La liste comme élément de ritualisation du discours politique chinois - article ; n°12 ; vol.12, pg 95-108
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Extrême-Orient, Extrême-Occident - Année 1990 - Volume 12 - Numéro 12 - Pages 95-108
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 17
Langue Français
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Extrait

Jean-Pierre Cabestan
La liste comme élément de ritualisation du discours politique
chinois
In: Extrême-Orient, Extrême-Occident. 1990, N°12, pp. 95-108.
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Cabestan Jean-Pierre. La liste comme élément de ritualisation du discours politique chinois. In: Extrême-Orient, Extrême-
Occident. 1990, N°12, pp. 95-108.
doi : 10.3406/oroc.1990.958
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/oroc_0754-5010_1990_num_12_12_958- Extrême-Occident 12 - 1990 Extrême-Orient
La liste comme élément de ritualisation du discours *
politique chinois
Jean-Pierre Cabestan
L'observateur même distrait de la Chine populaire ne peut pas ne pas
noter la place particulière qu'occupent les listes dans le discours
politique de ce pays. Listes de dirigeants ayant participé à une réunion
ou un banquet, listes d'objectifs politiques ou économiques prioritaires,
listes d'Etats avec lesquels la Chine entend développer avant tout des
relations, etc., ces listes prennent des formes très diverses. Mais toutes
sont chargées de sens. Toutes énoncent de manière codée un certain
ordre ou une certaine volonté politique. Et toutes semblent participer
d'une ritualisation du discours
Comment expliquer ce phénomène ? Est-il propre à la Chine ?
N'est-il pas l'apanage de tous les pays socialistes ? Et plus générale
ment, n'est-il pas commun à tous les discours d'Etat, à tous les discours
de pouvoir ? *
Listes protocolaires et listes politiques
Tout d'abord, il paraît nécessaire de distinguer deux types de listes :
les listes et les listes politiques.
Les premières énumèrent des noms de dirigeants ou de pays, par
exemple, selon un ordre hiérarchique fixe mais complexe. Si elles ne
sont pas dénuées de toute signification politique, leur publication ne r
ecouvre pas une intention politique manifeste. Les secondes en revanche
se distinguent des précédentes en ce sens qu'elles ont principalement
pour but de délivrer un message politique. Prenons quelques exemples.
Quelques cas de listes protocolaires
A chaque réunion du parti communiste ou visite de personnalité
étrangère, les hauts responsables chinois sont toujours présentés et cités
95 liste comme élément de ritualisation du discours politique chinois La
selon un ordre protocolaire immuable. Par exemple, lors du 5e plénum
du XIIIe Comité central (6-9 novembre 1989), les six membres du
Comité permanent du Bureau politique, le noyau dirigeant du P.C., ont
été photographiés assis selon le protocole habituel à la tribune d'hon
neur : Jiang Zemin, le secrétaire général du Comité central, au centre ;
à sa gauche, le Premier ministre Li Peng, le numéro deux du Comité
permanent (traditionnellement en Chine, la gauche a la préséance sur la
droite), à sa droite, Qiao Shi, le chef de l'appareil de sécurité et de con
trôle du P.C., à la gauche de Li Peng, Yao Yilin, premier vice-premier
ministre responsable de l'économie, à la droite de Qiao Shi, Song Ping,
directeur du département de l'Organisation du P.C. et à gauche de Yao
Yilin, Li Ruihuan, n° 6 du Comité permanent, chargé de l'idéologie.
Cette photographie était accompagnée d'une légende qui énumérait
les noms de ces dirigeants dans l'ordre indiqué plus haut. Cette liste
n'était pas limitative puisque les autres membres du Bureau politique
entouraient le noyau dirigeant et que Wan Li, le président de l'Assemb
lée nationale et protocolairement le premier des simples membres du
Bureau politique, assis sans surprise à droite de Song Ping, y figurait
également suivi du caractère deng (etc.) l.
L'on pourrait multiplier les exemples ; une chose est certaine : l'or
dre hiérarchique des dirigeants est toujours scrupuleusement respecté.
Mais les choses se compliquent lorsque sont intégrées les hiérar
chies du P.C., de l'Etat, de l'Armée et celle des vétérans en principe à
la retraite. Ainsi, lors d'une conférence organisée le 28 septembre 1989
dans le Grand Palais du Peuple à Pékin en l'honneur de 2 000 tra
vailleurs modèles, l'ordre protocolaire de la liste des participants était
quelque peu différent. Entre les six membres du Comité permanent du
Bureau politique, s'intercalaient trois personnages essentiels de l'Etat :
Deng Xiaoping, alors encore pour quelques temps président de la
Commission militaire centrale (de l'Etat et du P.C.) était cité juste après
le secrétaire général ; Yang Shangkun, le président de la République
(qui a joué un rôle clé dans l'écrasement du mouvement démocratique
en juin 1989), figurait derrière Deng ; et Wan Li entre le Premier
ministre et Qiao Shi, le numéro trois du Comité permanent. Quant à
Wang Zhen, vice-président (ultra-conservateur) de la République, son
rang protocolaire est bien moins élevé puisque son nom n'apparaissait
qu'après Li Ruihuan 2.
96 La liste comme élément de ritualisation du discours politique chinois
Cependant, Deng Xiaoping, l'homme fort du régime, occupe sou
vent la première place. Ainsi, la photographie qui illustrait la tenue de
cette conférence le montrait marchant devant Jiang Zemin, alors que la
légende le citait après le secrétaire général. Cette préséance est d'ailleurs
encore plus manifeste depuis que Deng a démissionné de la présidence
de la Commission militaire du P.C. et qu'il a officiellement pris sa
retraite. Ainsi, son nom figure en premier dans le compte-rendu d'une
réunion élargie de cette commission à laquelle il assista bien qu'il n'en
soit plus membre... 3.
Le cas de figure qui doit donner le plus de sueurs froides aux
responsables du protocole est celui où toutes les hiérarchies sont
présentes : le meilleur exemple est celui de la fête nationale. En effet,
le 1er octobre est l'occasion pour tous les dignitaires du régime de se
montrer aux « larges masses » du haut de la tribune de la Porte de la paix
céleste.
Outre les responsables dont nous venons de parler, cités dans le
même ordre, étaient également présents - fait rare - le vieux Chen Yun,
le 2e homme fort du régime, président de la Commission centrale des
conseillers du P.C., qui, sur la liste publiée au début de l'article relatant
cette manifestation, figurait entre le Premier ministre et le président de
l'Assemblée, donc en cinquième position, Li Xiannian, le de
la Conférence consultative politique du peuple chinois (C.C.P.P.C.),
organe dénué de pouvoir qui réunit dans un même « front » des
communistes et des « démocrates », juste après Wan Li suivi de Peng
Zhen, ancien président de l'Assemblée et de Mme Deng Yingchao, la
veuve de Zhou Enlai, ancienne présidente de la C.C.P.P.C. qui n'occu
pent plus aucune position officielle. Les quatre autre membres du
Comité permanent du Bureau politique et Wang Zhen n'apparaissaient
donc qu'après ces vétérans de premier plan. Une autre liste de dir
igeants moins importants clôturait cet article. Cette seconde nomenclat
ure suivait les mêmes principes protocolaires que la première : après
les autres membres présents du Bureau politique, étaient cités Song
Renqiong, vice-président de la Commission centrale des conseillers,
Wen Jiabao, membre suppléant du Secrétariat du Comité central, les
membres du Comité permanent de la Commission centrale des cons
eillers, les vice-présidents de l'Assemblée nationale, les conseillers
d'Etat du gouvernement, le président de la Cour suprême, Ren Jianxin,
97 liste comme élément de ritualisation du discours politique chinois La
les vice-présidents de la C.C.P.P.C. et enfin les deux secrétaires
généraux-adjoints (de l'époque) de la Commission militaire centrale,
Hong Xuezhi et Liu Huaqing. Le nom de ce dernier dirigeant était suivi
du mot « etc. » mais la liste ne se terminait pas pour autant : son contenu
se modifiait. A la suite des plus importants personnages du parti et de
l'Etat qui méritaient d'être cités nommément, figurait une liste d'insti
tutions dont les membres se trouvaient également sur la tribune de
Tiananmen : « les camarades à la retraite des organes centraux, les
membres et les membres suppléants du Comit&#

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