L'intervention - article ; n°1 ; vol.38, pg 42-48

Antoine Abel

Description

Actes de la recherche en sciences sociales - Année 1981 - Volume 38 - Numéro 1 - Pages 42-48
Eingriff. Der Autor, ein jüngerer leitender Angestellter einer grofien Firma für Unternehmensberatung, mit «sozialpsychologischer» Ausbildung, findet sich eines schönen Tages ermutigt, aus der Enge der «höheren Etagen» auszubrechen und sich «an der konkreten Wirklichkeit der Werkstätten zu reiben». An eine kleine Fabrik in der Bretagne entsandt, um den dortigen Arbeitern die freudige Botschaft einer Neugestaltung ihrer Arbeitsverhältnisse, fortan in «human relations und Kommunikation» umgetauft, zu verkünden, gerät sein Bericht zum Tagebuch der durch den Eingriff provozierten Mifiverständnisse, trügerischen Hoffnungen und des allgemeinen Durcheinanders.
Intervention. The author, a young executive trained in social psychology, working for a large management consultancy firm, was strongly encouraged one day to broaden his experience beyond head offices and «get to know the realities of life on the shop floor». He was sent to a small factory in Brittany to bring the women workers there the good news that their work relations were being restructured under the new name of «human relationships and communication». He kept a diary of the misunderstandings, false expectations and confusion arising from this «intervention».
L'intervention. Jeune cadre de formation «psycho-socio» dans une grande entreprise de conseil de gestion, l'auteur se trouve un jour encouragé fortement à ne plus se cantonner à des actions auprès des sièges sociaux et à se «frotter à la réalité concrète des ateliers». Envoyé dans une petite usine de Bretagne pour annoncer aux ouvrières la bonne nouvelle d'une restructuration des rapports de travail rebaptisés «relations humaines et communication», il tient le journal des malentendus, des faux espoirs et du désarroi qu'a engendrés cette intervention.
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: Actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales
• Publié le: 01 janvier 1981
• Nombre de lectures: 73
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Antoine Abel
L'intervention
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 38, mai 1981. pp. 42-48.
Résumé
L'intervention.
Jeune cadre de formation «psycho-socio» dans une grande entreprise de conseil de gestion, l'auteur se trouve un jour
encouragé fortement à ne plus se cantonner à des actions auprès des sièges sociaux et à se «frotter à la réalité concrète des
ateliers». Envoyé dans une petite usine de Bretagne pour annoncer aux ouvrières la bonne nouvelle d'une restructuration des
rapports de travail rebaptisés «relations humaines et communication», il tient le journal des malentendus, des faux espoirs et du
désarroi qu'a engendrés cette intervention.
Abstract
Intervention.
The author, a young executive trained in social psychology, working for a large management consultancy firm, was strongly
encouraged one day to broaden his experience beyond head offices and «get to know the realities of life on the shop floor». He
was sent to a small factory in Brittany to bring the women workers there the good news that their work relations were being
restructured under the new name of «human relationships and communication». He kept a diary of the misunderstandings, false
expectations and confusion arising from this «intervention».
Zusammenfassung
Eingriff.
Der Autor, ein jüngerer leitender Angestellter einer grofien Firma für Unternehmensberatung, mit «sozialpsychologischer»
Ausbildung, findet sich eines schönen Tages ermutigt, aus der Enge der «höheren Etagen» auszubrechen und sich «an der
konkreten Wirklichkeit der Werkstätten zu reiben». An eine kleine Fabrik in der Bretagne entsandt, um den dortigen Arbeitern die
freudige Botschaft einer Neugestaltung ihrer Arbeitsverhältnisse, fortan in «human relations und Kommunikation» umgetauft, zu
verkünden, gerät sein Bericht zum Tagebuch der durch den Eingriff provozierten Mifiverständnisse, trügerischen Hoffnungen und
des allgemeinen Durcheinanders.
Citer ce document / Cite this document :
Abel Antoine. L'intervention. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 38, mai 1981. pp. 42-48.
doi : 10.3406/arss.1981.2117
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1981_num_38_1_2117antoine abel
service d'ordonnancement. Le succès
avait été assuré longtemps grâce à la
régularité et à l'importance des com
mandes passées par l'administration et
à la dextérité d'ouvrières dépourvues
de toute qualification mais astucieuses
et toutes payées au salaire minimum. Le contrat Sullivan commença pour En ce qui concerne l'ambiance dans les moi par une entrevue avec mon nou usines, Maurice D. insista sur l'aspect veau chef de contrat, Maurice D. Nous despotique du comportement des i de Pendant mon services participé ma d'une grandes propre travail nouvelle fonctionnels les à prospection des entreprises. deux chez contrats affectation, premières IPR, des auprès j'avais A de sièges la je conseil années recherche des dus toujours sociaux faire ingéaux de ne nous connaissions pas; il dit avoir contremaîtres locaux. Plusieurs étaient choisi ma fiche plutôt que celle d'au d'anciens marins très attachés à l'autotres ingénieurs disponibles parce qu'il ritarisme et à une discipline difficillui fallait «un psycho-socio». J'avais ement assimilable par de jeunes oujuste le bon profil. Après m'avoir nieurs en chef, experts et directeurs vrières. De plus, une véritable «mafia» précisé que je n'étais pas obligé d'acsusceptibles de me faire «monter sur regroupant père, fils, gendre, cousins cepter, il me présenta l'affaire que un contrat». Sur l'avis du directeur qui s'était constituée et exerçait un poum'avait employé jusqu'alors, je com nous devions mener ensemble. Je voir sans partage. Une stricte ségrégamençai par une visite à un vétéran du devais constater plus tard que sa pré tion existait entre les hommes, tous conseil, proche du président directeur sentation était elliptique et inexacte chefs ou futurs chefs, et les femmes, général. En entrant chez lui, mon but sur plusieurs points. Lui-même n'avait toutes maintenues dans la condition était d'obtenir une affectation à Paris pas encore une connaissance très claire d'ouvrières sans qualification. Pour et, si possible, de continuer à inter de la situation et il jugea sans doute conclure, nous allions intervenir dans venir auprès des sièges sociaux. L'idée préférable de se limiter aux grandes un milieu industriel apparemment ad'une intervention directe auprès d'ou lignes. Il suffisait pour l'instant de me rchaïque, vierge de toute influence du vriers me paraissait à la fois peu ren motiver favorablement à l'égard du «management moderne» ; tout restait table du point de vue de la carrière et projet. à faire. fort embarrassante.
Les Constructions Électro- mécaniques En quittant Maurice D., je me rendis Ma démarche ressemblait à une de Fleury travaillent à 80 % pour une au service de documentation d'IPR mande de protection. Il l'entendit administration. Le siège est à Paris; pour en savoir un peu plus sur le ainsi et, comme j'aurais pu le prévoir une petite usine en banlieue fait des groupe Sullivan. La presse économique avec plus d'expérience, s'empressa de travaux spéciaux; en province, deux parlait du récent rachat de Fleury ; le me remettre dans le rang : «Vous avez usines de 700 personnes chacune lien avec un vaste plan de restructuratout pour faire une belle carrière chez réalisent en série les sous- ensembles tion du secteur orchestré par le minisnous sauf une chose et, vous allez me et assurent l'assemblage final des tère était suggéré. On insistait aussi sur dire laquelle... Je ne peux que vous appareils. Il y a un an, la situation l'importance stratégique de cette acquirépéter ce que je vous ai déjà dit l'an financière a conduit Monsieur Fleury sition pour le groupe : «La reprise de née dernière, faites des contrats de à vendre son entreprise au groupe Fleury s'inscrit dans le cadre d'une production, frottez-vous à la réalité Sullivan. stricte logique industrielle. Quand (dans concrète des ateliers, apprenez le le secteur) on a déjà une tête et des bras, métier de base d'IPR». Ce n'était pas La gestion de Monsieur Fleury était il ne manque plus que les jambes... Il un ordre, rien ne m'obligeait à agir jugée par Maurice D., comme par s'agit donc pour le groupe Sullivan de dans ce sens mais je me sentis coincé. tous les interlocuteurs que je devais gonfler sa capacité industrielle». Je Dans le courant de la journée, je contai rencontrer par la suite, particulièr prêtai peu d'attention à ce genre de ma mésaventure à un jeune ingénieur ement médiocre. Les cadres étaient tous phrases, mais je devais apprendre un en chef de mes amis qui m'assura qu'il installés dans un hôtel particulier peu plus tard ce qu'il advient du perne fallait pas écouter le «vieux» mais, parisien, proche de l'administration sonnel d'une usine entrant dans la au contraire, me placer vite sur les bons cliente, et les ateliers de province fonc catégorie des «jambes». créneaux. Entre deux avis contraires, tionnaient sous la surveillance de quel
je m'en remis au hasard des circons ques contremaîtres sortis du rang. On Alors que débutait notre intervention,
tances. Les lois du marché de l'emploi fabriquait depuis 17 ans le même pro le groupe Sullivan venait de décider
intérieur d'IPR donnèrent raison au duit avec les mêmes techniques dans que la société Fleury serait une filiale
vieux directeur et je me vis bientôt l'ignorance des coûts de production «dotée d'une large autonomie», ratta
proposer un «contrat d'usine». chée avec trois autres entreprises à une exacts, sans service des méthodes, sans L'intervention 43
de ses douze branches. Un directeur tuellement en poste; formation tech naires avaient une légende. Dotés du
général et tout son staff devaient être nique et information de toutes les pouvoir redoutable de refuser un lot
prochainement mis en place. En atten ouvrières pour les adapter à la nouvelle de produits finis, on les amadouait en
dant, l'intervention de conseils exté organisation des ateliers et à leurs les confrontant à des contrôleuses,
rieurs devait parer au plus pressé et nouveaux postes de travail. Les deux généralement de jeunes ouvrières très
premières tâches seraient assurées par coquettes. Comme ses anciens occupréparer la remise en ordre des établi
des &