L endogamie des Peul du Fouta-Djallon - article ; n°3 ; vol.19, pg 529-558
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L'endogamie des Peul du Fouta-Djallon - article ; n°3 ; vol.19, pg 529-558

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Description

Population - Année 1964 - Volume 19 - Numéro 3 - Pages 529-558
L 'endogarnie élevée de certaines populations d'Afrique Noire présente un vaste champ d'études, encore peu exploré. En effet l'imprécision des recensements, l'absence d'états civils nécessitent l'emploi de méthodes particulières d'approche. La fréquence des mariages consanguins, mesure devenue classique de l'endogamie, nous renseigne peu sur ses caractères particuliers et son fonctionnement à l'intérieur d'une société donnée. Dans ce domaine, l'apport de la méthode ethnologique semble fructueux. Le traitement comparé des données recueillies dans une même population guinéenne (Peul du Fouta-Djallon) par le Docteur P. Cantrelle, démographe, et M. Dupire, ethnologue, s'efforce d'éclairer certains comportements matrimoniaux au sein de leur texture culturelle.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 67
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Pierre Cantrelle
Marguerite Dupire
L'endogamie des Peul du Fouta-Djallon
In: Population, 19e année, n°3, 1964 pp. 529-558.
Résumé
L 'endogarnie élevée de certaines populations d'Afrique Noire présente un vaste champ d'études, encore peu exploré. En effet
l'imprécision des recensements, l'absence d'états civils nécessitent l'emploi de méthodes particulières d'approche. La fréquence
des mariages consanguins, mesure devenue classique de l'endogamie, nous renseigne peu sur ses caractères particuliers et
son fonctionnement à l'intérieur d'une société donnée. Dans ce domaine, l'apport de la méthode ethnologique semble fructueux.
Le traitement comparé des données recueillies dans une même population guinéenne (Peul du Fouta-Djallon) par le Docteur P.
Cantrelle, démographe, et M. Dupire, ethnologue, s'efforce d'éclairer certains comportements matrimoniaux au sein de leur
texture culturelle.
Citer ce document / Cite this document :
Cantrelle Pierre, Dupire Marguerite. L'endogamie des Peul du Fouta-Djallon. In: Population, 19e année, n°3, 1964 pp. 529-558.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1964_num_19_3_8381[«32*0
L'ENDOGAMIE
DES PEUL DU FOUTA-DJALLON
L 'endo garnie élevée de certaines populations d'Afrique Noire
présente un vaste champ d'études, encore peu exploré. En effet
l'imprécision des recensements, l'absence d'états civils nécessitent
l'emploi de méthodes particulières d'approche.
La fréquence des mariages consanguins, mesure devenue clas
sique de l'endogamie, nous renseigne peu sur ses caractères parti
culiers et son fonctionnement à l'intérieur d'une société donnée.
Dans ce domaine, l'apport de la méthode ethnologique semble
fructueux.
Le traitement comparé des données recueillies dans une
même population guinéenne (Peul du Fouta-Djallon) par le
Docteur P. Cantrelle, démographe, et M. Dupire, ethnologue,
s'efforce d'éclairer certains comportements matrimoniaux au sein
de leur texture culturelle.
I. FORMATION DES ISOLATS <•>
Circonstances de l'étude. Le Fouta-Djallon, dont Richard-Molard fit une
description complète (2), est une région montagneuse
d'environ 50.000 kilomètres carrés, située dans la partie moyenne de la Répub
lique de Guinée. Le plateau central atteint une hauteur de 1.000 mètres,
notamment dans le Timbi et le Labé, où se déroulèrent les deux enquêtes.
Il s'abaisse au Sud vers la région côtière, à l'Ouest ses « marches » atteignent
la Guinée portugaise, au Nord le Sénégal, tandis que la région soudanienne
du Haut-Niger le sépare à l'Est de la Guinée forestière.
En 1955, sur les 2.650.000 habitants que comptait l'ensemble de la Guinée (3)
la population de la zone du Fouta-Djallon était estimée à un million d'habitants,
dont plus de la moitié composée de Peul, appelés ici Foula.
Deux séries de données sont à l'origine de cette étude (carte 1). La première
concerne un village de 260 habitants, divisé en quatre hameaux et situé à
M L'usage abusif de ce terme a depuis quelques années suscité des controverses. Les auteurs
l'ont employé ici dans un sens génétique qui s'accorde avec la définitition avancée par D.
F. Roberts, au terme d'une discussion sur le sujet amorcée par un exposé du Dr J. Sutter,
à la Conférence de Génétique tenue à Jérusalem : ... « those breeding entities within a culturally
homogeneous population which by their existence promote genetic heterogeneity among one
another and homogeneity within themselves » (1). 530 L'ENDOGAMIE DES PEUL DU FOUTA-DJALLON
Moins de 5
de 5 à
de 10 à 14
de 15 à 24
de 25 à 49
50 et plus
Carte n° 1. — Densité de la Guinée (Source : Mission démographique 1954-55)
3 kilomètres de Pita, dans le canton de Timbi-Tuni. Ce village, choisi en raison
de ses facilités de communication avec un grand centre, avait fait l'objet d'une
monographie socio-économique et biologique annexée à l'enquête démogra
phique sur l'ensemble du Fouta-Djallon (4). L'établissement des généalogies
de tous les habitants du village servit de base à la détermination du degré de
parenté des unions.
La seconde série fut recueillie dans deux villages du canton de Labé. Par
son caractère typiquement foula — attesté par les meilleurs informateurs —
et son importance (3.419 habitants), le village de Dionfo, à 30 kilomètres de
Labé, sur la route de Tougué (canton de Koin), semblait convenir à une enquête
quantitative sur les types de mariages. Cependant, en raison de la dispersion
considérable de l'habitat, seuls furent étudiés, outre le centre (misidê), certains
de ses hameaux d'hommes libres, d'artisans (foulaso) et de serfs (roundé).
Dionfo ne comprenait que des lignages appartenant au clan Diallo et pro
venait d'un éclatement récent de la misidé de Tarambali. Là, lignages de clans
Diallo, Ba et Bari s'y trouvaient suffisamment représentés pour que des ma- L'ENDOGAMIE DES PEUL DU FOUTA-DJALLON 531
liages entre-clans pussent aléatoirement s'y produire. C'est pourquoi l'enquête
fut étendue à la misidé de Tarambali, située à 10 kilomètres de Dionfo, dont
l'histoire éclaire aussi les relations des habitants de ces deux villages.
Ces monographies sur deux localités, choisies pour des raisons diverses,
n'ont été basées, ni l'une ni l'autre, sur un sondage statistique. Sans prétendre
représenter stricto sensu l'endogamie des Foula du Fouta-Djallon elles per
mettent du moins d'en établir un ordre de grandeur, comparable à d'autres
données de même nature.
Recueil des données II est relativement aisé d'établir des généalogies à
généalogiques. partir d'états civils; en leur absence, il faut recourir
à d'autres méthodes. Dans une société où les droits
se transmettent en ligne masculine, tandis que la résidence est patrilocale^),
les hommes nés dans un même village appartiennent à un ou plusieurs patri-
lignages et les liens de voisinage recouvrent ceux de la parenté agnatique
(carte 2) : une étude sur place permet donc de recueillir des données sur les
liens généalogiques de tous les villageois.
D'autres raisons facilitent au Fouta-Djallon l'établissement de généalogies.
Les Foula se montrent fiers de leur ascendance et se moquent de l'ignorance
ANCIEN Vi. w
KADIÊ i\imetière Bayéro ^ j-Jsi limite des terres du village.
Limite d'enclos habité. ancien.
SEGMENTS:
■ HOGOMANGO
□ SOULE DANTARI Sv ■ BAYÉRO
rr\ ?--,...... Л S MAHAMMA BALA Ci -hs\ \ ■ DAOUDA
DANTARI
HADJILERA GADA HAMA
Carte n° 2. — Mode de résidence (Misidé Dantari)
Installation du ménage dans la localité des parents du mari. 532 L'ENDOGAMIE DES PEUL DU FOUTA-DJALLON
en cette matière des anciens serfs déracinés. Les relations agnatiques avaient
aussi une portée politique. C'est pourquoi ils conservent le souvenir de leurs
ancêtres, dont les noms se transmettent souvent aux générations suivantes.
La caste des griots a pour fonction essentielle de chanter les louanges et de réciter
les généalogies des chefs, même les plus insignifiants, au cours des réunions publiques.
Cette connaissance, bien qu'orale, appartient donc au domaine public et les Foula
appartenant à des lignages, même sans renommée, sont ordinairement capables de
remonter jusqu'à la quatrième génération, voire jusqu'à la septième et au-delà.
A Dantari, à partir des fiches démographiques rédigées pour chaque con
cession, unité familiale résidentielle, furent établies des généalogies rudimen-
taires, susceptibles d'être reliées les unes aux autres, puisque les hommes du
village appartiennent à trois branches différenciées du même lignage maximal
(Ndouyébé), dont ils ignorent cependant le niveau de segmentation. Une
généalogie complète sur sept générations fut ensuite dressée avec l'aide de
tous les villageois.
Les questions portaient sur les acendants de chacun des hommes adultes
et sur leur

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