La divination par les chacals chez les Dogon de Sanga - article ; n°1 ; vol.7, pg 1-14
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1937 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 1-14
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Denise Paulme
La divination par les chacals chez les Dogon de Sanga
In: Journal de la Société des Africanistes. 1937, tome 7 fascicule 1. pp. 1-14.
Citer ce document / Cite this document :
Paulme Denise. La divination par les chacals chez les Dogon de Sanga. In: Journal de la Société des Africanistes. 1937, tome 7
fascicule 1. pp. 1-14.
doi : 10.3406/jafr.1937.1618
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1937_num_7_1_1618LA DIVINATION PAR LES CHACALS
CHEZ LES DOGON DE SANGA l
Denise PAULME,
ATTACHÉE AU MuSEB n'ETHNOGRAPHIE.
{Planche 1)
Gomme tous les Noirs africains, les Dogon du Soudan français aiment
interroger le sort ; c'est avec passion qu'ils s'adonnent à cette pratique,
et ils n'entreprendraient rien sans avoir consulté un devin. Ils connaissent
plusieurs procédés, notamment la divination par les cauris, que l'on
retrouve dans tout l'Ouest africain. Par ailleurs, la position dans laquelle
agonise la victime d'un sacrifice peut indiquer si l'offrande est jugée
suffisante ou si le sang d'une autre poule doit couler sur l'autel. (C'est
pourquoi on aide souvent la victime, d'un coup de pied adroit, à mour
ir dans la bonne position, sur le côté, la tête tournée vers l'autel.)
Enfin, on redoute les hommes ou femmes kumogu, doués du don de
double vue, qui peuvent, en état de transe, voir l'avenir, prédire en par
ticulier les morts prochaines.
A Sanga cependant, comme le note R. Arnaud, c'est peut-être à l'i
nterrogation des chacals yurugu que l'on a le plus volontiers recours.
L'origine Mossi de ce mode de divination semblerait assez claire ; dans
son précieux ouvrage : Les secrets des sorciers noirs, Dim Delobson
décrit une divination par la souris qui s'en rapproche certainement, et
que l'on retrouve d'ailleurs, un peu modifiée, en Côte d'Ivoire. Les
études sur cette forme particulière de divination en Afrique noire sont
malheureusement trop rares. Tout au plus Tremearne la mentionne-t-il
chez les Haoussa, et Meek signale-t-il dans presque tout le nord de la
Nigeria, notamment chez les Jukun, où elle aurait été introduite parles
Chamba, une divination où le crabe de terre joue un rôle analogue à celui
du chacal chez les Dogon. Enfin, au sujet de la divination par l'araignée
1. Cette étude, amorcée parla mission Dakar-Djibouti lors de son séjour à Sangra
(octobre 1931), a été reprise par nos soins en 1935.
Société des Africanistes. 1 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
de terre, qu'il a pu observer au cours de sa mission au Cameroun, le
Pr. Labouret rapporte ceci : «... ce procédé est fort en usage dans la
zone sylvestre équatoriale, il est employé par les Fang, leurs voisins, les
Bafia et les Yambassa, par les Bamoun et enfin par les peuplades dites
CL X
Fig. avec R. une 1. : croix, favorable, laquelle ■ — Q. a : ; le en les car devin С yuruga 1, les la trace traces « couverture veulent-ils ses se figures dirigent » dire ; sur en la vers С le vérité 2, sable. le le « ? haut, cimetière (en В » 2 ; en le A consultant 1, la уигиди figuré пито par
Bamiléké. Lorsqu'il pratique cette technique, le пдака se rend le soir
avant le coucher du soleil, à l'endroit où se trouve un repaire de ces
grosses araignées, mygales maçonnes, qui vivent dans des trous, engomsi.
Le devin en nettoie les abords, garnit le tour de bâtonnets pour limiter
le champ opératoire, trace des lignes avec ses doigts, chacune de celles-ci
a une signification déterminée, elle indique si l'événement dont on va
s'occuper est causé par le crâne d'un ancêtre ou par un dieu quelconque,
si. A l'entrée du trou, le пдака place un bouchon d'herbes qu'il a préal
ablement froissé dans ses mains, puis une touffe de fleurs jaunes dune
espèce particulière, des morceaux de calebasse marqués, possédant tous DIVINATION PAR LES CHACALS CHEZ LES DOGON DE SANGA if LA
un sens convenu. Il recouvre l'ensemble de baguettes courbées en forme
d'arc et qui supportent de larges feuilles destinées à protéger la place et
à l'isoler. Puis il se retire et ne reviendra que le lendemain pour inter
préter les signes » (Henri Labouret, Les populations dites Bamiléké,
ABC
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Fig. В В 2, 2, 2. on case — a Un le personnelle consultant, membre de du a, la consultant, sa famille « bouche du et consultant », sortent b, et sa par va « nourriture G mourir. 2, en écrasant (Les », c). traces le « passent cimetière de В ». 1 En en
Togo-Cameroun, mission du Pr. Labouret au Cameroun, avril-juillet
1935, p. 141.)
Passant le soir au bord d'un village dogon, il est rare que l'on ne puisse
voir un groupe d'hommes immobiles, penchés sur le sol, le dos courbé,
ou accroupis, comme pour un minutieux examen du terrain. Ce qu'ils
observent si patiemment, ce sont de minuscules jardinets sur le sable,
groupes de carrés ornés de figures variées, de bouts de bois, de cailloux.
Autour de ces jardins, explique l'indigène, on jette des arachides. La
nuit, des yurugu piétinent les figures. Au matin, les hommes reviennent,
et, des ravages exercés par les animaux, tirent des présages, présages
d'une interprétation parfois extrêmement subtile. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 4
Mais, demandera-t-on, quel est donc cet être aux facultés extraordi
naires, et d'où tire-t-il sa science de l'avenir? La réponse à cette question
est invariable : le yurugu est vingt fois plus intelligent que l'homme ;
qu'il puisse dire l'avenir, cela ne se discute pas, le mythe suivant en est
tout à la fois l'explication et la preuve, convaincante, irréfutable.
Dieu le Tout Puissant, Dieu l'Unique, voulut un jour éprouver la
sagesse des animaux. Il fît donc proclamer partout que sa mère était
morte, mais en réalité, il se contenta de la cacher dans sa maison, sous
un amoncellement de couvertures. Pensant que l'enterrement avait déjà
eu lieu, tous les animaux vinrent en hâte présenter leurs condoléances
au Maître. Seul le yurugu, flairant la ruse, s'abstint de paraître. Son
absence ne manqua pas d'être remarquée et signalée à Dieu. Le Maître
donna l'ordre de le rechercher et de l'amener immédiatement en sa pré
sence. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le yurugu dut comparaître. « Pour
quoi toi seul de tous les animaux n'es- tu pas venu me saluer? demanda
Dieu. N'as-tu pas entendu que ma mère était morte? — Si fait. — Ton devoir
n'était-il donc pas d'accourir auprès de moi et de m'apporter tes condo
léances? — Oui, si ta mère était bien morte. Mais ce n'était là qu'une
faus&e nouvelle, pour t'amuser en secret des mines apitoyées que tous les
ou" animaux, pauvres sots, croiraient devoir prendre en venant te saluer ;
je me trompe fort, ou ta mère doit nous entendre en ce moment, cachée
sous les couvertures que voici. Moi seul, continua le yurugu gonflé de
vanité, j'ai deviné ta ruse et me suis bien gardé de venir. Ne suis-je pas
le plus intelligent de tous? » Dieu se mit à rire de la suffisance du petit
animal. « Oui vraiment, dit-il, je voulais connaître quel était le plus
intelligent des animaux ; lu m'as deviné, tu as gagné. Dis-moi la récom
pense que tu veux ; quelle qu'elle soit, je te l'accorde. » Le yurugu
réfléchit. Il était agréable d'avoir à choisir, mais qu'un tel choix était
donc embarrassant. Sa vanité le détermina. « Je veux pouvoir révéler
l'avenir aux hommes. — Qu'il en soit comme tu le désires. — Ce n'est
pas tout; si l'on s'adresse à moi en invoquant le nom de Dieu, je ne dirai
rien. C'est moi, yurugu, et moi seul, que l'on devra prier. — Accordé, dit
Dieu que cette scène amusait, tu diras l'avenir si l'on s'adresse à toi,
yurugu. Mais si l'on t'implore « au nom de Dieu », tu resteras muet ».
C'est ainsi que le yurugu devint au temps jadis le familier de l'homme.
Tous les soirs il poussait la porte, entrait comme un habitué et s'ins
tallait sur les genoux de son ami pour de longs entretiens. Mais il s'était
fait une ennemie dans la maison en négligeant et méprisant trop ouver
tement la femme. Celle-ci décida un jour qu'il fallait en finir avec cet
animal. « C'est un parasite, dit-elle à son mari, un glouton qui mange tout
ce qu'on lui

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