L histoire sociale de Londres au XIXe siècle. Sources et problèmes - article ; n°5 ; vol.15, pg 949-962
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1960 - Volume 15 - Numéro 5 - Pages 949-962
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Bédarida
L'histoire sociale de Londres au XIXe siècle. Sources et
problèmes
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 15e année, N. 5, 1960. pp. 949-962.
Citer ce document / Cite this document :
Bédarida François. L'histoire sociale de Londres au XIXe siècle. Sources et problèmes. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 15e année, N. 5, 1960. pp. 949-962.
doi : 10.3406/ahess.1960.420667
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1960_num_15_5_420667TRAVAUX EN COURS
L'HISTOIRE SOCIALE DE LONDRES
AU XIXe SIÈCLE
Sources et problèmes
Lorsque l'Université de Londres, en 1921, créa une chaire d'Hist
oire de Londres, le nouveau professeur — opposant, dans sa leçon
inaugurale, le Londres « historique », lentement développé autour de la
Cité et de la royauté du xie au xvine siècle, et le Londres « moderne »,
nouvelle ville brusquement, démesurément grossie à partir du xixe siècle,
déclarait non sans raison : « C'est sur ce premier Londres que l'attention
des historiens s'est principalement concentrée... L'histoire récente de
Londres reste à écrire », et il exprimait le vœu qu' « un jour un historien
se lève pour exposer les origines du Londres contemporain » 1. Il n'en fut
rien. Seule la ville du Moyen Age et de l'époque des Stuarts, a continué
d'attirer l'attention. Quelque trente ans plus tard, l'actuel titulaire de la
chaire constatait : « Aujourd'hui encore il n'existe pas une seule histoire...
vers laquelle un lecteur puisse se tourner pour connaître l'histoire de
Londres au cours des années 1800-1900 » 2.
Comment expliquer que, de la plus grande ville du monde au xixe siè
cle, la plus étendue, la plus peuplée, l'histoire reste si mal connue, et plus
particulièrement son histoire sociale ? Assurément le xvine siècle a été
plus heureux : grâce à une synthèse magistrale il s'est, devant nos yeux,
remis à vivre, dans sa vie quotidienne comme dans ses structures 3.
Faut-il accuser la déficience des sources pour le xixe siècle ? Bien au
1. Emma Jeffries Davis, « London and its records », History, oct. 1921 et janv.
1922.
2. T. F. Reddaway, « London in the xixth century », Nineteenth Century, juin 1949.
3. Dorothy George, Life in the XVIIIth Century (1925). L'ouvrage a
été réédité en 1951 par la School of Economics dans la série Reprints of Scarce
Works.
949 ANNALES
contraire. On serait plutôt accablé sous le poids d'une surabondance de
documentation. Et nous touchons ici une première explication de ce
qu'on pourrait appeler l'absence des historiens au rendez-vous des capi
tales : l'énormité de la ville ; elle décourage au premier, même au second
abord.
Et de toutes les capitales, Londres est la plus gigantesque : une superf
icie trois fois supérieure à celle de Paris ; une population qui quintuple
au cours du siècle (900.000 habitants en 1801, près de 2 millions et demi
en 1851, 4 millions et demi en 1901) ; les citoyens, à la fois les plus variés
et les plus anonymes. Pareille immensité implique une multiplicité co
rrespondante des lignes de recherche, un nombre illimité de documents,
qui rend plus long, plus laborieux le dépouillement, et donc plus délicate
et aléatoire la synthèse. D'autant que, dans un organisme vivant comme
l'organisme urbain, l'interaction des divers facteurs est continuelle : la
propriété du sol réagit sur l'architecture et le mode d'habitat ; ceux-ci
réagissent à leur tour sur la distribution de la population par quartier ;
cette répartition de la population réagit sur les communications et l'o
rganisation des transports, et ainsi de suite... Une explication véritable
exige souvent de remonter fort loin dans les séries causales de réactions
en chaîne dont tous les fils s'emmêlent.
La diversité et la dispersion sont aggravées par le chaos administratif
dans lequel Londres a vécu jusqu'à 1888. Encore la création à cette date
d'une autorité administrative centrale, le London County Council, n'a-t-
elle pas mis fin à la multitude des administrations locales, par paroisse
ou district, ni à la division des tâches administratives entre des autorités
étrangères les unes aux autres. D'où la diversité, invraisemblable pour
une grande ville, des archives administratives ; la dispersion, non moins
incroyable, des dépôts г. Bien entendu la conservation de ces archives
a varié suivant les règles et les méthodes particulières de chaque service.
Le sort fait à certains documents est pitoyable : entassés en désordre, ils
moisissent peu à peu sous la poussière. Dans un dépôt, pendant la guerre,
on a été jusqu'à vendre les archives comme vieux papiers... Rien d'éton
nant donc si, à côté de secteurs pléthoriques où, les documents pullulent
(c'est le cas des conditions sanitaires ou du paupérisme), les sources pré
sentent parfois des lacunes considérables, soit que les autorités administ
ratives aient trouvé inutile d'enregistrer certains phénomènes (ainsi les
phénomènes de migrations), soit que les organismes privés aient détruit
leurs propres archives.
Deux obstacles supplémentaires entravent enfin toute étude sérieuse
de Londres :
1° D'abord qu'entendre par Londres ? Quelles limites assigner à
1. Voir la liste des 51 dépôts dressés par la British Records Association : List of
record depositories in Great Britain (1956), p. 7-8. Mais cette liste est loin d'être exhaust
ive.
950 L'HISTOIRE DE LONDRES
l'agglomération ? En plein xixe siècle, la seule limite officielle est encore
celle du Moyen Age, celle de la Cité ; « the square mile of the City ». Le
reste n'est qu'excroissances sans statut : anciens villages et hameaux
englobés et noyés par la ville, dans les quartiers populaires de l'Est, les
secteurs résidentiels du West End, et l'immense banlieue Sud bâtie à part
ir de la tête de pont de Southwark. En 1829, une première limite a fait
son apparition : le District de la Police londonienne (Metropolitan Police
Area) qui est devenue la limite du Grand Londres (Greater London)
mais qui englobe, outre la zone urbaine, une ceinture rurale beaucoup
plus développée (ce District couvre 629 milles carrés, c'est-à-dire 1.629 km8
dont la ville d'alors ne représente même pas 10 %). En 1855, est fixé le
territoire du Metropolitan Board of Works, qui correspond aux limites de
l'Etat Civil. Repris en 1888 pour constituer le comté de Londres, il devient
la délimitation officielle de la ville. Jusqu'à cette date, donc, la Cité mise
à part, les divers quartiers de la ville constituent des districts autonomes
(les paroisses) répartis entre les trois comtés environnants, le Middlesex,
le Surrey et le Kent. En fait, ces frontières administratives sont souvent
dépassées par la croissance urbaine, sitôt qu'elles sont définies. De plus
la diversité des autorités multipliant les délimitations, les interférences
sont sans nombre : les limites ne sont pas les mêmes pour le service de
l'état civil et des recensements et pour l'administration locale, pour la
santé et pour la police, pour les élections et pour l'organisation scolaire,
sans même parler de la situation à part de la Cité, ni, au delà des fron
tières du comté de Londres, des banlieues qui grandissent, partagées
entre cinq comtés (Middlesex, Essex et Hertfordshire au Nord de la
Tamise, Kent et Surrey au Sud) et qui constituent encore d'autres
unités ;
2° D'autre part, la fonction de Londres est au moins triple. Bien sûr,
c'est le plus grand centre urbain de la Grande-Bretagne et de l'Europe ;
la ville a son activité propre, ses industries, ses boutiques, sa population
innombrable, ses quartiers contrastés, ses croyances, ses mentalités.
Mais c'est aussi le centre mondial de la finance, de la circulation de l'ar
gent, du commerce international : activité circonscrite à la Cité et au
port, mais dont le rayon d'action est finalement le monde entier, si bien
que son histoire relève de l'histoire générale, non de l'histoire locale.
Enfin Londres est la capitale du Royaume-Uni : la Cour, le gouverne

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