L affrontement de deux anthropologies en Pologne (1975-1980) - article ; n°1 ; vol.15, pg 5-32
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L'affrontement de deux anthropologies en Pologne (1975-1980) - article ; n°1 ; vol.15, pg 5-32

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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1984 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 5-32
Poland: Two Opposing Views on Man and Society (1975-1980).
The article deals with the nature of the Polish crisis between 1975 and 1980, following particularly on the clash of two schools of thought, themselves underlying two views of what society should be. On the one hand, there is the State's position as reflected in the official view of the Polish United Workers' Party : the labour code implemented in 1975, the Constitution of the People's Republic of Poland as revised in 1976, and the Party Congresses. On the other, there is the attitude of the Church, as outlined in its pronouncements, messages, pastoral letters published at the occasion of some important event, or in reply to the government. In response to future projections for an « advanced socialist society », i.e. one integrated nationally or internationally, the Church counters with a concept of society based on ethics. The particular approach of the writers of the present article has been to confine their study to written and public texts. They have therefore, in their presentation of these two opposing views of man and society, disregarded the various initiatives «at grass-roots level» by communist or Christian activists. There are manifest contradictions between official standpoints and the conduct by the Polish people of their everyday affairs. Were these everyday social attitudes to be taken into account, the picture would be more complete and more subtly defined. In this context, the two « official » philosophies do not say all there is to be said about the reactions of Polish society as a whole.
L'article porte sur la nature de la crise polonaise entre les années 1975 et 1980. Cette crise est, notamment, consécutive à l'affrontement de deux anthropologies, qui sous- tendent deux projets de société. L'une est celle de l'Etat, saisie à travers les positions officielles du Parti ouvrier unifié polonais : le Code du Travail entré en vigueur en 1975, la Constitution de la République populaire de Pologne révisée en 1976 et les Congrès. La seconde est celle de l'Episcopat saisie à travers ses discours, messages, lettres pastorales publiés à propos d'un événement important ou en réponse au gouvernement. Aux perspectives d'une «société socialiste avancée» c'est-à-dire intégrée nationalement ou internationalement, l'Episcopat oppose une conception basée sur l'éthique. Cette étude est réalisée selon une approche particulière qui se limite aux textes écrits et publics. Pour présenter ces deux conceptions de la société et de l'homme, ont ainsi été laissées de côté les multiples initiatives prises à la base par les militants du Parti Communiste ou par les chrétiens. Il y a donc, à l'évidence, des dysfunctions entre les positions officielles et les pratiques sociales du peuple polonais. La prise en compte de ces pratiques quotidiennes compléterait et nuancerait la définition de ces deux anthropologies. Enfin, ces dernières ne disent pas le tout de la production sociale en ce domaine.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

P. Rambaud
Monique Vincienne
L'affrontement de deux anthropologies en Pologne (1975-1980)
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 15, 1984, N°1. pp. 5-32.
Citer ce document / Cite this document :
Rambaud P., Vincienne Monique. L'affrontement de deux anthropologies en Pologne (1975-1980). In: Revue d’études
comparatives Est-Ouest. Volume 15, 1984, N°1. pp. 5-32.
doi : 10.3406/receo.1984.2477
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1984_num_15_1_2477Abstract
Poland: Two Opposing Views on Man and Society (1975-1980).
The article deals with the nature of the Polish crisis between 1975 and 1980, following particularly on
the clash of two schools of thought, themselves underlying two views of what society should be. On the
one hand, there is the State's position as reflected in the official view of the Polish United Workers' Party
: the labour code implemented in 1975, the Constitution of the People's Republic of Poland as revised in
1976, and the Party Congresses. On the other, there is the attitude of the Church, as outlined in its
pronouncements, messages, pastoral letters published at the occasion of some important event, or in
reply to the government. In response to future projections for an « advanced socialist society », i.e. one
integrated nationally or internationally, the Church counters with a concept of society based on ethics.
The particular approach of the writers of the present article has been to confine their study to written and
public texts. They have therefore, in their presentation of these two opposing views of man and society,
disregarded the various initiatives «at grass-roots level» by communist or Christian activists. There are
manifest contradictions between official standpoints and the conduct by the Polish people of their
everyday affairs. Were these everyday social attitudes to be taken into account, the picture would be
more complete and more subtly defined. In this context, the two « official » philosophies do not say all
there is to be said about the reactions of Polish society as a whole.
Résumé
L'article porte sur la nature de la crise polonaise entre les années 1975 et 1980. Cette crise est,
notamment, consécutive à l'affrontement de deux anthropologies, qui sous- tendent deux projets de
société. L'une est celle de l'Etat, saisie à travers les positions officielles du Parti ouvrier unifié polonais :
le Code du Travail entré en vigueur en 1975, la Constitution de la République populaire de Pologne
révisée en 1976 et les Congrès. La seconde est celle de l'Episcopat saisie à travers ses discours,
messages, lettres pastorales publiés à propos d'un événement important ou en réponse au
gouvernement. Aux perspectives d'une «société socialiste avancée» c'est-à-dire intégrée nationalement
ou internationalement, l'Episcopat oppose une conception basée sur l'éthique. Cette étude est réalisée
selon une approche particulière qui se limite aux textes écrits et publics. Pour présenter ces deux
conceptions de la société et de l'homme, ont ainsi été laissées de côté les multiples initiatives prises à
la base par les militants du Parti Communiste ou par les chrétiens. Il y a donc, à l'évidence, des
dysfunctions entre les positions officielles et les pratiques sociales du peuple polonais. La prise en
compte de ces pratiques quotidiennes compléterait et nuancerait la définition de ces deux
anthropologies. Enfin, ces dernières ne disent pas le tout de la production sociale en ce domaine.L'affrontement de deux anthropologies
en Pologne
(1975-1980)
Placide RAMBAUD et Monique VINCIENNE*
Le IXe Congrès « extraordinaire» du Parti ouvrier unifié polonais (1981)
a institué une Commission chargée d'étudier la nature des crises qui ont
éclaté avec une intensité croissante en 1948, 1956, 1968, 1970, 1976, 1980.
Chaque date représente un bouleversement. Les interprétations élaborées
sont diverses et même contradictoires selon la position sociale ou idéolo
gique des analystes, qu'ils soient Polonais ou non1. Cependant, une question
ne peut être éludée par personne : ces crises successives sont-elles une
même et unique crise produite par la nature du système politique ou ne
sont-elles que des événements sans liens entre eux, hormis peut-être de
passagères difficultés économiques? Pour tenter d'apporter des éléments
supplémentaires de réponse, il semble que l'on puisse considérer les années
1975-1976 comme un moment décisif qui prépare la longue crise suivante.
Une hypothèse serait qu'alors le débat politique prend une nouvelle forme.
Celui-ci a orienté le conflit des années 1980, terme de notre recherche qui
s'arrête avant la naissance du syndicalisme « Solidarité » et la signature
des accords de Gdansk.
Dans cette période, seules deux forces traduisant des projets de société
sont ici prises en compte, l'Etat saisi notamment à travers quelques textes
majeurs ainsi que les Congrès du Parti ouvrier unifié polonais ; l'épiscopat
observé à travers ses lettres pastorales, l'épiscopat qu'il ne faut d'ailleurs
pas confondre avec l'Eglise, c'est-à-dire l'ensemble des catholiques. Deux
représentations sociales ont coexisté, depuis trois décennies, plus ou moins
conflictuellement selon les moments. Elles sont au centre d'un défi que se
lancent en permanence l'Etat qui se dit socialiste et l'épiscopat qui dit
* Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.
(1) Cf. par ex. K. Pomian, Pologne : défi à V impossible ? De la révolte de Poznan à
«Solidarité», Paris, Les éditions ouvrières, 1982, 239 p. ; J. Staniszkis, Pologne, la
révolution autolimitée, trad, de l'anglais, Paris, P.U.F., 1982, 335 p. Placide Rambaud et Monique Vincienne
parler aussi au nom de la nation. Définir le statut des deux discours, que
nous appellerons, pour faire bref, l'un étatique et l'autre episcopal, est
tout d'abord nécessaire pour éclairer leurs significations, leurs non-dits,
leurs referents. En second lieu, deux types de société sont en question et
donc deux anthropologies s'affrontent ou dialoguent tout à la foi, même
si chacune se veut totalisante. Aux perspectives d'une « société socialiste
avancée» l'épiscopat oppose une conception différente et critique de
l'avenir social. La révision de la Constitution, en 1976, est un des points
culminants du débat. Mais, et c'est le troisième aspect fondamental de ce
dernier, l'Etat accroît alors son contrôle social sur l'Eglise catholique à
travers l'institution de la censure. Celle-ci constitue un révélateur qu'il
existe bien deux cultures identitaires, antagonistes, c'est-à-dire s'efforçant
chacune de rassembler la population pour l'organiser en une société dont
les dimensions sont économiques, politiques et culturelles. Pour autant, ni
le discours étatique, ni le discours episcopal ne parviennent à leur fin et,
s'ils sont l'expression d'anthropologies, à eux seuls ils sont loin d'en
constituer la totalité. D'autre part, s'il y a affrontement, il y a aussi dialogue ;
et l'importance de l'enjeu ne doit pas cacher la part de jeu, tellement les
deux acteurs se savent assurés de leur pérennité. Quand l'année 1980 voit
émerger, publiquement exprimé, un nouveau projet de société à travers
le syndicalisme pluriel rassemblé sous le nom de « Solidarité », les deux
autres producteurs de discours doivent modifier leurs rapports et re-situer
leurs ambitions. Tout au long de cette période, la société polonaise s'efforce
ainsi de définir son identité et cet acte même produit une crise profonde.
I. STATUT DU DISCOURS ÉTATIQUE ET DU DISCOURS
EPISCOPAL
Analyser des textes pour ainsi dire officiels afin de tenter de dégager
les éléments d'anthropologies différentes ne va pas sans difficultés. La
Constitution de la République Populaire de Pologne ou les rapports des
Congrès du Parti ouvrier unifié polonais ne disent pas le tout des attitudes
ni des diversités qu'affirment les citoyens ou les militants. De même,
l'épiscopat ne dit pas la totalité des intentions ou des pratiques du peuple
chrétien qui a sa propre autonomie et ses croyances. De plus, l'épiscopat
n'a pas un statut symétrique et opposé à celui du parti communiste. Le
choix d'étudier des langag

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