L identification comme processus d apprentissage - article ; n°1 ; vol.68, pg 251-267
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L'identification comme processus d'apprentissage - article ; n°1 ; vol.68, pg 251-267

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Description

L'année psychologique - Année 1968 - Volume 68 - Numéro 1 - Pages 251-267
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J.-P. Leyens
L'identification comme processus d'apprentissage
In: L'année psychologique. 1968 vol. 68, n°1. pp. 251-267.
Citer ce document / Cite this document :
Leyens J.-P. L'identification comme processus d'apprentissage. In: L'année psychologique. 1968 vol. 68, n°1. pp. 251-267.
doi : 10.3406/psy.1968.27607
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1968_num_68_1_27607L'IDENTIFICATION
COMME PROCESSUS D'APPRENTISSAGE
par Jacques-Philippe Leyens
Université de Louvain1
Nous nous proposons d'étudier les principales conditions qui favo
risent l'identification d'un sujet à un modèle. Certains auteurs parleront
également d'imitation du modèle par le sujet ou encore d'apprentissage
vicariant sans qu'une distinction claire ne soit établie entre ces trois
dénominations : Bandura, par exemple, les utilise toutes trois au cours
de ses recherches.
Nous prendrons donc en considération les résultats d'études parues
sous l'un ou l'autre intitulé, nous ralliant à Fenichel pour qui « toute
imitation, consciente ou non, présuppose une espèce d'identification »
(Fenichel, 1945, p. 222).
A) L'affect dans la relation modèle-sujet
Suivant les auteurs, il existe différentes sortes d'identification que
l'on peut ramener à trois grands types.
Tout d'abord, l'identification anaclitique dont Freud nous a donné
la première interprétation. Cette identification serait consécutive à la
perte de l'objet d'amour, que l'on conserverait, de façon magique, en
se modelant sur lui. Les auteurs postérieurs ont repris ce cas en l'éla
rgissant sous le nom d' « identification de développement ». Il s'agit
maintenant de toute qui se produit avec un objet aimé
et aimant dont on désire s'attribuer certains traits particulièrement
admirés ou aimés.
Ce type d'identification fait opposition à l'identification à l'agresseur.
L'enfant, dans sa rencontre avec les parents, par exemple, ressent des
frustrations de la part de la puissance parentale. Il essaie de dépasser
cet état d'insatisfaction en faisant siennes ces caractéristiques qui le
tiennent pour inférieur. On parlera d' « identification défensive ».
Ces deux grands processus font appel à une motivation légèrement
différente au point de départ : amour ou envie, mais qui se traduit,
finalement, par un même mécanisme, à savoir l'introjection.
1. Laboratoire de Psychologie industrielle et de Psychopathologie pro
fessionnelle, sous la direction du Pr Mertens de Wilmars. REVUES CRITIQUES 252
La littérature, américaine surtout, ajoute un troisième grand type
qui ne relève pas de mécanismes ou de motivations différents, mais qui
insiste sur les contacts affectifs et punitifs qui concourent à favoriser
l'identification au rôle d'un sexe ou d'une personne. La théorie du rôle
englobe donc les deux premières sortes d'identification en basant la
relation modèle-sujet sur un amour conditionnel de la part du modèle.
Plusieurs études témoignent de l'existence d'une identification
anaclitique.
Payne et Müssen (1956), par exemple, ont montré que l'identif
ication du fils à son père dépendait du caractère récompensant de ce
dernier en même temps que de celui de toute la famille.
La même variable est mise en exergue par Müssen et Parker (1965),
dans une expérience très ingénieuse. De petites filles (5 ans en moyenne),
dichotomisées suivant le caractère affectueux et récompensant de leurs
mères, avaient à accomplir le Porteus Maze Test après avoir observé
leurs mères réalisant la même tâche. Les résultats ne montrent aucune
différence en ce qui concerne l'imitation de la tâche proprement dite ;
par contre, les enfants de mère très affectueuse et récompensante
manifestent significativement plus de comportements d'apprentissage
accidentel [p < .05), imitant spontanément certains gestes et expressions
de leur mère, complètement étrangers à la résolution du problème
en tant que tel.
Si les parents décrits comme affectueux sont les meilleurs objets
d'identification, il en est de même pour tout modèle. Pour qu'il y ait
introjection d'un comportement déterminé, il importe que la personne
présentée comme modèle soit attentive (Rosenblith, 1959) et affec
tueuse (Bandura et Huston, 1961 ; Grosser, Polansky et Lippitt, 1951).
En même temps qu'elles vérifient l'identification anaclitique, cer
taines expériences manifestent la présence de variables à l'appui d'une
théorie du rôle. C'est ainsi que dans une expérience de Longstreth et
Rice (1964), l'affection des parents n'est pas seule à favoriser l'identi
fication ; le contrôle familial sur les enfants intervient également.
De même que le contrôle, la dominance influence l'identification.
Celle-ci sera la plus marquée pour le parent le plus dominant. Mieux
encore, la dominance maternelle tend à inhiber la similitude père-fils
(Hetherington, 1965).
Dans deux expériences successives, Müssen et Distler (1959, 1960)
ont tenté de comparer l'identification de développement à celle de
l'agresseur et à la théorie du rôle. Si, dans la première de ces recherches,
les trois théories sont vérifiées, l'identification à l'agresseur n'a pu être
confirmée dans la seconde. Ce qui amène les auteurs à penser que la
théorie du rôle est la plus consistante. Ce qui importe c'est la prégnance
des modèles qui doivent à la fois se montrer affectifs et contrôlants :
l'identification parentale sera favorisée dans une famille qui s'occupe
de ses enfants.
Les expériences de Müssen laissent subsister un doute quant à JACQUES-PHILIPPE LEYENS 253
l'identification à l'agresseur. A-t-elle réellement lieu ? Est-elle aussi
fréquente que l'identification anaclitique ?
Beaucoup d'expériences montrent des imitations de comportements
agressifs (notamment l'école de Bandura) mais ce ne sont pas celles-ci
qui nous apparaissent les plus intéressantes. En effet, l'identification à
l'agresseur ne se réfère pas exclusivement à l'identification d'un contenu
agressif. Personnellement, nous songerions plutôt à l'introjection de
n'importe quel comportement d'un modèle qui entretient avec le sujet
une relation d'agressivité. Que cette agressivité soit perçue par le
comme dirigée contre lui ou, au contraire, qu'elle soit manifestée par
le sujet contre le modèle pour un motif quelconque, peu importe !
On le constate, cette conception est loin d'être conforme aux théor
ies classiques pour lesquelles l'agression est une caractéristique néces
saire du modèle (Sarnoff, 1951).
Ogilvie (1965) partage notre position quand il écrit : « Lorsque
quelqu'un éprouve le besoin de devenir semblable à une autre per
sonne, un comportement agressif (aidé par les fantasmes) peut se
produire comme essai régressif de devenir cette personne. Finalement,
la cible d'agression est ambivalente en ce sens que l'attaquant admire
la position de la cible mais la hait parce qu'elle détient cette position. »
Très souvent, les conditions qui favorisent l'identification à l'agres
seur ont trait à la compétence, au prestige du modèle qui frustre le
sujet. C'est pourquoi nous réenvisagerons à l'agresseur
lors du troisième paragraphe, consacré au prestige du modèle. Par
ailleurs, le lecteur intéressé au problème de l'imitation de comporte
ments agressifs trouvera chez Bandura (1965 b) une analyse relativement
exhaustive de pareilles recherches.
Relevons seulement le fait que certains sujets élisent un type d'iden
tification privilégié, notamment l'identification à l'agresseur (Epstein,
1966). Baxter, Lerner et Miller (1965) ont étudié une variable de ce
choix, à savoir le genre d'éducation reçue des parents (mesuré par le
Traditional Family Ideology de Levinson et Huffman).
Les sujets, des étudiants de première année, étaient répartis en
trois conditions expérimentales : 1) En cas de mauvaises réponses à
une tâche d'apprentissage, ils recevraient des chocs électrique

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