La méthode des jumeaux - article ; n°1 ; vol.41, pg 227-242
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Description

L'année psychologique - Année 1940 - Volume 41 - Numéro 1 - Pages 227-242
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1940
Nombre de lectures 160
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R. Zazzo
La méthode des jumeaux
In: L'année psychologique. 1940 vol. 41-42. pp. 227-242.
Citer ce document / Cite this document :
Zazzo R. La méthode des jumeaux. In: L'année psychologique. 1940 vol. 41-42. pp. 227-242.
doi : 10.3406/psy.1940.5884
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1940_num_41_1_5884NOTES ET REVUES
Note sur la méthode des jumeaux
pour servir de projet aux recherches organisées conjointement
parle Laboratoire de Psycho-biologie de VEnfant
(Directeur : H. WALLON)
et le service du D* TURPIN (Hôpital Herold). — Mars 1942
I
LA MÉTHODE DES JUMEAUX
Par R. Zazzo
« Deux jumeaux sont un même être tiré en 2 exemplaires. »
C'est la conclusion à laquelle on doit arriver, sembje-t-il, si l'on admet
d'une part que les jumeaux vrais proviennent non seulement du
même ovule mais du même spermatozoïde, et d'autre part que ces
germes transmettent sous forme de gènes tout le patrimoine
héréditaire. .
Les jumeaux sont des êtres identiques et eux seulement. Le»
vulgarisateurs de la génétique ont dissipé, par les chiffres astrono
miques de leurs calculs, toute illusion sur l'existence des sosies.
Ils nous ont appris en effet que tout le secret de l'hérédité tient dans
la réduction chromosomique. C'est à partir des cellules somatiques qui
comportent, dans l'espèce humaine, 48 chromosomes porteurs de
gènes, que se forment par une réduction de moitié les cellules repro
ductrices. Chacune de ces cellules ne compte donc que 24 chromo
somes; la conjonction de 2 reproductrices, mâle et femelle,
reconstitue le total de 48, C'est la cellule initiale d'un nouvel être.
Un^tre qui sera précisément tel être et non tel autre par un concours
de circonstances si complexes que leur déterminisme correspond
•pratiquement pour l'imagination et l'intelligence de l'homme à un
hasard. En effet, la bipartition des 48 chromosomes de chaque pro
créateur rend possible un nombre de combinaisons égal à la 24e puis
sance de 2, soit exactement 16.777.216 et l'union des procréateurs
élève ce nombre à plusieurs centaines de milliards : variations sur
un même thème : les 48 chromosomes du couple. Mais le thème
varie d'un couple à l'autre. ..
Les. jumeaux issus d'un même œuf ne différeront l'un de l'autre 228 NOTES ET REVUES
que dans la seule mesure de leurs acquisitions individuelles puisque
leur fonds héréditaire est identique.
■ La gémellation constitue donc, sans artifice, un moyen unique de
distinguer ce qui est héréditaire de ce qui est acquis, ce qui est
essentiel de ce qui ne l'est pas ou, pour employer l'expression anglaise,
la nature de la nurture. -
. Depuis un demi-siècle, généticiens, médecins et psychologues ont
multiplié leurs recherches, et leurs conclusions concordent à proclamer
l'identité des jumeaux univitellins. Les' anecdotes égayent d'ailleurs
l'aridité desjstatistiques. On raconte, avec Galton, que deux jumeaux
ont acheté en même temps — et à l'insu l'un de l'autre —, le même
service à champagne l'un en Ecosse et l'autre en Angleterre. On
raconte avec Blondel que deux jumelles ont rédigé, en deux centres
universitaires, la même copie d'examen.
Mais alors on ne comprend pas que les biologistes et les psycho
logues en soient encore à chercher un test d'identité. Qu'est-ce donc
que cette identité qui a besoin de preuve1 ?
Habitués comme nous le sommes à l'extrême diversité des
manières d'être, la ressemblance « frappante » de certains jumeaux
nous amuse et nous gêne. Mais si, dans une attitude d'esprit différente,
pénétrés des théories élaborées par les généticiens, nous admettons
que les jumeaux sont les deux exemplaires d'un même être, alors
nous sommes presque toujours déçus : l'identité prévue devient
insaisissable.
Avant de reprendre systématiquement les mensurations bio
psychologiques des jumeaux et de mettre au point une méthode de
"travail, j'ai revu d'un peu plus près ces chiffres qu'on donne, en-
général, comme arguments d'identité. ,
Thorndike, dans son premier travail statistique sur les jumeaux2,
établit que la corrélation entre jumeaux varie suivant les tests
employés de 0,69 à 0,90 alors qu'elle varié aux environs de 0,35 pour
les frères et sœurs ordinaires, les « siblings » comme les appelle
Pearson8. En utilisant la Stanford-Revision de Binet-Simon, Tallman
trouve en moyenne 13 points de différence dans le Quotient Intel
lectuel des siblings- et 7 seulement pour les jumeaux*. Les
1. Lors d'un Congrès tenu en 1937 certains auteurs américains ont
proposé la méthode dermatoglyphique comme le meilleur moyen de dia
gnostic. Les empreintes digitales et palmaires de la main homolatéralè de
2 jumeaux identiques sont plus ressemblantes que les empreintes droite et
gauche d'un même individu. — Dans une note à l'Académie de Médecine
Balthazard avait soutenu déjà l'excellence de cette méthode. — Rife établit
ainsi 59 diagnostics exacts pour 61 couples qui lui sont soumis. — Cette,
méthode d'une incontestable valeur pratique n'est donc pas infaillible
(« Contributions of the 1937 "National Twins' Convention to research... »,
J. Hered., 1928, 29). '
2. Thorndike. « Measurements of Twins », 1905 (Arch, of philo., psycho,
and scientific methods, np 1).
'3. Pearson. « Nature and Nurture », 1910 (Eugenics Laboratory
Lecture Series, vol. V.I, 1910).
4. Tallman (in « Nature and », 27">- Yearbook of the*National
Society for the Study of education, p. 82-88). ZAZZO. — LA MÉTHODE DES JUMEAUX 229- R.
jumeaux se ressembleraient donc deux fois plus que les "frères ordi
naires. Mais se ressembler deux fois plus n'est pas être semblables,
indiscernables.
» Les conditions cliniques quand elles sont précises prouvent sou
vent tout le contraire de ce qu'on veut montrer. On nous présente,
par exemple, deux « jumeaux D. P. analogues à quelques détails
près » et l'on s'aperçoit que l'un est agité et l'autre inerte1.
Apparemment il n'y a donc pas identité du point de vue psy
chologique. •',■,••■■■
Certes, tout lé monde admettra fort bien qu'on doit parler de
ressemblance psychologique, non pas d'identité ; que l'identité dont
on parle est seulement génétique ; et que là brièveté des formules
n*est faite que pouf frapper les esprits, pour éveiller la curiosité.
Les psychologues jugeront dangereuses ces formules qui parais
sent attribuer aux éléments porteurs d'hérédité la totalité des puis
sances, des caractères réels et qui relèguent implicitement dans le
domaine des apparences tout ce qui n'est pas explicable par les gènes biologie' — ces 2i8oç de la moderne.
anecdotes' sur le Et sous leur aspect inöffensif de galéjades, les
service à champagne et sur la copie d'examen sont aussi regrettables
dans l'usage qu'on en fait que les formules polémiques des généticiens.
C'est à ces anecdotes comme à ces formules que la curiosité
s'attache, c'est autour d'elles que se forgent trop souvent les opi
nions. Elles donnent à des faits, mal contrôlés, une signification et
une portée qu'ils n'ont certainement pas.
Tout en conservant comme hypothèse de travail la théorie chro-
mosomiale dß l'hérédité, nous rechercherons les causes possibles
de dissemblances, apparentes ou réelles, des jumeaux identiques.
Tout d'abord on peut incriminer dans toutes les statistiques
publiées des erreurs de diagnostic du monozygotisme2. A la nais-'
sance des jumeaux l'examen difficile des membranes souvent dilacé-
rées n'est pas fait systématiquement. L'identité ne pouvant être
prouvée on la postule, plus tard, d'après la »ressemblance. C'est ce
qui«<j)asse, par exemple, pour les 63 paires des jumeaux « semblables
d'apparence, probablement identiques » examinés par Tallman. Si
la probabilité est très haute pour les sujets physiquement indiscer
nables il n'en va pas de même les autres. La différence moyenne
de 7,07 au Q. I. de 158 paires de jumeaux non-sélectionnés tombe
à 5,08 po

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