue américain devenu célèbre, Thorndike, a
fait des expériences fort curieuses relatives à la vie mentale
des animaux supérieurs. Il enferme par exemple un Chat
affamé dans une cage, qui ne présente d'ouverture qu'à la partie
supérieure ; il se place à une certaine distance devant la cage,
puis frappe des mains quatre fois en disant : « Je vais donner à
manger à mon Chat » ; enfin il prend un morceau de Poisson et
l'approche de la cage : le Chat se met à grimper. Après un
certain nombre d'expériences, le Chat a acquis Chabitv.de de
grimper toutes les fois que Thorndike s'approche de la cage,
même sans tenir à la main un morceau de Poisson. Quel
rapport y a-t-il entre ces expériences et les suivantes faites par
Hafkine à l'Institut Pasteur? Ce savant conserve dans des
bocaux séparés deux lots d'Infusoires provenant d'un même
parent et par conséquent aussi semblables que possible; dans
l'un des bocaux, il augmente progressivement la salure; il la
diminue dans l'autre; les animalcules acquièrent l'habitude de
vivre dans des milieux de salure variable; ils continuent à
y vivre et à s'y multiplier.
Dans les deux cas l'être vivant « acquiert une habitude »,
et pourtant il y a un abîme entre les faits observés. Dans le
second cas, on est encore presque dans le domaine de la
chimie pure, on n'a guère à envisager que la réaction directe
d'une substance albuminoïde vis-à-vis d'un sel. Dans le pre
mier, au contraire, on doit faire appel à des phénomènes
fort complexes désignés sous la dénomination trop vague de
« processus d'association », et on est allé jusqu'à faire inter
venir les phénomènes d'abstraction et d'inférence et les
concepts.
Dans cet article, je n'envisagerai l'acquisition des habitudes
chez les animaux qu'en tant que critérium de leur vie
psychique. On sait que pour Loeb, l'habileté à profiter de
l'expérience est le critérium de la mémoire associative, qui
elle-même est le de la conscience. Pour Yerkes,
'emploi de ce seul est insuffisant, car certaine forme 172 MÉMOIRES ORIGINAUX
de docilité ou d'habileté à apprendre est une caractéristique du
protoplasma; l'habileté à serait un critérium de la
conscience et les différentes manières d'apprendre, — par l'a
ssociation, par l'imitation, par le raisonnement — seraient les
signes de divers degrés de la conscience. Je chercherai dans
l'acquisition des habitudes, l'habileté psychique à apprendre.
Comme mon point de départ est un point de vue anthro-
pomorphique, je parlerai tout d'abord des expériences ana
logues à celle du Chat de Thorndike que je rapportais tout à
l'heure, effectuées sur les Mammifères et les Oiseaux, puis, en
descendant l'échelle animale, je décrirai les expériences inspi
rées des précédentes et portant sur des animaux de plus en plus
inférieurs : Batraciens et Poissons, Crustacés et Insectes...
Mammifères et Oiseaux. — Les expériences de Thorndike1
ont eu un retentissement énorme en Amérique; elles portaient
sur les Chats, les Chiens, les Poussins; depuis, Hobhouse,
Small, Kinnaman, Porter, J. B. Allen, n'ont guère fait que les
imiter, en choisissant d'autres sujets : les Singes, les Éléphants,
les Rats, les Cobayes, les Pigeons, les Moineaux. J'ai déjà
rendu compte ici (Revue générale sur la psychologie comparée,
in Année psychologique, XI, p. 507-12) des recherches les plus
récentes, celles de Porter sur les Moineaux et celles de
J. B. Allen sur les Cobayes calquées sur celles de Small rela
tives aux Rats blancs; je voudrais insister sur les expériences
même de Thorndike, et sur celles de Kinnaman, qui, elles, sont
plus variées, bien que portant sur une seule catégorie d'an
imaux, les Singes.
Le principe de la méthode de Thorndike est très simple :
séparer l'animal de sa nourriture ou de ses compagnons, en
l'enfermant dans une cage ou dans un enclos dont il ne peut
sortir qu'en faisant mouvoir certains mécanismes ou qu'en
franchissant une série déterminée d'obstacles ; puis observer
avec soin la manière dont il se comporte, en notant les mouve
ments infructueux qu'il effectue et le temps total qu'il met
pour sortir; enfin chercher la loi suivant laquelle le temps
décroît d'une expérience à la suivante. Les résultats sont
1. Ed. L. Thorndike, Animal intelligence. An experiment study of the
associative processe in animals, Series of monograph supplements of Psy
chological Review, II, juin 1898. — L'ACQUISITION DES HABITUDES CHEZ LES ANIMAUX 173 BOHN.
exprimés par des graphiques, des courbes, représentant les
diverses phases d'une même expérience et le progrès réalisé
d'une expérience à l'autre. Ce progrès doit résulter d'une asso
ciation plus parfaite entre les diverses sensations que l'animal
éprouve a l'intérieur de l'enceinte où il est enfermé et la série
des mouvements qui lui permettent de sortir.
Le mobile psychologique qui pousse l'animal à sortir de sa
prison n'est pas indifférent; il faut être sûr que ce mobile ne
varie guère d'une expérience à l'autre ; ce mobile était en général
la faim (Chiens, Chats), mobile puissant auprès duquel les
autres ne sont rien ; parfois la peur de l'isolement (Poussins).

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents