L autoconsommation au Portugal (XIVe-XXe siècles) - article ; n°2 ; vol.24, pg 250-288
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L'autoconsommation au Portugal (XIVe-XXe siècles) - article ; n°2 ; vol.24, pg 250-288

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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1969 - Volume 24 - Numéro 2 - Pages 250-288
Résumé La paysannerie ne participait pas aux monopoles. Elle était sous la coupe d'intérêts locaux, de forces rétrogrades de toute sorte, qui ensemble menaient à l'exclusion du pays des fils seconds tant qu'ils n'avaient pas acquis des propriétés foncières, et des paysans. Le cloisonnement de groupes et de régions, l'analphabétisme, la non préparation technique, en étaient la conséquence. La routine s'intalla et dura jusqu'à nos jours. L'enseignement rural semble devoir être repris ab initio, pour faire face aux exigences récentes de mobilité de la main-d'œuvre. Ces cloisonnements, les vieilles structures, étaient utilisés par les accapareurs et les spéculateurs. La population rurale était bel et bien exclue du pays. Cette exclusion se traduit entre autres par l'errance à laquelle se voit condamnée la paysannerie, et qui contribue à maintenir l'équilibre, compte tenu de la forte natalité. L'émigration à l'étranger réduit efficacement le gonflement des villes, et la densité croissante, mais condamne elle aussi le développement. Elle suffit à expliquer la stabilité des terms of trade défavorables. Ce sont les colonies et les envois d'or des emigrants qui payent le déficit chronique. La consommation est supérieure à la production, celle-ci n'assure que la subsistance, soit Г autoconsommation et quelques échanges d'excédents, et les exportations minimes et instables. Les échanges intérieurs ne proviennent pas d'une production nouvellement organisée, en développement ou, moins encore, en croissance. La variable significative dans la création et l'utilisation du Produit intérieur brut est la variable démographique. La part du travail dans le revenu national est faible et presque stable ; la consommation moyenne atteint à peine les exigences en calories, mais comporte de graves déséquilibres. En principe, la correction des déséquilibres devrait pouvoir faire élever le revenu agricole. Les chiffres dont on dispose, et l'expérience des dernières années, montrent que cela n'est pas prévisible. Ils témoignent de la médiocrité des échanges intérieurs, de leur stabilité depuis des siècles. Autant que les hommes, la terre est nourrie presque exclusivement de végétaux. Les productions caractéristiques de systèmes de cultures pauvres, trop subor- données aux conditions naturelles, sont les plus dynamiques, et les plus sensibles aux conditions de marché. Phénomène historique, l'efficacité de l'économie est dominée par des persistances : l'émigration, la baisse de la natalité, la très lente « amélioration » du régime alimentaire, la généralisation plus lente encore de dépenses ostentatoires en biens durables importés; ces persistances maintiennent la part de l'autoconsommation. Le problème est historique, mais l'histoire est la perspective nécessaire à des recherches qui doivent être interdisciplinaires pour être efficaces.
39 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

José Gentil Silva
L'autoconsommation au Portugal (XIVe-XXe siècles)
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 24e année, N. 2, 1969. pp. 250-288.
Citer ce document / Cite this document :
Silva José Gentil. L'autoconsommation au Portugal (XIVe-XXe siècles). In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 24e
année, N. 2, 1969. pp. 250-288.
doi : 10.3406/ahess.1969.422053
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1969_num_24_2_422053Résumé
Résumé La paysannerie ne participait pas aux monopoles. Elle était sous la coupe d'intérêts locaux, de
forces rétrogrades de toute sorte, qui ensemble menaient à l'exclusion du pays des fils seconds tant
qu'ils n'avaient pas acquis des propriétés foncières, et des paysans. Le cloisonnement de groupes et de
régions, l'analphabétisme, la non préparation technique, en étaient la conséquence. La routine s'intalla
et dura jusqu'à nos jours. L'enseignement rural semble devoir être repris ab initio, pour faire face aux
exigences récentes de mobilité de la main-d'œuvre. Ces cloisonnements, les vieilles structures, étaient
utilisés par les accapareurs et les spéculateurs. La population rurale était bel et bien exclue du pays.
Cette exclusion se traduit entre autres par l'errance à laquelle se voit condamnée la paysannerie, et qui
contribue à maintenir l'équilibre, compte tenu de la forte natalité. L'émigration à l'étranger réduit
efficacement le gonflement des villes, et la densité croissante, mais condamne elle aussi le
développement. Elle suffit à expliquer la stabilité des terms of trade défavorables. Ce sont les colonies
et les envois d'or des emigrants qui payent le déficit chronique. La consommation est supérieure à la
production, celle-ci n'assure que la subsistance, soit Г autoconsommation et quelques échanges
d'excédents, et les exportations minimes et instables. Les échanges intérieurs ne proviennent pas d'une
production nouvellement organisée, en développement ou, moins encore, en croissance. La variable
significative dans la création et l'utilisation du Produit intérieur brut est la variable démographique. La
part du travail dans le revenu national est faible et presque stable ; la consommation moyenne atteint à
peine les exigences en calories, mais comporte de graves déséquilibres. En principe, la correction des
déséquilibres devrait pouvoir faire élever le revenu agricole. Les chiffres dont on dispose, et
l'expérience des dernières années, montrent que cela n'est pas prévisible. Ils témoignent de la
médiocrité des échanges intérieurs, de leur stabilité depuis des siècles. Autant que les hommes, la terre
est nourrie presque exclusivement de végétaux. Les productions caractéristiques de systèmes de
cultures pauvres, trop subor- données aux conditions naturelles, sont les plus dynamiques, et les plus
sensibles aux conditions de marché. Phénomène historique, l'efficacité de l'économie est dominée par
des persistances : l'émigration, la baisse de la natalité, la très lente « amélioration » du régime
alimentaire, la généralisation plus lente encore de dépenses ostentatoires en biens durables importés;
ces maintiennent la part de l'autoconsommation. Le problème est historique, mais l'histoire
est la perspective nécessaire à des recherches qui doivent être interdisciplinaires pour être efficaces.L'autoconsommation au Portugal
(XIV°-XX° siècle)
Résumé
La paysannerie ne participait pas aux monopoles. Elle était sous la
coupe d'intérêts locaux, de forces rétrogrades de toute sorte, qui ensemble
menaient à l'exclusion du pays des fils seconds tant qu'ils n'avaient pas
acquis des propriétés foncières, et des paysans. Le cloisonnement de groupes
et de régions, l'analphabétisme, la non préparation technique, en étaient la
conséquence. La routine s'intalla et dura jusqu'à nos jours. L'enseignement
rural semble devoir être repris ab initio, pour faire face aux exigences récentes
de mobilité de la main-d'œuvre. Ces cloisonnements, les vieilles structures,
étaient utilisés par les accapareurs et les spéculateurs. La population rurale
était bel et bien exclue du pays. Cette exclusion se traduit entre autres par
l'errance à laquelle se voit condamnée la paysannerie, et qui contribue à
maintenir l'équilibre, compte tenu de la forte natalité. L'émigration à l'étran
ger réduit efficacement le gonflement des villes, et la densité croissante, mais
condamne elle aussi le développement. Elle suffit à expliquer la stabilité des
terms of trade défavorables. Ce sont les colonies et les envois d'or des emigrants
qui payent le déficit chronique.
La consommation est supérieure à la production, celle-ci n'assure que la
subsistance, soit Г autoconsommation et quelques échanges d'excédents, et
les exportations minimes et instables. Les échanges intérieurs ne proviennent
pas d'une production nouvellement organisée, en développement ou, moins
encore, en croissance. La variable significative dans la création et l'utilisation
du Produit intérieur brut est la variable démographique. La part du travail
dans le revenu national est faible et presque stable ; la consommation moyenne
atteint à peine les exigences en calories, mais comporte de graves déséquil
ibres. En principe, la correction des déséquilibres devrait pouvoir faire élever
le revenu agricole. Les chiffres dont on dispose, et l'expérience des dernières
années, montrent que cela n'est pas prévisible. Ils témoignent de la médioc
rité des échanges intérieurs, de leur stabilité depuis des siècles. Autant
que les hommes, la terre est nourrie presque exclusivement de végétaux.
Les productions caractéristiques de systèmes de cultures pauvres, trop subor-
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données aux conditions naturelles, sont les plus dynamiques, et les plus
sensibles aux de marché.
Phénomène historique, l'efficacité de l'économie est dominée par des
persistances : l'émigration, la baisse de la natalité, la très lente « amélioration »
du régime alimentaire, la généralisation plus lente encore de dépenses osten
tatoires en biens durables importés; ces persistances maintiennent la part de
l'autoconsommation. Le problème est historique, mais l'histoire est la pers
pective nécessaire à des recherches qui doivent être interdisciplinaires pour
être efficaces.
1. Création d'une nation : empire et monopoles
XIIe-XIVe siècle : royaume, nation, marché intérieur
Surgi à la fin du xne siècle, à l'occident de la Péninsule hispanique,
le royaume s'était installé sur les débris de la Al-Thaghar al-adna et de
VAl-Gharb ; à la conquête, à l'occupation, succéda naturellement la coloni
sation. Aux premiers combattants qui ont créé un réseau de seigneurs,
organisé de bas en haut, se joignirent les croisés venant du Nord; les tenanc
iers libres ont dû voir leur nombre multiplié, au sud du Minho, tam illis qui
popullant ibi quant illis qui venerint ad populandum. Les ordres, la famille
royale prirent les meilleures terres surtout au sud du Tage, là où les grandes
propriétés étaient exploitées par de nombreux petits fermiers, habitant de
petits villages 1. Les grandes lignes de la croissance démographique du pays
allaient s'en ressentir, et l'empire, le grand appel des découvertes, des
conquêtes et des trafics allait préciser cette réalité : le peuplement était plus
dense au long du littoral et jusqu'au Tage. Vers le xvie siècle la carte du
Portugal prit l'aspect actuel : « La structure de la propriété rurale — très
morcelée dans le nord, et au contraire, extrêmement concentrée dans le sud
du pays », y a puissamment contribué ; localement, les conditions de la
propriété, de l'exploitation et de l'habitat s'adaptent aux variantes du sol
et des cultures 2.
Des connexions entre forces économiques, sociales, politiques et cultu
relles caractérisent l'économie, la société, la longue stabilité, mais aussi l'e
xpansion portugaise. Longue durée, civilisation, freins au développemen

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