L alimentation paysanne en Gévaudan au XVIIIe siècle - article ; n°6 ; vol.24, pg 1449-1467
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L'alimentation paysanne en Gévaudan au XVIIIe siècle - article ; n°6 ; vol.24, pg 1449-1467

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1969 - Volume 24 - Numéro 6 - Pages 1449-1467
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

R.-J. Bernard
L'alimentation paysanne en Gévaudan au XVIIIe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 24e année, N. 6, 1969. pp. 1449-1467.
Citer ce document / Cite this document :
Bernard R.-J. L'alimentation paysanne en Gévaudan au XVIIIe siècle. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 24e
année, N. 6, 1969. pp. 1449-1467.
doi : 10.3406/ahess.1969.422179
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1969_num_24_6_422179paysanne en Gévaudan L'alimentation
au XVIIIe siècle
Les meilleures enquêtes sur la vie matérielle quand elles
aboutissent à des évaluations quantitatives, se circons
crivent souvent par la force des choses à des collectivités
dont les budgets, soigneusement tenus, offraient à la
recherche des possibilités de calcul immédiat : hôpitaux,
casernes, navires, etc,
R.-J. Bernard l'un des premiers, dans l'article qu'on va
lire, s'intéresse, lui, aux masses profondes de l'humanité
traditionnelle. Il calcule en effet, d'après des sources
ingénieuses, les rations en calories des paysans du Massif
Central au XVIIIe siècle. Le tableau qu'il en donne est
assez sombre.
Comment s'alimentaient nos ancêtres ? Sans quelle mesure leur régime
alimentaire influait-il sur leur espérance de vie ? Ces questions préoccupent,
à juste titre, les historiens soucieux d'appréhender au fil des siècles la vie quoti
dienne des individus et des groupes sociaux dans ses aspects les plus concrets;
mais il est trop souvent difficile de répondre avec précision. Peut-être n'a-t-on
pas épuisé en ce sens la «foisonnante richesse» 1 des archives notariales, surtout
dans les pays de droit écrit où les études de notaire se rencontraient jusque dans
les hameaux les plus reculés, où les notaires intervenaient beaucoup plus sou
vent que dans les pays de droit coutumier, dans les grandes comme dans les
menues circonstances de la vie de chacun, ne fût-ce que pour donner quittance
1. L'expression est de Pierre GOUBERT qui, dans sa thèse sur Beauvais et le Beauvaisis,
de 1600 à 1730, avait pu partiellement utiliser cette source, par sondages chronologiques.
1449
Annales (24* année, novembre-décembre 1969, n° 6) 12 CONSOMMATION ALIMENTAIRE
d'une somme minime. C'est ce que nous tenterons de montrer à partir des minutes
de l'étude de maître Antoine Bonnet \ notaire royal de 1754 à 1788 au bourg de
Châteauneuf-de-Randon, en Gévaudan. L'actuel chef-lieu de canton du dépar
tement de la Lozère, réputé depuis le milieu du XVIe siècle pour ses foires au gros
bétail et aux « bêtes à laine », exerçait alors son influence 2 (et il continue de
l'exercer) sur l'extrémité méridionale de la Margeride, les plateaux du Gévaudan
entre la Margeride et la vallée de l'Allier, le massif compact de la forêt de Mer-
coire et le petit Causse de Montbel, plus communément appelé Plaine de Mont-
bel, bien que son altitude se situe entre 1 1 00 et 1 250 m.
Dans notre ancien droit, d'espnt beaucoup plus familial et communautaire
que le code civil, l'obligation alimentaire envers les ascendants âgés, les enfants
ou les proches collatéraux incapables à titre temporaire ou définitif de subvenir
à leurs besoins était très fermement rappelée et fort minutieusement réglementée
dans ses modalités, tant par la coutume que par le droit écrit. Aussi, n'est-il pas
surprenant qu'un certain nombre de testaments et de contrats de mariage comp
ortent des pensions alimentaires, c'est-à-dire une quantité déterminée ne varietur
de divers produits alimentaires 3 à servir chaque année, en une seule ou en plu
sieurs fois, à la personne nommément désignée par l'auteur de l'acte. Dans les
testaments, la pension était constituée en faveur de la femme, si le mari venait
à prédécéder; dans les contrats de mariage, elle l'était en faveur du père ou de la
mère de l'un des époux : dans la plupart des cas, l'un des fiancés, si ce n'est tous
les deux, avait perdu son père ou sa mère 4, et le survivant se préoccupait d'assur
er sa subsistance en cas de mésentente avec le jeune ménage. C'était une sage
précaution, la cohabitation sous un même toit des « vieux » et des « jeunes »
1. A. D. Lozère; III E 5802 à 5834. Nous préparons, sous la direction de P. VILAR, une
thèse principale sur la vie en Gévaudan du XVIIe au XXe siècle.
2. Comme l'atteste la domiciliation des clients de l'étude. Le relevé cartographique de la
domiciliation de la clientèle des études notariales ne serait-il pas un moyen très sûr de mesurer
l'emprise des bourgs et des petites villes sur les campagnes environnantes, de circonscrire des
aires d'influence bien plus valables pour l'analyse des faits sociaux et des conjonctures écono
miques locales, que les circonscriptions administratives et fiscales ? Cette suggestion vaut
surtout pour les pays de droit écrit.
3. Quelquefois, la pension alimentaire en nature est remplacée par une pension viagère
annuelle en argent, quelle que soit la fortune des contractants : ainsi, le 2 avril 1761, Jean Gra-
nier de la paroisse d'Arzenc-de-Randon, se réserve dans le contrat de mariage de sa fille Claudine
une pension annuelle viagère de 24 livres; le 31 août 1763, dans le contrat de mariage de son
fils Georges Rozier, président au Bureau de l'élection du Haut-Rouergue, conseiller du Roy et
maire de Millau, avec Marie de Lahondes de Laborie, fille du conseiller du Roy et maire de Châ-
teau-neuf-de-Randon, Marie-Anne de Fage, veuve de Jean Rozier, avocat en Parlement, se
fait reconnaître une pension viagère annuelle de 600 livres; le 23 février 1764, dans le contrat
de mariage de son fils Michel, laboureur à Chadenet, Marie Bohomme, veuve de Julien Peytavin,
se réserve une somme de 700 livres pour ses besoins personnels.
4. Faut-il conclure que l'âge au mariage ait été assez tardif ? C'est un problème démogra
phique assez malaisé à résoudre, car dans de nombreux registres paroissiaux l'âge des nouveaux
époux ne figure pas dans l'acte de mariage; on peut le déterminer en retrouvant la date de nais
sance, ce qui n'est pas toujours possible lorsque l'un des conjoints est originaire d'une autre
paroisse; et puis, dans les paroisses que nous étudions (nord-est du Gévaudan) il y a de nomb
reuses lacunes l'enregistrement des naissances à la fin du XVIIe siècle et au début du
XVIIIe siècle.
1450 ALIMENTATION EN GÉVAUDAN R.-J. BERNARD
suscitait bien des motifs de discorde, surtout lorsque des questions d'intérêt
s'ajoutaient à l'affrontement des caractères et au conflit des générations; d'ail
leurs, jusqu'à nos jours, cette cohabitation, en paralysant les initiatives des plus
ouverts des jeunes paysans, a perpétué une stagnation fort dommageable pour
l'agriculture lozérienne. La pratique du droit d'aînesse n'arrangeait guère les
choses, bien au contraire. Si l'aîné de la famille héritait de l'exploitation et des
moyens de la faire valoir, il devait payer à ses frères et sœurs puînés leur « légi
time » (la part qui leur revenait sur les biens paternels et sur les biens maternels),
ce qui représentait une très lourde charge1; et la tentation était foi te de rogner
sur l'entretien du vieux père ou de la vieille mère, du frère ou de la sœur infirmes
ou contrefaits; et la venue du gendre ou de la belle-fille encourageait fortement
(ou risquait d'encourager) cette tendance. Aussi, le chef de famille en rédigeant
son testament, le parent survivant lors du mariage du fils aîné ou de la fille aînée,
celui ou celle qui devait garder Г « oustal » (la maison familiale), se prémuniss
aient-ils en se faisant reconnaître une pension alimentaire ou en constituant
une rente en faveur de l'enfant durablement incapable de subvenir à ses besoins.
C'est ainsi que de 1 754 à 1 767, terme provisoire de notre dépouillement des
minutes de l'étude Bonnet, nous avons recensé une trentaine d'actes intéressants :
Testaments Contrats de mariage
Années Avec une Avec une Nombre Nombre total pension pension total alimentaire alimentaire
1754-1756 7 16 3
1757-1759 13 2 22
1759-1760 10 13 3
1760-1762 12 2 18 5
1762-1763 12 10
1763-1764 13 2 14 4
1764-1766 30

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