La localisation des souvenirs - article ; n°1 ; vol.3, pg 199-224
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Description

L'année psychologique - Année 1896 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 199-224
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1896
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Nicolas Vaschide
La localisation des souvenirs
In: L'année psychologique. 1896 vol. 3. pp. 199-224.
Citer ce document / Cite this document :
Vaschide Nicolas. La localisation des souvenirs. In: L'année psychologique. 1896 vol. 3. pp. 199-224.
doi : 10.3406/psy.1896.1832
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1896_num_3_1_1832VIII
SUR LA LOCALISATION DES SOUVENIRS. — LA LOCA
LISATION DANS LES EXPÉRIENCES SUR LA MÉMOIRE
IMMÉDIATE DES MOTS.
I
Introduction
II est vraiment curieux que jusqu'ici la localisation des sou
venirs n'ait fait l'objet d'aucune recherche expérimentale. Nous
sommes donc obligés, dans ce court historique, de nous borner
à rappeler les définitions et descriptions de ce phénomène qui
ont été données par les auteurs à différentes époques.
C'est à l'école anglaise que l'on doit les meilleures descrip
tions du souvenir et de la reconnaissance ; encore ces sont-elles vagues, incomplètes, les auteurs ne s'étantpréoc-
cupés que d'éclaircir les questions théoriques, ou de fixer des
questions de terminologie.
Th. Reid1, par exemple, définit la mémoire « la reconnais
sance immédiate du passé ». Locke, d'autre part, insiste sur la
perception additionnelle, qui suit nos modes réviviscents de
connaissances, et qui nous indique leur nouveauté ou leur
ancienneté 2. Hamilton 3 soutient contre Reid que la mémoire
1 De la nature humaine. — Essais sur les facultés intellectuelles. —
Essai sur les fac. actives. Voy. surtout : Recherches sur l'esprit humain
(trad. Jouffkoy, œuvres complètes de Reid, 6 vol., 1828-1836).
2 Essai sur l'entendement humain (trad. fr. Coste, p. 139 et suiv.).
3 Fragments de philosophie (trad. fr. L. Peisse., 1840)., Voyez aussi :
Liard, Leslégiciens anglais contemporains ; et pour les discussions S. Mill,
La philosophie de Hamilton. MÉMOIRES ORIGINAUX 200
est « une connaissance médiate du passé », ou plutôt que « c'est
une du présent accompagnée de la croyance au
passé * ». Sur ces thèmes de nombreuses discussions furent
engagées; l'écho en retentit encore dans les écrits de l'école
anglaise contemporaine, notamment ceux de Bain2 qui
donne de très belles descriptions, et surtout dans les ouvrages
de philosophie métaphysique, comme ceux de Gratacap 3, Cour-
not 4, etc.
Leurs théories et descriptions, auxquelles il faut joindre
celles de l'école associationiste, sont plutôt des études litt
éraires que vraiment scientifiques, expérimentales, quoiqu'elles
ne manquent pas d'une certaine valeur.
Nous pouvons réduire, en somme, leurs théories aux quelques
points suivants : un acte de reconnaissance suppose que nous
faisons une distinction entre des états primaires et secondaires
de conscience et en même temps une distinction entre les
conceptions imaginées et les 'souvenirs. La localisation précise
dans le passé se fait à l'aide de groupements de souvenirs et
avec des symboles, qui servent à mesurer le temps.
Taine 5 a donné des descriptions plus précisés que ses devanc
iers en se servant d'observations empruntées à des aliénistes,
ou en faisant sur lui-même des observations qui sont remar
quables par l'éclat du style peut-être plus que par l'exactitude
du fond. Voici le passage principal où il décrit la localisation:
« Je rencontre par hasard dans la rue une figure de connais
sance, et je me dis que j'ai déjà vu cet homme. Au même ins
tant, cette figure recule dans le passé et y flotte vaguement
sans se fixer encore nulle part. Elle persiste en moi quelque
temps et s'entoure de détails nouveaux. « Quand je l'ai vu, il
était tête nue, en jaquette de travail, peignant dans un atelier;
c'est un tel, telle rue. Mais quand l'ai-je vu ? Ce n'est pas hier,
ni cette semaine, ni récemment. J'y suis; il m'a dit, ce jour-là,
1 II y avait des philosophes qui entendaient par « réminiscences » des
états de conscience renouvelés et non reconnus ; et d'autres, Biran par
exemple, qui réservaient ce nom à la « reconnaissance des états remémor
és ». Voyez E. Rabier, Psychol., chap, xv, p. 169 et seq. (édit. 3m°, Hach.,
1888), Janet et Séailles, Histoire de la philosophie (Les sens et la percep
lion externe) et Garnier, Traité des facultés de l'âme, 1. 1.
2 Les sens et l'intelligence.
3 Théorie de la mémoire, p. 90 et seq.
4 De l'enchaînement des idées fondamentales, t. I, p. 8 et seq.
5 De l'Intelligence, 6e éd., Hachette, 1892, partie I, liv. Ill, chap, i et part
ie II, liv. I, chap. h. VASCH1DE. LOCALISATION DES SOUVENIRS 201 N.
qu'il attendait pour partir les premières pousses des feuilles.
C'était avant le printemps. A quelle date juste ? Ce jour-là,
avant de monter chez lui, j'avais vu des branches de buis aux
omnibus et dans les rues : c'était le dimanche des Rameaux ! »
Remarquez le voyage que vient de faire la figure intérieure, ses
divers glissements en avant, en arrière, sur la ligne du passé ;
chacune des phrases prononcées mentalement a été un coup de
bascule. Confrontée avec la sensation présente et avec la popul
ation latente d'images indistinctes qui répètent notre vie
récente, la figure a reculé d'abord tout d'un coup à une distance
indéterminée. A ce moment, complétée par des détails précis,
et confrontée avec les images abréviatives par lesquelles nous
résumons une journée, une semaine, elle a glissé une seconde
fois en arrière, au-delà de la journée présente, de la semaine,
plus loin encore de la masse mal délimitée qui consti
tue nos souvenirs prochains. Alors un mot du peintre nous
est revenu, et là-dessus elle a reculé encore, au-delà d'une limite
presque précise, celle que marque l'image des feuilles vertes et
que désigne le mot printemps. Un peu après, grâce à un nou
veau détail, le souvenir des branches de buis, elle a glissé de
nouveau, cette fois non plus en arrière, mais en avant, et, rap
portée au calendrier, elle s'est située en un point précis, une
semaine en arrière de Pâques, 5 semaines en avant des jours
gras, par le double effet de deux répulsions contraires qui,
l'une en avant, l'autre en arrière, se sont annulées l'une par
l'autre à un moment donné ' . »
Ribot 3 a repris la thèse de Taine et a analysé plus minu
tieusement le mécanisme de la localisation, laissant de côté la
littérature des exemples, pour lesquels il renvoie le lecteur
désirant des explications au passage cité de Taine. L'auteur de
V Intelligence ne s'était pas préoccupé de la localisation, expres
sion utilisée rarement par lui, mais du mécanisme, du jeu par
lequel la mémoire arrive à une simple notion, « réduite à une
pure conception de l'esprit », c'est-à-dire la marche pariaquelle
« l'état de conscience est dépouillé de sa réalité objective ».
Taine, en somme, a présenté la question toujours dans sa génér
alité, en prenant comme point de départ la loi énoncée par
Dugald Stewart, à savoir que : « Les actes d'imagination sont
toujours accompagnés d'une croyance (au moins instantanée) à
1 Ibid., vol. II, p. 55.
2 Les Maladies de la mémoire, p. 33, chap, m et iv. MÉMOIRES ORIGINAUX 202
l'existence réelle de l'objet qui les occupe *. » Ribot attaque le
vrai sens du problème, il pense que la localisation dans le temps
suppose, a outre l'état de conscience principal, des états secon
daires variables en nombre et en degrés, qui, groupés autour
de lui, le déterminent ». Le mécanisme théorique de la locali
sation est « une marche régressive qui, partant du présent,
parcourt une série de termes plus ou moins longs ». Mais il
existerait des procédés encore plus simples consistant dans
l'emploi de points de repère; ces points de repère sont « un
événement, un état de conscience dont nous connaissons bien
la position dans le temps, c'est-à-dire l'éloignement par rapport
au moment actuel, et qui nous sert à mesurer les autres éloigne-
ments ». Ces points de repères sont des états de conscien

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