L exemple d un exemple : histoire statistique et prix italiens - article ; n°2 ; vol.9, pg 213-226
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1954 - Volume 9 - Numéro 2 - Pages 213-226
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

René Baehrel
L'exemple d'un exemple : histoire statistique et prix italiens
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 9e année, N. 2, 1954. pp. 213-226.
Citer ce document / Cite this document :
Baehrel René. L'exemple d'un exemple : histoire statistique et prix italiens. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 9e
année, N. 2, 1954. pp. 213-226.
doi : 10.3406/ahess.1954.2268
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1954_num_9_2_2268ET COMBATS DÉBATS
L'exemple d'un exemple :
HISTOIRE STATISTIQUE ET PRIX ITALIENS
Dans un récent numéro des Annales, Jean Meuvret présentait L'Exemple
des prix milanais1. Généreusement; il conduisait également ses lecteurs à
Sienne. Ceux-ci lui ont su gré d'avoir condensé en deux graphiques, avec la
compétence et le soin qu'on lui connaît, les données qu'apportent deux
ouvrages difficiles à se procurer. Mais les procédés statistiques utilisés ou
simplement évoqués et admirés, ainsi que les résultats obtenus, appellent
certaines observations. Jean Meuvret nous excusera de les présenter. Elles
sont inspirées par le souci d'épargner aux jeunes les mésaventures qui ont
mené nos recherches au point mort ; elles sont dictées par un commun att
achement pour cette histoire statistique qui, depuis les travaux d'Ernest
Labrousse, piétine et s'enlise, incapable d'apporter d'autres révélations à
ceux qui se refusent à croire et les attendent, nombreuses, pour se convertir.
Les procédés statistiques
Nous retrouvons de vieilles règles que l'historien en herbe appliquera
aveuglément. D'abord, au prix nominal il devra substituer, quelle que soit
la longueur des calculs, un prix arrangé en fonction du cours de la monnaie.
Le livre de Maddalena dispose en deux colonnes les « prix effectifs » et les
« prix corrigés » ; Jean Meuvret saute sur ceux-ci. J'ai exposé ailleurs2 ce que
je pense de cette conversion ; soulignons seulement, pour l'instant, que cette
trituration est parfois laborieuse.
Autre précepte : l'année-récolte sera préférée à l'année civile dont le
cadre est « artificiel et souvent trompeur ». Or l'ouvrage de G. Parenti,
c'est là un de ses grands mérites mais on oublie de l'indiquer, apporte enfin
1. Annales (E. S. C), 1953, n° 2, p. 215-219.
2. R. Baehrel, Économie et Histoire à propos des prix, dans Éventail de l'histoire vivante,
I, p. 287-310. 214 ANNA LE S
une preuve à ceux qui, forts seulement de leur intuition, n'osaient pas parler.
Depuis vingt ans et plus que la question avait été soulevée, il s'était trouvé
certainement des gens pour penser qu'elle ne méritait pas de l'être. Mais
comment démontrer la futilité de cette discussion sans calculer deux longues
séries de prix moyens annuels afin de vérifier si, par hasard, les résultats ne
seraient pas les mêmes ? On s'était bien gardé de le faire ; il était tellement
plus simple de discourir. G. Parenti nous offre ces deux listes, pour plus de
deux siècles, de 1546 à 1760. Il construit les deux courbes ; la ressemblance
est frappante. On s'en convaincra en examinant celles que nous avons tracées
à l'aide de ses données (diagramme 2 de la planche II). Mais nous sommes
allé plus loin que lui ; nous avons dessiné une ligne supplémentaire, celle d'un
prix mensuel, celui de novembre ; l'allure générale reste la même. Pourquoi
ne pas dire aux jeunes : si vous cherchez le mouvement cyclique des prix du
grain ou leur trend, contentez-vous de l'un des mois du dernier trimestre de
l'année civile, le premier de Г année-récolte ; vous économiserez votre peine.
Vous tenez au mouvement saisonnier? C'est votre droit. Mais avant d'en
entreprendre l'étude, demandez,- vous ce qu'elle vous rapportera et dites-
nous-le. Là, comme toujours, posez d'abord le but, avant de recommander
les moyens. Si vous ambitionnez de voir plus qu'alterner les étés et les hivers,,
mesurer autre chose que leurs effets, ne vous attardez pas.
Était-il besoin de compliquer davantage? Étudiant le mouvement
cyclique des prix du blé au xvine siècle, Ernest Labrousse avait autrefois
calculé ses moyennes mobiles , sur treize termes comprenant l'année et les
douze antérieures afin d'avoir sur le phénomène « une vue plus concrète »,
celle du « producteur et du consommateur contemporains ». Le souci de
Jean Meuvret est le même ; mais, pour atteindre « une représentation aussi
fidèle que possible des fluctuations telles qu'elles étaient ressenties par les
populations, c'est-à-dire en proportion du niveau ordinaire de la vie aux
années immédiatement précédentes », il enjolive. Sans nous dire si l'individu
était plus sensible aux prix effectifs qu'aux prix corrigés, il place sous nos
yeux la courbe de la « moyenne géométrique tronquée ». Si nous comptons
bien, la position de chaque point a été déterminée à la suite de huit opéra
tions. Ne s'agirait-il que de six, nous crierions : Pitié pour les jeunes, ils vont
vous imiter ! Pour quel profit ? Bien qu'il évoque un « cycle italien », Jean
Meuvret ne croit peut-être pas au cycle, dans le sens habituel du terme ;
pourtant ses « pointes », ses « paroxysmes », sont-ils autre chose que ces
« maxima cycliques » que les économistes dégagent par un procédé autrement
simple, celui des pourcentages d'écarts à la médiane? Appliquons-le tout
bonnement (diagramme 1 de la planche II) ; intentionnellement, plaçons-nous
dans le cas de celui qui, ne disposant pas d'une moyenne calculée à son
intention et se refusant à la chercher, se contenterait d'une donnée, celle
qui lui paraîtrait la meilleure, le prix de novembre pour le froment siennois,
l'appréciation de janvier pour le drap milanais. Pour chaque point, trois
opérations seulement ont été nécessaires. L'image, en gros, n'est-elle pas la
même ? La vôtre est peut-être plus ressemblante, ce qui serait à démontrer,
mais pour les quarante années que couvre la période considérée elle a coûté HISTOIRE STATISTIQUE ET PRIX ITALIENS 215
deux cents opérations supplémentaires. C'est trop cher. Le temps exigé
par ces calculs eût été employé à rassembler d'autres chiffres, à confectionner
d'autres graphiques ; faites le bilan : le gain ne compense pas la perte. Et
même, n'ai-je pas trop dépensé pour obtenir mon cliché? Je voulais recon
naître des creux et des bosses. Que. n'ai-je tout simplement regardé ma courbe
des prix (planche I) ! Tout y est, crêtes et fonds de vallées, et le reste aussi,
nous le constaterons. Les économistes conseillent de s'y reporter, une fois
dessiné le mouvement cyclique, afin de déterminer la position exacte des
maxima et des minima. N'est-il pas plus simple de commencer par là et de
s'en tenir à cela ?
Il faut aller au simple, délibérément, et se contenter du grossier. Ce
langage scandalisera. Peut-être y verra-t-on un signe d'ignorance. Pourtant,
je connais depuis longtemps tout le charme des médianes et des moyennes
mobiles. Celui aussi de la « méthode des moindres carrés ». Qui lui résisterait ?
Vous cherchez l'écart à l'année moyenne (ж), puis l'écart au prix moyen (y)
vous en faites le produit (xy), vous additionnez algébriquement ces pro
duits, vous divisez cette somme par la somme des carrés de x ; puis comme la
méthode présente, malgré sa sûreté, quelques dangers, vous naviguez de
manière à éviter les écueils. Heures enlevées à un travail qui eût été plus
utile, car le même résultat pouvait être obtenu par une lecture directe de la
courbe primaire. Le « coefficient de corrélation tendancielle » et le « coeffi
cient de corrélation différentielle »*? J'en calculai, moi aussi, et je le regrette.
Jean Meuvret, lui, n'a certainement pas repris son cœur. Cette fidélité éclate
quand il parle de la comparaison des prix du seigle et du drap milanais :
« On devrait, pour obtenir une normalisation, traduire chaque prix en écart
à partir de la moyenne de la série, puis calculer le rapport de cet écart à

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