La malnutrition  chez l enfant : les répercussions sur l individu et la collectivité - article ; n°63 ; vol.16, pg 525-549
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La malnutrition chez l'enfant : les répercussions sur l'individu et la collectivité - article ; n°63 ; vol.16, pg 525-549

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Description

Tiers-Monde - Année 1975 - Volume 16 - Numéro 63 - Pages 525-549
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Joaquin Cravioto
Elsa R. de Licardie
La malnutrition chez l'enfant : les répercussions sur l'individu et
la collectivité
In: Tiers-Monde. 1975, tome 16 n°63. pp. 525-549.
Citer ce document / Cite this document :
Cravioto Joaquin, de Licardie Elsa R. La malnutrition chez l'enfant : les répercussions sur l'individu et la collectivité. In: Tiers-
Monde. 1975, tome 16 n°63. pp. 525-549.
doi : 10.3406/tiers.1975.2569
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1975_num_16_63_2569LA MALNUTRITION
CHEZ L'ENFANT
LES RÉPERCUSSIONS SUR L'INDIVIDU
ET LA COLLECTIVITÉ»
par Joaquin Cravioto* et Eisa R. de Licardie
Dans les sociétés préindustrialisées, les problèmes nutritionnels se
manifestent par une série de troubles qui atteignent plus particulièr
ement les groupes « vulnérables », c'est-à-dire les nourrissons, les enfants
d'âge préscolaire, les femmes enceintes et celles qui allaitent. La nutri
tion est l'un des principaux facteurs ayant une influence sur la santé de
l'enfant, sa croissance optimum et son développement. La malnutrition
calorico-protéique constitue, avec les anémies de carence et les caries
dentaires, le trouble nutritionnel le plus fréquemment observé dans le
Tiers Monde ; la plupart des adultes ont souffert d'au moins un épisode
de malnutrition calorico-protéique modérée et un enfant sur dix a souffert
d'une grave avant l'âge de 5 ans.
Dans la littérature médicale, l'expression « malnutrition calorico-
protéique » regroupe un grand nombre de signes cliniques et biochi
miques, observés chez les enfants qui souffrent d'insuffisance chronique
de la consommation et/ou de l'utilisation d'aliments d'origine animale ;
l'apport d'aliments glucidiques est variable. On appelle kwasbiorkor et
marasme les deux formes cliniques extrêmes du syndrome.
* Directeur du Departamento de Investigacion Cientifica, Hospital del Nino, Insti-
tucion Mexičana de Asistencia a la Niňez (Mexico) (Institut mexicain d'Assistance à l'Enfance),
Insurgentes sur 3700, Mexico 22, D.F., Mexique.
(1) Cette étude a été financée en partie par « The Nutrition Foundation », « The Foun
dation for Child Développement », « The Von Monel Foundation », « The Van Ameringen
Foundation et Carnation de Mexico ».
Revue Tiers Mande, t. XVI, n° 63, juillet-septembre 75 525 JOAQUIN CRAVIOTO ET ELSA R. DE LICARDIE
L'apparition de l'une ou l'autre de ces formes avancées de malnutri
tion est liée à l'âge de l'enfant au moment du sevrage, à la date à laquelle
on introduit d'autres aliments pour compléter le lait maternel, à la valeur
calorique et à la teneur en protéines des aliments réellement consommés,
enfin à la fréquence et à la gravité des maladies infectieuses pouvant
survenir durant la période de sevrage.
Le syndrome de malnutrition calorico-protéique présente les mêmes
signes cliniques et biochimiques dans tous les pays. Les différences
régionales observées sont généralement en relation avec la présence
d'autres carences nutritionnelles, avec les modalités de sevrage et avec
la pathologie infectieuse spécifique.
La malnutrition calorico-protéique est caractéristique des catégories
socio-économiques les plus basses des populations préindustrielles ;
le système social crée des individus manutris, génération après génération,
au travers d'une série de mécanismes sociaux dont les plus importants
sont l'accès limité aux biens et services, une mobilité sociale réduite,
l'impossibilité pour l'enfant — durant les étapes cruciales de son dévelop
pement — d'épanouir pleinement ses aptitudes.
Pour illustrer le fait que la malnutrition calorico-protéique est un
résultat écologique, nous avons construit une série de diagrammes en
utilisant des données obtenues dans différentes régions du Mexique,
d'Amérique centrale, d'Amérique du Sud et d'Afrique [i]. Dans une
société où l'application de la technologie moderne est faible ou inexistante,
un fort pourcentage de la population a un pouvoir d'achat limité.
La méconnaissance de l'influence que peut avoir une mauvaise al
imentation dans l'apparition des maladies explique en grande partie les
coutumes qui régissent la répartition de la nourriture entre les divers
membres de la famille. Ainsi se trouve limitée, tant en quantité qu'en
qualité, la nourriture que l'adulte permet à l'enfant de consommer ; ceci
aboutit à la malnutrition ; celle-ci est représentée dans le diagramme par
sa manifestation la plus caractéristique chez le nourrisson : l'insuffisance
de la croissance pondérale.
Un second facteur pourrait être appelé « homéostasie écologique ».
Pour essayer de compenser un faible pouvoir d'achat, la société
exerce une forte pression pour que l'enfant abandonne précocement
l'école, d'autant plus qu'il n'existe pas de ressources consacrées à l'édu
cation. Cet abandon prématuré de l'école contribue au maintien d'une
proportion élevée d'illettrés, elle réduit la possibilité pour l'individu de
526 LA MALNUTRITION CHEZ L'ENFANT
recevoir une formation utile durant l'âge scolaire. Cette persistance de
conceptions simplistes sur la santé et la maladie, ainsi que le retard
technologique, empêchent tout progrès de l'alimentation. Cette situation
accroît la probabilité de mariage précoce avec un conjoint dont l'éduca
tion fut insuffisante, et ceci risque d'avoir pour conséquence une aug
mentation du nombre de descendants, et de faibles possibilités de fournir
à ces enfants des soins et une alimentation corrects. Dans ce type de
société la variance du nombre d'enfants par famille est en corrélation
directe (jusqu'à 80 %) avec le nombre d'années d'union conjugale [4].
La figure ci-dessous montre une autre approche : ce graphique comporte
deux points de départ différents. L'un d'eux concerne la persistance de
concepts primitifs sur la santé de l'enfant en matière d'hygiène. Cette
méconnaissance conduit à son tour, en raison des mauvaises conditions
d'hygiène au foyer et dans la communauté, à une mauvaise hygiène de la
mère (ou de la personne qui la remplace) et à une fréquence accrue des
maladies infectieuses chez l'enfant. Celles-ci favorisent directement ou
indirectement la malnutrition, car les adultes réduisent la nourriture de
l'enfant lorsqu'il a une maladie fébrile, quelle qu'en soit la cause. L'autre
point de départ résulte de la convergence de deux faits : l'inadaptation
des soins donnés à l'enfant dans les familles nombreuses peu instruites,
et les conditions d'hygiène défectueuses que l'on vient d'évoquer.
L'augmentation de la morbidité qui en résulte accroît les dépenses médic
ales, ce qui diminue encore un pouvoir d'achat déjà faible. Il est évident
que l'on peut citer facilement beaucoup d'autres causes ; toutes entraî
nent des handicaps économiques, culturels et sociaux.
Si nous considérons les facteurs étiologiques que nous venons de
décrire brièvement, il n'est pas surprenant que dans les sociétés préindust
rielles, la majorité des adultes aient souffert durant leur enfance de malnut
rition. D'une façon globale, on estime que sur les 815 millions d'enfants
âgés de moins de 14 ans qui vivront en 1975, environ 392 millions,
c'est-à-dire 4 enfants sur 10, ne recevront ni en quantité, ni en qualité
la nourriture nécessaire, et cette situation se maintiendra tant que ne
disparaîtront pas les causes qui actuellement empêchent une répartition
correcte des aliments [6, 7].
Dans les pays industrialisés le risque de mort diminue rapidement
dès que les causes périnatales de mortalité cessent d'être les déterminants
les plus importants. Après le premier mois de vie et davantage encore
après la première année, les probabilités de décès à l'âge préscolaire sont
5*7 ,
Moyens insuffisants
_ pour couvrir Technologie^ " inadéquate " Faible d'achat pouvoir, tous les besoins
Accroissement
de la probabilit

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