L image de la femme à travers les caractères chinois - article ; n°1 ; vol.53, pg 5-26
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Description

Langage et société - Année 1990 - Volume 53 - Numéro 1 - Pages 5-26
Niederer, Barbara - « The image of woman through Chinese characters ».
The graphical analysis of the Chinese characters has served as a means to transmit dominant ideologies in traditional China for almost two thousand years. The example chosen in this article can illustrate the implied social aspects particularly well: the character designating woman, as well as the characters which include the woman- character as a semantic key. The present article is written in order to be accessible for readers with little or no knowledge of written Chinese.
Durant presque deux mille ans, l'analyse graphique des caractères chinois a servi la transmission des idéologies dominantes de la Chine traditionnelle. Le présent article se propose d'examiner celles-ci sur un exemple pour lequel les implications sont particulièrement sensibles : le caractère désignant la femme, en particulier lorsqu'il est utilisé en composition dans des caractères dont il constitue le clé sémantique. L'article ne suppose aucune familiarité préalable du lecteur avec l'écriture chinoise.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Barbara Niederer
L'image de la femme à travers les caractères chinois
In: Langage et société, n°53, 1990. Caractères chinois. pp. 5-26.
Abstract
Niederer, Barbara - « The image of woman through Chinese characters ».
The graphical analysis of the Chinese characters has served as a means to transmit dominant ideologies in traditional China for
almost two thousand years. The example chosen in this article can illustrate the implied social aspects particularly well: the
character designating "woman", as well as the characters which include the "woman"- character as a semantic key. The present
article is written in order to be accessible for readers with little or no knowledge of written Chinese.
Résumé
Durant presque deux mille ans, l'analyse graphique des caractères chinois a servi la transmission des idéologies dominantes de
la Chine traditionnelle. Le présent article se propose d'examiner celles-ci sur un exemple pour lequel les implications sont
particulièrement sensibles : le caractère désignant la femme, en particulier lorsqu'il est utilisé en composition dans des
caractères dont il constitue le clé sémantique. L'article ne suppose aucune familiarité préalable du lecteur avec l'écriture chinoise.
Citer ce document / Cite this document :
Niederer Barbara. L'image de la femme à travers les caractères chinois. In: Langage et société, n°53, 1990. Caractères chinois.
pp. 5-26.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1990_num_53_1_2490L'IMAGE DE LA FEMME
À TRAVERS LES CARACTÈRES CHINOIS*
Barbara NlEDERER
Université de Paris El
C'est un inconvénient général des caractères chinois que de permettre la construct
ion de sens à partir de la simple contemplation de leurs éléments... Si nous nous
appliquions à transformer les caractères [dénoncés par notre correspondante comme
discriminant les femmes], nous devrions faire de même avec d'innombrables autres
caractères [discriminant d'autres groupes sociaux]... Au lieu de gaspiller notre
énergie à ce vain exercice, oeuvrons plutôt ensemble pour la substitution des
caractères par l'écriture alphabétique pinyin. De cette manière nous abolirions non
seulement le phénomène de la discrimination de la femme dans les caractères, mais
aussi le phénomène des femmes illettrées !
Telle était, en 1952, la réponse des rédacteurs de la revue de
linguistique Zhongguô yuwén à une lettre signée par Mme Câo
demandant « l'extermination complète du phénomène d'inégalité
entre hommes et femmes dans les caractères chinois ». Au dire
des auteurs, de pareilles lettres étaient légion, aussi ont-ils choisi
de publier celle-là à titre d'exemple et de l'accompagner d'une
réponse représentative. Elle reflète fidèlement le point de vue de
Mao Zédông, selon qui le passage à une écriture alphabétique
était urgent pour la modernisation du pays.
* Je remercie Mme Viviane Alleton de m 'avoir aidée à clarifier les idées exposées
dans ce texte. Ce travail a été réalisé grâce au soutien financier du FNSR.
1 . ZhTmgguâ yuwén 1952, juillet, p. 41.
langage et société n° 53 - septembre 1990 6 BARBARA NlEDERER
L'écriture chinoise a survécu à cette vision et - grâce à la
récupération par l'informatique (après l'« âge perdu » de la dacty
lographie) - le passage à l'écriture alphabétique est renvoyé à un
futur lointain, non précisé. Quant aux femmes, elles s'intéressent
moins aux problèmes de l'écriture et notamment aux caractères
qui paraissent offensants à leurs égards. « Elles ont compris que
la lutte pour leur égalité se déroule ailleurs que dans l'écriture
chinoise », commente en 1989 un membre de l'ancien comité
pour la réforme de l'écriture .
Il n'en reste pas moins que les caractères chinois continuent à
« permettre la construction de sens à partir de leurs éléments »,
que ces constructions aient un fondement scientifique ou non.
Prenons un exemple : le caractère désignant la femme mariée est
composé de deux éléments dont l'un signifie "femme" et l'autre
"balai". Face à ce fait on peut remonter, avec l'aide de l'archéo
logie, aux sources les plus anciennes, pour essayer de vérifier
et/ou d'expliquer cette combinaison d'éléments. Il est également
possible - et bien plus répandu comme nous verrons par la suite
- d'y chercher une explication, voire une justification dans le
cadre d'une idéologie déterminée. Dans le présent article nous
voudrions justement donner au lecteur une idée de l'analyse
graphique telle qu'elle a été pratiquée en Chine pendant près de
deux millénaires, sur un cas où l'aspect social et idéologique est
particulièrement sensible : celui du caractère désignant la femme
ainsi que les nombreux caractères qui le contiennent à côté
d'autres éléments. Les appartenant à cet ensemble
seront appelés CF par la suite .
Après des remarques préliminaires concernant l'écriture
chinoise, on trouvera une brève caractérisation de nos
sources (le Shuôwén jièzi et le Hànyû dàzidian). La partie cen
trale sera consacrée à l'analyse graphique ainsi qu'à la question
2. Zhôu Youguâng ( /t] j® it> ), communication personnelle. Comme les perspect
ives concernant l'écriture chinoise ont considérablement évolué au cours du
temps, le comité pour la réforme de l'écriture (wénzi gâigé wéiyuànhui), fondé
en 1954, a pris un nouveau nom en 1985, à savoir : comité pour le travail à la langue
et à l'écriture (yùyàn wénzi gôngzud weiyuânhuï) .
3. Comme cet article traite d'une question purement graphique, les cas où un CF fait
fonction d'"élément phonétique" (Cf. infra) ne seront pas pris en considération. L'IMAGE DE LA FEMME ET LES CARACTÈRES CHINOIS 7
des champs sémantiques recouverts par les CF. Nous tenterons
enfin de porter un jugement sur la situation dans la perspective
des utilisateurs des caractères d'aujourd'hui.
I. REMARQUES PRÉLIMINAIRES CONCERNANT L'ÉCRITURE CHINOISE
L'apprentissage de l'écriture tient une place importante dans
l'éducation des Chinois, étant donné que chaque morphème de
la langue est représenté par un caractère particulier . Un principe
d'analyse appliquable à tous les caractères a été formulé en Chine
dès l'Antiquité : on l'appelle, dans la tradition chinoise, HùshU,
les "six graphismes". Seuls quatre d'entre eux se réfèrent à la
composition des caractères. Ce sont :
a) les xiàngxing : "[caractères qui] ressemblent à la forme
[représentée]", pictogrammes. Il va de soi qu'il s'agit d'une
ressemblance socialement codifiée et que son interprétation ne
le sera pas moins.
b) les zhïshi : "[caractères qui] montrent la chose" : ce qu'on
veut désigner est marqué par un petit trait sur un caractère déjà
existant (p. ex. : H ) (rè?i) : "lame". Le trait % indique l'endroit
par où le couteau H (dâo) coupe.
D'après la tradition chinoise on considère ces deux classes de
caractères comme des caractères simples ( 5C (wén)). Pour des
raisons pratiques, ils ne furent pas très productifs au cours de
l'évolution de l'écriture. Très tôt on avait recours à différents
types de composition de caractères simples dont on valorisait
tantôt le sens tantôt la prononciation. On trouve donc :
c) les huiyi : "[caractères qui] réunissent les sens" ou "agrégats
de sens". Ce sont des combinaisons de deux, parfois plusieurs,
éléments (caractères simples) qui peuvent tous être mis en rapport
- un rapport socialement déterminé - avec le sens du caractère
Au niveau phonétique, chaque caractère correspond à une syllabe. Ceci revient à
dire que, contrairement à nos syllabes, les syllabes chinoises équivalent à des
morphèmes. Ce n

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