L analyse des tâches complexes par les mouvements oculaires - article ; n°2 ; vol.70, pg 487-504
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Description

L'année psychologique - Année 1970 - Volume 70 - Numéro 2 - Pages 487-504
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 19
Langue Français
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Extrait

J. Pailhous
L'analyse des tâches complexes par les mouvements oculaires
In: L'année psychologique. 1970 vol. 70, n°2. pp. 487-504.
Citer ce document / Cite this document :
Pailhous J. L'analyse des tâches complexes par les mouvements oculaires. In: L'année psychologique. 1970 vol. 70, n°2. pp.
487-504.
doi : 10.3406/psy.1970.27911
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1970_num_70_2_27911REVUES CRITIQUES
L'ANALYSE DES TACHES COMPLEXES
PAR LES MOUVEMENTS OCULAIRES
par Jean Pailhous1
Laboratoire de Psychologie du Travail de VE.P.H.E.
I. — INTRODUCTION
L'étude des mouvements oculaires a donné lieu, depuis la fin du
siècle dernier, à de très nombreux travaux de recherche fondamentale
ou appliquée qui s'inscrivent pour l'essentiel dans deux disciplines : la
physiologie et la psychologie. Dans cette dernière discipline, les problèmes
abordés à l'aide de cette technique sont multiples et variés : de certains
aspects des lois de la psychophysique à l'évolution psychogénétique.
Nous nous bornerons, quant à nous, à l'examen, sur des sujets adultes,
des elaborations de stratégie perceptivo-motrice dans des tâches
complexes. C'est dire que nous laisserons de côté les études de l'activité
perceptive de l'enfant comme instrument d'analyse du développement
cognitif (Piaget et Vinh Bang, 1961 ; Zaporojets, 1965 ; Vurpillot, 1968) ;
en outre, nous avons renoncé à traiter des travaux sur la lecture tant
leur nombre est considérable. L'ergonomie, où « le contrôle visuel est
fondamental et se trouve parfois toucher à des limites de fonctionne
ment » (A. Lévy-Schoen, 1969), fournira une partie de nos exemples.
Les problèmes techniques posés par ce type d'analyse sont généraledifficiles ; néanmoins, nous ne rappellerons ici ni les techniques
d'enregistrement (Macworth, 1960 ; Yarbous, 1967 ; Lévy-Schoen, 1969),
ni la nature des mouvements oculaires d'exploration (Chambers, 1962 ;
Yarbous, 1967 ; Lévy-Schoen, 1967, 1969; Vurpillot, 1969). Pour un
exposé plus complet, on se rapportera au remarquable ouvrage The eye
1. Attaché de recherches au C.N.R.S. 488 REVUES CRITIQUES
par H. Davson (1962) et, plus particulièrement, à Movements of the eyes
de M. Alpern (1962).
Dans la plupart des situations expérimentales, c'est à partir des
performances du sujet que le psychologue fonde son analyse et met à
l'épreuve ses hypothèses. Ces performances s'expriment, en général, de
façon non ambiguë et clairement manifeste : le sujet trie des cartes,
appuie sur des clefs, énonce des prédictions, effectue des déplacements...
Or, dans beaucoup de tâches complexes qui nécessitent la mise en jeu
de mécanismes intellectuels très élaborés, les réponses motrices ou
verbales ont souvent le double caractère suivant : d'être peu apparentes
et d'être rares (on peut citer à cet égard des tâches professionnelles
comme le contrôle à distance, la surveillance radar et même dans un
autre domaine le jeu d'échecs). Dans ces tâches, considérer la séquence :
prise d'information, traitement de cette information, action du sujet,
et analyser ces actions (la chronique des réponses) pour inférer les pro
cessus intellectuels mis en jeu, est souvent un mode d'approche insuf
fisant (par exemple, le déplacement des pièces dans le cas du jeu
d'échecs). Bien plus significative est, en général, l'analyse du prélèvement
de l'information qui traduit mieux les hypothèses et les choix des sujets.
Si l'essentiel de l'information présentée est de nature visuelle, cas
le plus fréquent, alors les mouvements oculaires sont évidemment un
moyen privilégié de contrôle du prélèvement de l'information dans la
mesure, bien entendu, où il est possible de reconstituer le trajet du
regard sur le spectacle lui-même.
Ceci dit, ces techniques très raffinées ne doivent pas faire perdre
de vue que, dans certains cas, des méthodes plus simples apportent au
moins autant de renseignements sur la prise d'information.
Krivohlavy (1965), par exemple, contrôle le prélèvement de l'info
rmation en recouvrant les différentes sources — des cadrans — d'une
feuille de papier pouvant être soulevée par le sujet au cours de l'ex
écution de la tâche ; Jerison (1963) opère avec des flashes lumineux.
Leplat (1960) analyse les modes de structuration perceptive en utilisant
des techniques plus complexes, mais ne faisant pas appel aux mouve
ments oculaires ; d'ailleurs, l'observation pure et simple de l'œil du
sujet pendant la tâche peut fournir de nombreuses données. Lévy-
Schoen (1967) dit par exemple : « II faut reconnaître que les cas ne sont
pas rares où, dans un projet d'expérience, on recherche des moyens
techniques très élaborés pour analyser des phénomènes qui seraient
mieux reconnus et appréciés à l'œil nu. Ceci est vrai, surtout dans un
domaine tel celui des mouvements oculaires, où toutes les techniques
d'enregistrement introduisent un nombre considérable d'artefacts. »
Par ailleurs, lorsqu'on interprète des données provenant de l'enr
egistrement des mouvements oculaires, un double problème se pose.
a) Voir sans regarder : quand on prélève les fixations visuelles et
qu'on analyse les résultats, il ne faut pas perdre de vue qu'on suppose J. PAILHOUS 489
que l'ensemble des fixations fournit le total des informations prélevées.
Or plusieurs auteurs, J. F. Mackworth and N. H. Mackworth (1958),
Gould et Shaffer (1965), Gainer et Obermayer (1964), dans des tâches
différentes — détection de chiffres dans une matrice, lecture de cadran,
inspection — ont constaté qu'un certain nombre d'informations étaient
prélevées sans qu'il y ait eu de point de fixation sur la source. Ce qui
nous renvoie au rôle de la rétine périphérique.
b) Regarder sans voir : d'un autre côté, et réciproquement, on suppose
que s'il y a fixation, il y a transmission d'informations : or, plusieurs
auteurs ont remarqué que des signaux pertinents étaient fixés sans être
détectés. En outre, de très nombreuses études ont montré qu'il y avait
des points de fixation évidemment non en dehors du dispositif
expérimental, par exemple. Souvent la durée de ces fixations est inhabi-
tuellement longue, et généralement les auteurs interprètent ces fixations
comme provenant du fait que le sujet traite de l'information, pense à
autre chose, ou repose son œil (Gainer, Obermayer, 1964).
Les données simultanées sur la convergence et l'accommodation
visuelles permettraient, à notre avis, de trancher ce problème la plupart
du temps1.
Ces réserves étant faites, il n'en reste pas moins vrai que l'enregi
strement des mouvements oculaires est une technique d'analyse précieuse
dont il n'est pas commode de faire l'économie dans un certain type de
tâche.
Lorsqu'un psychologue utilise cette technique, il semble qu'il vise
deux catégories d'objectifs qu'on peut caractériser globalement ainsi :
— soit « savoir ce que le sujet voit », c'est-à-dire identifier les indices
prélevés par le sujet ; on rencontre ce genre de préoccupation dans
certaines tâches de surveillance, de tri, d'exploration de figures, etc. ;
— soit, par l'intermédiaire « de ce qu'il voit », d'induire et de caractér
iser les processus intellectuels, conscients ou non, mis en jeu par
le sujet dans l'accomplissement de la tâche. Ces dernières rentrent
alors la plupart du temps dans la catégorie des tâches de résolution
de problèmes : incidents un poste de contrôle à distance, jeu
d'échecs, etc.
Bien entendu, ces deux types d'objectifs peuvent être deux moments
d'une même recherche (les exemples donnés ci-dessus n'ont qu'une
valeur indicative), ils peuvent parfois même être traités ensemble,
néanmoins, il semble commode de les distinguer ; en effet, il semble que
leur confusion et la difficulté d'atteindre le second objectif soient
responsables d'un certain nombre d'études qui n'aboutissent à rien et
1. Dans un domaine voisin, certains auteurs ont insisté sur l'importance
des clignements palpébraux qui, dans les tâche

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