L effet de Faux Consensus : une revue empirique et théorique - article ; n°1 ; vol.100, pg 141-182
44 pages
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L'effet de Faux Consensus : une revue empirique et théorique - article ; n°1 ; vol.100, pg 141-182

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Description

L'année psychologique - Année 2000 - Volume 100 - Numéro 1 - Pages 141-182
Résumé
Les individus ont tendance à concevoir leur attitude comme relativement commune et partagée. La stabilité et la généralité de ce phénomène, qui produit au niveau du jugement un effet dit de Faux Consensus, ont été largement décrites. Il s'agit défaire le point sur la littérature à propos du Faux Consensus et de rendre compte des mécanismes qui lui sont sous-jacents. Quatre perspectives théoriques générales sont examinées : (a) le traitement logique de l'information (hypothèse attributionnelle), (b) l'exposition sélective et l'heuristique de disponibilité (hypothèses cognitives), (c) la saillance et la focalisation de l'attention (hypothèses de traitement sélectif de l'information), et (d) les processus moti-vationnels. Dans ce cadre, nous rendrons compte des propriétés sociales du jugement de consensus qui, comme tout jugement, engage pour son expression, les conditions sociales dans lesquelles il s'exerce (hypothèse de régulation sociale du jugement). Plus précisément, il s'agit de montrer que la perception du consensus social et les mécanismes qui lui sont sous-jacents, dépendent de l'histoire personnelle des sujets et du lien de cette dernière avec les modalités de la situation sociale dans laquelle ils sont impliqués.
Mots-clés : effet de Faux Consensus, jugement social, régulation sociale du jugement.
Summary : The false Consensus Effect : An empirical and theoretical review.
Individuals conceive their attitudes with regard to objects or persons as relatively common and ordinary. This well-known phenomenon is stable, general and produces for judgements a False Consensus effect. This paper is a review ofthe False Consensus literature and reports the underlying mechanisms of this phenomenom. Four general theoretical perspectives are examined : (a) logical information processing (attributive hypothesis), (b) selective exposure and cognitive availability (cognitive hypotheses), (c) salience and focus of attention (selective information treatment hypotheses), and (d) motivational processes. Within the context of this work we report the social properties of consensus judgment and stress that these judgments depend on the social conditions in which they takes place (social regulation hypothesis of judgment). More precisely, the aim of this review is to show that the social consensus perception and its underlying mechanisms, depend on individuals personal histories that are connected to social context in which they are involved.
Key words : false consensus effect, social judgment, social regulation of judgment.
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

J.-F. Verlhiac
L'effet de Faux Consensus : une revue empirique et théorique
In: L'année psychologique. 2000 vol. 100, n°1. pp. 141-182.
Citer ce document / Cite this document :
Verlhiac J.-F. L'effet de Faux Consensus : une revue empirique et théorique. In: L'année psychologique. 2000 vol. 100, n°1. pp.
141-182.
doi : 10.3406/psy.2000.28631
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_2000_num_100_1_28631Résumé
Résumé
Les individus ont tendance à concevoir leur attitude comme relativement commune et partagée. La
stabilité et la généralité de ce phénomène, qui produit au niveau du jugement un effet dit de Faux
Consensus, ont été largement décrites. Il s'agit défaire le point sur la littérature à propos du Faux
Consensus et de rendre compte des mécanismes qui lui sont sous-jacents. Quatre perspectives
théoriques générales sont examinées : (a) le traitement logique de l'information (hypothèse
attributionnelle), (b) l'exposition sélective et l'heuristique de disponibilité (hypothèses cognitives), (c) la
saillance et la focalisation de l'attention (hypothèses de traitement sélectif de l'information), et (d) les
processus moti-vationnels. Dans ce cadre, nous rendrons compte des propriétés sociales du jugement
de consensus qui, comme tout jugement, engage pour son expression, les conditions sociales dans
lesquelles il s'exerce (hypothèse de régulation sociale du jugement). Plus précisément, il s'agit de
montrer que la perception du consensus social et les mécanismes qui lui sont sous-jacents, dépendent
de l'histoire personnelle des sujets et du lien de cette dernière avec les modalités de la situation sociale
dans laquelle ils sont impliqués.
Mots-clés : effet de Faux Consensus, jugement social, régulation sociale du jugement.
Abstract
Summary : The false Consensus Effect : An empirical and theoretical review.
Individuals conceive their attitudes with regard to objects or persons as relatively common and ordinary.
This well-known phenomenon is stable, general and produces for judgements a False Consensus
effect. This paper is a review ofthe False Consensus literature and reports the underlying mechanisms
of this phenomenom. Four general theoretical perspectives are examined : (a) logical information
processing (attributive hypothesis), (b) selective exposure and cognitive availability (cognitive
hypotheses), (c) salience and focus of attention (selective information treatment hypotheses), and (d)
motivational processes. Within the context of this work we report the social properties of consensus
judgment and stress that these judgments depend on the social conditions in which they takes place
(social regulation hypothesis of judgment). More precisely, the aim of this review is to show that the
social consensus perception and its underlying mechanisms, depend on individuals personal histories
that are connected to social context in which they are involved.
Key words : false consensus effect, social judgment, social regulation of judgment.L'Année psychologique, 2000, 100, 141-182
Laboratoire de Psychologie sociale
Université Paris X - Nanterre1
L'EFFET DE FAUX CONSENSUS :
UNE REVUE EMPIRIQUE ET THÉORIQUE
par Jean-François VERLHIAC2
SUMMARY : The false Consensus Effect : An empirical and theoretical
review.
Individuals conceive their attitudes with regard to objects or persons as
relatively common and ordinary. This well-known phenomenon is stable,
general and produces for judgements a False Consensus effect. This paper is a
review of the False Consensus literature and reports the underlying mechanisms
of this phenomenom. Four general theoretical perspectives are examined :
(a) logical information processing (attributive hypothesis), (b) selective
exposure and cognitive availability (cognitive hypotheses), (c) salience and
focus of attention (selective information treatment hypotheses), and (d)
motivational processes. Within the context of this work we report the social
properties of consensus judgment and stress that these judgments depend on the
social conditions in which they takes place (social regulation hypothesis of
judgment) . More precisely, the aim of this review is to show that the social
consensus perception and its underlying mechanisms, depend on individuals
personal histories that are connected to social context in which they are involved.
Key words : false consensus effect, social judgment, social regulation of
judgment.
1. Département de psychologie, 200, avenue de la République, 92001 Nant
erre Cedex. E-mail : jean-françois. verlhiac@u-parislO.fr.
2. Cet article a été réalisé pendant la période d'affiliation de l'auteur, au
laboratoire de Psychologie sociale de Grenoble-Chambéry. Jean- François Verlhiac 142
Ross (Ross Greene et House, 1977) montre dans une série d'expériences
que les gens croient la plupart du temps que leurs opinions, leurs caractéris
tiques ou leurs comportements sont très partagés par leurs pairs. C'est ce
qu'il nomme l'effet de Faux Consensus. Par exemple, dans sa première
expérience, Ross (Ross et al., 1977) proposait aux sujets de lire un scénario
dans lequel le personnage central, auquel ils devaient s'identifier, faisait un
choix. Dans ce scénario, par exemple, un professeur demandait à ses étu
diants de décider par un vote s'ils préféraient réaliser un travail individuel
ou collectif. Après la lecture du scénario, les sujets de l'expérience est
imaient le pourcentage d'étudiants qui choisiraient le travail individuel puis
ceux qui préféreraient travailler en groupe. Ensuite, les sujets de
l'expérience précisaient s'ils préféraient personnellement travailler en
groupe ou individuellement. La mesure du Faux Consensus était alors
obtenue en comparant les estimations de consensus des deux groupes de
sujets de l'expérience qui avaient choisi de travailler soit individuellement,
soit collectivement. La différence entre les estimations de consensus de ces
deux groupes de sujets permettait de connaître l'importance du Faux Con
sensus (FC). Ainsi, Ross (Ross et al., 1977) constate que les sujets ayant
opté pour le travail individuel pensaient qu'en moyenne 67,4 % de leurs
pairs feraient le même choix qu'eux, tandis que les sujets ayant adopté le
travail collectif estimaient que 45,9 % d'étudiants choisiraient le travail
individuel. En conséquence, ceux qui ont choisi le travail individuel pen
saient, par rapport aux sujets ayant opté pour la tâche collective, qu'il y
avait une plus grande proportion de personnes qui ferait leur choix
(i.e. FC = 67,4 % -45,9 % = 21,5 %)1.
Ross et al. (1977) supposaient qu'un processus cognitif général et uni
versel était responsable de la présence du Faux Consensus (Nisbett et Ross,
1980 ; Ross, 1977). Pourtant, la tâche s'avérait complexe, car ces auteurs
dénombraient pas moins de quatre groupes d'hypothèses explicatives de ce
phénomène. Dans leur revue de synthèse, Marks et Miller (1987) repren
nent ces quatre explications dominantes du Faux Consensus et montrent
ainsi la diversité des fondements sur lesquels il repose. Nous reprendrons
point par point chacune de ces perspectives qui réfèrent : 1 / au traitement
logique de l'information, 2 / à l'exposition sélective et à l'heuristique de
disponibilité, 3 / à la focalisation de l'attention, 4 / à la motivation. Toutes
ces hypothèses laissent supposer que le Faux Consensus est robuste, auto
matique et que les sujets fondent leurs jugements de consensus à partir de
leur propre choix ou attitude. Ces quatre groupes d'hypothèses sont formul
és sur la base des modèles théoriques dominants de la psychologie sociale
1. C'est la mesure principale des paradigmes classiques du Faux Consensus.
D'autres procédés existent pour rendre compte du FC. Par exemple, le calcul des
corrélations entre les préférences personnelles des sujets, leurs jugements de
consensus et les goûts ou opinions d'autres personnes qu'eux. Il y a FC quand les obtenues sont positives. L'effet de Faux Consensus 143
(i.e., théories de l'attribution sociale, théories cognitives, théories des rela
tions inter-groupes et théories motivationnelles). Comme le soulignent très
justement Marks et Miller (1987), il ne convient pas d'opposer entre elles
ces quatre perspectives théoriques générales qui ont toutes accumulé des
résultats conformes aux hypothèses qu'elles avançaient pour expliquer le
Faux Consensus. En revanche, comme le préconisaient déjà Marks et Miller
(1987), il est nécessaire, d'u

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