L économie française : passé, présent, avenir - article ; n°5 ; vol.25, pg 1418-1433
17 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'économie française : passé, présent, avenir - article ; n°5 ; vol.25, pg 1418-1433

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
17 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1970 - Volume 25 - Numéro 5 - Pages 1418-1433
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Rondo E. Cameron
Nina Godneff
L'économie française : passé, présent, avenir
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 5, 1970. pp. 1418-1433.
Citer ce document / Cite this document :
Cameron Rondo E., Godneff Nina. L'économie française : passé, présent, avenir. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 25e année, N. 5, 1970. pp. 1418-1433.
doi : 10.3406/ahess.1970.422282
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1970_num_25_5_422282PRÉSENT ET HISTOIRE TEMPS
L'économie française :
passé, présent avenir *
Le développement de l'économie française après la Seconde Guerre mond
iale est, pour les sociologues et historiens américains spécialistes des affaires
françaises, un phénomène qui n'a pas fini d'étonner, un phénomène très discuté
et qui donne lieu à bien des réinterprétations de l'histoire économique de la
France. Certains, parmi ces Américains, ont eu une connaissance personnelle
de la France pour y avoir étudié à titre privé durant les années de la grande dépres
sion qui a précédé la guerre ; d'autres ont fait avec la France
durant la dernière phase de la guerre et les premières années de l'après-guerre
en tant que conseillers auprès des forces militaires et de l'Administration de la
Coopération économique. Les uns et les autres ont été marqués, il va sans dire,
par leurs impressions sur l'économie française de l'époque — une époque part
iculièrement sombre et malheureuse — et ces impressions ont évidemment
influencé leur interprétation de la société française contemporaine, et même de
l'histoire française tout court. Le professeur David Landes, par exemple, de
l'Université Harvard, un des spécialistes américains les plus compétents en
matière d'histoire et de culture françaises, écrivait en 1957, à propos de la prospér
ité des premières années de la décennie 1950 : « Trois ans ne suffisent pas pour
faire une Révolution industrielle »1 ; et, dans le même esprit, c'est à Warren
Baum, un économiste autrefois au service de l'administration de la Coopération
Économique, que l'on doit la malheureuse expression ď « homme malade de
*. Une version antérieure de cet article a été présentée à l'occasion d'une rencontre de la
Society for French Historical Studies, rencontre qui s'est tenue à Chicago en mars 1 969. Les
circonstances et la date en expliquent le ton. L'article a été légèrement modifié pour tenir compte
des récents développements. L'auteur tient à remercier les professeurs С. Р. Kindleberger et
François Crouzet pour les critiques et suggestions qu'ils lui ont faites ; il souligne néanmoins
que les opinions exprimées dans les présentes conclusions ne leur sont pas imputables.
1. « Observations on France : Economy, Society and Polity », World Politics, IX (avril 1957),
p. 330.
1418 L'ÉCONOMIE FRANÇAISE R. CAMERON
l'Europe » par laquelle il désignait la France, dans un livre publié en 1958 sous
les auspices de la prestigieuse Rand Corporation г. Il n'en demeure pas moins
que les statistiques générales sur le revenu national des différents pays démontrent
clairement que la France est de toutes les grandes (anciennes grandes) puis
sances européennes celle dont le revenu par tête est le plus élevé, non seulement
par rapport à l'Allemagne, sa partenaire et son ancienne rivale, mais par rapport
à la Grande-Bretagne, laquelle jusqu'aux revers de fortune du XXe siècle avait
toujours eu le standard de vie le plus haut d'Europe 2.
Cet état de choses paradoxal où l'on voit des analystes, pourtant compét
ents, élaborer des théories sur les causes de la faiblesse de l'économie française,
alors que cette même économie continue à battre de nouveaux records, s'ex
plique, en partie, par les idées préconçues, fausses mais largement répandues,
sur la situation historique actuelle interprétée à la lumière d'expériences personn
elles, et, en partie aussi, parce que les économistes n'ont simplement pas posé
les vraies questions qu'il fallait poser. Je me propose donc dans cet article :
1° de passer rapidement en revue l'histoire véritable de l'économie française,
de la période napoléonienne jusqu'à l'époque actuelle ; 2° d'examiner quelques-
unes des nombreuses interprétations qui ont été avancées par les spécialistes
américains pour expliquer l'état véritable ou supposé de l'économie ; 3° d'envi
sager la situation actuelle et les perspectives d'avenir à la lumière de l'expérience
historique.
L'histoire
Certaines des erreurs d'appréciation les plus grossières relativement à
l'économie française sont tout bonnement le résultat d'une identification simp
liste entre la situation économique et la situation militaire et politique du pays.
De fait, la nation française qui, sous Napoléon, a dominé toute l'Europe, et dont
les révolutions intérieures de 1830 et 1848 se sont répercutées jusqu'en Hongrie
et en Sicile, s'est lamentablement effondrée devant les armes prussiennes en
1870, n'a été sauvée de la défaite durant la Première Guerre mondiale que par les
efforts conjugués de ses alliés, pour se désagréger encore plus tristement en 1940.
Sans nier qu'il existe une relation entre la puissance militaire et la puissance
économique, il nous paraît néanmoins dérisoire de conclure de manière aussi
simpliste au déclin de la force économique française.
On trouve, cependant, une version un peu plus élaborée du progrès (ou de
l'absence de progrès) de l'économie française chez certains auteurs qui appliquent
à l'économie française une sorte d'amendement keynésien de l'aphorisme bien
connu de Bismark, selon lequel l'Empire allemand était bâti sur le charbon et sur
1. The French Economy and the State, Princeton University Press, Princeton, 1958, p. 1.
2. Annuaire statistique de la France, 1967, p. 17*. Les chiffres varient tant soit peu suivant
les sources, les années en question, la méthode d'estimation, etc. Chacun sait d'ailleurs que
l'on ne peut guère se fier aux comparaisons internationales, faites dans l'absolu, entre les diffé
rents standards de vie ou le bien-être économique de tels ou tels pays. Il est clair néanmoins que
le Français moyen est au moins aussi prospère que l'Anglais ou l'Allemand moyens. Pour prendre
un exemple précis, seule la Suède est, parmi les pays européens, celui où le nombre d'automobiles
par 1 000 habitants est plus élevé qu'en France. En 1966, les chiffres respectifs étaient les sui
vants : Suède, + 240 ; France, + 214 ; Royaume Uni, + 178 ; Allemagne, +178 (même chiffre
qu'en Angleterre).
1419 TEMPS PRÉSENT ET HISTOIRE
le fer. Ces théoriciens mettent en particulier l'accent sur le fait que les États all
emands pris ensemble ont dépassé la France — non seulement dans le domaine
de la production du charbon et de l'acier, mais également sur le plan démogra
phique — durant les années cruciales qui séparent la guerre austro-prussienne
de la guerre franco-prussienne, et ils constatent par la même occasion que,
même après cette période, la progression de la production allemande de charbon,
de fer et d'acier s'est poursuivie à un rythme rapide. Nous ne contestons pas que
des facteurs comme ceux-là soient d'une extrême importance sur le plan histo
rique ; néanmoins, il nous semble que les tendances de la production de l'indust
rie lourde ne sont nullement les seuls éléments dont il faille tenir compte dans
l'histoire de la croissance économique française.
Les recherches historiques quantitatives de ces dernières années sur la
France et les autres économies nous permettent aujourd'hui de parler avec plus
de précision de la portée réelle des événements économiques du passé récent.
Je dis « plus de précision » — mais il est évident que ce sont là des termes relatifs ;
je ne prétends nullement qu'il nous soit possible, mê

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents