La compréhension des présuppositions chez l enfant - article ; n°2 ; vol.78, pg 425-444
22 pages
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La compréhension des présuppositions chez l'enfant - article ; n°2 ; vol.78, pg 425-444

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Description

L'année psychologique - Année 1978 - Volume 78 - Numéro 2 - Pages 425-444
Résumé
La compréhension d'énoncés contenant des présuppositions (énoncés avec encore, aussi, moi aussi, seulementj étudiée chez les enfants de 5 à 11 ans montre que celle-ci dépend de la complexité des opérations d'inférence qui permettent de relier le posé et le présupposé de l'énoncé. Ainsi, les énoncés avec encore (où le présupposé est unidimensionnel) sont maîtrisés avant les énoncés avec aussi et seulement (où le présupposé est complexe). L'analyse des interprétations fournies par les enfants indique que la prise en considération des présupposés de l'énoncé passe par trois phases distinctes :
— Jusqu'à 5-6 ans : absence de prise en compte du présupposé.
— A partir de 6 ans : saisie intuitive et partielle du présupposé. Au cours de cette phase, l'une des stratégies dominante consiste à substituer un présupposé simple à un présupposé complexe ('aussi interprété comme encore ou comme moi aussi,).
— A partir de 8 ans : prise en charge directe du présupposé ; au cours de cette phase, les justifications se fondent sur l'ensemble des situations possibles définies par un rapport donné du posé et du présupposé de l'énoncé. Parallèlement, les enfants tiennent un discours sur les conditions d'emploi de l'énoncé.
Ces recherches ont également montré que la compréhension dépend des conditions d'adéquation entre l'énoncé et la situation dénonciation. Ce n'est qu'à partir de 11 ans que les conditions d'adéquation sont formulées en termes de conditions nécessaires.
Summary
Comprehension of sentences with presuppositions was studied in children from 5 to 11 years old. Such comprehension depends upon the complexity of inferences which enable the asserted information and the presupposed information to be related. Sentences in which the presupposed information is unidimensional are mastered earlier than sentences with complex presupposed information. The analysis of the interpretations given by children leads to the conclusion that :
a) up to 5-6 years, the presuppositional information is not taken into account ;
b) from 6 years of age, the presuppositional information is intuitively and partially understood. At this age, one of the major strategies consists in substituting a simple presuppositional information for a complex one ;
c) from 8 years, the presuppositional information is totally taken into account. Children's justifications are based on the set of ail possible situations which are defined by a given relation between asserted and presuppositional information. At the same stage, children arc capable of expanding on the felicity conditions of an utterance.
The experiments reported here also showed that comprehension depends upon the compatibility between the utterance and the situation in which it is produced. Before 11 years of age, children cannot express felicity conditions in terms of necessary conditions.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 66
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M Kail
La compréhension des présuppositions chez l'enfant
In: L'année psychologique. 1978 vol. 78, n°2. pp. 425-444.
Citer ce document / Cite this document :
Kail M. La compréhension des présuppositions chez l'enfant. In: L'année psychologique. 1978 vol. 78, n°2. pp. 425-444.
doi : 10.3406/psy.1978.28256
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1978_num_78_2_28256Résumé
Résumé
La compréhension d'énoncés contenant des présuppositions (énoncés avec encore, aussi, moi aussi,
seulementj étudiée chez les enfants de 5 à 11 ans montre que celle-ci dépend de la complexité des
opérations d'inférence qui permettent de relier le posé et le présupposé de l'énoncé. Ainsi, les énoncés
avec encore (où le présupposé est unidimensionnel) sont maîtrisés avant les énoncés avec aussi et
seulement (où le est complexe). L'analyse des interprétations fournies par les enfants
indique que la prise en considération des présupposés de l'énoncé passe par trois phases distinctes :
— Jusqu'à 5-6 ans : absence de prise en compte du présupposé.
— A partir de 6 ans : saisie intuitive et partielle du présupposé. Au cours de cette phase, l'une des
stratégies dominante consiste à substituer un présupposé simple à un présupposé complexe ('aussi
interprété comme encore ou comme moi aussi,).
— A partir de 8 ans : prise en charge directe du présupposé ; au cours de cette phase, les justifications
se fondent sur l'ensemble des situations possibles définies par un rapport donné du posé et du
présupposé de l'énoncé. Parallèlement, les enfants tiennent un discours sur les conditions d'emploi de
l'énoncé.
Ces recherches ont également montré que la compréhension dépend des conditions d'adéquation entre
l'énoncé et la situation dénonciation. Ce n'est qu'à partir de 11 ans que les sont
formulées en termes de conditions nécessaires.
Abstract
Summary
Comprehension of sentences with presuppositions was studied in children from 5 to 11 years old. Such
comprehension depends upon the complexity of inferences which enable the asserted information and
the presupposed information to be related. Sentences in which the presupposed is
unidimensional are mastered earlier than sentences with complex information. The
analysis of the interpretations given by children leads to the conclusion that :
a) up to 5-6 years, the presuppositional information is not taken into account ;
b) from 6 years of age, the presuppositional information is intuitively and partially understood. At this
age, one of the major strategies consists in substituting a simple presuppositional information for a
complex one ;
c) from 8 years, the presuppositional information is totally taken into account. Children's justifications
are based on the set of ail possible situations which are defined by a given relation between asserted
and presuppositional information. At the same stage, children arc capable of expanding on the felicity
conditions of an utterance.
The experiments reported here also showed that comprehension depends upon the compatibility
between the utterance and the situation in which it is produced. Before 11 years of age, children cannot
express felicity conditions in terms of necessary conditions.L'Année Psychologique, 1978, 78, 425-444
Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée1
Université René-Descarles et EPHE
3e section, associé au CNRS
LA COMPRÉHENSION DES PRESUPPOSITIONS
CHEZ L'ENFANT
par Michèle Kail2
SUMMARY
Comprehension of sentences with presuppositions was studied in
children from 5 to 11 years old. Such comprehension depends upon the
complexity of inferences which enable the asserted information and the
presupposed information to be related. Sentences in which the presupposed
information is unidimensional are mastered earlier than sentences with
complex presupposed information. The analysis of the interpretations given
by children leads to the conclusion that :
a) up to 5-6 years, the presuppositional information is not taken into
account ;
b) from 6 years of age, the information is intuitively
and partially understood. At this age, one of the major strategies consists
in substituting a simple presuppositional information for a complex one ;
c) from 8 years, the is totally taken
into account. Children's justifications are based on the set of all possible
situations which are defined by a given relation between asserted and
presuppositional information. At the same stage, children are capable of
expanding on the felicity conditions of an utterance.
The experiments reported here also showed that comprehension depends
upon the compatibility between the utterance and the situation in which
it is produced. Before 11 years of age, children cannot express felicity
conditions in terms of necessary conditions.
1. 28, rue Serpente, 75006 Paris.
2. Nous tenons à remercier Madeleine Léveillé pour sa précieuse col
laboration. 426 M. Kail
Bien que fort peu développée, l'étude psycholinguistique des
présuppositions concerne un domaine pourtant fondamental,
celui de la pragmatique de la langue, c'est-à-dire l'ensemble des
relations entre les signes linguistiques et leur utilisation effective
par le locuteur dans un contexte spécifié. En ce qui concerne
l'acquisition d'une langue, la pragmatique occupe une place
privilégiée, point de rencontre entre le développement cognitif,
linguistique et social. La rareté des travaux dans ce domaine
(Bates, 1976 ; Greenfield et Smith, 1976) s'explique sans doute
par le privilège accordé ces quinze dernières années au déve
loppement de la syntaxe. L'analyse des présuppositions permet
de révéler de façon claire les limites de conceptions qui consistent
à envisager les langues naturelles comme des codes. Corréla
tivement, cette analyse montre bien que des énoncés comportent
des informations non explicites qui sont nécessaires à leur
compréhension, et qu'enfin la signification d'un énoncé n'est pas
seulement fournie par son sens littéral.
La notion de présupposition, au centre de controverses dans
la littérature linguistique récente, est utilisée en des sens assez
distincts (Kiparsky et Kiparsky, 1970 ; Keenan, 1971 ; Ducrot,
1972 ; Fillmore, 1965 ; Lakoff, 1969 ; Karttunen, 1971 ; Kiefer,
1974...). Dans ce travail, il n'est pas question de s'interroger sur
la pertinence de certaines distinctions avancées (présupposition
logique, présupposition pragmatique, présupposition existent
ielle, lexicale, non lexicale, etc.). Ce qui nous semble d'intérêt
dans cette notion, c'est qu'elle apparaît au point de rencontre
des problèmes d'interprétation et des conditions d'emploi.
Nous nous référons dans ce qui suit à l'analyse proposée par
Ducrot (1972) qui distingue dans l'énoncé deux composantes.
Ainsi, par exemple, l'énoncé (1) :
(1) Jacques continue à faire des fugues,
contient deux affirmations distinctes :
a) le présupposé (pp) : Jacques a fait des fugues dans le passé ;
b) le posé (p) : Jacques fait des fugues actuellement (au moment
de renonciation).
Selon Ducrot, ces deux affirmations semblent devoir être
séparées à l'intérieur de la description globale de l'énoncé.
Ainsi a) Jacques a fait des fugues dans le passé est encore affirmé
lorsque l'énoncé est nié : « il est faux que Jacques continue à
faire des fugues », ou qu'il est l'objet d'une interrogation : « est-ce La compréhension des présuppositions chez V enfant 427
que Jacques continue à faire des fugues » ? Il n'en va pas de
même pour b). Le test de la négation est souvent utilisé comme
procédure de découverte du présupposé.
D'autre part a) n'est pas affirmé de la même façon que b).
a) est présenté comme allant de soi, comme déjà connu et dif
ficile à mettre en doute.
Dans un travail récent, Ducrot (1977) insiste sur plusieurs
points qui nuancent la thèse soutenue dans Dire et ne pas dire
(1972) et qui convergent avec certaines hypothèses formulées
par ailleurs sur la genèse des présuppositions.
1) Chaque énoncé possède, indépendamment de toute énon-
ciation, une signification (sens littéral) et il est important, lor
squ'on décrit la d'un énoncé, de distinguer ce qu'

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