L intentionnalité communicationnelle dans les émissions de radio et de télévision - article ; n°1 ; vol.1, pg 881-895
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L'intentionnalité communicationnelle dans les émissions de radio et de télévision - article ; n°1 ; vol.1, pg 881-895

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Sociologie de la communication - Année 1997 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 881-895
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 66
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paddy Scannell
Marie-Christine Gamberini
L'intentionnalité communicationnelle dans les émissions de
radio et de télévision
In: Sociologie de la communication, 1997, volume 1 n°1. pp. 881-895.
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Scannell Paddy, Gamberini Marie-Christine. L'intentionnalité communicationnelle dans les émissions de radio et de télévision.
In: Sociologie de la communication, 1997, volume 1 n°1. pp. 881-895.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_004357302_1997_mon_1_1_3874L'INTENTIONNAUTÉ
COMMUNICATIONNELLE
DANS LES ÉMISSIONS
DE RADIO ET DE TÉLÉVISION
Paddy SCANNELL
© Réseaux Reader CNET - 1997
881 - loppée dans les années 70, essentiellement
à travers les travaux de la revue de cinéma
Screen sur les films narratifs et une ana
lyse émergente de la télévision-en-tant-
que-texte dans le travail de Stuart Hall et
de ses étudiants au Centre d'études cultu
relles contemporaines de l'université de
Birmingham. Ces deux courants partaient
d'un postulat commun, à savoir que l'objet
de l'analyse consistait à dévoiler les opéra
tions idéologiques à l'œuvre dans les
textes culturels. Ils différaient en revanche
dans leur perception de l'efficacité de
l'idéologie vis-à-vis des destinataires des
récits. Screen défendait un point de vue
fortement althussérien, considérant le
spectateur comme situé dans et par la nar
ration, avec peu de possibilités de résister
aux manœuvres idéologiques du texte fi
un certain temps, me semble- Depuis lmique. Hall et ses étudiants, plus intéres
t-il, un point tout à fait central de sés par la télévision, entendaient soutenir
l'analyse des médias a été éludé : que, si les dispositifs institutionnels de dif
l'étude des façons dont les significations fusion cherchaient bien à obtenir l'accep
sont organisées dans les textes. Pendant ces tation de l'idéologie dominante, il n'était
quinze dernières années, une bonne partie jamais simple pour eux d'y parvenir (2).
de la recherche sur les médias en Grande- Les téléspectateurs étaient susceptibles de
« décoder » les messages de la télévision Bretagne et dans d'autres pays européens
s'est attelée, de diverses manières, à l'étude de diverses manières ; en acceptant, négoc
des publics. Ces travaux se décrivent par iant ou rejetant la lecture institutionnelle
fois comme de l'ethnographie « d'audience « préférée » suivant leur propre position
» ou des « études de réception ». Quelle que sociale (3). Ainsi, tandis que pour Screen
soit l'appellation choisie, ils perçoivent leur le sens était « fixé » dans et par le texte,
tout texte possédait selon Hall un éventail tâche comme plus qualitative que quantita
tive (1). Or la mise en place de ce type de de significations possibles pour les specta
recherches et d'analyses correspondait or teurs. Les textes étaient polysémiques. Il
iginellement à une préoccupation spéci appartenait donc à ceux qui étudiaient les
fique : il s'agissait de découvrir, empirique effets de la télévision (ou plus exactement
ment, comment les spectateurs « produi ses effets idéologiques) de mener des
saient du sens » avec ce qu'ils voyaient et recherches empiriques sur la façon dont
des téléspectateurs diversement situés pouentendaient. Et derrière ce projet se trouvait
une intention bien précise : aller à l'en- vaient produire des « lectures » des pro
contre de la conception excessivement dé ductions télévisées s 'écartant des sens et
terministe qu'avait la « théorie » de la rela valeurs dominants préférés inscrits dans le
tion entre texte et lecteur. texte (4).
L'analyse des « textes des médias » Ceci eut entre autres pour effet secon
s'est, en Grande-Bretagne du moins, daire un abandon de la conception d'après
(1) Pour un compte rendu de ces développements, voir MOORES, 1992.
(2) HALL, 1977 et 1982.
(3)1994.
(4) L'exemple clé est MORLEY, 1980.
883 - laquelle les significations textuelles sont plus en plus inacceptable de concevoir les
fortement organisées dans et par le texte. téléspectateurs comme des consommat
L'« autorité » des textes (en tant que dus à eurs « passifs » des messages de la télé
un « auteur ») - centrale dans les études vision. Il devint à la mode de lui attribuer
littéraires traditionnelles - fut abandonn un pouvoir sémiotique, de soutenir que la
ée. La tâche du lecteur n'était plus de consommation était une forme d'affirma
s'escrimer à découvrir ce que Shakespeare tion de soi et que les formes populaires
(ou quiconque) avait en tête lorsqu'il écri de culture pouvaient être subverties et
vit ses chefs-d'œuvre. Regarder les textes retravaillées pour permettre à des identi
sous cet angle revenait à se méprendre sur tés nouvelles et oppositionnelles de
la nature de la lecture et de l'interpréta s'exprimer.
tion. Ces arguments ont été exprimés de Les effets conjugués de ces évolutions
façon très concise par Roland Barthes ont contribué à un net manque d'intérêt
dans son célèbre essai sur La mort de l'au pour une analyse ciblée et détaillée des
teur (5). La mort de l'auteur correspondait textes (9). Il paraît pourtant évident que les
activités de production de sens des téléà la naissance du lecteur. Les textes, sou
tenait Barthes, n'avaient de signification spectateurs, par exemple, ont forcément un
qu'une fois activés par le lecteur, qui de rapport avec ce qui leur est donné à com
prendre dans ce qu'ils regardent à la télévenait de ce fait la source du sens ultime
de tout texte culturel. vision. Cet article entend plaider vigoure
La teneur de ces positions qui se recou usement pour un retour à l'analyse des
vraient partiellement - la thèse de Hall émissions afin de mieux comprendre l'im
sur la diversité des réactions aux sens pré pact de la radio et de la télévision sur la
férés de la télévision et la libération du vie quotidienne. Mais je voudrais, en
lecteur, chez Barthes, par rapport aux même temps, revoir et redéfinir la manière
sens d'un texte fixé par l'auteur (6) - dont cette tâche pourrait être effectuée.
s'accordait bien avec l'ordre du jour Les principales orientations que je préco
post-marxiste de ces dernières années. nise sont résumées plus loin, mais un com
Les allégations franchement déterministes mentaire préalable s'impose sur ma dé
du marxisme althussérien tombèrent en marche clé, qui consiste à déloger la
disgrâce. Hall préférait quant à lui les théorie de l'idéologie de sa position cen
analyses plus nuancées et historiquement trale dans l'analyse des médias pour la
remplacer par une théorie de l'intentionna- situées de Gramsci, à partir desquelles il
était possible de construire une lité communicationnelle.
« Le concept d'idéologie se dresse tel idée de luttes culturelles autour du
sens (7). D'autres, qui suivirent dans les un colosse au-dessus du champ des études
années 80 le programme d'étude des mé sur les médias », note Leo Masterman dans
dias qu'il avait établi dans les années 70, un manuel destiné aux enseignants britan
s'écartèrent encore plus de la notion de niques spécialisés dans ce domaine (10).
détermination textuelle. Dans un nouvel J'avoue que j'ai pour ambition de renver
élan de populisme culturel - qui a trouvé ser ce colosse. La raison principale en est
son expression la plus notable dans les qu'il crée une cécité problématique à
l'égard d'une foule d'autres choses inté- écrits de John Fiske (8) - il apparut de
(5) BARTHES, 1984.
(6) Id., 1976.
(7) HALL, ibid, et 1982.
(8) FISKE, 1987 et 1989.
(9) A l'exception, bien sûr, de la linguistique critique. Par exemple : FOWLER, 1991 ; FAIRCLOUGH, 1989 ;
HODGE et KRESS, 1993. Tous ces auteurs travaillent dans l'idée, censée aller de soi, que l'analyse textuelle a
pour objet de dévoiler les opérations idéologiques des textes

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