La courbe de Laffer dix ans après : un essai de bilan critique - article ; n°4 ; vol.39, pg 753-808
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Revue économique - Année 1988 - Volume 39 - Numéro 4 - Pages 753-808
The Laffer curve ten years after : a tentative critical survey
It is an « exoteric » version of the Laffer curve which has got a large audience. So have been forgotten the specifie assumptions on which it is based and which determines its pertinence. This article summarizes the mainly anglo-savon debate about the original « esoteric » version of this curve and shows its unrealism. The inverse relationship between tax rates and tax receipts only exists, indeed, in a restrictive, static and a-temporal model ; but in this case, the usual estimations of the factor supply and demand elasticities point out that the supposed critical rates of taxation are very far away from reality. When time is taken into account, neither any theoretical conclusion can be formulated, nor any serious empirical evidence can be established, even for a reduced form of the original model.
La courbe de Laffer dix ans après : un essai de bilan critique
C'est dans sa version « exotérique » que la courbe de Laffer a connu un succès grand public. Ont ainsi été largement oubliées les hypothèses sim­plificatrices qui la fondent et qui déterminent ses conditions de validité. Aussi cet article reprend-il le débat, principalement anglo-saxon, autour de la version « ésotérique » originale de cette courbe dont il montre, ce faisant, l'irréalisme. D'une part, en effet, une relation inverse entre taux d'imposition et recettes fiscales n'apparaît que dans le cadre d'un modèle restrictif, statique et a-temporel ; les évaluations habituelles des élasticités d'offre et de demande des facteurs aboutissent alors à réfuter le caractère de proximité des taux supposés critiques d'imposition. D'autre part, la prise en compte de la dimension temporelle non seulement rend indéterminées les conclusions du modèle théorique original, mais n'offre pas non plus de justification empirique sérieuse, ne serait-ce que d'une forme réduite de ce modèle.
56 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 102
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Monsieur Bruno Théret
Monsieur Didier Uri
La courbe de Laffer dix ans après : un essai de bilan critique
In: Revue économique. Volume 39, n°4, 1988. pp. 753-808.
Abstract
The Laffer curve ten years after : a tentative critical survey
It is an « exoteric » version of the Laffer curve which has got a large audience. So have been forgotten the specifie assumptions
on which it is based and which determines its pertinence. This article summarizes the mainly anglo-savon debate about the
original « esoteric » version of this curve and shows its unrealism. The inverse relationship between tax rates and tax receipts
only exists, indeed, in a restrictive, static and a-temporal model ; but in this case, the usual estimations of the factor supply and
demand elasticities point out that the supposed critical rates of taxation are very far away from reality. When time is taken into
account, neither any theoretical conclusion can be formulated, nor any serious empirical evidence can be established, even for a
reduced form of the original model.
Résumé
La courbe de Laffer dix ans après : un essai de bilan critique
C'est dans sa version « exotérique » que la courbe de Laffer a connu un succès grand public. Ont ainsi été largement oubliées
les hypothèses sim-plificatrices qui la fondent et qui déterminent ses conditions de validité. Aussi cet article reprend-il le débat,
principalement anglo-saxon, autour de la version « ésotérique » originale de cette courbe dont il montre, ce faisant, l'irréalisme.
D'une part, en effet, une relation inverse entre taux d'imposition et recettes fiscales n'apparaît que dans le cadre d'un modèle
restrictif, statique et a-temporel ; les évaluations habituelles des élasticités d'offre et de demande des facteurs aboutissent alors à
réfuter le caractère de proximité des taux supposés critiques d'imposition. D'autre part, la prise en compte de la dimension
temporelle non seulement rend indéterminées les conclusions du modèle théorique original, mais n'offre pas non plus de
justification empirique sérieuse, ne serait-ce que d'une forme réduite de ce modèle.
Citer ce document / Cite this document :
Théret Bruno, Uri Didier. La courbe de Laffer dix ans après : un essai de bilan critique. In: Revue économique. Volume 39, n°4,
1988. pp. 753-808.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1988_num_39_4_409096La courbe de Laffer dix ans après :
un essai de bilan critique
Bruno Théret
Didier Uri *
C'est dans sa version « exotérique » que la courbe de Laffer a connu un
succès grand public. Ont ainsi été largement oubliées les hypothèses sim
plificatrices qui la fondent et qui déterminent ses conditions de validité. Aussi
cet article reprend-il le débat, principalement anglo-saxon, autour de la version
« ésotérique » originale de cette courbe dont il montre, ce faisant, l'irréalisme.
D'une part, en effet, une relation inverse entre taux d'imposition et recettes
fiscales n'apparaît que dans le cadre d'un modèle restrictif, statique et
a-temporel ; les évaluations habituelles des élasticités d'offre et de demande
des facteurs aboutissent alors à réfuter le caractère de proximité des taux
supposés critiques d'imposition. D'autre part, la prise en compte de la
dimension temporelle non seulement rend indéterminées les conclusions du
modèle théorique original, mais n'offre pas non plus de justification empirique
sérieuse, ne serait-ce que d'une forme réduite de ce modèle.
La « courbe de Laffer » prétend démontrer l'existence d'un plafond de
recettes fiscales. Les effets désincitatifs sur le travail et l'épargne de la
croissance des taux des prélèvements obligatoires entraîneraient une
réduction du volume de la production. La hausse des taux finirait par
ne plus compenser le rétrécissement de la base d'imposition, provoquant
une baisse absolue du montant des rentrées fiscales dans une « zone
prohibée » de la courbe où ne devrait pénétrer aucun gouvernement
« bien informé » .
Dans son principe, cette idée n'est pas réellement nouvelle. Comme
cela a été remarqué (Atkinson et Stern [1980], Fullerton [1982]), la
possibilité d'une relation inverse entre taux et recettes fiscales se trouve
déjà chez A. Smith ou Dupuit 1. Une courbe de Laffer sans le nom
* Nous remercions les rapporteurs anonymes de la Revue dont les suggestions
ont permis d'amender ce texte.
1. Par exemple : « Des taxes élevées, parfois en diminuant la consommation
de la marchandise imposée, parfois en encourageant la fraude, aboutissent à des
recettes publiques plus laibles que ce qui serait tiré de taxes plus modérées. »
(Smith [1976], t. II, p. 884.) Peut-être encore plus significatif : « Si on augmente
graduellement un impôt depuis 0 jusqu'à un chiffre qui équivaut à une prohibition,
son produit commence par être nul, puis croît insensiblement, atteint un maximum,
décroît ensuite successivement puis devient nul. Il suit de là que quand l'Etat
a besoin de trouver une somme donnée au moyen d'un impôt, il y a toujours deux
taxes qui satisfont à la condition, l'une au-dessus, l'autre au-dessous de celle qui
donne le maximum de produit. » (Dupuit [1844], in Monteil [1966], p. 166.)
753
Revue économique — N* 4, juillet 1988, p. 753-808. Revue économique
apparaît également dans des manuels de commerce international — à
propos du lien entre tarifs douaniers et recettes qui en découlent (Caves
et Jones [1981], t. I, p. 207) — ou encore de finances publiques — dans
le cas d'impôts sur les ventes qui, affectant négativement la consommat
ion, réduisent le niveau de la demande d'équilibre (Peacok et Shaw
[1971], p. 37-38). La courbe de Laffer déplace cependant quelque peu
l'argument : elle traite essentiellement des effets désincitatifs des impôts
directs sur l'offre des facteurs de production. Elle cherche aussi à apporter
une démonstration plus large en prétendant tirer ses conclusions d'un
raisonnement mené dans un cadre d'équilibre général et non plus, comme
il est traditionnel, d'équilibre partiel.
C'est à travers cette double caractéristique que la courbe de Laffer
est censée fournir des réponses aux questions concernant l'effet global
des politiques budgétaires ou le niveau souhaitable des prélèvements
obligatoires. Ainsi l'affirmation, souvent formulée par les tenants de
« l'économie de l'offre » , selon laquelle les prélèvements aux Etats-Unis
se trouvaient dans la « zone prohibée » aux débuts des années 1980, a
été considérée comme un des fondements du programme électoral puis
de la politique économique du président Reagan. Plus près de nous,
certaines mesures de réduction des taux d'imposition directe sur les
sociétés ou les ménages prises par le gouvernement Chirac ont parfois été
justifiées par ce genre d'arguments. De telles retombées politiques ont
suscité un vif et double débat. D'un côté, un débat « exotérique » qui,
« mené essentiellement dans les sphères de la politique et du journalisme,
a été alimenté par une grande variété d'arguments et d'opinions sans
fondements » et dont la qualité « s'est progressivement et significative-
ment détériorée» (Fullerton [1982], p. 4-5 ; cf. aussi Gardner [1981]).
De l'autre une discussion plus ésotérique entre économistes professionnels,
heurtés a priori par une idée qui allait à l'encontre de la tendance quasi
générale à admettre l'inexistence ou la faible importance empirique des
effets désincitatifs des prélèvements obligatoires. Malgré les critiques
suscitées par le modèle analytique qui la sous-tend, la courbe de Laffer
a donné naissance à plusieurs tentatives de vérification empirique. Les
plus sérieuses se sont révélées négatives sinon sur l'existence potentielle
d'un effet Laffer — puisque celui-ci était posé comme cadre de l'analyse
— du moins sur sa proximité aux Etats-Unis en raison des valeurs pro
bables des élasticités d'offre des facteurs et du niveau effectif des taux
d'imposition.
Pourtant le débat n'est pas clos. Si, par exemple

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