La « chose » et ses doubles dans la caricature camerounaise. - article ; n°141 ; vol.36, pg 143-170
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1996 - Volume 36 - Numéro 141 - Pages 143-170
Abstract ~~The Thing and its Doubles in Cameroonian Caricatures. ~~— Cameroonian caricatures are analyzed as a form of writing that mixes images and words. Through French Creole, these caricatures politically mix local and general issues by insisting on how politics in general affects the image to become an event. The aesthetics of this form of writing, which obstinately insists on indiscipline as the basis of its relevance, mainly resides in the boldness to speak up about, and show, what should neither be said nor shown in public. Caricatures can do this because, like rumors, they do not daim to reproduce the world through mime-sis. They only produce a double for showing what everyone knows but no one dares say.
Résumé Ce texte analyse l'image comme écriture, non seulement parce que la caricature camerounaise est un parfait mélange de l'image et du mot, du mot et du son (donc de la parole), mais aussi parce qu'elle s'immisce constamment dans l'espace pictural pour y introduire le mouvement. Elle est aussi politiquement un métissage du local et du global par son français créole, par son insistance à mettre l'accent sur les mécanismes, situés dans l'espace politique global, qui agissent sur les événements locaux. La caricature semble s'identifier à une rumeur saisie sur le vif qui, pour ne pas devenir mot discipliné, a absolument besoin de l'image pour continuer à être un événement, pour échapper au risque de devenir le double de la vie qui se présente comme son portrait. L'esthétique de cette écriture, qui s'obstine à faire de l'indiscipline le fondement de sa pertinence, repose essentiellement sur l'audace de dire, de montrer, ce qui ne devrait être ni dit, ni montré publiquement. Toutes choses que la caricature peut se permettre puisque, comme la rumeur, elle ne prétend pas reproduire le monde de façon mimétique ; elle n'en produit qu'un double dont l'éthique permet de montrer ce que tout le monde sait mais que personne n'ose dire.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Achille Mbembe
La « chose » et ses doubles dans la caricature camerounaise.
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 36 N°141-142. 1996. pp. 143-170.
Citer ce document / Cite this document :
Mbembe Achille. La « chose » et ses doubles dans la caricature camerounaise. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 36 N°141-
142. 1996. pp. 143-170.
doi : 10.3406/cea.1996.2005
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1996_num_36_141_2005Abstract
Abstract
The "Thing" and its Doubles in Cameroonian Caricatures. — Cameroonian caricatures are analyzed as
a form of writing that mixes images and words. Through French Creole, these politically mix
local and general issues by insisting on how politics in general affects the image to become an event.
The aesthetics of this form of writing, which obstinately insists on indiscipline as the basis of its
relevance, mainly resides in the boldness to speak up about, and show, what should neither be said nor
shown in public. Caricatures can do this because, like rumors, they do not daim to reproduce the world
through mime-sis. They only produce a double for showing what everyone knows but no one dares say.
Résumé
Ce texte analyse l'image comme écriture, non seulement parce que la caricature camerounaise est un
parfait mélange de l'image et du mot, du mot et du son (donc de la parole), mais aussi parce qu'elle
s'immisce constamment dans l'espace pictural pour y introduire le mouvement. Elle est aussi
politiquement un métissage du local et du global par son français créole, par son insistance à mettre
l'accent sur les mécanismes, situés dans l'espace politique global, qui agissent sur les événements
locaux. La caricature semble s'identifier à une rumeur saisie sur le vif qui, pour ne pas devenir mot
discipliné, a absolument besoin de l'image pour continuer à être un événement, pour échapper au
risque de devenir le double de la vie qui se présente comme son portrait. L'esthétique de cette écriture,
qui s'obstine à faire de l'indiscipline le fondement de sa pertinence, repose essentiellement sur l'audace
de dire, de montrer, ce qui ne devrait être ni dit, ni montré publiquement. Toutes choses que la
caricature peut se permettre puisque, comme la rumeur, elle ne prétend pas reproduire le monde de
façon mimétique ; elle n'en produit qu'un double dont l'éthique permet de montrer ce que tout le monde
sait mais que personne n'ose dire.Achille Mbembe
La chose et ses doubles
dans la caricature camerounaise
on relève dent tour présence comme voire masquant est arbitraire rounaise que illustrations ception gières figuration seulement ment soi der un image verbe Dans En une image ne sait mot jamais pour de proprement pas cela figure point visuelle est violence cette que nous pris est-à-dire manière sa une du immédiateté un dans au lui-même des toujours participe image images propre champ être la réel dans étude du ne signes simple acte distinction vision copie opposant langage reprendrons des dites de mais son puissance ou sur du reproductions un annexer même qui parler signes problème exacte ou en sens la aussi et propos En voir Mitchell quelque une tant champ pour entre facticité chose effet de du en Pourtant de opacité comme pas que la ce Il monde cela conventionnel idée de la signe représentation relève le spécifique signifiant part elle 1980 mode dessins réalité notre et taxonomie1 qui signe même en le stratégie ses et graphique en nous de un aussi propre Ce doubles compte comme pictographique représente de dépit simulacre En tableaux code arbitraire description au langage celui concerne de habiter tant particulière la champ de Certes celui visible le cette paradoxalement dans et transcription de que sa pouvoir exprime et signe se image de optique du prétention distinction la étude des altération ici laissent figure par qui de figures le caricature appartient dire linguistique la narration de mimer réalités devient opposition est du persuasion son figure non intéresse appréhen un de gravures Il langage qui tout préten propre la figurer est langa came seule et réel veut per être son pas au ne en de
Cette étude aurait jamais vu le jour eût été infatigable insistance de Bogumi
Jewsiewicki et Karen Barber Dorothea Schultz avait critiqué les premières
esquisses interprétations Lydie Moudileno relu le manuscrit final La prépara
tion électronique des caricatures été faite au TLC Electronic Center de univer
sité de Pennsylvanie puis au History Computer Laboratory de université de
Pennsylvanie Philadelphie avec aimable assistance de Jay Treat
Au sujet de la distinction entre les deux on se reportera utilement entre autres
aux travaux de BARTHES 1977) GOODMAN 1976) GOMBRICH 19561981)
Cahiers tudes africaines 141-142 XXXVl-1-2 1996 pp 143-170 144 ACHILLE MBEMBE
donc cette activité spécifique est devenue en postcolonie activité
de travailler avec des signes et des marques graphiques Derrida 1967
Le contexte dans lequel cette activité lieu est le présent immédiat Ce qui
caractérise ce présent immédiat un point de vue général est ce que on
appelle la crise En plus de ses déterminations politiques et de ses preuves
visibles et matérielles dûment constatées par tous il faut comprendre cette
crise comme la persistance un excès central une forme de violence
opaque et un effet de terreur qui découlent un échec particulier celui
du sujet postcolonial exercer librement les possibilités qui sont les siennes
donner soi-même et son milieu de vie une forme de raison qui rende
son existence quotidienne lisible défaut de lui trouver un sens2
Le matériau examiné dans cette étude est composé pour essentiel
expressions figurées destinées au grand public Ces expressions figurées
dessins et caricatures ont été régulièrement publiées dans des journaux
camerounais depuis en 1991 suite une forte poussée protestataire
connue sous le nom Opération villes mortes le régime autoritaire en
place est engagé dans une phase de décompression qui bien que étant
traduite par instauration un multipartisme de type administratif aura
signifié ni libéralisation politique proprement parler encore moins pas
sage la démocratie3
étude des expressions figurées dans le Cameroun contemporain
exige pas seulement que celles-ci soient replacées dans leur contexte his
torique Pour juger de efficacité politique des images encore faut-il au
préalable avoir précisé leur statut anthropologique au sein des cultures qui
les font naître est ce que nous ferons dans la première partie de cette
enquête Dans la mesure où la prolifération des images fait partie une
explosion générale des langages nous décrirons ensuite certains des élé
ments structurants de la culture urbaine postcoloniale qui servent arrière-
fonds cette activité spécifique est devenue récemment activité de
Pour une tentative de saisie de cet événement et de la fa on dont il se routinise
et structure la subjectivité des gens notamment en milieu urbain cf MBEMBE
ROITMAN 1995)
dans Le corpus hebdomadaire comprend une Le Messager série expressions par Nyemb figurées POPOLI caricatures Accessoirement notamment nous parues tien
drons aussi compte de la production de J.-P KENNE dans Challenge Hebdo Ces deux
journaux sont publiés Douala première ville du pays et un des bastions de oppo
sition au régime au pouvoir Yaoundé Le choix porte sur la période allant de 1991
1993 Du point de vue politique cette période est marquée par une relative décom
pression du régime autoritaire suite la montée de la protestation sociale tout au
long de année 1991 Cette protestation organisée autour de la revendication une
conférence nationale culmine avec Opération villes mortes puis émousse
progressivement partir de 1992 Le refus du gouvernement accéder cette
demande accompagne partir de ce moment une intense campagne de répres
sion qui apparente non seulement une restauration autoritaire mais aussi un
encroûtement un régime tenaillé par les demandes populaires une part et insol
vabilité économique de autre Sur tous ces développements cf les analyses de
J.-F BAYART et de MBEMBE in GESCH RE KONINGS 1993 335-374) CARICATURE CAMEROUNAISE 145 LA
travailler avec des signes Nous nous attarderons enfin sur un aspect parti
culier de cette activité savoir expression figurée de autocrate Nous
indiquerons comment en tant empiricité fruste la chose exprimée dans
une caricature et mimée dans le rire autocrate sert la fois de texte et de
prétexte un commentaire général sur le pouvoir en postcolo

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