La communication entre conjoints sur la planification familiale au Cameroun. Les normes et les stratégies du couple en matière de fécondité - article ; n°1 ; vol.54, pg 131-144
15 pages
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La communication entre conjoints sur la planification familiale au Cameroun. Les normes et les stratégies du couple en matière de fécondité - article ; n°1 ; vol.54, pg 131-144

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Description

Population - Année 1999 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 131-144
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 58
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Amadou Noumbissi
Jean-Paul Sanderson
La communication entre conjoints sur la planification familiale au
Cameroun. Les normes et les stratégies du couple en matière
de fécondité
In: Population, 54e année, n°1, 1999 pp. 131-144.
Citer ce document / Cite this document :
Noumbissi Amadou, Sanderson Jean-Paul. La communication entre conjoints sur la planification familiale au Cameroun. Les
normes et les stratégies du couple en matière de fécondité. In: Population, 54e année, n°1, 1999 pp. 131-144.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1999_num_54_1_17458LA COMMUNICATION ENTRE CONJOINTS SUR
LA PLANIFICATION FAMILIALE AU CAMEROUN
Les normes et les stratégies du couple
en matière de fécondité
Malgré le développement des politiques de planning familial en Afrique sub- sa
harienne, le déclin de la fécondité ne suit que lentement celui de la mortalité. Pour
s'en convaincre, il suffit de constater que les niveaux de la fécondité vont encore
de 7,4 enfants par femme au Niger à 4,3 au Zimbabwe (Tabutin, 1997). Pour ex
pliquer ce phénomène, la plupart des auteurs mettent en avant le maintien de ment
alités favorables à une forte fécondité. Dans ce cadre, on a multiplié les recherches
sur les normes et valeurs des femmes(l) en matière de fécondité et sur les facteurs
susceptibles de les modifier (Noumbissi et Wayack, 1994).
Or, il apparaît de plus en plus clairement que la reproduction est davantage un
comportement de couple qu'un choix individuel (Akinrinola Bankole, 1995). C'est d'au
tant plus vrai en Afrique, que le mariage y demeure le lieu privilégié de la procréation.
Certains auteurs vont plus loin, en affirmant que le pouvoir de décision dépend prin
cipalement du mari(2). En fait, il faut ajouter que pour comprendre la fécondité, plus
particulièrement en Afrique, il est difficile de ne pas tenir compte des pressions exercées
par la famille de chacun des conjoints, qu'il a été jusqu'à présent difficile de prendre
en compte dans une analyse statistique. Aussi, dans le cadre de ce travail, nous limi
terons-nous au couple et nous interrogerons-nous sur la construction des normes et
valeurs ainsi que sur la prise de décision au sein du couple.
À partir de l'exemple camerounais, nous allons confronter les normes et valeurs
de la femme en matière de fécondité avec celles de son mari. En vue d'expliquer les
résultats obtenus, nous essayerons de construire une typologie des couples camerounais
à partir des caractéristiques socioéconomiques et des normes et valeurs de chacun des
conjoints. Enfin, nous mettrons cette typologie en relation avec la fécondité réalisée.
Dans cette ultime étape, il nous sera possible de repérer les parts respectives de l'homme
et de la femme dans la prise de décision.
I. - Données et méthodologie
Nous avons utilisé les données de YEnquête démographique et de santé (EDSC)
menée au Cameroun en 1991. Cette enquête présente la particularité de comporter, à
côté des questionnaires « ménage » et « individuel femme », des interviews auprès d'un
О Traditionnellement, les démographes considèrent la femme comme l'acteur privilégié
de la fécondité. Ce n'est que récemment que l'on s'est interrogé sur le comportement des
hommes (Donadjé, 1992).
<2) Dans une étude sur le Ghana, Ezeh (1993) montre que les comportements de la
femme en matière de fécondité sont largement influencés par les normes et valeurs et par
les caractéristiques du mari, alors que l'inverse n'est pas vrai. Il en conclut que l'homme
serait le principal acteur dans la prise de décision.
Population, 1, 1999, 131-144 132 A. NOUMBISSI, J.-P. SANDERSON
sous-échantillon de maris des femmes enquêtées afin de connaître leurs opinions
et attitudes en matière de fécondité.
Notre unité d'analyse étant le couple, il a fallu rapprocher les données obtenues
par les trois questionnaires (questionnaires « ménage », « femme », « mari »). Au pré
alable, nous devions définir ce qu'était un couple en cas d'union polygame : fallait-il
traiter séparément chaque union, ou compter comme un seul couple le mari et ses
différentes épouses (quel qu'en soit le nombre) ? Dans le dictionnaire démographique
multilingue (Henry, 1981, p. 77), un «couple marié» est défini comme «l'ensemble
constitué par deux époux », définition qui correspond à celle retenue dans le cadre
du rapport de l'Enquête démographique et de santé du Cameroun (Balépa et al.,
1992). Elle permet de résoudre notre problème et nous amène à considérer chaque
union entre un homme et une femme comme un couple. Malheureusement, lors du
traitement informatique, nous avons rencontré certaines difficultés'3' qui nous ont
amenés à redéfinir notre concept : nous n'avons, en effet, pu prendre en compte que
les couples appartenant au même ménage(4). Nous avons ainsi obtenu un « fichier
couple » contenant 896 unités, alors que les résultats de l'EDSC (Balépa et al, 1992)
comptabilisaient 977 couples. Cette perte a pu introduire certains biais dans notre
analyse et nous oblige donc à la prudence lors de nos commentaires.
Pour caractériser ces couples, nous avons retenu un ensemble de variables
(voir liste complète en annexe) qui peuvent être réparties en trois groupes : les
facteurs socio-économiques, les normes et valeurs en matière de fécondité, et les
comportements et pratiques en matière de procréation. Une condition au choix de
ces variables était qu'elles soient disponibles pour chacun des conjoints, ce qui a
entraîné une certaine perte d'information (le questionnaire individuel « femme »
étant plus riche que le questionnaire individuel « homme »).
Dans une société traditionnellement orientée vers une fécondité élevée, les fac
teurs socio-économiques sont susceptibles d'entraîner une modification, voire une rup
ture, par rapport à cette orientation. Il s'agit essentiellement des caractéristiques de chacun des conjoints à savoir la province et le lieu de résidence,
le type d'union, la religion, le niveau d'instruction et l'âge. À ces variables propres
à chaque partenaire, nous avons ajouté l'écart d'âges entre les époux.
Par normes et valeurs, nous entendons l'ensemble des variables fournissant
une indication sur les mentalités qui vont conditionner le comportement procréateur
du couple. Outre les choix personnels des conjoints repris habituellement sous ce
label, nous avons ajouté la communication au sein du couple. Cette dernière variable
nous a semblé, a priori, particulièrement significative.
Enfin, les comportements procréateurs désignent la pratique éventuelle de la
contraception mais aussi la fécondité réalisée de chacun des conjoints (du fait de
la polygamie, celle-ci peut être différente pour l'homme et la femme).
Pour les normes et valeurs et les comportements procréateurs, nous avons
retenu toutes les variables disponibles dans l'enquête, tandis que pour les variables
(3) La variable identifiant le mari n'a pas été reprise dans le fichier « femme », ce qui
rend difficile la reconstitution des couples. Lire à ce sujet, le travail réalisé par C. Ziegle
lors d'un stage qu'elle a effectué à l'Institut de démographie de Louvain, sous la direction
d'A. Noumbissi (cf. Ziegle, 1995).
(4) Ainsi, avons-nous retenu la définition proposée dans le recensement de 1987, à
savoir: «Personnes vivant dans la même unité d'habitation...» (Cameroun, p. 11), étant en
tendu que certaines femmes de polygames peuvent appartenir à des ménages différents. Pour
ce qui est des unions polygamiques où le mari vivait dans un même ménage avec plusieurs
épouses, nous n'en avons retenu qu'une, prise au hasard. NOTES DE RECHERCHE 133
socio-économiques nous avons procédé à une sélection. Le premier critère était,
comme nous l'avons dit plus haut, la disponibilité de l'information au niveau de
chaque conjoint. C'est ainsi que nous avons dû renoncer à prendre en compte la
profession, non disponible pour le mari, ainsi que l'appartenance ethnique, celle-ci
ne figurant pas dans le questionnaire. À ce p

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