LA DÉGENÈSE OU LA DÉCRÉATION EXPLIQUÉE
195 pages
Français

LA DÉGENÈSE OU LA DÉCRÉATION EXPLIQUÉE

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Description

Nature, culture, humanisme, contre-culture, contre-nature, posthumanisme, autant de concepts qui ont servi à représenter notre corps en relation au monde. Le corps est une référence permanente pour les hommes et ce, depuis la Préhistoire. La décréation expliquée ? explique comment la représentation du corps dans l’histoire de l’art est indissociable du contexte socio-politique et théologique de l’époque qui la sous-tend et ce depuis l’antiquité jusqu’au début du XXIe siècle. De l’Antiquité émerge le corps socialisé par le pouvoir politico-religieux jusqu’à sa négation complète au Moyen Âge. À la Renaissance, le corps tombe sous le scalpel des anatomistes, le corps devient machine avec ces rouages de chairs, d’organes et de nerfs. Des deux guerres mondiales, le corps y sort perdant, exterminé et irradié.. Le corps disparaît de l’art pictural occidental. Soudainement à coup de performances sadiques contre le corps, de sculptures organiques à partir de viande et de chair en putréfaction, d’expositions de déchets et de détritus, l’artiste prit résolument le parti de la haine du biologique et du corps humain. Le corps amorce sa décréation. Au XXIe siècle, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’artiste, aidé de la science, propose une vision de l’homme qui implique sa disparition physique et envisage sa sortie du biologique vers le cyberespace idyllique. Pourquoi l’Occident a-t-il ainsi adopté une relation de choix qui condamne le corps à sa décréation biologique au profit de l’artificiel ?

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Publié le 17 juillet 2013
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Extrait

Claude
PaquetLa décréation expliquée ? paléolithique. De la Préhistoire jusqu’à la fin du Moyen Âge, la
Claude Paquet, cpqt@hotmail.com représentation artistique du corps idéalisé et réel sera intimement reliée
Introduction. aux préceptes religieux en vigueur. C’est pourquoi depuis les peintures
rupestres du Paléolithique jusqu’aux œuvres modernes, le corps est une
Nature, culture, humanisme, contre-culture, contre-nature, permanence dans l’art.
posthumanisme, autant de concepts qui ont servi à représenter notre
corps en relation au monde. Le corps est une référence permanente pour Le corps/nature adoré traverse toute la Préhistoire. De l’Antiquité
les hommes et ce, depuis la Préhistoire. La conscience du corps est
émerge le corps socialisé par le pouvoir politico-religieux jusqu’à sa
indissociable de l’imaginaire de la vie et de la vision du monde. De ce
négation complète au Moyen Âge. La Renaissance annonce le corps
fourmillement de perceptions émerge d’innombrables concepts variant
libéré du joug théologique. Mais le corps nouvellement libéré tombe
selon les mythes et croyances, les conditions matérielles, les relations à
rapidement sous le scalpel des anatomistes qui y cherchent une
autrui, bref de la culture inhérente à un groupe précis dans un
connaissance dans ces rouages de chairs, d’organes et de nerfs. Une
environnement donné.
philosophie mécaniste voit le jour, le corps devient machine. De sacré,
le corps devient objet, objet de toutes les manipulations «démiurgiques»
Le corps peut être sain, répondant à des critères de santé et d’équilibre
possibles. Tandis que le corps profane acquiert de plus en plus
fonctionnel ou tomber malade, être porteur de souffrance. Il est donc à
d’autonomie grâce à l’imaginaire des artistes, le corps réel, lui, est
la fois un concept et une notion. Il peut apparaître comme bon, source
dégradé par l’esclavage, les dures conditions du travail industriel du
d’énergie et de vitalité ou mauvais.
e
XIX . Le corps «chair à canon» côtoie les représentations idéalisées de
l’art académique où le corps humain représente «le plus bel ouvrage de
« Le corps conditionne notre expérience. Il désigne ma façon
Dieu sur Terre».
irréductible d’être au monde. (...) Avec la notion de la chair, qui n’est pas
un autre nom du corps, mais la texture spirituelle du monde et de mon
Du Carré blanc sur fond blanc de Malevitch (1918) au Noir sur noir de
corps, l’horizon ontologique se précise: la chair n’est pas la matière
Reinhardt (1960), l’art de la représentation du corps idéalisé atteint son
mais le cycle entier des relations entre l’individu et son entourage,
point limite, nulle expérimentation ou découverte n’y est possible
l’entrelacement du visible et du voyant, l’enroulement du tangible dans
puisque «tout ou rien» ont été peints. Le corps idéalisé laisse place au
le corps». (Jacqueline Russ, La marche des idées contemporaines, 1994, p.64)
réalisme du corps réel meurtri malgré les tentatives oniriques des
peintres surréalistes et néo-primitifs.
Quand on aborde l’histoire du corps, il est indispensable d’en
restreindre le champ d’investigation pour s’y retrouver tellement le sujet
Des deux guerres mondiales, le corps y sort perdant. L’artiste réalise
est vaste, vaste comme le monde. Notre étude sera donc restreinte à la
que l’homme n’est pas ce qu’il devrait être, que sa vie est une
notion de corps réel socialisé versus le corps imaginaire dans l’art
aberration, une aliénation dictée par la peur. Le corps disparaît de l’art
occidental. Le corps dans tout ses états, tel sera notre fil conducteur
pictural occidental au même rythme que les espèces végétales et
pour comprendre l’art en général plus spécifiquement l’art
animales disparaissent des écosystèmes. Pour échapper à cette mort de
e
contemporain des dernières décennies du XX siècle jusqu’à
l’art annoncée, on voit poindre durant les années 1970 un nouveau
aujourd’hui. champ d’expérimentation artistique avec un matériau tout aussi inédit :
le corps. Le corps comme matériau artistique ne peut que faire référence
Art et religion sont des jumeaux nés dans la même caverne
à cette autre dimension qu’est la notion du corps comme relation aumonde physique et métaphysique. de notre planète, de son écosystème, finalement de notre propre corps.
La pollution, entre autre, devient l’expression d’un mauvais choix de la
Soudainement à coup de performances sadiques contre le corps, de liberté empêchant de bien ordonner la totalité des éléments de
l’ensemble. Nous verrons que l’Occident, principalement, a adopté une
sculptures organiques à partir de viande et de chair en putréfaction,
relation de choix qui condamne le corps à sa décréation biologique au
d’expositions de déchets et de détritus, l’artiste prit résolument le parti
profit de l’artificiel.
de la haine du biologique. Tout le vingtième siècle est traversé de
barbarie, de fascisme, de nazisme et d’exterminations génocidaires dont
La Préhistoire
le laid, la destruction en art seraient le pâle reflet. L’importance
e
historique qu’acquiert au XX siècle les menaces de destruction et son
La théophanie du corps.
corollaire le laid, fait que l’esthétique de la beauté n’est plus
essentiellement le fondement de l’art. Le corps amorce sa «décréation.»
Corps nature
e
Au XXI siècle, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité,
Le trait caractéristique des peuples premiers est la conception du corps
l’artiste, maintenant chaman cybernétique, propose une vision de
comme réplique en miniature du cosmos en communion directe avec la
l’homme qui implique sa disparition physique et envisage sa sortie du
nature ambiante. Le corps est porteur de sens révélés par
biologique vers le cyberespace idyllique. Le matérialisme s’effondre, le
l’ornementation, le cosmétique du grec «kosmeticos», qui «consiste
corps s’anéantie dans l’immatérialité du post-humanisme, la
donc à se revêtir soi-même de qualités cosmiques », à devenir, en
philosophie du pur esprit/octet supportant la nouvelle mais dernière
quelque sorte, «conforme à l’ordre cosmique ». Les peintures primitives
idéalisation de l’Homme désincarné.
corporelles et la danse/transe expriment une sagesse cosmique inscrite
dans le corps en harmonie avec l’intelligence rationnelle de la nature.
En 1904, le grand mathématicien Ernst Zermelo formula un théorème
(Nasr, Seyyed Hossein, La religion et l’ordre du monde, 2004, p.349)
considéré comme le couronnement des mathématiques modernes et de
toute la théorie des ensembles :
Le premier culte universel à apparaître est celui consacré au crâne
humain (culte des ancêtres) comme rappel d’un être mort (parent ou ennemi),
“Tout ensemble peut être bien ordonné”
témoin du passage de la vie à la mort. Ce culte est présent dans toutes
les civilisations et de tout temps que l’on pense aux scalps amérindiens,
“Ce que Zermelo a démontré c’est que tout ensemble quel qu’il soit
aux têtes desséchées des pygmées ou plus récemment aux têtes coupées
possède une relation de choix permettant de bien ordonner la totalité
par la guillotine.
des éléments de l’ensemble. C’est un résultat d’une grande portée, car il
s’applique à tous les ensembles…et donc à l’ensemble de tous les
Ce premier culte aux morts se matérialisera dans la collection de crânes
possibles, c’est à dire à l’ tre aussi bien que l’Univers”. (Charon, Les
(animaux et humains) comme fétiche de protection collective (relique). Mais
lumières de l’invisible, 1985, p.122-123)
plus encore car ce culte des crânes ritualise aussi la pratique du
cannibalisme par l’absorption de la moelle des os et du cerveau (la
Ainsi notre corps possède la relation de choix permettant d’être ordonné
su

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