L étude scientifique et expérimentale du travail professionnel - article ; n°1 ; vol.13, pg 245-259
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Description

L'année psychologique - Année 1906 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 245-259
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A. Imbert
L'étude scientifique et expérimentale du travail professionnel
In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 245-259.
Citer ce document / Cite this document :
Imbert A. L'étude scientifique et expérimentale du travail professionnel. In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 245-259.
doi : 10.3406/psy.1906.1299
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1906_num_13_1_1299imwiw
XV
L'ÉTUDE SCIENTIFIQUE EXPÉRIMENTALE
DU TRAVAIL PROFESSIONNEL
On ne peut que trouver très rationnelle et très heureuse la
double tendance qui s'accuse chaque jour davantage, de la
part des sociologues, de s'inspirer des données fournies par
l'étude de l'homme pour édifier leurs conceptions et recher
cher les lois qui régissent les sociétés, de la part des médecins,
de signaler délibérément les fléaux sociaux dont leurs connais
sances spéciales leur ont permis de découvrir les causes et de
constater les tristes effets. D'une part ainsi, la sociologie
devient une véritable science biologique, tandis que, d'autre
part, on rapproche et l'on groupe un certain nombre de ques
tions dont l'ensemble commence à être désigné sous les
termes de médecine sociale.
Aux cris d'alarme poussés par ceux qui ont les premiers
conçu l'étendue du danger, bien des efforts se sont groupés,
bien des initiatives se sont réunies qui ont abouti à ces mult
iples Sociétés anti-tuberculeuses, anti-alcooliques, des habi
tations à bon marché, de la goutte de lait, etc., dont l'Alliance
d'hygiène sociale est comme la synthèse. Ce sont là autant
d'œuvres généreuses, scientifiques ou plus exactement médic
ales par le fond, sociales par le but, qui témoignent moins
peut-être d'un simple sentiment de philanthropie que d'une
préoccupation quelque peu inquiète, mais juste, d'un rigou
reux devoir social à remplir.
Quelque utiles que soient ces tentatives, quelque urgent
qu'en soit le succès pour ceux dans l'intérêt desquels elles sont
poursuivies, il ne faut pas dissimuler, mais plutôt proclamer
hautement l'indifférence presque hostile avec laquelle elles ont
été d'abord accueillies dans les milieux ouvriers syndicalistes.
La cause n'en est pas d'ailleurs dans une simple ignorance des
règles de l'hygiène de la part des prolétaires militants, de
ceux qui dirigent le parti et lui dictent ses aspirations et ses 246 MÉMOIRES ORIGINAUX
revendications. Ces chefs n'en sont plus à apprendre les
funestes effets de l'alcool ou des logements étroits, sans lumière
et sans air; mais ils affirment avec force, au nom de la compé
tence qu'ils se reconnaissent de par leur pratique du travail
professionnel ouvrier, que l'insalubrité des logements et l'abus
des boissons alcooliques ne sont que des causes secondaires et
médiates de la tuberculose ouvrière. Celle-ci, pour eux, est la
cause directe du surmenage professionnel et d'une mauvaise
alimentation due à l'insuffisance du salaire. Partir en guerre
contre l'alcoolisme ou la tuberculose, estiment-ils, ce n'est
guère qu'un acte de dilettantisme sociologique; la véritable
lutte féconde doit avant tout, à leur avis, viser la réduction
de la journée de travail et le relèvement du salaire quotidien.
Aussi le prolétariat dans son ensemble inscrit-il en tête de
ses revendications cette augmentation du salaire et cette dimi
nution du travail, et reste-t-il indifférent, pour ne pas dire plus,
en face de toutes ces œuvres d'hygiène sociale, dont l'impor
tance ne lui apparaît que comme secondaire. C'est sa vie en
dehors du travail professionnel que ces œuvres considèrent,
tandis que c'est de la partie de son existence qui s'écoule à
l'usine, à l'atelier, ou sur le chantier qu'il se préoccupe avant
tout.
Il serait irrationnel de rejeter ou d'accueillir ces revendi
cations sans examen; il est non seulement de la plus élément
aire prudence, mais de la plus saine appréciation de notre
état social actuel, de contrôler les affirmations que bien des
faits déjà connus permettent de présumer en partie exactes.
Sans doute quelques satisfactions légales ont déjà été accor
dées, et les lois sur le travail des femmes et des enfants, sur la
réduction de la journée de travail, sur le repos hebdomadaire
sont comme autant d'actes par lesquels les pouvoirs publics
ont reconnu la légitimité des revendications ouvrières. Mais il
y a plus peut-être et certainement mieux à faire : il y a à
instituer et à poursuivre une étude systématique et expéri
mentale du travail professionnel. Ce sera le moyen de faire la
part d'exagérations possibles, comme de fournir, le cas échéant,
des arguments précis et irréfutables en faveur de revendications
peut-être légitimes. Ce rôle d'arbitre loyal et désintéressé que
la science expérimentale est dès maintenant en état déjouer,
à l'occasion des conflits journaliers qui agitent la société
actuelle, peut et doit être fécond en résultats. Une expérience
qui date déjà de plusieurs années m'a donné cette convie- imBert. — l'étude scientifique du travail 247 a.
tion que, tant par l'action heureuse exercée ainsi sur l'esprit
ouvrier, que par l'utilisation pratique immédiate des faits qui
auront été établis, toute étude de travail professionnel est
digne des efforts et du temps qu'elle peut nécessiter.
L'étude expérimentale et précise d'un travail
est d'ailleurs un projet dont la réalisation n'ira pas, en général,
sans offrir quelque difficulté.
Le travail professionnel présente, en effet, une infinie
variété, depuis celui du manœuvre, qui est presque exclus
ivement musculaire, jusqu'à celui de l'employé de bureau, qui
est presque exclusivement cérébral.
A ne tenir compte même que du travail musculaire profes
sionnel, si l'on cherche l'évaluation de ce travail, non pas au
point de vue industriel, qui est secondaire en l'espèce, mais
quant à son influence sur l'organisme qui le fournit, seule
considération qui intéresse l'ouvrier, la question devenue ainsi
du domaine absolu de la Physiologie, reste en général difficile
à résoudre.
Il est tout d'abord illusoire de songera évaluer enkilogram-
mètres un travail musculaire, car cette évaluation est presque
toujours absolument insuffisante, si l'on veut en tirer quelque
indication relativement à l'organisme, ce qui est cependant le
principal intérêt présenté par l'étude du travail professionnel.
Il importe d'ailleurs de justifier cette assertion, car c'est,
croyons-nous, une opinion encore assez générale de penser
qu'on est arrivé à un degré d'exactitude en quelque sorte
mathématique, lorsqu'on a pu évaluer, en toute rigueur, à
un certain nombre de cette unité de la Mécanique théorique,
le kilogrammètre, un travail effectué par cette machine animée
qu'est le muscle. En réalité on ne possède ainsi que l'une des
données du problème, donnée dont l'importance est souvent
très secondaire; c'est comme un pavillon respecté qui couvre
une marchandise de valeur très variable.
Soit, par exemple, en effet, le travail à l'ergographe, déduit
des tracés habituels obtenus sur cylindre tournant très lente
ment. Le travail mécanique extérieur effectué par le muscle à
chaque soulèvement est bien égal au produit du poids P par la
hauteur h à laquelle ce poids à été soulevé; mais il ne nous
est pas actuellement possible de déterminer quelle fraction
représente cette expression Ph dans la dépense réelle et
totale d'énergie à laquelle l'organisme a dû satisfaire. Si l'on
inscrit, en effet, simultanément sur un cylindre à rotation 248 MÉMOIRES ORIGINAUX
rapide les variations de l'état de tension du fil de l'ergographe
et le soulèvement1, l'examen des tracés montre que la tension
du fil et par suite l'effort musculaire est très variable pendant
le soulèvement. On constate, d'autre part, qu'une période de
soutien, de durée très inégale avec l

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