L arriération - article ; n°1 ; vol.16, pg 349-360
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L'arriération - article ; n°1 ; vol.16, pg 349-360

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Description

L'année psychologique - Année 1909 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 349-360
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1909
Nombre de lectures 6
Langue Français

Extrait

Alfred Binet
Th. Simon
L'arriération
In: L'année psychologique. 1909 vol. 16. pp. 349-360.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred, Simon Th. L'arriération. In: L'année psychologique. 1909 vol. 16. pp. 349-360.
doi : 10.3406/psy.1909.3794
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1909_num_16_1_3794X
L'ARRIÉRATION
Nous l'avons dit déjà en retraçant l'historique de la démence,
ce n'est pas à Pinel, c'est à Esquirol qu'on doit la distinction
précise entre l'arriération intellectuelle par lésions acquises et
l'arriération congénitale, et ce n'est qu'après lui qu'on a définit
ivement rangé dans l'idiotie les seuls arrêts de développement ou
retards d'intelligence. On a ensuite longtemps vécu sur cette
idée simple. Du reste ces sujets ne présentent, habituellement,
aucune difficulté de diagnostic, car les commémoratifs indiquent
clairement s'ils sont des congénitaux ou des acquis; aussi
leur étude a été quelque peu négligée par les aliénistes. L'idiot
n'a pas paru digne d'intérêt; il est tellement moins curieux,
moins brillant que les vésaniques !
Le premier devoir des aliénistes aurait dû être d'établir une
distinction entre les arriérés de l'intelligence et les normaux,
et une autre distinction entre les différents degrés d'arrié
ration, qui sont représentés par les idiots, les imbéciles et
les débiles. Nous entendons parler seulement de distinctions
précises, et vraiment scientifiques, permettant à deux obser
vateurs de se mettre d'accord sur la place à attribuer à un
arriéré. Nous n'affirmerons pas que des tentatives n'aient pas
été faites dans ce sens, mais elles n'ont pas été heureuses.
Il y a eu des classifications d'après l'étiologie et d'après
l'anatomie pathologiques ; les meilleures sont dues à Bourne-
ville1; mais elles ne peuvent rendre de grands services, car
souvent l'étiologie reste inconnue, faute de renseignements, et
l'anatomie pathologique ne s'éclaire que par l'autopsie; de
plus, ni l'une ni l'autre ne donnent de renseignements sur le
caractère d'un arriéré, ni la mesure de son niveau intellec
tuel, ni rien de ce qu'il est nécessaire de savoir pour l'éduquer
et l'utiliser. Un myxœdémateux peut être d'un niveau très
1. Bourneville, Congrès international de Médecine, Paris, 1900. 350 MÉMOIRES ORIGINAUX
bas, ou assez élevé : il en est de même pour un microcé
phale; les paraplégies avec contractures des porencéphaliques-,
et les tumeurs de la méningo-encéphalite tubéreuse renseignent
fort mal sur l'état des facultés. Pour cette raison, nous croyons
qu'il faut abandonner une distinction proposée par Sollier1
et reprise dernièrement par Ferrari ; il s'agissait d'établir cette
convention que des idiots seuls sont porteurs de lésions
encéphaliques et que les imbéciles n'en ont pas. Le malheur
de cette classification, c'est qu'il faudrait souvent attendre
la mort des gens pour la leur appliquer.
Les définitions de l'arriération par le degré de l'intelligence
sont certainement mieux orientées; mais celles que les auteurs
ont fournies jusqu'ici sont inutilisables, parce qu'elles sont
trop vagues. Déjà nous avons critiqué celles de Bourneville.
Régis en a donné qui sont encore moins bonnes, parce que les
termes en sont aussi imprécis, et encore plus contradictoires 2.
Nous citerons ces simples exemples suggestifs, que d'après Regis
les idiots légers n'ont pour ainsi dire pas d'intelligence, tandis
que les idiots profonds ont un arrêt complet de l'intelligence, et
que les imbéciles ont une intelligence très bornée. Nous nous
demandons ce qu'on peut tirer de cette phraséologie, quand on
est en.présence d'un arriéré, et qu'on veut savoir s'il est débile,
imbécile ou idiot. En réalité, les distinctions qui roulent sur
des questions de plus ou de moins — plus ou moins d'intell
igence, dans le cas présent — ne sont utilisables que si le
degré est précisé par une épreuve facile à répéter. Cette question
a véritablement été traitée fort mal par les plus grands esprits ;
même Kraepelin y a échoué; il commence par donner cette indi
cation qu'on est idiot lorsqu'on ne dépasse pas le développement
intellectuel de sept ans 3, mais à cette précision de bon augure,
il se hâte d'ajouter que pour apprécier le intel
lectuel, il faut tenir compte de Taperception, du nombre et du
choix des représentations... c'est retomber dans l'arbitraire.
De cet état de choses, il résulte que les cliniciens ne classent
les arriérés que par une appréciation subjective, selon la
remarque de Trenel 4 ; dont le tort principal est de
ne mettre personne d'accord. Comme Blin l'a fait remarquer
justement, deux spécialistes ne peuvent même pas s'entendre
1. Sollier. Psychologie de l'idiot et de l'imbécile.
2. Régis. Précis de psychiatrie, 1909, p. 486-488.
3. Kiuepelin. Psychiatrie, 1904, t. II, p. 483.
4. In Pratique médico-chirurgicale. Art. Imbécillité. BINET ET TH. SIMON. — L'ARRIÉRATION 351 A.
pour diagnostiquer le même arriéré : l'un l'appelle débile, l'autre
imbécile; si un médecin non spécialiste est invité à donner
aussi son avis, il sera généralement plus sévère, car il manque
de points de repère permettant des appréciations nuancées, et
ne percevant que le contraste énorme de l'arriéré avec le
normal, il traitera brutalement tout arriéré d'idiot.
Devant ces contradictions, on ne peut qu'admirer la confiance
de certains cliniciens qui, dernièrement, faisaient des statistiques
et des pourcentages des divers degrés d'arriération rencontrés
dans les écoles, sans avoir songé qu'il était nécessaire de définir
ces degrés d'une manière objective. N'est-ce pas charmant?
Quelques auteurs se sont placés à un point de vue différent
et ont cherché à analyser davantage. Ils ont paru croire que si
l'arriéré était tel, c'est parce qu'il lui manquait une ou plusieurs
facultés. Cette manière de voir, plus précise que la précédente,
serait plus acceptable si elle était juste. Nous doutons fort
qu'il existe des fonctions supérieures qui représentées chez les
sujets normaux, manqueraient totalement à un arriéré quel
conque. Selon Sollier1, l'idiot est un être essentiellement
dépourvu d'attention. L'assertion est toute gratuite. Pour le
maître d'école qui exige qu'on soit attentif à ses leçons en
classe, l'arriéré manque surtout d'attention; mais si on fait
faire des problèmes à ces sujets, on trouvera alors qu'ils man
quent surtout de jugement; si on leur fait écrire des rédac
tions, on sera d'avis qu'ils manquent surtout d'imagination ; à
table on se convaincra qu'il de propreté et
de réserve. En vérité, ils surtout de tout.
Nous croyons plutôt que toutes les fonctions sont représentées
chez l'arriéré, attention, mémoire, imagination, jugement...
voire l'abstraction et le sens esthétique. Mais la plupart restent
frustes. C'est seulement par les résultats pratiques, objectifs,
mesurables, auxquels elles peuvent conduire que les limites que
nous cherchons seront déterminées. Ainsi on peut distinguer les
sujets par leur capacité de parler ou d'apprendre à lire, car ce
ne sont pas des facultés mais des acquisitions pratiques, qui
dépendent de l'énergie de certaines facultés et de l'état où elles
se trouvent, et tout cela est mesurable.
On peut faire encore la distinction à un autre point de vue,
celui des types d'intelligence ; on a eu vaguement l'idée de cette
distinction quand on a compris qu'il était nécessaire de composer
1. Ouvrage cité. MÉMOIRES ORIGINAUX 352
pour les arriérés des programmes d'instruction différents de
ceux des normaux. En effet on a ainsi suggéré l'idée que l'arriéré
a une espèce d'in

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