L élasticité de substitution entre facteurs - article ; n°4 ; vol.15, pg 533-566
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L'élasticité de substitution entre facteurs - article ; n°4 ; vol.15, pg 533-566

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Description

Revue économique - Année 1964 - Volume 15 - Numéro 4 - Pages 533-566
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 310
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur André Babeau
L'élasticité de substitution entre facteurs
In: Revue économique. Volume 15, n°4, 1964. pp. 533-566.
Citer ce document / Cite this document :
Babeau André. L'élasticité de substitution entre facteurs. In: Revue économique. Volume 15, n°4, 1964. pp. 533-566.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1964_num_15_4_407616L'ELASTICITE DE SUBSTITUTION
ENTRE FACTEURS (0
Dans son History of economic analysis, Joseph Schumpeter regrette
son « incapacité à rendre compte des conclusions contenues dans l'i
mportante littérature à laquelle a donné naissance le concept d'élasticité
de substitution»2. Outre qu'il y aurait quelque présomption à pré
tendre réussir là où Schumpeter a échoué, l'établissement d'un tel
compte rendu serait aujourd'hui d'un inégal intérêt : autant dans les
domaines de la théorie du choix du consommateur et de celle du
commerce international, l'élasticité de substitution a été l'objet d'heu
reuses formulations et a conduit à des applications intéressantes —
au moins en ce qui concerne cette deuxième théorie 3 ,• autant dans
l'analyse des lois techniques et économiques de la production, l'ut
ilisation du concept d'élasticité de substitution ne pourrait guère
donner lieu qu'à un bilan assez maigre et surtout fort confus.
Ce n'est pourtant pas en vain que plus de trente années ont passé
depuis l'apparition dans la littérature économique 4 du concept d'élas
ticité de substitution entre facteurs de production. L'œuvre d'art,
dit-on, dialogue longtemps avec la postérité avant de se transformer
en elle-même ; ainsi en est-il d'un nouvel instrument d'analyse éc
onomique dont l'utilisation finale a souvent fort peu de choses à voir
avec la carrière à laquelle le destinaient ses inventeurs. L'élasticité
de substitution entre facteurs ne fait pas exception à cette règle, mais
peut-être le moment est-il précisément venu d'essayer de dégager ce
1. Cet article a bénéficié d'échanges de vues fructueux avec MM. les profes
seurs Bauchet, Capet, Lecaillon et Llau.
2. History of economic analysis, Londres, Allen and Unwin, 1955, p. 1149,
note.
3. Derksen et Rombouts, « The influence of the price level on exports » dans
Dutch Business, Cycles Studies, n° 1, La Haye, 1949.
4. C'est J.R. Hicks qui fit, le premier, usage de cette notion, dans une analyse
de la répartition : The theory of wages, New York, Smith, 1948 (première édition
chez MacMillan, Londres, 1932).
Revue Economique — W° 4, 1964 34 534 REVUE ECONOMIQUE
que la postérité a finalement retenu d'apports divers, toujours pro
metteurs mais trop souvent disparates et imprécis.
La naissance du concept fut malaisée et les revues économiques
anglo-saxonnes des années trente portent encore les traces de tâton
nements valeureux, mais parfois divergents. L'approche « littéraire »
de la notion eut pour elle la clarté 5, mais, pour avoir trop fait appel
à l'intuition, manqua souvent de rigueur. mathématique
était sans doute plus satisfaisante 6, mais prêtait le flanc aux repro
ches de lourdeur et de manque de réalisme.
En plus de certaines imprécisions touchant la formulation même du
concept, c'est sans doute d'ailleurs ce manque de réalisme qui a fait
peser sur son utilisation ultérieure la plus lourde hypothèque. De
l'aveu même des auteurs, la plupart des définitions données n'étaient
valables que si l'on supposait réunies les conditions de la concurrence
parfaite. Joan Robinson, par exemple, utilise indifféremment deux
définitions de l'élasticité de substitution : celle-ci, selon l'auteur, peut
en effet être définie, ou bien comme « le changement relatif du rap
port d'utilisation des facteurs divisé par le relatif du
rapport de leurs prix.»7, -ou bien comme «le changement du des facteurs divisé par le relatif du
rapport de leurs productivités » 8, A l'évidence, ces deux définitions
ne sont équivalentes que si l'on admet, suivant les hypothèses néo
classiques, que les facteurs de productions sont rémunérés selon la
valeur de leurs productivités marginales physiques.
Que devenait le concept quand ces hypothèses n'étaient plus ad
mises ? Il se transformait en Janus au double visage énigmatique.
Est-il possible aujourd'hui de demander aux deux aspects de la notion
de livrer le secret de leur énigme ?
Actuellement encore les traces de la double définition de Joan
Robinson sont faciles à déceler dans la littérature économique ; pour
les uns, l'élasticité de substitution entre facteurs est « l'expression de
la facilité plus ou moins grande de la substitution en fonction du
rapport des prix » 9 ; pour les autres, elle est la mesure de la vitesse
5. Hicks, op. cit., et Joan Robinson, The economics of imperfect competition,
Londres, MacMillan, 1961 (première édition en 1933).
6. D.G. Champerowne, « A mathematical note on substitution », dans The Re
view of economic studies, 1934-1935, volume II.
R.G.D. Allen, Analyse mathématique et théorie économique, Paris, P.U.F..
1950.
7. Joan Robinson, op. cit., p. 256.
8. Idem, p. 330.
9. Jean Marchal, Le mécanisme des prix, p. 242. DE SUBSTITUTION ENTRE FACTEURS 535 ELASTICITE
à laquelle augmente le taux marginal de substitution quand on mod
ifie le rapport d'utilisation des facteurs 10. L'étonnant n'est pas qu'il
continue d'exister deux définitions de la notion, mais bien que ces
deux définitions soient tenues pour équivalentes. En réalité, il n'en
est rien, l'une et l'autre sont d'un grand intérêt, mais elles ne rendent
pas compte d'un même phénomène.
C'est la seconde de ces deux définitions qui a fait l'objet des com
mentaires et études les plus nombreux; le contenu économique de
la notion ainsi définie est faible ; il s'agit même, en un certain sens,
dune notion purement technique que les ingénieurs auraient peut-
être été mieux à même d'approfondir que les économistes, bien qu'elle
se prêtât commodément à une élaboration rigoureuse à l'aide des
outils mathématiques traditionnels de l'analyse économique. Quoi
qu'il en soit, cette élasticité technique de substitution est une élas
ticité potentielle : elle renseigne simplement l'entrepreneur sur la
rapidité avec laquelle diminue la productivité marginale physique
d'un facteur au cours d'une éventuelle substitution de ce facteur à
un autre; mais même si les variations du rapport des prix l'y pouss
ent, il n'est pas certain que cette substitution ait lieu car des obsta
cles non techniques peuvent surgir et s'opposer en fait à cette subs
titution.
La première des deux définitions données ci-dessus cerne une
notion plus riche de contenu économique, mais qui a été moins
étudiée et se laisse moins aisément approcher ; c'est pourtant à ce
dernier sens de l'élasticité de substitution que l'on se réfère, au moins
implicitement, quand on utilise le concept. Dépendant pour une part;
de la valeur de technique de substitution, Y élasticité-prix
de substitution est liée à de nombreux autres facteurs d'ordre éco
nomique, social, voire institutionnel ; c'est une élasticité réelle rendant
compte de la substitution effectivement réalisée. A la différence dé
l'élasticité technique qui caractérise un processus de production don
né, dans quelque lieu que celui-ci soit mis en œuvre, l'élasticité-prix
varie donc d'un pays à un autre, voire d'une région à une autre.
Quelles que soient les difficultés introduites au niveau de la mesure
statistique par la distinction ci-dessus établie, il semble bien que
l'utilisation fructueuse du concept d'élasticité de substitution entre
facteurs de production, n'est désormais possible que si l'on admet
explicitement l'existence de ses deux « visages ».
10. R.G.D. Allen, Analyse Mathématique et théorie économique (1942), Paris,
P.U.F:, 1950, p. 371. 536 REVUE ECONOMIQUE
L'élasticité technique de substitution,
mesure de la substitution potent

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