La légende royale des Kouroumba - article ; n°2 ; vol.31, pg 209-259
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1961 - Volume 31 - Numéro 2 - Pages 209-259
51 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 68
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Wilhelm Staude
La légende royale des Kouroumba
In: Journal de la Société des Africanistes. 1961, tome 31 fascicule 2. pp. 209-259.
Citer ce document / Cite this document :
Staude Wilhelm. La légende royale des Kouroumba. In: Journal de la Société des Africanistes. 1961, tome 31 fascicule 2. pp.
209-259.
doi : 10.3406/jafr.1961.1935
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1961_num_31_2_1935LA LÉGENDE ROYALE DES KOUROUMBA
PAR
Wilhelm STAUDE.
En 1938 un groupe d'ethnologues français descendit des hauteurs du
pays des Dogon pour gagner la plaine qui s'étend vers le sud-est 1.
Le but principal de leur déplacement était d'étudier une population
que les Dogon appellent Tellem et qui s'appelle elle-même Kou-
roumba 2. Les Dogon prétendaient que ces Kouroumba avaient été
leurs prédécesseurs dans les falaises de Bandiagara 3.
Les principales agglomérations visitées étaient Yoro, Lou, endroits
où les Dogon habitent en bon voisinage avec des Kouroumba 4 ; à
l'est de Djibo, c'étaient Béléhédé et Aribinda qui ont attiré nos cher
cheurs 5. Béhélédé et surtout Aribinda sont habités par des Kou
roumba qui ont subi une forte influence sonray. Les Kouroumba dont
il sera question dans notre étude, et qui habitent plus au sud, les con
sidèrent comme des parents lointains et les appellent Azoba 6. Une
partie des habitants d'Aribinda portent le nom de Maïga.
Certains résultats de l'enquête effectuée par ce groupe d'ethnologues
ont été depuis consignés dans des articles publiés dans ce Journal et
ailleurs 7. La guerre de 1939 a malheureusement interrompu les
1. Mission Lebaudy-Griaule, 1938-1939, voir : Journal de la Société des Africanistes, t. IX
1939, p. 217.
2. Kouroumba (pl.)> kouroumdo (sing.), kouroumi (adj.) ; les Mossi les appellent : Foulsé.
3. Germaine Dieterlen. Les âmes des Dogons, Paris, 1941, p. 6 et n. 1.
4. Jean-Paul Lebeuf. Notes sur la circoncision chez les Kouroumba du Soudan Français,
Journal de la Société des Africanistes, t. XI, 1941, p. 62. Voir du même auteur : Répartition des
familles à Yoro et dans les environs, dans : Notes Africaines de VIFAN, 35, juillet 1947, p. 17-19.
5. J.-P. Lebeuf, Notes sur la circoncision, op. et loc. cit., p. 76 sq.
Marcel Griaule. Le Domfé des Kouroumba, dans : Journal de la Société des Africanistes, t. XI,
1941, p. 224-5. Germaine Dieterlen. Note sur les Kouroumba du Yatenga septentrional, dans :
Journal de la Société des Africanistes, t. X, 1940, p. 181-189. Marcel Griaule et Germaine Die
terlen. La mort chez les Kouroumba, dans : Journal de la Société des Africanistes, t. XII,
1942, p. 9-24. Voir également : Solange de Ganay, Le génie des eaux chez les Dogon, les Kou
roumba et les Sara, dans : Comptes Rendus de l'Institut Français d'Anthropologie, 1940, 3 (1949),
p. 4-5.
6. Ils désignent également ainsi un homme habitant à quelques kilomètres de Mengao dont le
nom est Maïga ; son père était originaire du Nord et sa mère une Kouroumdo de la région. ***
7. Aux publications déjà mentionnées nous ajoutons encore : Jean-Paul Lebeuf, La circon
cision chez les Kouroumba, dans : Compte Rendus de l'Institut Français d'Anthropologie, 1940-43
(1949), p. 11. ■

210 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
recherches relatives aux Kouroumba. A la faveur de diverses circons
tances *, j'ai pu reprendre les travaux de mes devanciers, décidé à
mener une recherche intensive dans une région qui se trouve juste au
sud du chemin parcouru par le groupe dirigé par Marcel Griaule. Après
plusieurs déplacements en voiture, effectués grâce à l'aide de l'IFAN
de Ouagadougou, et sur les conseils bienveillants d'un de ses dirigeants,
M. Jean Capron 2, nous avons choisi Mengao comme centre de recher
ches. Il s'agit d'un des plus importants centres kouroumi, résidence
d'un roi (Ayo) et des deux plus hauts dignitaires : le Kessou (grand
sacrificateur) et le Falao (maître de cérémonie, gardien des coutumes).
A Mengao se trouve également le sanctuaire le plus important des
Kouroumba.
L'Ayo est traditionnellement le chef d'un pays dont le nom est
Louroum 3. Le centre de Louroum n'a pas toujours été Mengao. A
une époque difficile à déterminer l'Ayo résidait à Saba, village situé
plus au nord et à proximité de Djibo 4. Les Kouroumba ont été obligés
de quitter cet endroit, sans doute pour fuir une incursion de Peul 5.
Il est aujourd'hui habité par des Rimaibé. Selon une légende, les Ayo
d'antan auraient régné de Saba sur 47 villages, aujourd'hui en grande
partie délaissés par les Kouroumba.
Lors d'un court séjour à Aribinda, nous avons pu constater que les
habitants de cette ville, qui se disent Kouroumba, ne connaissent nul
lement Louroum et ne savent rien d'un Ayo habitant à Mengao, et
encore moins des dignitaires qui lui sont associés. Ils parlent d'ailleurs
une langue dont le vocabulaire est un mélange de mots kouroumi
et de mots sonray et mossi, langue qui n'est pas toujours facilement
compréhensible aux autres Kouroumba qui se disent des Kouroumba
^ 1. Ma mission ethnologique subventionnée par le Centre National de la Recherche Scienti
fique a duré de janvier à juillet 1961. Mes recherches axées sur l'organisation sociale, la vie
religieuse et les traditions orales ont été complétées par les enquêtes effectuées par Mme Anne-
Marie Schweeger-Hefel, Conservatrice du Département de l'Afrique Noire au Vôlkerkundemuseum
de Vienne. Elle s'est préoccupée de la vie matérielle, des techniques et tout particulièrement de
la femme chez les Kouroumba de Mengao.
2. J'exprime ici également toute ma gratitude à M. le Commandant Mamadou Ouedraogo, Com
mandant du Cercle de Djibo qui a facilité notre installation à Mengao et le contact avec la popul
ation de la région.
3. Ce nom n'est pas inscrit sur la carte. Tauxier le considère comme celui d'un village à
proximité de Pobé. Pobé figure sur la carte, mais serait le nom peul pour Mengao. Voir :
L. Tauxier, Le Noir du Yatenga, Paris, 1917, p. 52 sq.
4. Voir p. 226 de cette étude.
5. Voir p. 253 de cette étude.
Planche I. — Boukari Konfé, chef de la grande famille Konfé de Selgué à Mengao. — 2. Passan
Konfé, chef de village de Mengao et Hamidou (Médo) Konfé. — 3. Le Kessou, grand-sacrifica
teur de Louroum. — 4. Le Falao. — 5. Investiture du Kessou. — 6. Le Falao distribue la nour
riture à l'occasion de l'investiture du Kessou, Planche I.
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10
12 •
LA LÉGENDE ROYALE DES KOUROUMBA 211
authentiques. Ils ont une structure sociale et des mythes différents
de ceux que nous avons connus à Mengao. Dans la perspective
des habitants de cet endroit, les Kouroumba d'Aribinda semblent
constituer une diaspora et avoir perdu tout contact spirituel avec leurs
congénères. Les Kouroumba qui habitent le long de la piste qui mène
de Ouahigouya à Ban x se trouvent dans une situation semblable. Ceux-
là non plus ne sont pas considérés comme des ressortissants de Lou-
roum. Les habitants de Mengao les regardent comme des « parents
lointains » dont ils connaissent l'existence, mais auxquels ils ne se
sentent nullement liés. Nous avons pu constater qu'aucun lien matri
monial n'existe entre les familles de Mengao et ces Kouroumba péri
phériques. En revanche, les gens de contractent des unions
avec les Kouroumba de Yoro et de Lou, bien plus, certains Kouroumba
épousent des femmes Dogon ressortissantes de cette région pourtant
éloignée 2.
A notre arrivée à Mengao, les fonctions d'Ayo et de Kessou étaient
vacantes. Le dernier Ayo était mort en 1958, et le durant le
règne de ce dernier. Seul le Falao était présent et les fonctions de ГАуо
et du Kessou réparties entre Patersango Konfé, fils de ГАуо défunt 3
et Boukari Konfé (le Vieux) chef de la Grande-famille Konfé habitant
le quartier nommé Selgué 4. généralement appelé Passan
faisait fonction de Chef de Village, et Boukari Konfé assurait, d'après
ce qui nous a été dit, les sacrifices collectifs pour Mengao et pour Lou-
roum.
Cet interrègne a pris fin en partie avec l'élection d'un nouveau Kes
sou, investi le 9 mai 1961. Les 25, 26, 27 avril avaient déjà eu lieu les
rites de passage marquant la fi

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