L amitié, les amis, leur histoire. Représentations et récits - article ; n°1 ; vol.5, pg 21-42
23 pages
Français

L'amitié, les amis, leur histoire. Représentations et récits - article ; n°1 ; vol.5, pg 21-42

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
23 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Sociétés contemporaines - Année 1991 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 21-42
CLAIRE BIDART Consideration of the subjective dimension of interpersonal relationships, of the ways individuals perceive and discribe them, must be integrated into research endeavours about those relationships implemented by the social sciences and network studies specifically. Concerning friendship, the author distinguishes here three levels of discourse collected from interviews : the level of the general definitions of friendships ; the level of the representations of individuals' active relationships ; and the level of the account of election, at the moment of friendship founding. The author compares for different social categories, the organization of these levels. One may establish that emergency situations, generally apart from ordinary social settings, are often at the foundation of friendship relations.
Résumé : La prise en considération de la dimension subjective des relations inter personnelles, de la façon dont les acteurs les perçoivent et les décrivent, doit s'inscrire dans la démarche de compréhension de ces relations mise en oeuvre par les sciences sociales et les études de réseaux en particulier. L'analyse d'une série ď entretiens nous permet de distinguer trois niveaux de discours sur l'amitié : le niveau d'une définition générale ; le niveau des représentations de relations réelles ; le niveau du récit de l'élection, au moment de la fondation de la relation. On compare, pour différentes catégories sociales, l'agencement de ces niveaux. On peut constater que les situations dramatiques, exceptionnelles, à l'écart des cadres sociaux ordinaires, président souvent à la fondation des relations d'amitié.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claire Bidart
L'amitié, les amis, leur histoire. Représentations et récits
In: Sociétés contemporaines N°5, Mars 1991. pp. 21-42.
Abstract
CLAIRE BIDART Consideration of the subjective dimension of interpersonal relationships, of the ways individuals perceive and
discribe them, must be integrated into research endeavours about those relationships implemented by the social sciences and
network studies specifically. Concerning friendship, the author distinguishes here three levels of discourse collected from
interviews : the level of the general definitions of friendships ; the level of the representations of individuals' active relationships ;
and the level of the account of election, at the moment of friendship founding. The author compares for different social categories,
the organization of these levels. One may establish that emergency situations, generally apart from ordinary social settings, are
often at the foundation of friendship relations.
Résumé : La prise en considération de la dimension subjective des relations inter personnelles, de la façon dont les acteurs les
perçoivent et les décrivent, doit s'inscrire dans la démarche de compréhension de ces relations mise en oeuvre par les sciences
sociales et les études de réseaux en particulier. L'analyse d'une série ď entretiens nous permet de distinguer trois niveaux de
discours sur l'amitié : le niveau d'une définition générale ; le niveau des représentations de relations réelles ; le niveau du récit de
l'élection, au moment de la fondation de la relation. On compare, pour différentes catégories sociales, l'agencement de ces
niveaux. On peut constater que les situations dramatiques, exceptionnelles, à l'écart des cadres sociaux ordinaires, président
souvent à la fondation des relations d'amitié.
Citer ce document / Cite this document :
Bidart Claire. L'amitié, les amis, leur histoire. Représentations et récits. In: Sociétés contemporaines N°5, Mars 1991. pp. 21-42.
doi : 10.3406/socco.1991.984
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/socco_1150-1944_1991_num_5_1_984♦ ♦♦♦♦♦♦ CLAIMI IIDART ♦ ♦♦♦♦♦♦
L'AMITIÉ, LES AMIS, LEUR HISTOIRE.
REPRÉSENTATIONS ET RÉCITS
discours de RÉSUMÉ en relations compréhension la particulier. façon sur réelles t dont La l'amitié prise L'analyse de ; les le ces acteurs en niveau : relations considération le d'une niveau du les récit perçoivent mise série d'une de en ď l'élection, oeuvre définition la entretiens dimension et les par décrivent, au générale nous les moment subjective sciences permet doit ; de le sociales s'inscrire des de la niveau fondation relations distinguer et des dans les représentations de inter études trois la personnelles, démarche relation. niveaux de réseaux On de
compare, pour différentes catégories sociales, l'agencement de ces niveaux. On peut constater
que les situations dramatiques, exceptionnelles, à l'écart des cadres sociaux ordinaires,
président souvent à la fondation des relations d'amitié.
L'étude de l'amitié comme objet sociologique apparaît comme une tâche à la fois
aisée et complexe.
Elle est facilitée par la séparation qui de fait isole l'amitié des autres relations dans
les représentations des acteurs, et qui permet de la traiter dans une relative autonomie.
En effet, il est surprenant de constater à quel point les évocations de l'amitié sont
radicalement distinguées de celles des autres relations. La définition de l'amitié, ses
limites, et les personnes avec qui l'individu se déclare ami, semblent être clairement
identifiées et stabilisées, alors que pour les autres relations les désignations (copain,
connaissance, camarade...) sont beaucoup plus floues et mouvantes, y compris dans le
discours d'une même personne. S'il existe un continuum dans l'intensité des relations
interindividuelles, l'amitié n'en est pas un pôle, elle se distingue plutôt de l'ensemble
des autres relations.
L'étude de l'amitié est en revanche compliquée par son apparent statut d'évidence,
voire son caractère perçu comme "naturel", tant par la plupart des sociologues, qui la
considèrent souvent comme une catégorie "allant de soi", que par les acteurs sociaux
eux-mêmes. Pour ces derniers, la question "pourquoi est-on amis ?" est surprenante.
L'amitié (comme l'amour) est en effet généralement perçue comme inexprimable,
relevant de l'irréductible individualité ; "par ce que c'estoit luy ; par ce que c'estoit
moy", disait Montaigne, parlant aussi de "je ne sçay quelle force inexplicable et fatale,
médiatrice de cette union". Pour M. Aymard, l'archétype de l'amitié de Montaigne est
ai CLAIRE BIDART ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦
voisin de l'amour l. Quoi qu'il en soit, pour être "authentique", l'amitié est perçue
comme devant être dégagée des contraintes sociales.
Or, l'amitié est aussi sociale. Pour G. Simmel (1908, trad. 1950), la relation
interindividuelle est la forme fondamentale de l'interaction sociale, elle-même au coeur
de la définition de la société. L'amitié est reconnue socialement, autorisée, normée. On
montre qu'elle est soumise à des "règles de convenance" 2, à des déterminants sociaux
(Fischer, 1982 ; Verbrugge, 1977 ; Schutte, Light, 1978 ; Huckfeldt, 1983...). Elle
répond aussi à des classements sociaux préférentiels (cf. la notion d'homophilie 3). Bien
que dans nos sociétés elle ne soitpas institutionnalisée, ritualisée, elle n'en estpas moins
une institution (Allan, 1979 ; Hays 1988), en ce qu'elle est socialement, culturellement
objectivée. L'amitié ne concerne pas exclusivement les deux amis, leur relation est
reconnue par l'ensemble de la société (Me Call, 1988) 4. Même si, dans la tension
l'ordre" qu'elle manifeste (Ferrand, entre 1990), individu elle s'accommode et société, de elle cet se ordre5. montre S plutôt 'insérant comme dans les "l'inverse interstices de
de l'ordre établi qui cependant la reconnaît, lui autorise cette place, elle contribue à le
stabiliser, à le perpétuer en occupant justement cet espace de marge (donc de danger
social potentiel) entre individualité et société. C'est la thèse que proposent Eisenstadt
et Roniger (1984), en mettant en avant son rôle de régulation sociale.
Dans cet article, nous voudrions d'abord situer la manière dont diverses sciences
sociales ont abordé la question de l'amitié et l'ont constituée ou non en tant qu'objet
d'étude spécifique. Nous porterons ensuite notre attention sur l'étude, à partir
d'enquêtes empiriques, d'une dimension précise (et partielle) de cet objet : les
représentations sociales de l'amitié.
1 . LE REGARD DES SCIENCES SOCIALES SUR L'AMITIÉ
Si l'attention portée à la sociabilité comme forme constitutive de la vie sociale a été
initiée par les travaux de G. Simmel (1917, trad. 1981), il est beaucoup plus difficile
1 . "Mais si l'amitié est ainsi proposée comme référence ultime dans le champ d'une affectivité qui
s'identifie avec l'exercice de notre "liberté volontaire", c'est qu'elle parle d'elle-même le langage de
l'amour. Elle naît d'un coup de foudre, à la première rencontre, "entre deux hommes faits", refusant
de "se régler au patron des amitiés molles et régulières, auxquelles il faut tant de précautions de longue
et préalable conversation". M. Aymard, 1986, p. 463.
2. C'est la traduction que propose A. Ferrand (1985) pour les "rules of relevancy" définies par G. Allan
(1979).
3. Lazarsfeld et Merton (1954) la définissent ainsi : "a tendancy for friendships to form between those
who are alike in some designated respect" (p. 23), [une tendance pour les relations d'amitié à se former
entre ceux qui, d'un certain point de vue, se ressemblent (La traduction des notes en anglais est effectuée
par l'auteur)] . Cette notion est calquée sur celle d'homogamie.
4. "When persons say they are friends, usually they can point to cultural images, rules of conduct, and
customary modes of behavior to confirm their claims. This is likely to be most apparent when one or
both parties find their relationship questioned by outsiders. At these times there will be an appeal to
standar

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents