L'impact des chocs pétroliers. Une simulation rétrospective: 1973-1982 - article ; n°4 ; vol.38, pg 877-896

Jean-Claude Berthélemy, Jean-Guy Jean-Guydevezeauxdelavergne

Description

Revue économique - Année 1987 - Volume 38 - Numéro 4 - Pages 877-896
Oil shocks effects a retrospective simulation : 1973-1982
This article clraws a retrospect of the consequences of oil shocks for the french economy from 1973 to 1982. It is based on computations of a long term energy-economy model. We show significant impacts of the oil shocks in the medium and long run, which are however alteree! by the existence of substitutions between energy and other factors and products. For instance, the loss of growth does not imply a so large loss of employment, because of substituability between energy and labor. The results are particulary sensible when the external account is controllecl, that demonstrates the importance of the transfer effects of oil shocks.
L'impact des chocs pétroliers. Une simulation rétrospective 1973-1982
Cet article propose une analyse rétrospective de l'effet des chocs pétroliers sur l'économie française de 1973 à 1982. La démarche suivie repose sur l'utilisation d'un modèle de long terme qui met l'accent sur les relations entre l'économie et l'énergie. Elle permet de mettre en évidence un impact relativement sensible à moyen-long terme de ces chocs, nuancé toutefois par la prise en compte des substitutions entre l'énergie et les autres produits et facteurs de production. Par exemple, la perte de croissance occasionnée par les chocs pétroliers ne se retrouve qu'assez peu dans l'évolution du chômage, en raison de la substituabilité énergie-travail. Les effets obtenus se révèlent particulièrement sensibles quand on contrôle l'évolution de la situation financière extérieure, mettant ainsi en lumière l'importance des effets de transfert liés aux chocs pétroliers.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1987
• Nombre de lectures: 63
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Claude
Berthélemy
Monsieur Jean-Guy Devezeaux
de Lavergne
L'impact des chocs pétroliers. Une simulation rétrospective:
1973-1982
In: Revue économique. Volume 38, n°4, 1987. pp. 877-896.
Abstract
Oil shocks effects a retrospective simulation : 1973-1982
This article clraws a retrospect of the consequences of oil shocks for the french economy from 1973 to 1982. It is based on
computations of a long term energy-economy model. We show significant impacts of the oil shocks in the medium and long run,
which are however alteree! by the existence of substitutions between energy and other factors and products. For instance, the
loss of growth does not imply a so large loss of employment, because of substituability between energy and labor. The results are
particulary sensible when the external account is controllecl, that demonstrates the importance of the transfer effects of oil
shocks.
Résumé
L'impact des chocs pétroliers. Une simulation rétrospective 1973-1982
Cet article propose une analyse rétrospective de l'effet des chocs pétroliers sur l'économie française de 1973 à 1982. La
démarche suivie repose sur l'utilisation d'un modèle de long terme qui met l'accent sur les relations entre l'économie et l'énergie.
Elle permet de mettre en évidence un impact relativement sensible à moyen-long terme de ces chocs, nuancé toutefois par la
prise en compte des substitutions entre l'énergie et les autres produits et facteurs de production. Par exemple, la perte de
croissance occasionnée par les chocs pétroliers ne se retrouve qu'assez peu dans l'évolution du chômage, en raison de la
substituabilité énergie-travail. Les effets obtenus se révèlent particulièrement sensibles quand on contrôle l'évolution de la
situation financière extérieure, mettant ainsi en lumière l'importance des effets de transfert liés aux chocs pétroliers.
Citer ce document / Cite this document :
Berthélemy Jean-Claude, Devezeaux de Lavergne Jean-Guy. L'impact des chocs pétroliers. Une simulation rétrospective:
1973-1982. In: Revue économique. Volume 38, n°4, 1987. pp. 877-896.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1987_num_38_4_409006L'impact des chocs pétroliers.
Une simulation rétrospective
1973-1982
Jean-Guy Jean-Claude Devezeaux de Berthélemy Lavergne
Cet article propose une analyse rétrospective de l'effet des chocs pétroliers
sur l'économie française de 1973 à 1982. La démarche suivie repose sur
l'utilisation d'un modèle de long terme qui met l'accent sur les relations entre
l'économie et l'énergie. Elle permet de mettre en évidence un impact relativ
ement sensible à moyen-long terme de ces chocs, nuancé toutefois par la prise
en compte des substitutions entre l'énergie et les autres produits et facteurs
de production. Par exemple, la perte de croissance occasionnée par les chocs
pétroliers ne se retrouve qu'assez peu dans l'évolution du chômage, en raison
de la substituabilité énergie-travail. Les effets obtenus se révèlent particulièr
ement sensibles quand on contrôle l'évolution de la situation financière extérieur
e, mettant ainsi en lumière l'importance des effets de transfert liés aux chocs
pétroliers.
INTRODUCTION ET CADRE DE L'ETUDE
Après plus d'une dizaine d'années d'énergie pétrolière chère, le
début de 1986 a vu s'effondrer le prix du baril de référence aux alentours
de 10 $/baril sur le marché spot. Plusieurs études (INSEE [1986],
OFCE : P.-A. Muet, A. Fonteneau, F. Milewski [1986], Ecole centrale :
P. Zagamé, J.-E. Moncomble et al. [1986]) ont proposé des évaluations
chiffrées, plutôt à court terme, de ce que certains ont déjà appelé le tro
isième choc pétrolier... mais cette fois à la baisse.
Pour mieux comprendre l'impact d'un événement de cette ampleur il
nous a paru opportun d'examiner rétrospectivement quel aurait été l'impact
des deux premiers chocs, dans une perspective de moyen-long terme.
Depuis le début de la décennie 1970, les évolutions économiques
ont été fortement perturbées par les chocs pétroliers et leurs conséquences
sur l'environnement international de la France. Il ne faut pas pour autant
considérer que les problèmes rencontrés, caractérisés par une progression
Les auteurs remercient M. Alain Bernard pour ses remarques sur une première
version de cet article. Ils demeurent, bien entendu, seuls responsables des opinions
émises ici.
877
Revue économique — N" 3, mai 1987, p. 877-896. Revue économique
sensible de l'inflation et du chômage, et par une baisse de la croissance,
sont imputables en totalité à ces événements extérieurs. De ce point de
vue, il est utile de comparer les évolutions enregistrées avec celles qui
auraient pu être observées en l'absence de chocs pétroliers.
La méthode retenue pour cette étude a consisté à réaliser des simu
lations a posteriori d'un modèle représentatif de l'économie française,
en se plaçant dans le contexte d'une économie qui n'aurait pas connu
les deux chocs pétroliers de 1973-1974 et 1979-1980.
Ce type d'analyse a lui aussi été assez souvent pratiqué, tant en
France qu'à l'étranger. On peut citer par exemple les travaux de P. Artus
et M. Debonneuil [1979] et A. Fonteneau et P.-A. Muet [1985] pour ce
qui concerne l'économie française et ceux de l'Energy Modeling Forum
[1984] aux Etats-Unis. L'originalité principale de la présente tentative est
de reposer sur un modèle conçu spécifiquement pour traiter, dans une
optique de moyen-long terme, les relations entre économie et énergie ; de
la sorte, il a été possible de traiter l'impact des chocs pétroliers dans leur
vraie dimension historique, plutôt que de se limiter, comme cela est
souvent fait, à des simulations d'effets marginaux et de court terme.
Le modèle utilisé
Le modèle utilisé, appelé MELODIE l, a pour caractéristiques essent
ielles de chercher à déboucher sur une représentation à long terme et
de mettre l'accent, principalement par l'intermédiaire des fonctions de
production, sur les relations entre économie et énergie.
L'énergie est ainsi décrite comme facteur de production dans des
fonctions de demande de facteur dérivées de la théorie de la dualité,
qui permettent de décrire les complémentarités ou substituabilités de
l'énergie avec le capital (complémentaire dans nos estimations), le travail
(substituable) et les consommations intermédiaires non énergétiques
(substituables). Cette représentation est réalisée sous une forme relativ
ement agrégée, selon une nomenclature proche de celle de Mini-DMS-
Energie (distinguant industrie exposée et reste de l'économie).
Comme bien de consommation, l'énergie est aussi l'objet de phéno
mènes de substitution importants à long terme, qu'il est nécessaire de
prendre en compte dans l'analyse envisagée ici. Pour ce faire, on a
encore utilisé une représentation qui s'inspire de la théorie de la dualité ;
celle-ci permet de rendre compte de la complémentarité de l'énergie avec
les produits industriels, mais aussi de sa substituabilité avec d'autres biens
et services (dépenses de logement notamment).
1. Modèle économique de long terme déterminant les interactions avec l'énergie.
Ce modèle a été construit au département des Programmes du CEA. Pour une
présentation plus complète, voir J.-C. Berthélemy et J. G. Devezeaux [1986] et
J.G. Devezeaux [1986].
878 ■
Jean-Claude Berthélemy, Jean-Guy Devezeaux de Lavergne
La méthode d'évaluation
On a utilisé le modèle MELODIE pour simuler les évolutions de
l'économie française placée dans un monde dans lequel le prix réel de
l'énergie importée (deflate par le prix du PIB) aurait été maintenu
constant après 1973. Comparés à une simulation historique normale,
ces calculs donnent une mesure approximative de l'effet des chocs pétrol
iers sur la situation macro-économique française.
Comme le montre le graphique 1, l'évolution du prix réel de l'énergie
importée a ét